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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits del'homme exprime sa préoccupation face à la situation actuelle des droits de l'homme en Haïti suite au séisme

28 Janvier 2010

Il accepte de reporter jusqu'à fin 2011 au plus tard l'Examen périodique universel
concernant Haïti et clôt ainsi sa treizième session extraordinaire

Le Conseil des droits de l'homme a clos, ce matin, les travaux de sa treizième session extraordinaire, consacrée à Haïti, en adoptant par consensus une résolution dans laquelle il exprime sa préoccupation quant à la situation actuelle des droits de l'homme en Haïti, s'agissant en particulier de la situation vulnérable des enfants, des femmes, des personnes déplacées, des personnes âgées, des personnes handicapées et des blessés.

Dans ce texte, présenté par le Brésil, le Conseil invite la Haut-Commissaire aux droits de l'homme à identifier, en collaboration avec le Gouvernement haïtien, les domaines de coopération et d'assistance technique avec Haïti en vue de présenter des suggestions à cet égard au Conseil lors de sa session de juin 2010. Le Conseil souligne en outre l'importance qu'il y a à reconstruire les institutions nationales et à apporter au Gouvernement et au peuple haïtiens une coopération ainsi qu'une assistance technique et une assistance en matière de création de capacités qui soient conformes aux besoins et aux demandes émanant du pays concerné. Le Conseil réaffirme par ailleurs la souveraineté d'Haïti et son intégrité territoriale. Il décide d'agir favorablement, sur demande d'Haïti, pour reporter les délais associés à l'Examen périodique universel d'Haïti à une date qui ne devra pas dépasser le mois de décembre 2011.

La Belgique et Haïti ont fait des déclarations au sujet de cette résolution.

Achevant son débat général avant l'adoption de la résolution, le Conseil a entendu des déclarations des États observateurs suivants: Libye, Tunisie, Saint-Siège, Pérou, Koweït, Panama, Équateur, Émirats arabes unis, Sri Lanka, Népal, Australie, Canada, Union africaine, Côte d'Ivoire, et El Salvador. Les représentants du Programme alimentaire mondial, de l'Organisation internationale de la Francophonie et de l'Union africaine ont également pris la parole.

Sont également intervenues les organisations non gouvernementales ci-après: Nord-Sud XXI; Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale (au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1); Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté; Human Rights Watch; Mouvement international ATD Quart Monde; CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH); Alliance internationale d'aide à l'enfance; Forum européen pour les personnes handicapées; et Centre on Housing Rights and Evictions.

Plusieurs intervenants ont plaidé en faveur d'une annulation totale de la dette extérieure d'Haïti. L'ONG Save the Children Alliance a rappelé qu'à chaque fois que cela est possible, il est de l'intérêt supérieur de l'enfant de rester avec ses proches ou les membres de sa famille élargie; aussi, cette organisation a-t-elle demandé qu'aucune procédure d'adoption nouvelle d'enfants touchés par le séisme ne soit entamée tant que les enfants n'ont pas eu toutes les chances d'être remis à leurs familles.

Ouverte hier matin, cette treizième session extraordinaire, consacrée au «Soutien du Conseil des droits de l'homme dans le processus de reconstruction en Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010: une approche fondée sur les droits de l'homme», était convoquée par le Brésil avec le soutien de trente-six autres États membres du Conseil. Le Conseil a adopté ad referendum son rapport concernant cette session extraordinaire.

La prochaine session ordinaire du Conseil se tiendra à Genève du 1er au 26 mars prochain.

Adoption d'une résolution

Résumé du texte adopté à l'unanimité

Dans la résolution intitulée «Le soutien du Conseil des droits de l'homme au processus de reconstruction en Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010: une approche fondée sur les droits de l'homme» (A/HRC/S-13/L.1, à paraître en français), le Conseil demande à la communauté internationale de continuer à assurer un soutien adéquat et coordonné au Gouvernement et au peuple haïtiens dans leurs efforts visant à surmonter les défis résultant du séisme, en gardant à l'esprit l'importance de l'intégration d'une approche fondée sur les droits de l'homme. Le Conseil réaffirme la souveraineté d'Haïti et son intégrité territoriale et souligne le rôle central du Gouvernement haïtien dans l'établissement des priorités nationales pour le processus de reconstruction.

