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Déclarations et discours Multiple Mechanisms FR

Débat à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale « Faisons entendre notre voix dans la lutte contre le racisme »

28 Mars 2022

Prononcé par

Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme

À

Quarante-neuvième session du Conseil des droits de l’homme

Monsieur le Président,
Excellences,
Chers participants,

Nous célébrons aujourd’hui les millions de voix qui, dans le monde entier, luttent sans relâche, et avec courage, contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.

Elles sont confrontées à d’immenses obstacles, dans des sociétés où le racisme et la discrimination sont profondément ancrés dans les structures sociales et les institutions.

Leur courage se heurte souvent à des discours xénophobes et haineux. Ils sont confrontés à d’innombrables obstacles à leur pleine participation à la société.

Et bien trop souvent, leur propre vie est mise en danger simplement en raison de la couleur de leur peau, de leur appartenance ethnique, de leurs croyances religieuses ou de leur lieu de naissance.

De puissants mouvements mondiaux contre le racisme font bouger le statu quo. La vague de protestations mondiales contre le racisme et la discrimination raciale suscitée par le meurtre de George Floyd en 2020 témoigne du pouvoir du peuple et de la solidarité.

Je salue les efforts considérables qui sont entrepris dans le monde entier pour lutter contre le racisme, et je trouve encourageants les progrès accomplis jusqu’alors.

Pourtant, encore aujourd’hui, des millions d’individus, notamment les Africains et les personnes d’ascendance africaine, les Asiatiques et les personnes d’ascendance asiatique, les peuples autochtones, les migrants, les minorités nationales, ethniques et linguistiques, continuent d’être confrontés au racisme, à la discrimination raciale, aux inégalités et à l’exclusion. Cela prend souvent la forme de l’islamophobie, de l’antisémitisme, de la discrimination et de l’intolérance religieuses, qui touchent les communautés musulmanes, arabes, juives et autres dans le monde entier.

Le racisme affecte tous les aspects de leur vie. Il empêche des millions de personnes d’exercer tous leurs droits humains.

Le HCDH s’inquiète également depuis longtemps des discours néfastes à l’encontre des migrants et des réfugiés - des discours qui évoquent la peur, la supériorité raciale et alimentent la discrimination, la haine et la violence raciales. Cette haine est souvent alimentée par les discours politiques ou par les médias. Les discours toxiques détruisent notre tissu social. Ils déstabilisent nos valeurs communes.

Excellences,

En temps de paix – et surtout en temps de conflit – les autorités, les politiciens et le secteur privé ont la responsabilité particulière de s’abstenir de toute incitation à la haine, à la discrimination et à la violence, de les combattre et de les prévenir, y compris en ligne.

Toutes les manifestations de racisme doivent être immédiatement traitées et arrêtées.

Excellences,

Nous avançons trop doucement. Il est vital – et urgent – que nous nous unissions pour accélérer le rythme de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale.

La Déclaration et le Programme d’action de Durban, les cadres de référence de l’ONU en matière de lutte contre le racisme à l’échelle mondiale, restent plus que jamais pertinents pour nous guider dans ce combat.

Les États doivent également honorer leurs obligations et engagements et recourir activement aux instruments internationaux pour les aider à élaborer des lois et des politiques visant à lutter contre le racisme et la discrimination raciale.

Néanmoins, il existe encore des lacunes en matière de protection qu’il convient de combler sans tarder en adoptant des normes supplémentaires.

La nouvelle Instance permanente des personnes d’ascendance africaine commencera bientôt à fonctionner et à conseiller ce Conseil sur les questions liées aux personnes d’ascendance africaine. Il contribuera également à l’élaboration d’une déclaration des Nations Unies sur la promotion, la protection et le plein respect des droits humains des personnes d’ascendance africaine.

L’année dernière, j’ai présenté devant ce Conseil un programme de transformation pour la justice et l’égalité raciales en quatre points, qui fournit également plusieurs recommandations importantes et une voie à suivre claire.

Les États doivent être à l’écoute de ceux qui sont victimes de discrimination et qui s’opposent au racisme – et agir rapidement pour répondre à leurs préoccupations. Il ne peut s’agir d’un effort purement symbolique. Garantir une participation et une représentation significatives et effectives des militants et des communautés à tous les niveaux de décision est une étape fondamentale dans la lutte contre la discrimination raciale.

Les États doivent également offrir un environnement sûr aux personnes qui luttent contre le racisme et qui choisissent d’exercer leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association.

Il est essentiel que les États et les sociétés s’attaquent à l’héritage complexe et aux conséquences durables des formes passées de racisme et d’exclusion, notamment l’exploitation coloniale, l’esclavage et la traite des Africains réduits en esclavage. Ces crimes ont touché des générations de femmes, d’hommes et d’enfants, les privant de leur humanité.

Il est temps de rendre une justice réparatrice.

Excellences,

Le Secrétaire général a déclaré à maintes reprises que notre diversité est notre force. Ce n’est pas une menace.

Ce n’est qu’en acceptant nos différences que nous pourrons progresser vers un véritable changement. Ce n’est qu’en tenant compte de chaque voix que nous avancerons vers un développement humain durable, qui ne laisse personne de côté.

Il y a plus de 60 ans, à Sharpeville, en Afrique du Sud, la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre les lois relatives aux laissez-passer imposés par l’apartheid.

La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est célébrée pour nous rappeler les horreurs que peut causer la discrimination raciale.

Aujourd’hui, et chaque jour, nous devons dire « plus jamais » et être solidaires de toutes les victimes.

Une action collective est une action forte.

Ensemble, faisons entendre notre voix et luttons contre le racisme.
Plus jamais. Merci beaucoup.

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