Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme
Conseil des droits de l’homme : plus de 14,4 millions de personnes ont des besoins humanitaires au Myanmar ; en République populaire démocratique de Corée, le contrôle de la population s’est renforcé, notamment dans le contexte de la COVID-19
21 mars 2022
Ce matin, le Conseil des droits de l’homme a examiné deux rapports concernant les situations des droits de l’homme au Myanmar et en République populaire démocratique de Corée, présentés respectivement par Mme Michelle Bachelet, Haute-Commissaire aux droits de l’homme, et M. Tomás Ojea Quintana, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.
Mme Bachelet a indiqué que treize mois après le coup d'État militaire du 1er février 2021, les droits de l'homme de la population du Myanmar étaient en crise profonde, les conflits armés ayant été attisés par les méthodes brutales utilisées systématiquement par les forces de sécurité. En conséquence, la crise humanitaire ne cesse de s’aggraver et l'économie est au bord de l'effondrement, a mis en garde la Haute-Commissaire : plus de 14,4 millions de personnes sont désormais considérées comme ayant un besoin humanitaire et, selon le Programme des Nations Unies pour le développement, l'impact combiné du coup d'État et de la pandémie de COVID-19 pourrait faire basculer près de la moitié de la population du Myanmar dans la pauvreté cette année.
L'armée répond à toute dissidence – qu'il s'agisse d'actes de désobéissance civile ou d’actes violents – de la même manière : par l'utilisation de la force létale, par des arrestations arbitraires massives et par le recours à la torture, a ajouté Mme Bachelet. D’autre part, la situation des Rohingyas reste désespérée, aucun solution n’étant en vue, a constaté le Haute-Commissaire.
Il est évident qu'une voie politique devra être empruntée pour rétablir la démocratie et un régime civil au Myanmar, a jugé Mme Bachelet, avant d’ajouter que ce dialogue ne devait pas remplacer la traduction en justice des responsables de graves violations des droits humains.
De nombreuses délégations* ont ensuite participé au dialogue avec Mme Bachelet. A notamment été condamnée la perpétuation des schémas de discrimination systémique et de violations des droits de l’homme à l’encontre des Rohingya. De nombreux intervenants se sont inquiétés de l’aggravation de la crise humanitaire au Myanmar et les autorités militaires de facto au Myanmar ont été appelés à garantir un accès humanitaire sans restriction à toutes les personnes dans le besoin.
Présentant son rapport sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, M. Ojea Quintana, dont le mandat s’achève bientôt, a déploré que le contrôle de la population se soit encore renforcé, depuis le début de 2020, dans le cadre des mesures de prévention de la COVID-19. En effet, les fermetures prolongées des frontières et les restrictions à la circulation dans le pays ont décimé l’activité du marché pourtant devenue essentielle pour que la population générale puisse accéder aux produits de première nécessité. Des mesures draconiennes ont encore renforcé le contrôle de l’État sur la population, telles que la politique consistant à tirer sur les personnes qui tentent d’entrer ou de sortir du pays, ou encore une nouvelle législation promulguée en décembre 2020 qui prévoit des peines totalement disproportionnées, y compris la peine de mort, pour avoir accédé à des informations interdites, en particulier à des contenus étrangers, a ajouté le Rapporteur spécial.
Parallèlement, quelque dix millions personnes, soit plus de 41% de la population du pays, vivent constamment en situation d’insécurité alimentaire en République populaire démocratique de Corée, et il existe toujours une crainte généralisée de l’arrestation arbitraire et des mauvais traitements en détention dans ce pays, a déploré le Rapporteur spécial.
Dans ce contexte, M. Ojea Quintana a jugé crucial de ne pas créer un nouveau cycle d’escalade des tensions dans la péninsule coréenne qui pourrait déstabiliser rapidement la région. À cette fin, il s’est dit fermement convaincu que les bons offices du Secrétaire général devraient s’efforcer de fournir un forum alternatif pour qu’un tel dialogue constructif puisse se nouer.