Le Conseil exprime sa préoccupation quant à la situation actuelle des droits de l'homme en Haïti, s'agissant en particulier de la situation vulnérable des enfants, des femmes, des personnes déplacées, des personnes âgées, des personnes handicapées et des blessés. Il souligne en outre la nécessité de traiter les obstacles additionnels découlant de la dévastation, dans des domaines tels que l'accès à la nourriture, le logement adéquat, les soins de santé, l'eau et l'assainissement, l'éducation, l'emploi et le registre d'état civil. Le Conseil souligne, dans ce contexte, l'importance qu'il y a à reconstruire les institutions nationales et à apporter au Gouvernement et au peuple haïtiens une coopération ainsi qu'une assistance technique et une assistance en matière de création de capacités qui soient conformes aux besoins et aux demandes émanant du pays concerné.

Le Conseil souligne l'importance de protéger les enfants contre toute violence, abus, mauvais traitement ou exploitation et de veiller à ce que les enfants séparés ou non accompagnés soient réunis à leurs familles et à ce que les enfants laissés orphelins reçoivent une attention immédiate et la protection nécessaire: dans ce contexte, le Conseil souligne la nécessité d'une coopération et d'une assistance avec le Gouvernement d'Haïti de la part de tous les membres et organes pertinents des Nations Unies et du système des Nations Unies, en particulier le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). Il souligne la nécessité d'appliquer une approche sexospécifique dans le cadre du processus de reconstruction. Au vu des circonstances exceptionnelles auxquelles le pays est confronté, le Conseil décide d'agir favorablement, sur demande d'Haïti, pour reporter les délais associés à l'Examen périodique universel s'agissant d'Haïti à une date qui ne devra pas dépasser le mois de décembre 2011.

Le Conseil se félicite de l'initiative de création d'une équipe de protection conjointe entre le Haut Commissariat pour les réfugiés et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Il invite la Haut-Commissaire aux droits de l'homme à identifier, en collaboration avec le Gouvernement haïtien, les domaines de coopération et d'assistance technique avec Haïti, sur la base de l'expertise et de la présence du système des Nations Unies sur le terrain - en particulier du Haut Commissariat aux droits de l'homme, en collaboration avec les procédures spéciales, en vue de présenter des propositions à cet égard au Conseil lors de sa quatorzième session ordinaire (juin 2010).

Présentation du projet de résolution

MME MARIA NAZARETH FARANI AZEVÊDO (Brésil), présentant en fin de séance le texte du projet de résolution, s'est félicitée du soutien massif apporté à l'initiative de son pays de convoquer cette session extraordinaire et a souligné que c'était la première fois qu'une session extraordinaire était convoquée pour promouvoir les droits de l'homme et prévenir leur violation. Cette session, a-t-elle poursuivi, a réuni tous les éléments d'un travail réussi. Elle s'est organisée grâce à la participation de Haïti, le pays concerné. Elle a entendu de nombreux intervenants dont plusieurs représentants de la société civile. D'une manière générale, la représentante a souligné le rôle que le Conseil peut jouer pour promouvoir l'intégration d'une perspective de droits de l'homme dans tous les autres domaines des Nations Unies.

S'agissant du texte du projet de résolution, la déléguée brésilienne a expliqué que l'accent est mis sur les besoins à long terme ainsi que sur le soutien durable qui doit être octroyé à Haïti afin de promouvoir les droits de l'homme et la bonne gouvernance. Il réaffirme la responsabilité première d'assurer les droits de l'homme du peuple haïtien incombe au Gouvernement. Il exprime aussi sa préoccupation face à la situation des droits de l'homme actuelle, en particulier pour les plus vulnérables, comme les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les blessés. Il y souligne l'importance de protéger les enfants contre toute violence, abus, exploitation. Enfin, le Conseil décide, par ce texte, de reporter les dates de présentation des rapports d'Haïti dans le cadre de l'Examen périodique universel. Il invite le Haut-Commissariat aux droits de l'homme à identifier, en collaboration avec le Gouvernement, des domaines de coopération et d'assistance technique.

