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Un expert de l'ONU appelle à des approches modernes pour transformer les soins de santé en Arménie et remédier aux inégalités
Mission de santé en Arménie
06 octobre 2017
GENEVE / EREVAN (6 octobre 2017) - Les autorités arméniennes doivent intensifier leurs efforts pour remédier aux difficultés et inégalités dans le système de santé du pays, a conclu un expert des droits de l'homme de l'ONU à la fin de sa première visite officielle.
L'Arménie a fait des réformes louables, mais la jouissance du droit à la santé physique et mentale de sa population se heurte encore à des obstacles importants liés à une approche désuète des soins de santé et à des inégalités persistantes, a dit le Rapporteur spécial sur le droit à la santé, Dainius Pūras, dans une déclaration à l'issue de sa mission.
Il a ajouté que l'Arménie avait de bonnes chances d'aller plus loin, mais a relevé des difficultés structurelles et systémiques, dans sa législation et dans la pratique.
" Les dépenses publiques de santé sont inférieures à 2% du PIB, l'un des taux les plus faibles du monde ", a déclaré M. Pūras.
" Le pays se dirige vers un régime d'assurance maladie obligatoire auquel participeront des assureurs privés en qualité de tiers administrateurs de certains secteurs de la population, essentiellement les fonctionnaires et les groupes socialement défavorisés.
" Cela pourrait avoir de sérieuses implications sur l'éligibilité, la couverture et le financement, et créer potentiellement des inégalités et inefficacités si un contrôle strict et la transparence ne sont pas assurés ".
M. Pūras a salué les efforts réalisés pour renforcer les soins primaires et d’autres services ambulatoires. Mais il a souligné de " sérieuses difficultés " dans le secteur de la santé, alors que ce dernier continue de s'éloigner du système soviétique centralisé - caractérisé par une emphase excessive sur les soins hospitaliers - et a mis en relief les importantes inégalités socio-économiques et géographiques en termes d'accès et de qualité.
Les services de santé mentale sont toujours à la traîne par rapport aux approches modernes, a déclaré le Rapporteur spécial, exhortant l'Arménie à " abandonner son héritage de politiques et services de santé mentale obsolètes reposant sur de grands hôpitaux psychiatriques et des établissements de soins de longue durée ".
" Il ne semble pas y avoir suffisamment de volonté politique pour reproduire les services communautaires modernes dans tout le pays, d'où le risque que les fonds destinés à la réforme de la santé mentale soient investis dans la rénovation et l'expansion d'institutions psychiatriques à l’écart qui prédominent encore dans le système de santé mentale du pays ", a déclaré M. Pûras.
" J'ai identifié des signes de ce cercle vicieux dans le système arménien de santé mentale lorsque les personnes souffrant de troubles mentaux sont trop facilement et trop souvent hospitalisées dans des hôpitaux psychiatriques, reçoivent une quantité excessive de médicaments et sont confinées pendant de longues périodes dans de grandes institutions, sous l'étiquette de patients chroniques. Cette pratique ne fait que déresponsabiliser, stigmatiser et discriminer les personnes vivant avec des problèmes de santé mentale et devrait cesser. "
Le Rapporteur spécial a noté que la prise en charge des patients atteints de tuberculose doit être sensiblement et urgemment améliorée, à travers notamment une nouvelle législation visant à garantir que les personnes atteintes de tuberculose ne soient pas victimes de discrimination.
" La tuberculose est un problème de santé publique important en Arménie, où le taux d'incidence et parmi les plus élevés dans la région européenne. Les mauvais résultats du traitement antituberculeux en Arménie s'expliquent en partie par la forte prévalence de formes multirésistantes de la tuberculose, ainsi que par la forte stigmatisation des patients ", a-t-il dit. " Les centres communautaires de soins et de traitement de la tuberculose, dont le rôle est essentiel, ne sont pas encore totalement développés. "
Le Rapporteur spécial a salué l'engagement de l'Arménie dans la lutte contre le VIH / sida et l'a félicitée parce qu'elle est l'un des quatre pays au monde à avoir éradiqué la transmission mère-enfant. Il a toutefois indiqué que les populations clés étaient exposées à des risques accrus et se heurtaient à des obstacles en droit et dans la pratique, ainsi qu’à la stigmatisation et la discrimination pour accéder aux services de dépistage et de traitement.
Il a exhorté l'Arménie à accorder une attention particulière aux besoins de groupes tels que les enfants, les migrants et les réfugiés, les consommateurs de drogues et les personnes handicapées pour les aider à atteindre les objectifs fixés par le Programme de développement durable à l'horizon 2030.
M. Pūras, qui s'est rendu en Arménie du 25 septembre au 5 octobre 2017, a rencontré de hauts responsables gouvernementaux, des membres du Parlement et du pouvoir judiciaire, des responsables et des travailleurs de la santé ainsi que des organisations internationales, des diplomates et des acteurs de la société civile. Il a visités des structures et institutions à Erevan, Abovyan, Dilijan, Vanazdor et Spitak.
Il présentera un rapport complet sur les conclusions de sa visite au Conseil des droits de l’homme de l'ONU en juin 2018.
FIN
Le Rapporteur spécial sur le droit à la santé est un expert indépendant nommé par le Conseil des Droits de l'Homme pour aider les États, et d'autres, à promouvoir et protéger le droit de jouir du meilleur état de santé. M. Dainius Pūras (Lituanie) est médecin avec une expertise notable dans la santé mentale, la santé des enfants, et les politiques de santé publique. Il est professeur et chef du Centre de Psychiatrie de l'enfant et pédiatrie sociale à l'Université de Vilnius, et enseigne à la Faculté de Médecine, à l’Institut de Relations Internationales et de Sciences Politiques ainsi qu’à Faculté de Philosophie de l'Université de Vilnius, en Lituanie.
Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce qu’on appelle les 'procédures spéciales ' du Conseil des droits de l’homme. Le terme 'procédures spéciales', qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et siègent à titre personnel.
Fiche pays du HCDH – Arménie
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À Genève (avant/après la visite) : Dolores Infante-Cañibano, HCDH (dinfante@ohchr.org)
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