De nombreuses délégations** ont pris part au dialogue avec M. Ojea Quintana. Au regard du rapport de ce dernier, la détérioration des droits de l’homme et de la situation humanitaire en République populaire démocratique de Corée justifie que l’attention de la communauté internationale continue de se porter sur la situation des droits de l’homme dans ce pays, a-t-il été relevé.
À 15 heures, cet après-midi, le Conseil examinera le rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, avant d’entendre une mise à jour orale de la Haute-Commissaire sur l’application des recommandations du Groupe d’experts indépendants sur l’établissement des responsabilités pour les violations des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée. Le Conseil entamera ensuite le débat général sur les situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent son attention.
Dialogue autour du rapport de la Haute-Commissaire sur la situation des droits de l’homme au Myanmar depuis le 1er février 2021
Dans sa résolution 46/21 (2021), le Conseil des droits de l’homme avait prié la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de suivre la situation générale des droits de l’homme au Myanmar en s’intéressant à la question de savoir si les auteurs de violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire sont amenés à rendre compte de leurs actes, ainsi qu’aux réformes apportées aux secteurs de la justice et de la sécurité depuis le 1er février 2021. Le Conseil examine ce matin le rapport de la Haute-Commissaire sur « la situation des droits de l’homme au Myanmar depuis le 1er février 2021 » (A/HRC/49/72, à paraître en français).
Présentation
Treize mois après le coup d'État militaire du 1er février 2021, les droits de l'homme de la population du Myanmar sont en crise profonde, a déclaré MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, en présentant son rapport. Les conflits armés dans plusieurs États ethniques ont été attisés par les méthodes brutales utilisées systématiquement par les forces de sécurité ; des centaines de groupes de résistance armés localisés se sont formés et la violence est désormais généralisée dans de nombreuses régions qui étaient auparavant stables, a constaté la Haute-Commissaire.
En conséquence, la crise humanitaire ne cesse de s’aggraver et l'économie est au bord de l'effondrement, a poursuivi Mme Bachelet. Plus de 14,4 millions de personnes sont désormais considérées comme ayant un besoin humanitaire. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement, l'impact combiné du coup d'État et de la pandémie de COVID-19 pourrait faire basculer près de la moitié de la population du Myanmar dans la pauvreté cette année, a alerté la Haute-Commissaire.
La dure répression des droits relatifs à la liberté de réunion pacifique, à la liberté d'expression et à l'information n'a pas empêché le pays de rejeter le coup d'État. La plupart des protestations ont été exprimées de manière pacifique, comme en témoignent la grève silencieuse organisée par les syndicats et d'autres organisations lors de la Journée des droits de l'homme en décembre 2021, ainsi que de nombreuses autres formes de protestation et de boycott.
L'armée répond à toute dissidence – qu'il s'agisse d'actes de désobéissance civile ou d’actes violents – de la même manière : par l'utilisation de la force létale, par des arrestations arbitraires massives et par le recours à la torture, a fait observer la Haute-Commissaire. Des sources crédibles font état de plusieurs milliers de victimes lors de manifestations pacifiques ; au moins 350 de ces personnes sont mortes en détention militaire, a-t-elle précisé.
Depuis février 2021, a poursuivi Mme Bachelet, plus d'un demi-million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile ; au moins 15 000 personnes ont fui le pays. Elles s'ajoutent aux près de 340 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays avant février 2021 et au million de réfugiés, pour la plupart des Rohingya. Les Tatmadaw (armée du Myanmar) ont pris pour cible les groupes de résistance armés et les civils au moyen d'hélicoptères de combat, de frappes aériennes et d'un recours à la force aveugle. Ces attaques se sont accompagnées d'arrestations massives, d'exécutions sommaires et de torture, a condamné la Haute-Commissaire.
En outre, le Myanmar est de plus en plus exposé au risque d'effondrement de l'État, y compris de ses systèmes économique, éducatif, sanitaire et de protection sociale, a mis en garde la Haute-Commissaire. L'effondrement du système de santé a déjà entraîné des conséquences dévastatrices pour la riposte du Myanmar à la COVID-19, a-t-elle souligné.
Mme Bachelet a aussi fait part de sa préoccupation pour la sécurité et les droits des défenseurs des droits de l'homme et des autres acteurs de la société civile, déplorant que les autorités militaires utilisent systématiquement les arrestations et les détentions pour intimider les personnes qui s'opposent à elles.