Déclarations sur le projet de résolution

M. HUGO BRAUERS (Belgique au nom de l'Union européenne) a estimé que des actions doivent être prises pour éviter toute discrimination dans l'attribution de l'aide. Dans le passage de l'aide d'urgence à la reconstruction, il a estimé que la bonne gouvernance, l'état de droit et les droits de l'homme pour tous les Haïtiens devraient être renforcés. Il a salué le rôle du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et des procédures spéciales, des organes qui sont au cœur des efforts de relèvement. Enfin, il a assuré que l'Union européenne soutiendra les efforts de reconstruction d'Haïti.

M. JEAN-CLAUDE PIERRE (Haïti) a remercié toutes les délégations qui sont intervenues pour manifester leur solidarité en faveur du peuple haïtien. La délégation haïtienne formule l'espoir que ce projet sera adopté par consensus et que la mission confiée au Haut-Commissariat, en collaboration avec les procédures spéciales, sera menée dans le sens de la reconstruction et du redressement économique auquel est confronté Haïti.

Fin du débat général

Observateurs

M. IBRAHIM A.E. ALDREDI (Libye) a souligné que le séisme qui a frappé Haïti a privé le peuple haïtien de nombre de ses droits fondamentaux, notamment de ses droits à la vie, à l'eau et à la santé, et a détruit de nombreuses infrastructures. Pour sa part, la Libye a envoyé en Haïti des équipements de secours et des médicaments, ainsi qu'un hôpital de campagne, a fait valoir le représentant libyen. Il a insisté sur la nécessité de prévenir tout trafic de personnes et toute violence à l'encontre des individus dans le contexte de l'après catastrophe en Haïti. Il a en outre demandé aux pays développés de fournir à Haïti des matériels et équipements modernes d'alerte précoce permettant de détecter et donc d'anticiper toute catastrophe naturelle.

M. CHARLES VINCENT (Programme alimentaire mondial) a souligné que 24 heures après le tremblement de terre, le personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) s'activait non seulement à sortir des personnes des décombres, mais entamait également la distribution de nourriture à Port-au-Prince et dans les villes voisines. Le Président René Préval était lui-même sur le terrain pour évaluer la situation. Il a demandé de l'aide au PAM; et le PAM y a répondu. M. Vincent a rappelé que le PAM travaille en coopération avec le Gouvernement haïtien depuis de nombreuses années. Le PAM avait répondu à l'appel du Gouvernement pour porter assistance à 2,7 millions d'Haïtiens. Il doit aujourd'hui faire face au défi d'aider 3 à 4 millions de citoyens haïtiens. Pour le représentant, de telles opérations requièrent une réponse coordonnée. Sans bonne communication, cette coordination est impossible; et sans bonne logistique, l'aide ne peut pas être apportée à ceux qui en ont besoin. Il a précisé que le PAM a mis en place une plateforme interinstitutions, en Haïti comme en République dominicaine, pour aider les partenaires dans les phases de secours et de relèvement et pour coordonner le transport et l'acheminement de l'aide humanitaire.

M. ALI CHÉRIF (Tunisie) a souligné que l'urgence aujourd'hui, pour les sinistrés en Haïti qui seraient plus d'un million selon les derniers chiffres fournis par les autorités de ce pays meurtri, c'est de pouvoir boire, manger et s'abriter. Haïti a besoin d'un soutien international massif qui puisse l'aider à panser ses plaies, reconstruire ses villes, redonner espoir à sa population et assurer à tous les Haïtiens des droits universellement reconnus. Fort heureusement, un élan extraordinaire a eu lieu. La Conférence de Montréal pour la reconstruction d'Haïti est un pas important sur la bonne voie et le Conseil se doit de soutenir la proposition de M. Ban Ki-moon de tenir une conférence internationale sur cette question. Pour sa part, le Président Ben Ali a ordonné une aide d'un montant d'un million de dollars au Fonds d'intervention d'urgence en Haïti. Au nom de son gouvernement, le représentant tunisien a exprimé toute sa gratitude et ses remerciements à toutes celles et tous ceux qui ont exprimé aux autorités tunisiennes et à la famille du défunt leurs sentiments de compassion et de condoléance suite au décès de M. Hédi Annabi, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti
(MINUSTAH).

M. SILVANO M. TOMASI (Saint-Siège) a fait remarquer que les images de la cathédrale de Port-au-Prince effondrée symbolisent la situation de l'Église catholique dans ce pays. Cette dernière a en effet été fortement touchée par le décès de nombreux de ses membres, parmi lesquels l'Archevêque de Port-au-Prince. Cette tragédie, a poursuivi M. Tomasi, appelle la solidarité internationale. Il a estimé essentiel de placer les droits de l'homme à la source des efforts de reconstruction. Il a conclu son intervention en rappelant que l'Église fait partie intégrante de la société haïtienne et entend participer activement aux efforts de reconstruction.

