Communiqués de presse Procédures spéciales
Les pénuries d’électricité à Gaza aggravent la crise humanitaire, préviennent les experts des droits de l’ONU
Crise de l’électricité à Gaza
12 juillet 2017
GENÈVE (12 juillet 2017) – Les pénuries d’électricité qui se prolongent à Gaza ont aggravé la crise humanitaire en causant des conditions précaires dans les hôpitaux, l’intensification des pénuries d’eau et le rejet d’eaux usées non traitées dans la Méditerranée, ont averti aujourd’hui des experts indépendants* des Nations Unies chargés des droits de l’homme.
" Les deux millions d’habitants de Gaza subissent une crise humanitaire créée de toutes pièces par l’homme, ont déclaré les experts. Cette crise reflète l’échec total de toutes les parties de satisfaire les obligations fondamentales en matière de droits de l’homme, y compris le droit inaliénable à la vie. "
" Des rapports indiquent que l’électricité est désormais disponible tout au plus pendant six heures d’affilée, souvent moins, et que cet approvisionnement est suivi d’une période de 12 heures sans électricité. La situation est intenable ", ont-ils averti.
Les experts affirment que la mise en œuvre récente par Israël d’une décision de l’autorité palestinienne de poursuivre la réduction de l’approvisionnement en électricité de jusqu’à 40 pour cent donnait lieu à une détérioration sans précédent de la fourniture de services essentiels.
Israël, en tant qu’occupant qui contrôle les entrées et les sorties des marchandises et des personnes, est le principal responsable de la détérioration de la situation, estiment les experts, et il devrait honorer ses engagements conformément au droit humanitaire international et aux droits de l’homme.
Les Rapporteurs ont toutefois souligné que le conflit en cours entre l’Autorité palestinienne et le Hamas au sujet du paiement des taxes sur le carburant a été le motif des récentes coupures supplémentaires, contribuant à l’aggravation considérable de la crise.
" Nous appelons les parties concernées à résoudre immédiatement leurs divergences et à cesser de pénaliser les habitants de Gaza en raison de conflits politiques entre les élites ", ont-ils déclaré. " Nous demandons à la communauté internationale de ne pas fermer les yeux sur la situation à Gaza. Et nous plaidons en faveur de l’arrêt immédiat du blocus et du bouclage, qui durent depuis dix ans et qui constituent une punition collective contraire au droit international. "
Du carburant récemment fourni par l’Égypte a apporté un certain soulagement, mais il ne s’agit pas d’une solution permanente, ajoutent les experts, qui mettent en garde contre l’impact majeur sur les services de santé et la quasi-totalité des aspects du quotidien.
" De nombreuses salles d’opération ont désormais été fermées, les services de santé de base ont été considérablement réduits et les interventions et équipements de diagnostic complexes ne sont disponibles que par intermittence ", ont-ils expliqué.
Les experts ont constaté que l’eau potable dessalée se fait de plus en plus rare, tandis que les eaux usées non traitées continuent d’être rejetées dans la Méditerranée à raison de 100 millions de litres par jour, aggravant potentiellement la contamination des aquifères.
" Les familles rencontrent des difficultés pour conserver leur nourriture et préparer leurs repas de manière sécurisée sans réfrigération, ce qui ressemble à la recette du désastre quand on sait que les services de santé sont affaiblis. Cuisiner, chauffer et éclairer, ainsi que d’autres fondamentaux du droit au logement, tout cela est compromis. Les personnes qui souffrent de handicap, les personnes âgées et les femmes sont particulièrement touchées ", précisent-ils.
" Le secteur agricole souffre également d’une irrigation gravement limitée, ce qui accentuera l’insécurité alimentaire si la situation perdure. "
Les experts indépendants ont affirmé que la crise de l’électricité venait s’ajouter à la situation d’une population qui a déjà enduré des années de lutte, de pauvreté et de conflit intense.
" La crise actuelle ne fait qu’aggraver le sentiment déjà grandissant de désespoir et d’impuissance ", ajoutent-ils. Les experts préviennent qu’après dix ans de bouclage et de blocus, Gaza affiche l’un des taux de chômage les plus élevés au monde, une stagnation économique et un recul menant au " dé-développement ".
" Cette crise paralysante touche une population dont les moyens d’existence avaient déjà atteint le point de rupture. Il se peut que l’économie subisse désormais des dommages qui ne permettront plus sa relance. Et comme dans toutes les crises de ce type, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui souffrent le plus ", ont souligné les experts des droits de l’homme.
(*) Les experts: M. Michael Lynk, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967; M. Dainius Pûras, Rapporteur spécial sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible (droit à la santé); Mme Leilani Farha, Rapporteuse spéciale sur le logement convenable en tant qu’élément du droit à un niveau de vie suffisant ainsi que sur le droit à la non-discrimination à cet égard; Mme Hilal Elver, Rapporteuse spéciale sur le droit à l’alimentation; M. Philip Alston, Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme; M. Léo Heller, Rapporteur spécial sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement; et M. Saad Alfarargi, Rapporteur spécial sur le droit au développement.
Les Rapporteurs spéciaux et experts indépendants font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales rassemblent le plus grand groupe d’experts indépendants du système des Nations Unies consacré aux droits de l’homme. " Procédures spéciales " est le terme généralement attribué aux mécanismes indépendants d’exploration et de surveillance mis en place par le Conseil des droits de l’homme, qui s’occupent de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Le travail des experts des procédures spéciales est réalisé sur une base volontaire, ce qui signifie qu’ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et qu’ils ne sont pas rétribués pour les tâches accomplies. Ils sont indépendants de tout gouvernement et de toute organisation et ils offrent leurs services à titre personnel.
Droits de l’homme, Nations Unies, pages d’accueil des pays: Territoires palestiniens occupés et Israël
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