D’autre part, la situation des Rohingya reste désespérée, aucun solution n’étant en vue, a constaté le Haute-Commissaire. Les Rohingya qui restent au Myanmar se voient refuser la liberté de mouvement et l'accès aux services. Il n'existe toujours pas de solution durable pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays. Les conditions ne sont pas propices à des retours sûrs, durables, dignes et volontaires dans l'État rakhine, a regretté Mme Bachelet.
L'obligation de rendre des comptes reste cruciale pour toute solution à cette crise, a souligné la Haute-Commissaire. Il est évident qu'une voie politique devra être empruntée pour rétablir la démocratie et un régime civil, a jugé Mme Bachelet, avant d’ajouter que ce dialogue ne devait pas remplacer la traduction en justice des responsables de graves violations des droits humains.
Mme Bachelet a aussi demandé que l'on redouble d'efforts pour appliquer concrètement le consensus en cinq points obtenu par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) en avril 2021. Elle a regretté le manque de progrès à cet égard, le général Min Aung Hlaing n'ayant pas mis fin aux violences ni permis l’accès humanitaire.
Aperçu du débat
Nombre de délégations ont dit partager la préoccupation de la Haute-Commissaire face à la violence qui sévit au Myanmar, notamment la répression violente contre les civils délibérément pris pour cible, blessés et tués par l'armée du Myanmar. Elles ont condamné le recours disproportionné à la violence, y compris les violences sexuelles et sexistes et la torture, et ont demandé que ces violences cessent immédiatement et que la démocratie soit rétablie, dans le respect de la volonté et des intérêts du peuple du Myanmar.
Plusieurs intervenants ont condamné la perpétuation des schémas de discrimination systémique et de violations des droits de l’homme à l’encontre des Rohingya, notamment le déni de citoyenneté, les restrictions à la liberté de mouvement et à l'accès aux services de santé et d'éducation. Un intervenant a estimé que le rapport de la Haute-Commissaire ne reflète pas pleinement la situation des Rohingya – qui, a-t-il insisté, est au cœur de la crise politique au Myanmar. Mme Bachelet a été appelée à contribuer à la recherche d’une solution à la situation des Rohingya – une solution qui soit durable et qui favorise leur retour chez eux dans la sécurité et la dignité.
L’aggravation de la crise humanitaire au Myanmar a également suscité l’inquiétude de nombreuses délégations. Les militaires doivent garantir un accès humanitaire sans restriction à toutes les personnes dans le besoin et mettre fin à leurs attaques contre les écoles et les établissements de santé, a-t-il été demandé à maintes reprises ce matin. Plusieurs pays ont demandé aux États Membres d’empêcher la vente d’armes, de matériel militaire et d’articles pouvant être à double usage (civil et militaire) au Myanmar.
De même, ont demandé des orateurs, il est impératif que le consensus en cinq points de l’ANASE soit mis en œuvre de manière effective et qu'il y ait un retour à un dialogue politique constructif. Les autorités militaires du Myanmar ont été appelées à collaborer étroitement avec l’envoyé spécial de l’ANASE pour le Myanmar. Il faut en outre que le Myanmar crée les conditions nécessaires au dialogue et à la négociation, conformément à la volonté et aux aspirations du peuple du Myanmar pour un retour pacifique à la démocratie, a insisté une délégation.
D’autres intervenants ont souligné l'importance de l'acheminement de l'aide humanitaire et de la cessation immédiate de la violence ; toutes les parties doivent faire preuve de retenue et s’abstenir de violence, a-t-on insisté. Une délégation a déploré les attaques de l’opposition extrémiste au Myanmar contre les services de l’État.
D’autres délégations ont regretté que le pays concerné ne puisse pas participer au dialogue de ce jour. « La solution au problème » dépend essentiellement du Myanmar lui-même, les pressions extérieures et les sanctions contre le Myanmar étant contre-productives et ne pouvant qu’intensifier les contradictions, a-t-il été affirmé.
