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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Haïti. La communauté internationale doit agir immédiatement pour éviter une tragédie - Volker Türk

03 Novembre 2022

Haitian National police officers deploy tear gas during a protest demanding the resignation of Haiti's Prime Minister Ariel Henry after weeks of shortages in Port-au-Prince, Haiti. Ⓒ REUTERS

GENÈVE (3 novembre 2022) - Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a averti aujourd'hui que la violence armée incessante a précipité la descente d'Haïti dans la pire situation des droits de l’homme et humanitaire depuis des décennies. Des solutions urgentes à cette "crise prolongée et multiforme" doivent être trouvées, a-t-il souligné.

« Des gens sont tués par armes à feu, ils meurent parce qu'ils n'ont pas accès à l'eau potable, à la nourriture, aux soins de santé, les femmes sont violées collectivement en toute impunité. Les niveaux d'insécurité et la situation humanitaire désastreuse ont été dévastateurs pour le peuple haïtien », a déclaré M. Türk.

Au cours des deux derniers mois, des gangs lourdement armés ont bloqué l'accès au principal terminal pétrolier et aux ports maritimes du pays, entravant gravement l'accès à l'eau potable, à la nourriture et aux médicaments. L'insécurité alimentaire est en hausse, avec un nombre record de 4,7 millions de personnes souffrant de faim aigüe – soit près de la moitié de la population. Un mauvais assainissement et le manque d'approvisionnement en eau potable ont conduit à une épidémie de choléra. À ce jour, 2 600 cas suspects de choléra ont été signalés, dont la moitié étant des enfants, et ont fait des dizaines de morts.

La violence des gangs continue de s'étendre dans la capitale et dans d'autres régions du pays. En un peu plus d'une semaine à la mi-octobre, plus de 71 personnes ont été tuées, une douzaine de femmes ont été violées et des centaines d'habitants ont été contraints de fuir leur domicile, à la suite de guerres territoriales entre gangs rivaux à Croix-des-Bouquets, l’une des principales communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, selon le Service des droits humains du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).

« Les enlèvements et les violences sexuelles commis par des membres de gangs sont utilisés comme armes pour affliger la population et semer la peur », a déclaré le Haut-Commissaire.

« Il y a un besoin urgent de s'attaquer aux causes profondes de l'inégalité et de la violence, y compris la corruption systématique et l'impunité endémique qui ont paralysé le développement du pays pendant des décennies. »

La dernière résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité, établissant un régime de sanctions visant les individus et les entités se livrant à ou soutenant des activités criminelles et la violence, imposant également un embargo ciblé sur les armes, est une étape importante.

Des centaines de milliers de personnes manifestent depuis fin août pour protester contre les politiques gouvernementales, la hausse du coût de la vie et l'insécurité croissante. Selon les informations reçues, au moins 54 personnes ont été tuées lors de manifestations, dont la plupart seraient dues à un usage disproportionné de la force par des policiers. La violence politique a également été documentée avec les meurtres d'éminents dirigeants politiques et de journalistes.

« La police doit respecter les principes de précaution, de nécessité et de proportionnalité à tout moment lorsqu'elle utilise la force », a déclaré le chef des droits de l'homme de l'ONU. « Des enquêtes rapides, approfondies et efficaces doivent être mises en place et les responsables d'un recours non nécessaire ou disproportionné à la force, doivent être tenus pour responsables. »

M. Türk a appelé le gouvernement à s'engager fermement à renforcer le secteur judiciaire et d'autres mécanismes de responsabilisation, notamment en créant des pôles judiciaires spécialisés pour lutter contre les crimes financiers et liés aux gangs.

« Dans ce contexte, il est clair que les violations systématiques des droits en Haïti ne permettent pas actuellement le retour sûr, digne et durable des Haïtiens dans le pays », a averti le chef des droits de l'homme de l'ONU.

Le droit international des droits de l'homme interdit le refoulement et les expulsions collectives sans une évaluation individuelle de tous les besoins de protection avant le retour des personnes, a souligné M. Türk, appelant à la solidarité afin de garantir que tous ceux qui souhaitent demander l'asile aient accès à des procédures d'asile équitables et efficaces, quelles que soient les raisons pour lesquelles ils ont quitté leur pays.

« J'encourage également les gouvernements de la région à veiller à ce que tous les Haïtiens aient accès à un statut juridique, à une protection et à des services de soutien, quelles que soient les raisons pour lesquelles ils quittent leur pays », a-t-il déclaré.

« Haïti est au bord du gouffre. Nous ne pouvons pas répéter les erreurs du passé. Bien que la lutte urgente contre la violence soit une priorité, le relèvement futur et durable d'Haïti nécessite une action urgente et soutenue pour s'attaquer aux causes profondes de cette crise multiforme, mais cela nécessite également l'engagement ferme du gouvernement en faveur de la responsabilité et de l'état de droit », a souligné le Haut-Commissaire Volker Türk.

FIN

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