Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Les droits de l’homme soumis à une " pression sans précédent " dans le monde entier : Zeid appelle le monde à défendre les droits des autres
Journée des droits de l'homme
08 décembre 2016
JOURNÉE DES DROITS DE L’HOMME, 10 DÉCEMBRE 2016
GENÈVE (8 décembre 2016) – Selon Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, «La pression sans précédent qui pèse sur les normes internationales relatives aux droits de l’homme risque de réduire à néant l’ensemble unique de protections mises en place au sortir de la Seconde Guerre mondiale.»
Zeid, s’exprimant à quelques jours de la Journée internationale des droits de l’homme, qui se tiendra le 10 décembre prochain, a également souligné que chaque individu avait le pouvoir de jouer un rôle pour repousser ces pressions, et que beaucoup étaient déjà passés à l’action.
«2016 a été une année catastrophique pour les droits de l’homme dans le monde entier et, si l’érosion croissante de l’architecture patiemment construite des droits de l’homme et de l’état de droit continue de s’intensifier, tout le monde finira par en pâtir.»
Et d’ajouter: «Nous sommes nombreux à nous inquiéter de la direction que prend le monde. Les mouvements extrémistes imposent aux populations d’atroces violences. Les conflits et les privations contraignent des familles à quitter leurs foyers. Le changement climatique assombrit notre horizon. La discrimination, les disparités économiques béantes et la volonté acharnée d’acquérir ou de conserver le pouvoir à tout prix sont les moteurs principaux de la crise politique et des droits de l’homme actuelle. Les valeurs humanistes sont menacées – et tant de personnes se sentent dépassées, ne sachant que faire ni vers qui se tourner.»
«De nombreux dirigeants échouent à se saisir efficacement et franchement de ces questions sociales et économiques complexes,» a précisé Zeid. «En conséquence, les gens se tournent en désespoir de cause vers les chants des sirènes qui exploitent les craintes, sèment la désinformation et la division et lancent des promesses séduisantes qu’ils ne peuvent pas tenir.»
« Nous avons appris, au prix des amères leçons de l’histoire, que l’humanité ne survivra et ne s’épanouira que si nous recherchons des solutions ensemble. Les droits de l’homme étaient destinés, et le sont toujours, à être l’antidote à toutes ces dérives: il s’agit de reconnaitre que chacun a des droits – des droits économiques et sociaux, des droits civiques et le droit au développement – et il importe de défendre ces droits, non seulement pour vous mais pour tous les autres.»
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a appelé le monde entier à défendre un système qui a précisément été conçu dans l’objectif de rendre le monde meilleur pour tout un chacun.
«Un monde où chacun se préoccupe avant tout des seuls besoins de son petit groupe social, national ou religieux et ignore ou s’en prend aux besoins que d’autres partagent, est un monde qui peut très rapidement sombrer dans la misère et le chaos,» a indiqué Zeid.
«Les droits de l’homme constituent le fondement d’une politique efficace dans des sociétés où les gens savent qu’ils peuvent faire confiance à leur gouvernement et se fier à la loi. Défaire les lois et les institutions que nous avons si patiemment érigées pendant la deuxième moitié du XXème siècle – destinées à protéger tous les citoyens et à promouvoir la stabilité et le bien-être économique – est non seulement de mauvais aloi mais dangereux. Ce ne sont pas des broutilles que l’on balaie d’un revers de main à des fins personnelles ou politiques,» a-t-il ajouté.
«La Syrie est l’exemple le plus frappant d’échec sur toute la ligne. Un conflit qui aurait pu être entièrement évité, si le Président Assad avait décidé d’écouter les voix qui s’élevaient pour protester de manière pacifique et légitime contre les violations des droits de l’homme. Mais, au lieu de coopérer pour mettre fin aux combats et rétablir l’ordre, certains États ont attisé le conflit, aidé les assassins, fourni des armes, encouragé les extrémistes – en bref, ils ont, collectivement, jeté aux orties le droit international humanitaire et les droits de l’homme.»
«Le résultat? La montée en puissance de Da’esh et d’autres groupes extrémistes qui ont encouragé une autre guerre et des exactions à grande échelle – y compris probablement un génocide – en Irak. L’utilisation répétée d’armes chimiques. Le déplacement massif de réfugiés syriens qui a dépassé les capacités et la bonne volonté des pays voisins et s’est étendu à l’Europe – où la soudaineté et l’ampleur de la vague ont nourri des craintes qui se sont mêlées aux tensions économiques existantes et à la xénophobie ambiante, provoquant des agitations politiques.»