M. CARLOS SIBILEE (Pérou) a souligné que son pays a immédiatement rejoint les efforts déployés par la communauté internationale pour appuyer les travaux de secours d'urgence en Haïti après le tremblement de terre qui a frappé le pays. Ainsi, le Pérou a-t-il envoyé trois avions d'aide humanitaire, une équipe médicale et une équipe de secours, a-t-il précisé. En outre, le Pérou contribue aux troupes de la MINUSTAH et fait partie du Groupe des pays amis d'Haïti. Les effets dévastateurs du séisme ont gravement affecté les progrès qui avaient été réalisés par le Gouvernement haïtien en matière de droits de l'homme, a poursuivi le représentant péruvien. Dans la délicate situation qui est actuellement celle d'Haïti, il convient de se concentrer sur la couverture des besoins fondamentaux de la population touchée, par le biais d'une assistance humanitaire coordonnée et efficace. Cet effort doit s'accompagner du rétablissement des capacités de gestion étatique du Gouvernement haïtien. Le Conseil, pour sa part, doit veiller à ce que l'aide humanitaire d'urgence et le processus de reconstruction soient menés en respectant tous les droits de l'homme.

M. SADIQ MARAFI (Koweït) a exprimé ses condoléances au peuple haïtien, ainsi qu'à la famille des Nations Unies qui a perdu de nombreux membres. Le Koweït, a-t-il poursuivi, est préoccupé par les souffrances subies par le peuple haïtien, en particulier les plus vulnérables. Il a précisé que son pays a débloqué un million de dollars, parallèlement à une aide d'urgence concrète. Le Koweït est aujourd'hui prêt à déployer tous ses efforts pour aider Haïti à se relever et assurer la pleine réalisation des droits de l'homme dans ce pays.

M. JORGE FELIX CORRALES (Panama) a souligné que son pays coopère aux travaux d'assistance humanitaire en Haïti et entend poursuivre ces efforts en appuyant la phase de reconstruction. Il a insisté sur la nécessité d'activer les mécanismes adéquats pour garantir le respect des droits de l'homme de tous, et en particulier des groupes vulnérables affectés par la catastrophe. Il a indiqué que le Panama s'est porté co-auteur du projet de résolution présenté à cette session extraordinaire et espère qu'il sera adopté par consensus.

M. CARLOS SANTOS (Équateur) s'est dit d'avis que cette session extraordinaire montre que le Conseil des droits de l'homme peut et doit être présent face à des situations telles que la catastrophe qui frappe Haïti, dont plusieurs aspects concernent les droits de l'homme. Rappelant que le peuple haïtien a été victime de nombreuses tragédies qui ont détérioré progressivement son niveau de développement, il a estimé que le droit au développement devrait faire l'objet de nouvelles initiatives, comme l'annulation totale de la dette. Le représentant équatorien a également précisé que son pays a été l'un des premiers à répondre au peuple haïtien en lui faisant parvenir un contingent d'aide humanitaire.

M. OBAID SALEM SAEED AL ZAABI (Émirats arabes unis) a indiqué qu'au total, l'aide des Émirats arabes unis en faveur d'Haïti avait atteint environ 15 millions de dollars des États-Unis. Il faudra désormais veiller à ce qu'Haïti entame rapidement le processus de reconstruction et recouvre la normalité. Pour leur part, les Émirats arabes unis vont notamment faire parvenir au pays le matériel éducatif nécessaire pour 200 000 enfants haïtiens, a-t-il indiqué. Il convient, dans le contexte actuel, d'assurer le respect des droits de l'homme fondamentaux des Haïtiens; il faut notamment protéger les femmes et les enfants et veiller à ce qu'ils ne fassent l'objet d'aucun trafic, a souligné le représentant émirien.

