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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Rapport de l’ONU : des Palestiniens détenus arbitrairement et au secret victimes de torture et de mauvais traitements

31 juillet 2024

Les forces israéliennes arrêtent plusieurs Palestiniens lors d’une attaque dans le camp de réfugiés de Tulkarm, en Cisjordanie, le 18 janvier 2024. © Issam Rimawi/ANADOLU/Anadolu par l’AFP

GENÈVE – Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié aujourd’hui un rapport sur la détention arbitraire, prolongée et au secret de milliers de Palestiniens par les autorités israéliennes depuis octobre dernier. Le rapport présente également des allégations de torture et d’autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants, dont des violences sexuelles contre des femmes et des hommes.

Depuis le 7 octobre, des milliers de Palestiniens, dont du personnel médical, des patients et des habitants fuyant le conflit, ainsi que des combattants capturés, ont été emmenés de Gaza en Israël, généralement menottés et les yeux bandés. Des milliers d’autres personnes ont été arrêtées en Cisjordanie et en Israël. D’après le rapport, ces personnes ont généralement été détenues secrètement, sans qu’on leur donne les raisons de leur détention et sans accès à un avocat ou à un contrôle judiciaire effectif.

Selon les informations recueillies, au moins 53 détenus palestiniens sont morts dans des centres militaires et des prisons israéliennes depuis les horribles attaques du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens contre des civils israéliens le 7 octobre.

Le nombre choquant d’hommes, de femmes, d’enfants, de médecins, de journalistes et de défenseurs des droits humains détenus depuis le 7 octobre, la plupart sans avoir été inculpés ni jugés et emprisonnés dans des conditions déplorables, ainsi que les informations faisant état de mauvais traitements, d’actes de torture et de violation des garanties d’une procédure régulière, suscitent de vives inquiétudes quant à la nature arbitraire et fondamentalement punitive de ces arrestations et détentions, a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

« Les témoignages recueillis par le HCDH et d’autres entités font état de plusieurs actes épouvantables, dont des noyades simulées et des attaques de chiens, en violation flagrante du droit international des droits humains et du droit international humanitaire », a-t-il déclaré.

Les autorités israéliennes ont déclaré lundi qu’elles enquêtaient sur un certain nombre de soldats accusés d’avoir maltraité un prisonnier palestinien au début du mois dans le centre de détention de Sde Teiman, dans le désert du Néguev.

À Gaza, ce sont surtout des hommes et des adolescents qui sont détenus. Selon le rapport, de nombreuses personnes ont été arrêtées alors qu’elles s’abritaient dans des écoles, des hôpitaux et des bâtiments résidentiels, ou aux points de contrôle lors de leur déplacement du nord vers le sud.

L’armée israélienne n’explique généralement pas publiquement les raisons pour lesquelles elle arrête des Palestiniens à Gaza, bien qu’elle ait dans certains cas allégué une affiliation à des groupes armés palestiniens ou à leurs branches politiques.

Israël n’a pas non plus fourni d’informations concernant le sort de nombreuses personnes détenues ou le lieu où elles se trouvent, et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est vu refuser l’accès aux centres de détention.

Les conditions dans les centres de détention gérés par l’armée semblent pires, selon le rapport, qui ajoute que des enfants figuraient parmi les personnes détenues, dans certains cas avec des adultes.

Les détenus ont déclaré qu’ils étaient enfermés dans des installations ressemblant à des cages, qu’ils étaient nus pendant de longues périodes et qu’ils ne portaient que des couches. Leurs témoignages font état de personnes ayant les yeux bandés pendant de longues périodes, de privations de nourriture, de sommeil et d’eau, de décharges électriques et de brûlures de cigarettes. Certains détenus ont déclaré que des chiens avaient été lâchés sur eux, d’autres qu’ils avaient été soumis à des noyades simulées, ou que leurs mains avaient été attachées et qu’ils avaient été suspendus au plafond. Des femmes et des hommes ont également parlé de violences sexuelles et fondées sur le genre.

Les récits d’otages pris par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens en octobre dernier décrivent également des conditions de captivité épouvantables, notamment le manque de nourriture et d’eau, des conditions sanitaires déplorables et l’absence d’air frais et de lumière du soleil. Certains ont raconté avoir été battus lors de leur transfert à Gaza, ou avoir vu d’autres otages être battus en captivité, ou encore avoir subi des opérations chirurgicales ou des points de suture sans anesthésie. Des cas de violences sexuelles et fondées sur le genre en captivité ont également été signalés. En outre, le rapport reproche à l’Autorité palestinienne de continuer à pratiquer la détention arbitraire et la torture ou d’autres mauvais traitements en Cisjordanie, principalement pour réprimer les critiques et l’opposition politique.

« Le droit international humanitaire protège toutes les personnes détenues, exigeant qu’elles soient traitées humainement et protégées contre tout acte de violence ou menace de violence », a déclaré M. Türk.

« Le droit international des droits humains exige que toutes les personnes privées de liberté soient traitées avec humanité et dignité, et il interdit strictement la torture et autres mauvais traitements, y compris le viol et les autres formes de violence sexuelle. La détention prolongée et au secret peut également constituer une forme de torture. »

Le Haut-Commissaire a réitéré son appel à la libération immédiate de tous les otages encore détenus à Gaza. Tous les Palestiniens détenus arbitrairement par Israël doivent être libérés.  Il a également demandé que des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes, impartiales et transparentes soient menées sur tous les incidents ayant donné lieu à de graves violations du droit international, que les auteurs soient tenus responsables et que toutes les victimes et leurs familles puissent exercer leur droit à un recours et à des réparations.

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