Le Conseil a été prié de demander aux autorités de facto de cesser immédiatement tous les actes de violence contre les civils et d’autoriser une assistance humanitaire sans restriction et sans discrimination pour les personnes déplacées. De même, le Conseil de sécurité des Nations Unies a été appelé à renvoyer la situation au Myanmar devant la Cour pénale internationale.
*Liste des intervenants : Union européenne, Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération islamique), Lituanie (au nom d’un groupe de pays), Canada, Allemagne, Malaisie, Luxembourg, Viet Nam, Chine, Espagne, Pays-Bas, Fédération de Russie, Cambodge, Indonésie, Australie, Mauritanie, Bangladesh, Roumanie, Royaume-Uni, République démocratique populaire lao, Bulgarie, Inde, Suisse, Gambie, Arabie saoudite, Turquie, France, Commission des droits de l’homme de la Malaisie, Edmund Rice Ltd., Asian Forum for Human Rights and Development, Centre pour les droits civils et politiques, Baptist World Alliance, International Humanist and Ethical Union, Article 19, Association internationale du barreau, CIVICUS, The Organization for Poverty Alleviation and Development et Commission internationale des juristes.
Réponses et remarques de conclusion de la Haute-Commissaire
MME BACHELET s’est dite préoccupée par le risque de nouvelle dégradation de la situation, l’apparition de « nouveaux éléments de résistance » risquant d’entraîner, de la part de l’armée, le recours à des armements lourds et aux meurtres ciblés d’opposants. En l’état, on doit déjà déplorer des agressions sexuelles et des meurtres de personnes détenues ; d’autre part, au moins cent enfants ont été détenus et poursuivis devant des cours martiales, où ils risquent la peine de mort.
Pour les militaires, les priorités doivent être de mettre un terme à la répression, de garantir l’accès humanitaire, de libérer les détenus et les prisonniers politiques et d’œuvrer au retour à la démocratie, a dit Mme Bachelet. Elle a demandé à la communauté internationale d’appuyer les efforts de l’ANASE dans ces domaines.
La Haute-Commissaire a aussi a appelé à l’ouverture d’enquêtes et au prononcé de sanctions contre des militaires ayant commis des crimes. Elle a en outre plaidé pour que les droits fondamentaux des Rohingya soient respectés.
Dialogue avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée
Le Conseil est saisi du rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (A/HRC/49/74, à paraitre en français).
Présentation
Présentant son rapport, M. TOMÁS OJEA QUINTANA, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, a indiqué qu’au cours des six dernières années de son mandat, il avait soulevé des préoccupations au sujet du système coercitif de gouvernance qui prive la population du pays de ses libertés fondamentales au travers, notamment, d’arrestations et de détentions arbitraires, de tortures et de mauvais traitements ; de restrictions aux libertés d’expression, de religion et de pensée, ainsi qu’à l’accès à l’information et à la liberté de mouvement ; ou encore de la pratique du travail forcé. Il a observé que cette situation ne s’était pas améliorée pendant la durée de son mandat ; au contraire, le contrôle de la population s’est encore renforcé, notamment depuis le début de l’année 2020 dans le cadre des mesures de prévention de la COVID-19, a souligné le Rapporteur spécial.
Les fermetures prolongées des frontières et les restrictions à la circulation dans le pays ont décimé l’activité de marché pourtant devenue essentielle pour que la population générale puisse accéder aux produits de première nécessité, a poursuivi M. Ojea Quintana. Des mesures draconiennes ont encore renforcé le contrôle de l’État sur la population, telles que la politique consistant à tirer sur les personnes qui tentent d’entrer ou de sortir du pays, ou encore une nouvelle législation promulguée en décembre 2020, qui prévoit des peines totalement disproportionnées, y compris la peine de mort, pour avoir accédé à des informations interdites, en particulier à des contenus étrangers.