M. U.L.M. JAUHAR (Sri Lanka) a estimé qu'Haïti devrait être soutenu dans ses efforts pour promouvoir et protéger les droits de l'homme de la population et ce, sans condition ni fardeau additionnel. Il a, dans ce contexte, soutenu la demande de report de l'Examen périodique universel d'Haïti. Le représentant de Sri Lanka a précisé que le contingent de soldats de son pays dans le cadre de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ont été en mesure d'aider immédiatement les victimes. Le Gouvernement a également apporté une modeste contribution de 25 000 dollars. Il a aussi indiqué que 1000 kilos de thé ont en outre été envoyés à Haïti.

M. DINESH BHATTARAI (Népal) a souligné que la tragédie qui vient de frapper Haïti a mis à jour les vulnérabilités d'Haïti, un pays parmi les moins développés, confronté aux défis de la pauvreté, de la reconstruction et de l'établissement et du maintien de la paix. En tant que pays contribuant à la MINUSTAH, le Népal estime que la clef de la protection des droits de l'homme résidait dans la capacité à surmonter les défis de la réhabilitation des personnes affectées, de la reconstruction des infrastructures socioéconomiques, de la sécurité et de la création d'un environnement propice au renforcement des institutions. Tous les efforts en la matière devraient être déployés en sous la direction des autorités haïtiennes et en conformité avec la souveraineté nationale d'Haïti, a souligné le représentant népalais.

M. LIBÈRE BARARUNYERETSE (Organisation internationale de la francophonie - OIF) a estimé que la situation en Haïti méritait qu'on s'y intéresse vivement et qu'on se mobilise massivement et efficacement en faveur de ce peuple durement éprouvé. C'est dans ce sens que le Secrétaire général de l'OIF a lancé dès les premières heures de la catastrophe un appel pressant aux membres de la Francophonie pour qu'ils se mobilisent très rapidement. Le représentant a par ailleurs souligné que l'OIF souscrivait aux principes adoptés lors de la Conférence de Montréal, à savoir que les actions de la communauté internationale doivent s'inscrire dans la durabilité, l'inclusivité et la responsabilité. De même, l'OIF soutient les objectifs stratégiques que sont la gouvernance démocratique renforcée, le développement durable et le respect de la primauté de droit. L'OIF souhaite se centrer sur la phase de reconstruction en élaborant une stratégie globale commune visant la participation de la Francophonie à la reconstruction de ce pays martyr.

MME MIRANDA BROWN (Australie) a souligné que la présente session extraordinaire du Conseil se devait d'insister sur l'importance de protéger et de reconnaître les droits de l'homme des Haïtiens en mettant l'accent sur les plus vulnérables d'entre eux. Avant même la catastrophe, d'importants défis se posaient en Haïti en matière de droits de l'homme, en particulier en ce qui concerne les femmes et les enfants, a-t-elle rappelé. Aussi, des efforts encore plus grands devront-ils être consentis dans le contexte de la tragédie actuelle afin de répondre aux besoins du nombre accru de personnes vulnérables et de traiter d'autres défis émergents en matière de droits de l'homme. Le Gouvernement australien a débloqué 15 millions de dollars australiens en aide humanitaire en faveur d'Haïti, a indiqué la représentante australienne. L'Australie reste disposée à aider le Gouvernement et le peuple haïtiens en cette période critique, a-t-elle assuré.

MME ALISON LECLAIRE CHRISTIE (Canada) a souligné que la communauté internationale se réunissait aujourd'hui en solidarité avec Haïti. Face à cette tragédie, le Canada a participé rapidement aux efforts d'assistance en fournissant une aide financière, ainsi que du personnel médical, humanitaire et diplomatique. Le Canada a également été l'hôte de la Conférence ministérielle préparatoire qui a réuni les principaux donateurs et les partenaires actifs en Haïti, a rappelé la représentante. Elle a reconnu que la promotion et la protection des droits de la personne en Haïti était aujourd'hui l'un des principaux défis à relever. Elle a appuyé l'idée d'intégrer une perspective des droits de l'homme dans les efforts de reconstruction. Enfin, la représentante canadienne a souligné l'importance pour la communauté internationale d'appuyer la promotion de la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.

M. GEORGES-ROWMI NAMIKONG (Union africaine) a apporté son soutien au projet de résolution présenté aujourd'hui au Conseil. Dès que la catastrophe est survenue en Haïti, le Président de l'Union africaine a lancé un appel aux États membres de l'Union afin qu'ils soutiennent ce pays meurtri. Afin de canaliser les dons, un compte spécial a été ouvert auprès de la Banque africaine de développement, auquel nombre de pays africains ont déjà apporté leurs contributions. L'aide internationale doit respecter la souveraineté d'Haïti, a par ailleurs souligné le représentant de l'Union africaine.

