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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Haïti : Türk met en garde contre une aggravation de la crise des droits humains après le mois le plus violent en deux ans

09 février 2024

Police attempt to secure the area during an attack by armed gangs as people flee their homes in the Carrefour Feuille neighborhood of Port-au-Prince, Haiti, November 10, 2022. © Richard Pierrin / AFP

GENÈVE (9 février 2024) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a émis vendredi un avertissement urgent concernant l'aggravation de la catastrophe des droits humains en Haïti, après que des chiffres ont montré que le mois de janvier avait été le plus violent depuis plus de deux ans.

« La situation déjà désastreuse des droits humains s'est encore détériorée, dans un contexte de violence incessante et croissante des gangs, avec des conséquences désastreuses pour les Haïtiens », a déclaré Türk.

Au moins 806 personnes, non impliquées dans les violents échanges en cours, ont été tuées, blessées ou kidnappées en janvier 2024. Quelque 300 membres de gangs ont également été tués ou blessés, portant le nombre total de personnes touchées à 1 108, soit plus de trois fois le nombre enregistré en janvier 2023.

La violence des gangs touche toutes les communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, alors que les membres des gangs continuent de s'affronter pour le contrôle du territoire et ont intensifié leurs activités dans les zones situées en dehors de la capitale. L'intensité des affrontements, qui ont parfois duré plusieurs heures, peut indiquer que certains gangs ont récemment reçu de nouvelles munitions.

Les habitants des zones contrôlées par les gangs ont été directement visés. Les gangs continuent également d’utiliser la violence sexuelle contre les femmes et les filles comme une arme et de semer la peur en partageant sur les réseaux sociaux locaux des photos et des vidéos effroyables d’individus tués et de femmes violées.

L’impact de ce torrent de violence sur les enfants reste particulièrement préoccupant. En 2023, 167 enfants ont été tués ou blessés par balles. Certains ont été exécutés par des gangs ou des groupes dits « d’autodéfense » pour leur soutien présumé à leurs rivaux. Le recrutement d'enfants dans des gangs reste extrêmement inquiétant.

Dans ce contexte de violence généralisée, des manifestations antigouvernementales de rue et des troubles civils, soutenus par les partis politiques d'opposition, ont eu lieu ces dernières semaines dans au moins 24 villes du pays, y compris dans la capitale. Les écoles, les services publics et les entreprises locales ont été contraints de fermer.

Récemment, des éléments armés ont émergé, tels que certains intégrants de la « Brigade de Sécurité des Aires Protégées » (BSAP), une entité informelle créée il y a plusieurs années par un organisme en charge des questions environnementales.

Même si certaines manifestations sont devenues violentes, avec le saccage de bâtiments publics et privés, des inquiétudes persistent quant au recours non-nécessaire et disproportionné à la force par les forces de l'ordre.

Entre le 20 janvier et le 7 février, au moins 16 personnes ont été tuées et 29 autres blessées, principalement dans le cadre d'affrontements entre manifestants et policiers.

Les policiers doivent toujours respecter les principes de légalité, de nécessité et de proportionnalité lors de la gestion des manifestations, conformément aux normes et standards en matière de droits humains, et les manifestants doivent exprimer leurs griefs de manière pacifique, a noté le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

« Chaque jour qui passe, de nouvelles victimes sont enregistrées. Aujourd'hui plus que jamais, les vies des Haïtiens dépendent du déploiement, sans plus tarder, de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti (MSS), pour soutenir la Police nationale et assurer la sécurité de la population haïtienne, dans des conditions conformes aux normes et standards en matière de droits humains », a-t-il déclaré.

Outre la nécessité d’améliorer la situation sécuritaire, il est également essentiel de constater l’impact de cette nouvelle vague de violence sur l’économie haïtienne et la propagation de l’insécurité alimentaire. La forte inflation due à l’extorsion et aux barrages routiers a privé des millions d’Haïtiens de produits de base. Plus de 313 000 personnes ont été contraintes de fuir leur foyer. Beaucoup ont cherché refuge dans des sites surpeuplés et insalubres, ce qui affecte leur capacité à accéder aux services de santé et d’éducation.

« Comme je l'ai dit à maintes reprises, même si l'amélioration de la situation sécuritaire est une condition préalable pour briser le cycle des crises en Haïti, la stabilité à long terme ne sera atteinte qu'en s'attaquant aux causes profondes de la pauvreté, de la discrimination sociale et économique, mais aussi de la corruption ", a souligné Türk.

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