Fondamental pour le contrôle effectif de la population est le système de détention arbitraire dans lequel les garanties en matière de procès équitable font défaut, a poursuivi le Rapporteur spécial. Il existe une crainte généralisée de l’arrestation arbitraire et des mauvais traitements en détention, en particulier pour les personnes rapatriées de force, y compris pour ce qui est de la détention dans les kwanliso (camps de prisonniers politiques), a insisté M. Ojea Quintana. Ces camps de prisonniers politiques représentent les pires excès d’un système de gouvernance qui viole systématiquement les droits de l’homme de son peuple, a-t-il affirmé, appelant une fois de plus le Gouvernement à libérer toutes les personnes emprisonnées dans ces kwanliso et à démanteler ces installations.
Le Rapporteur spécial a ensuite indiqué que l’insécurité alimentaire chronique continue d’être répandue en République populaire démocratique de Corée, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire dépassant constamment les 10 millions, ce qui représente plus de 41 % de la population du pays. Il a regretté que le Gouvernement n’ait pas réformé le système public de distribution pour assurer l’accès universel à une alimentation adéquate et nutritive, en particulier pour les populations les plus vulnérables.
M. Ojea Quintana a par ailleurs expliqué que depuis le début de son mandat, il a toujours insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une approche comportant deux volets : d’une part, mettre en évidence les violations des droits de l’homme les plus graves dans le pays et, d’autre part, assurer l’obligation redditionnelle, tout en offrant un engagement constructif au Gouvernement pour chercher à améliorer la situation des droits de l’homme sur le terrain. Il est impératif que le Gouvernement cesse de commettre des crimes contre l’humanité, et qu’il engage un processus d’obligation redditionnelle, a insisté le Rapporteur spécial. Jusqu’à ce que cela se produise, des efforts devraient être poursuivis pour déférer la situation à la Cour pénale internationale ou pour créer un tribunal ad hoc ou un mécanisme comparable pour déterminer la responsabilité pénale individuelle, a plaidé le Rapporteur spécial.
À l’heure actuelle, a souligné M. Ojea Quintana, le défi crucial est de ne pas recréer un nouveau cycle d’escalade des tensions dans la péninsule coréenne, qui pourrait déstabiliser rapidement et dangereusement la région. Le Rapporteur spécial a plaidé pour une approche diplomatique vers la paix et la dénucléarisation de la péninsule coréenne qui s’appuie sur les négociations précédentes. À cette fin, il s’est dit fermement convaincu que les bons offices du Secrétaire général devraient s’efforcer de fournir un forum alternatif pour qu’un tel dialogue constructif puisse se nouer.
En conclusion, M. Quintana a souhaité rendre hommage à toutes les victimes et à tous ceux qui ont fui la République populaire démocratique de Corée, qui, tout au long de ses six années de mandat, ont eu le courage de partager inconditionnellement avec lui leurs expériences de vie et qui, en fin de compte, aspirent à transformer le pays en un pays qui respecte et protège véritablement les droits du peuple.
Aperçu du débat
Au regard du rapport de M. Ojea Quintana, la détérioration des droits de l’homme et de la situation humanitaire en République populaire démocratique de Corée justifie que l’attention de la communauté internationale continue de se porter sur la situation des droits de l’homme dans ce pays, a-t-il été relevé.
De nombreuses délégations ont dénoncé les violations des droits de l’homme généralisées et systématiques perpétrées dans le pays, dont certaines – a-t-il été affirmé – peuvent constituer des crimes contre l’humanité. Le « régime nord-coréen » viole de façon systématique les droits et les libertés fondamentales de ses citoyens, a-t-il été regretté ; il les isole, les réduit au silence, contrôle leurs moindres faits et gestes pour prévenir tout risque de dissonance et toute opposition démocratique, a dénoncé une délégation, ajoutant que « ce régime », responsable de violations massives des droits de l’homme, se rend seul coupable d’une situation humanitaire catastrophique.
Alors qu’était déploré le manque d’efforts des autorités de la République populaire démocratique de Corée pour améliorer la situation des droits de l’homme dans le pays, de nombreuses délégations ont plaidé pour que les auteurs de graves violations rendent des comptes.
Les mesures prolongées et strictes de la République populaire démocratique de Corée relativement à la COVID-19 ont exacerbé une situation humanitaire et une situation des droits de l’homme déjà critiques dans le pays, a-t-il été souligné. Il est essentiel que le pays réexamine ses mesures liées à la pandémie, s’engage auprès de la communauté internationale pour assurer une vaccination complète de l’ensemble de la population et facilite l’accès sans entrave aux agences humanitaires fournissant une aide essentielle, ont plaidé plusieurs délégations.