MME BAKAYOKO NOGOZENE (Côte d'Ivoire) a manifesté sa profonde compassion au peuple frère d'Haïti et aux membres du personnel des Nations Unies qui ont perdu la vie. L'ampleur de la tâche à accomplir sur le terrain pour assurer un minimum de réconfort au peuple meurtri haïtien requiert une action concertée de tous les artisans de l'aide, a-t-elle fait valoir. Elle a précisé que son gouvernement avait octroyé à Haïti une aide humanitaire d'urgence d'un million de dollars. La représentante ivoirienne a souligné que l'ampleur des dégâts et la volonté manifeste de procéder à la reconstruction des infrastructures ne doivent pas occulter les fondements du droit international et des droits de l'homme.

MME CARMEN ELENA CANTILLO (El Salvador) a souligné que dès les premiers moments qui ont suivi la catastrophe, son pays est venu en aide à Haïti en y envoyant un contingent d'aide composé de pompiers et de personnels de la Croix-Rouge salvadorienne spécialisés dans les secours. El Salvador est engagé à continuer de travailler avec le Gouvernement haïtien. Le pays partage l'opinion exprimée par de nombreuses délégations quant à la nécessité de veiller à ce que l'aide promise à Haïti se matérialise et parvienne aux familles haïtiennes qui en ont tant besoin et qui ont tant souffert, a poursuivi la représentante salvadorienne. La reconstruction sera longue et difficile, mais si les efforts sont menés de manière coordonnée et sur la base d'un plan stratégique élaboré conjointement par le Gouvernement haïtien, les pays amis et les organisations internationales, alors la reconstruction pourra jeter les bases d'un développement durable pour le pays.

Organisations non gouvernementales

M. DOEBBLER CURTIS (Nord-Sud XXI) s'est félicité de l'initiative prise par le Conseil d'attirer l'attention sur l'importance d'une approche fondée sur les droits de l'homme dans le relèvement d'Haïti. Il a saisi cette occasion pour déplorer la négligence d'une partie de la communauté internationale qui a eu pour conséquence d'aggraver la vulnérabilité des Haïtiens. Il a rappelé l'obligation, pour tous les États, de contribuer à garantir les droits de l'homme. Il a par ailleurs exhorté l'aide humanitaire internationale à assister le peuple haïtien sur la base de la reconnaissance du droit à l'autodétermination de ce peuple. L'aide humanitaire devrait, à cette fin, être canalisée par le Gouvernement haïtien ou avec son consentement. Actuellement, 40% de l'assistance humanitaire pour Haïti va à l'armée américaine et 1% au Gouvernement haïtien, a-t-il déploré, citant des chiffres de l'Associated Press.

M. ROBERT VITILLO (Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale, au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1) a appelé le Conseil à demander instamment que soient élaborés des plans d'actions spéciaux pour assurer un accès adéquat à la nourriture, à l'eau, à l'éducation et à la santé et pour assurer la protection de la violence contre les femmes et les enfants. Le temps est venu pour la communauté internationale de se mobiliser en faveur d'action durable en Haïti et cela doit se faire en impliquant directement le Gouvernement haïtien, a-t-il souligné. Tous les titulaires de mandats et rapporteurs spéciaux du Conseil devraient se rendre de toute urgence en Haïti pour y enquêter sur les violations des droits de l'homme dans ce pays et faire rapport de leur mission au Conseil au mois de juin prochain.

MME ILSE WERMINK (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté) a fait remarquer que l'étendue de l'horreur à laquelle sont confrontés les Haïtiens aujourd'hui est directement liée à l'histoire brutale d'exploitation coloniale et d'oppression du pays. Bien avant cette tragédie, les problèmes que devaient affronter les Haïtiens étaient largement ignorés par les médias et les agences internationales, a-t-elle souligné. Pour la représentante, c'est l'ONU qui devrait diriger l'assistance humanitaire et les efforts de réhabilitation. Il faut éviter de donner un visage militaire à l'aide humanitaire, a-t-elle précisé. Enfin, elle a souhaité que l'accent soit mis sur la protection des femmes contre la violence, la gestion des risques et la participation des femmes aux efforts de reconstruction.

