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Myanmar : Une experte des Nations Unies dresse le catalogue des sujets de préoccupation alors que les droits de l’homme se détériorent avec l’aggravation du conflit

Aggravation de la situation des droits de l’homme

24 Juillet 2017

GENEVE (24 juillet 2017) – Une Rapporteuse spéciale des Nations Unies a fait une déclaration très ferme accusant le gouvernement du Myanmar d’adopter des mesures rappelant l’ancien gouvernement militaire et de favoriser la dégradation de la situation en termes de sécurité et de droits de l’homme.

Yanghee Lee, qui conclut une visite de 12 jours dans le pays, a dressé le catalogue des sujets de préoccupation, notamment des informations faisant état de meurtres, de cas de torture, du recours à des boucliers humains par les forces de sécurité, de décès en détention et de crise humanitaire permanente pour le peuple Rohingya et pour les autres minorités chassées de leurs foyers.  

Ses propres déplacements étaient très strictement contrôlés, a-t-elle ajouté, et les régions frappées par la crise restaient inaccessibles même pour les organisations internationales.  Les personnes qu’elle a rencontrées étaient en butte au harcèlement et le gouvernement s’est employé à entourer sa visite de conditions sans précédent.  

" Je suis déçue de constater que les stratagèmes employés par le précédent gouvernement sont toujours d’actualité, " a déclaré Mme Lee s’exprimant alors que sa visite touchait à sa fin.  " Je crois comprendre que le gouvernement souhaite normaliser ses relations avec les Nations Unies, mais pour cela, le Myanmar doit d’abord s’imposer comme un pays qui attire moins l’attention. "

" On nous dit qu’il ne faut pas s’attendre à ce que le Myanmar devienne une démocratie du jour au lendemain – qu’il lui faut du temps et de l’espace, " a-t-elle fait remarquer. " Mais de la même manière, le pays ne doit pas espérer échapper sans délai à la surveillance étroite dont elle fait l’objet ni au démantèlement de ses mécanismes spéciaux de contrôle.  Cela ne sera possible que lorsque des progrès réels et visibles auront été constatés dans le domaine des droits de l’homme. "

Mme Lee a déclaré que la situation des Rohingya de l’État d’Arakan, dont beaucoup ont été forcés de quitter leur foyer alors que circulent des informations faisant état de graves violations des droits de l’homme, n’a guère évolué depuis sa dernière visite en janvier.

" Je continue de recevoir des rapports mentionnant des violations qui auraient été commises par les forces de sécurité lors d’interventions. Il semble également qu’il y ait eu des incidents concernant des Rohingya pris pour cible parce qu’ils cherchaient à faire reconnaître leur citoyenneté ainsi que des administrateurs de village et d’autres Musulmans au motif qu’ils étaient des "collaborateurs" parce qu’ils travaillaient avec les autorités – terrifiant de nombreux civils rohingya souvent pris dans l’étau de la violence, " a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle était très inquiète du traitement réservé aux prisonniers.

La Rapporteuse spéciale a indiqué que les autorités ont déjà admis que la protection et la sécurité assurées par l’État devaient s’étendre non seulement à l’État d’Arakan mais aussi aux communautés musulmanes. Néanmoins, selon elle, " le gouvernement doit prendre des mesures concrètes à cet égard, notamment en diligentant une enquête sur les allégations de violation, en mettant fin aux pratiques discriminatoires et en restaurant la liberté de circuler. "

Elle a affirmé que près de 120 000 personnes de la région vivaient toujours dans des camps après avoir fui leur foyer et que les perspectives d’une solution à long terme étaient faibles. " Il avait été annoncé à certains qu’ils ne resteraient que trois jours dans les camps, mais cela se prolonge depuis cinq ans maintenant, " a-t-elle ajouté.

L’inquiétude était grandissante concernant la détérioration de la situation dans les États Kachin et Shin, a indiqué la Rapporteuse spéciale, avec l’impossibilité d’y accéder pour les organisations internationales, une évolution défavorable dans les deux cas.

" J’ai été particulièrement consternée d’apprendre que la situation dans le nord de l’État Shan se dégradait, des rapports faisant état de nouveaux conflits, de nouvelles allégations de violation par les forces de sécurité et par des groupes armés et d’une aide insuffisante en faveur de la population civile.

De nombreux rapports signalent des meurtres, des actes de torture, voire le recours à des boucliers humains par les forces armées, avec dans certains cas des menaces de nouvelles violences si ces incidents sont dénoncés, " a précisé Mme Lee.

La Rapporteuse spéciale qui s’est rendue à Yangon et à Naypyidaw ainsi que dans les États d’Arkan, Shan et Karen, a déclaré être " surprise " des tentatives du gouvernement visant à limiter ses activités et ses déplacements. Elle n’a pas été autorisée à se rendre à Thibaw dans l’État Shan, où trois journalistes sont emprisonnés, même s’il s’agit d’une destination touristique.  D’autres régions du pays ont également été interdites d’accès.

La Rapporteuse spéciale a également souligné la confiscation de terres pour y instaurer de prétendues zones économiques spéciales.

" Les agriculteurs et les pêcheurs ont affirmé que leurs terres avaient été confisquées quasiment sans consultation ni indemnisation, leur tentative d’obtenir réparation étant restée sans réponse, " a précisé Mme Lee.

" Dans certains cas, les agriculteurs doivent toujours s’acquitter de l’impôt sur les terres confisquées. D’autres ont appris qu’ils pouvaient racheter leurs propres terres à un prix majoré. J’ai entendu des propos semblables dans plusieurs régions, démontrant qu’il s’agit vraiment d’un problème national. " 

Lors de sa visite qui s’est déroulée du 10 au 21 juillet à l’invitation du gouvernement, la Rapporteuse spéciale a rencontré un large éventail de responsables dont des dirigeants politiques et communautaires ainsi que des représentants de la société civile et des victimes de violations des droits de l’homme. Il s’agissait de sa sixième mission exploratoire dans le pays, la troisième depuis que le nouveau gouvernement est au pouvoir.

Mme Lee présentera un rapport détaillé de sa visite à l’Assemblée Générale en octobre 2017.

Mme Yanghee Lee (République de Corée) a été nommée Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Myanmar par le Conseil des droits de l’homme en 2014. Elle est indépendante de tout gouvernement ou de toute organisation et siège à titre personnel. Mme Lee préside actuellement le Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme (2016-2017). Elle a servi en tant que membre et présidente du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies (2003-2011). Elle exerce actuellement comme professeur à l’Université Sungkyunwan de Séoul et siège au Comité consultatif de la Commission nationale des droits de l’homme de Corée. Mme Lee est la présidente fondatrice du Centre international des droits de l’enfant.

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on nomme les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme " procédures spéciales ", qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme. Les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales sont des experts des droits de l’homme indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme, qui s’occupent de la situation particulière d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation. Ils siègent à titre personnel et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail.

Droits de l’homme, Nations Unies, page d’accueil du pays: Myanmar

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