«Dans certaines régions d’Europe et aux États-Unis, le discours xénophobe empreint de haine et de violence prolifère dans des proportions effrayantes sans rencontrer de résistance. La rhétorique du fascisme n’est plus limitée à un petit groupe de personnes qui se réunit dans des cercles obscurs ou sur le "Deep Net". Elle s’est banalisée dans les propos quotidiens.»
«Et ce n’est là qu’un des problèmes qui se posent à une partie de la planète,» a ajouté Zeid. «Au sud Soudan, au Myanmar et potentiellement au Burundi, les tensions ethniques ou religieuses et les violences risquent d’échapper à tout contrôle. Au Yémen, le droit de la guerre concernant la protection des populations civiles a été systématiquement bafoué et la crise humanitaire est d’une telle ampleur que les enfants meurent de faim. Aux Philippines, quotidiennement, des consommateurs de drogues et des trafiquants sont abattus dans les rues avec la bénédiction à peine voilée des autorités. D’autres pays veulent rétablir la peine de mort. Ailleurs, les organisations de la société civile sont victimes d’intimidation voire interdites, les droits de l’homme, les militants politiques et les journalistes d’investigation qui s’efforcent de dire la vérité au pouvoir ou de défendre les droits de l’homme sont emprisonnés ou assassinés. Et que faisons-nous pour y remédier?»
"Il est temps de changer de cap."
Zeid a annoncé que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme allait profiter de la Journée internationale des droits de l’homme pour lancer une campagne intitulée «Défendez les droits de quelqu’un aujourd’hui.»
«En cette période de grand bouleversement et de transformation rapide, les valeurs qui promeuvent la paix dans le monde entier sont trop importantes pour être laissées aux seules mains des institutions internationales et des gouvernements. Chaque femme, chaque homme, chaque enfant a le pouvoir de militer en faveur du respect, de la tolérance et de faire reculer la violence et la haine qui menacent notre monde.»
«Au cours des prochaines années, les protections conférées par les lois et les systèmes nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme revêtiront une importance capitale, non seulement au profit de ceux et celles qui n’en ont pas encore pleinement joui mais également pour ceux et celles qui les tiennent pour acquis,» a précisé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme. «En définitive, les droits de l’homme appartiennent à tous et tout le monde en subira le contrecoup, si nous ne nous battons pas pour les sauvegarder. Pour les instaurer, il a fallu des décennies d’inlassables efforts dus à la détermination d’innombrables personnes, mais – comme les récents mois l’ont trop clairement démontré – ils sont fragiles. Si nous ne les défendons pas, nous en serons privés.»
«Nous ne pouvons pas nous contenter d’observer passivement les semeurs de haine dresser des murs d’hostilité et de ressentiment entre les communautés – nous pouvons construire des ponts. Nous pouvons faire changer les choses, non seulement en comprenant nos propres droits, mais en aidant autrui. Dans la rue, à l’école, au travail, dans les transports publics; en se rendant aux urnes, dans les médias sociaux, chez soi et sur les terrains de sport. Partout où sévit la discrimination, nous pouvons concrètement aider à garantir le droit d’une personne à vivre à l’abri de la peur et de la violence. Nous pouvons tous exiger des dirigeants une gouvernance plus efficace, de meilleures lois et un plus grand respect de la dignité humaine.»
«L’heure est venue d’agir. "Nous, les peuples" pouvons prendre position en faveur des droits. Les initiatives locales peuvent se traduire par un mouvement mondial pour sauver les droits que d’innombrables personnes déterminées et de dirigeants inspirés, avait initialement créés.
FIN
Pour de plus amples informations sur la campagne «Stand Up» (Défendez les droits de quelqu’un aujourd’hui), rendez vous sur le site dédié -- www.standup4humanrights.org/ -- et contactez les ONG de défense des droits de l’homme et d’autres organisations de la société civile de votre pays pour proposer votre aide.
Le Haut-Commissaire participera, le 10 décembre à 15h00 (HNEC), à une session en direct sur Facebook où il répondra à des questions provenant du monde entier. Pour plus d’informations, suivez-nous sur Facebook: unitednationshumanrights.
Le système moderne des droits de l’homme repose sur la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée le 10 décembre 1948, peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il existe aujourd’hui dix traités internationaux – des lois internationales contraignantes – qui découlent des grands principes énoncés dans la Déclaration universelle. Ils se retrouvent dans de nombreuses constitutions nationales comme dans les législations et les institutions régionales et nationales. Pour de plus amples informations sur le système des droits de l’homme, voir: http://www.ohchr.org
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