Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme profondément préoccupé par la répression des avocats et militants en Chine
Répression des avocats et militants en Chine
16 février 2016
GENEVE (16 février 2016) – Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a déclaré mardi avoir fait part de sa préoccupation et demandé des clarifications aux autorités chinoises sur les arrestations récentes d’avocats et sur le harcèlement et les intimidations de critiques du gouvernement et employés d’ONG.
« Nous assistons à un schéma très inquiétant en Chine, qui a de graves conséquences sur la société civile et le travail important qu’elle réalise à travers tout le pays », a déclaré le Haut-Commissaire. « Les acteurs de la société civile, qu’il s’agisse d’avocats, de journalistes ou d’employés d’ONG, ont le droit de faire leur travail, et il est du devoir de l’Etat de les soutenir et de les protéger », a-t-il dit.
Le Haut-Commissaire a déclaré qu’il avait apprécié d’avoir pu aborder ces cas avec les représentants chinois à Genève et reconnu leurs efforts pour clarifier les sujets abordés. Toutefois, les réponses qu’il a reçues indiquent que les autorités « trop souvent, par reflexe, confondent le rôle légitime des avocats et militants avec des menaces à l’ordre public et à la sécurité. »
La police chinoise a détenu quelque 250 avocats, assistants juridiques et militants des droits de l’homme à travers tout le pays, depuis le début de la répression début juillet, bien que nombre d’entre eux aient été relâchés ultérieurement. Le mois passé, 15 autres avocats des droits de l’homme ont été formellement arrêtés, dont dix ont été accusés dur crime de « subversion de l’Etat », une accusation passible d’une peine pouvant aller de 15 ans d’emprisonnement à la prison à vie.
Parmi les personnes accusées de « subversion de l’Etat » figurent Li Heping et Wang Lu, des avocats des droits de l’homme renommés.
« Les avocats ne devraient jamais être poursuivis ou subir une quelconque sanction ou intimidation pour avoir accompli leur travail », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein, ajoutant que les avocats jouent un rôle essentiel dans la protection des droits humains et de l’état de droit. « J’exhorte le Gouvernement chinois à tous les libérer immédiatement et sans condition. »
Dans le même temps, le Haut-Commissaire a salué la libération de deux militants syndicaux détenus à Guangdong en décembre 2015, mais a noté que plusieurs de leurs collègues étaient toujours en détention.
Le Haut-Commissaire a aussi fait part de sa préoccupation face aux cas récents de disparitions de libraires de Hong Kong. Cinq personnes du Causeway Bay Books, un magasin qui publie des livres critiques à l’égard du Gouvernement chinois, ont disparu depuis le mois d’octobre.
Le cas le plus récent est celui de Lee Bo, un citoyen britannique disparu le 30 décembre 2015. Fin janvier, la police de Hong Kong a déclaré que l’épouse de M. Bo avait rencontré son mari sur le continent et qu’il lui avait dit qu’il aidait dans une enquête. Un autre libraire, Gui Minhai, de nationalité suédoise, est aussi réapparu le mois passé, lorsqu’il a été présenté à la télévision d’Etat chinoise. M. Minhai, qui avait disparu alors qu’il se trouvait en Thaïlande en octobre dernier, a « confessé » un crime dans la ville de Ningbo en 2003. Les autorités chinoises ont confirmé ce mois que les trois autres libraires étaient aussi détenus et faisaient l’objet d’une enquête pour « activités illégales » en Chine.
« J’exhorte le Gouvernement chinois à garantir des procédures justes et transparentes dans ces affaires », a déclaré le Haut-Commissaire, qui a ajouté que les familles et les avocats de ces hommes devraient pouvoir leur rendre visite.
Le Haut-Commissaire a aussi fait part de sa préoccupation face au cas de Peter Dahlin, un citoyen suédois et le co-fondateur de l’ONG d’assistance juridique Chinese Urgent Action Working Group. Détenu début janvier, M. Dahlin est le premier étranger à être inculpé de « mise en danger de la sécurité de l’Etat ». Fin janvier, M. Dahlin a été expulsé de Chine.
Tout comme le libraire Gui Minhai, M. Dahlin a été présenté à la télévision étatique, où il a « confessé » avoir enfreint la loi chinoise. « Je trouve cette méthode de “confessions”, soutirées au cours de détentions incommunicado et rendues publiques à la télévision nationale, très inquiétante. Il s’agit d’une violation claire du droit à un procès équitable », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein.
Le gouvernement prépare une nouvelle loi qui, si elle est adoptée, pourrait avoir des implications de grande envergure sur les organisations non gouvernementales. Elle fait partie d’une série de nouvelles lois sur la sécurité nationale en Chine.
« Je regrette que de plus en plus de gouvernements dans le monde utilisent des mesures relatives à leur sécurité nationale pour restreindre les libertés d’expression, d’association et de rassemblement pacifique, et comme un instrument pour cibler les défenseurs des droits de l’homme et faire taire les critiques », a dit le Haut-Commissaire. « La sécurité et les droits de l’homme ne sont pas contradictoires. Bien au contraire, ils sont complémentaires et se renforcent mutuellement. Le respect des droits de l’homme et la participation publique sont des éléments clefs pour garantir l’état de droit et la sécurité nationale. »
Dans le même temps, le Haut-Commissaire a salué la promulgation récente d’une loi d’envergure nationale sur les violences domestiques, qui constitue une étape importante pour renforcer les protections juridiques des femmes, dans le respect des engagements internationaux pris par la Chine.
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