Plusieurs intervenants ont dit soutenir les efforts déployés par les acteurs de la société civile pour faire face à la situation des droits de l’homme dans le pays.
Plusieurs délégations ont pour leur part dénoncé le mandat du Rapporteur spécial qui, selon elles, donne une « vision biaisée » de la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée. Elles ont réitéré leur point de vue selon lequel les mandats de pays qui n’obtiennent pas l’aval des pays concernés, et qui visent souvent des pays du Sud ou en développement, n’améliorent pas la promotion et la protection des droits de l’homme et n’apportent aucune amélioration dans les pays concernés. Une délégation a ainsi souligné qu’elle s’opposait à l’imposition de mandats sélectifs et politiquement motivés. L’Examen périodique universel (EPU) est au contraire, lui, le moyen de traiter les droits de l’homme dans tous les pays sur un pied d’égalité, a-t-il été indiqué.
**Liste des intervenants : Union européenne, Norvège (au nom d’un groupe de pays), Liechtenstein, Cuba, République arabe syrienne, Venezuela, France, Chine, Suisse, Sri Lanka, Cambodge, Australie, Irlande, République de Corée, Bélarus, États-Unis, Royaume-Uni, Zimbabwe, République tchèque, Albanie, Nicaragua, Viet Nam, Soudan du Sud, Burundi, Érythrée, République démocratique populaire lao, Nouvelle-Zélande, Iran, Japon, Christian Solidarity Worldwide, Human Rights Watch, United Nations Watch, Ingenieurs du Monde, People for Successful COrean Reunification.
Réponses et remarques de conclusion du Rapporteur spécial
M. OJEA QUINTANA a regretté l’absence de la République populaire démocratique de Corée à ce dialogue, ainsi que l’absence de coopération du pays avec le mandat. Le niveau d’isolement de la République populaire démocratique de Corée est particulièrement préoccupant, a-t-il ajouté. Le Gouvernement de ce pays prend des mesures qui ont des répercussions très graves sur les droits civils et politiques, mais aussi sur les droits économiques, sociaux et culturels, a-t-il souligné. Le Rapporteur spécial a appelé la communauté internationale à fournir des vaccins contre la COVID-19 à la population de la République populaire démocratique de Corée ; mais pour ce faire, a-t-il expliqué, le Gouvernement doit rompre son isolement international.
Les Etats membres du Conseil doivent travailler sur la thématique de la reddition de comptes pour les graves violations des droits de l’homme commises dans le pays, a poursuivi M. Ojea Quintana.
Le Rapporteur spécial a fait observer que son rapport reconnaît qu’il y a bien une initiative du Gouvernement pour établir une coopération avec le Conseil des droits de l’homme ; il y a ainsi une interaction avec le pays à l’occasion de l’Examen périodique universel ou encore dans le cadre des activités des organes de traité. Le fait de le reconnaître dans le rapport montre l’impartialité du mandat, a souligné M. Ojea Quintana, avant d’assurer qu’il est toujours prêt à dialoguer avec les autorités du pays. Le Rapporteur spécial a assuré que tous ses rapports ont toujours été impartiaux et qu’il n’avait jamais fait preuve de sélectivité ou de politisation dans le cadre de son mandat.
Il faut promouvoir davantage de coopération avec les pays limitrophes de la région, a en outre indiqué le Rapporteur spécial ; ces pays limitrophes doivent progresser dans leur coopération avec le mandat, a-t-il insisté.
M. Ojea Quintana a par ailleurs dénoncé les discriminations systématiques dont sont victimes les femmes en République populaire démocratique de Corée et a plaidé pour que cette thématique figure à l’ordre du jour des discussions du Conseil.
Il faut que la communauté internationale redouble d’efforts afin d’éviter une escalade de la violence dans la région, a déclaré M. Ojea Quintana. En conclusion, il a appelé à la participation de l’ensemble de la communauté internationale afin d’améliorer la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée.
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