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Des experts de l’ONU demandent à la Russie de mettre fin aux persécutions et à la détention d’homosexuels en Tchétchénie
Tchétchénie / homosexuels
13 avril 2017
GENÈVE (13 avril 2017) – Les hommes placés en détention en République russe de Tchétchénie au seul motif d'être perçus comme étant homosexuels doivent être libérés sans délai et les abus et persécutions doivent cesser, ont déclaré des experts des Nations Unies en matière de droits de l'homme*.
Les experts demandent également aux autorités russes de condamner fermement toutes les déclarations homophobes, qui constituent une incitation à la haine et à la violence.
«Nous exhortons les autorités à mettre fin à la persécution de personnes perçues comme homosexuelles ou bisexuelles en République tchétchène, qui vivent dans un climat de peur alimenté par les discours homophobes des autorités locales,» ont-ils ajouté.
«Il est essentiel que les informations faisant état d'enlèvements, de détentions illégales, de tortures, de coups et d'homicides d'hommes perçus comme homosexuels ou bisexuels fassent l'objet d'enquêtes.»
L'appel fait suite à des informations faisant état, en Tchétchénie, depuis mars, d'enlèvements d'hommes perçus comme homosexuels ou bisexuels par des milices locales et des forces de sécurité locales, suivis de détention arbitraire, de violence, de torture et d'autres mauvais traitements.
Il y aurait même des cas de meurtres fondés sur l'orientation sexuelle perçue. Certains par des membres de la famille.
«Il s'agit ici d'actes de persécution et de violence à une échelle sans précédent dans la région, qui constituent de graves violations des obligations de la Fédération de Russie en vertu du droit international des droits de l'homme,» ont déclaré les experts.
Les persécutions ont lieu, pour la plupart, dans un centre de détention non officiel à proximité de la ville d'Argoun.
Les hommes arrêtés sont soumis à des abus physiques et verbaux, ils sont torturés, y compris par décharges électriques, roués de coups, insultés et humiliés. Ils sont contraints à divulguer les coordonnées d'autres homosexuels et on les menace de révéler leur orientation sexuelle à leur famille et au sein de leur communauté – ce qui pourrait les exposer au risque d'être tués «au nom de l'honneur».
«Nous demandons aux autorités de procéder à la libération immédiate de toutes les personnes détenues illégalement en République de Tchétchénie sur la base de leur orientation sexuelle réelle ou perçue, de mener des enquêtes rapides, approfondies et impartiales sur tous les cas suspects d'enlèvement, de détention illégale, de torture et d'exécutions illégales, et de veiller à ce que tous ceux qui sont impliqués dans tels actes rendent des comptes et que les victimes bénéficient d'un recours effectif,» ont-ils ajouté.
Les experts de l'ONU s'inquiètent également des prétendues déclarations homophobes faites par les autorités locales, niant l'existence, dans la République, de personnes d'orientation sexuelle «non traditionnelle» et cautionnant le meurtre d'homosexuels par des membres de leur famille et d'autres citoyens.
Les experts ont condamné les déclarations de responsables tchétchènes suggérant que les homosexuels devraient être chassés et tués et ont prévenu que de tels commentaires constituaient une incitation à la haine et à la violence.
«La Fédération de Russie doit déclarer officiellement qu'elle ne tolère aucune forme d'incitation à la violence, de stigmatisation sociale de l'homosexualité ou de discours de haine et ne tolère ni la discrimination, ni la violence à l'égard de quiconque en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre.
Nous appelons la Russie à prendre des mesures urgentes pour protéger la vie, la liberté et la sécurité des homosexuels et bisexuels en Tchétchénie et à enquêter et punir les actes de violence motivés par l'orientation sexuelle,» ont conclu les experts des droits de l'homme de l'ONU.
Les experts sont en contact avec les autorités russes et surveillent de près la situation.
(*) Les experts des Nations Unies: M. Vitit Muntarbhorn, Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre; M. Sètondji Roland Adjovi, Président-rapporteur du Groupe de travail sur les détentions arbitraires; Mme Agnès Callamard, Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires; M. Nils Melzer, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants; et M. David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression.
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