MME JULIE DE RIVERO (Human Rights Watch) a souligné la nécessité pour le Conseil de plaider sans équivoque pour l'intégration des droits de l'homme dans la phase de reconstruction en Haïti. La présente session extraordinaire du Conseil devrait lancer un appel en faveur du renforcement de la composante des droits de l'homme de la MINUSTAH et de l'adoption d'une approche fondée sur les droits de l'homme par le Gouvernement, les institutions et autres intervenants impliqués dans les efforts de secours et de reconstruction en Haïti. Le Conseil devrait également renforcer le mandat de l'expert indépendant sur la situation en Haïti afin de lui permettre de fournir des conseils au Gouvernement haïtien et aux principales parties prenantes quant à l'intégration des droits de l'homme dans les phases de secours et de reconstruction.

MME JANET NELSON (Mouvement international ATD Quart Monde) a souligné que son organisation était présente en Haïti depuis 1981. Son équipe était donc en première ligne pour évaluer les conséquences du tremblement de terre et le courage du peuple haïtien. Pour la représentante, la reconstruction du pays devrait être opérée dans le cadre d'une perspective de droits de l'homme et de droit au développement. Il faudrait également veiller à aider les personnes se trouvant en situation d'extrême pauvreté, a-t-elle ajouté, s'inquiétant de ce que l'aide peine à atteindre les plus pauvres. Enfin, elle a mis en garde contre les adoptions illégales et inappropriées d'enfants: le tremblement de terre ne devrait pas être utilisé et exploité à des fins de vente et de trafic d'enfants.

MME RENATE BLOEM (CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens) a indiqué qu'en collaboration avec d'autres organisations et groupes communautaires de République dominicaine, Civicus avait créé un forum de citoyens pour Haïti qui se concentre sur la collecte et la distribution de l'alimentation, de l'eau et de fournitures médicales. En Afrique, Civicus coparraine le projet «l'Afrique pour Haïti», a-t-elle ajouté. Elle a en outre plaidé pour une annulation de la dette d'Haïti, dette qui est en grande partie responsable des forts niveaux de pauvreté dans ce pays.

MME JULIE GROMELLON (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme - FIDH) a fait remarquer que la situation des rescapés sans abris ou déplacés en Haïti était extrêmement préoccupante. Selon les informations recueillies par le réseau national de défense des droits de l'homme, les centres de Gonzague, de Port au Prince, de Pétion Ville, de Petit Goâve et de Léogâne sont dans l'incapacité totale de subvenir aux besoins élémentaires des rescapés. Certains sinistrés sont dépourvus de tout et n'ont reçu aucune aide, ni de la part des autorités, ni des agences onusiennes présentes en Haïti, a-t-elle déploré. Elle a souhaité que le Conseil adopte une résolution demandant que l'effort des autorités haïtiennes et de la communauté internationale se focalisent sur la reconstruction des services et infrastructures essentiels de l'État et sur l'assistance aux rescapés.

MME MISTY BUSWELL (Alliance internationale d'aide à l'enfance) a indiqué qu'en Haïti, son organisation travaillait notamment à l'évaluation de la situation et des besoins des enfants sans protection parentale, à leur identification, à leur enregistrement et, lorsque cela est possible, à leur réunification familiale. Elle a rappelé qu'à chaque fois que cela est possible, il est de l'intérêt supérieur de l'enfant de rester avec ses proches ou les membres de sa famille élargie. Aussi, a-t-elle demandé qu'aucune procédure d'adoption nouvelle d'enfants touchés par le séisme ne soit entamée tant que les enfants n'ont pas eu toutes les chances d'être remis à leurs familles. La représentante a par ailleurs appelé à l'annulation complète de la dette haïtienne.

M. TROMEL ESTEBAN (Forum européen pour les personnes handicapées) a attiré l'attention sur la situation des personnes handicapées. Le tremblement de terre a eu un impact terrible sur ces personnes, a-t-il souligné. Il a dit avoir reçu des photos de ce qu'il reste de l'école St. Vincent pour enfants sourds et aveugles: les enfants qui ont survécu vivent maintenant sur un terrain de football, sans eau, nourriture, ni abri. D'après des estimations de l'organisation Handicap International, plus de 2000 personnes auraient été amputées suite à la catastrophe. Ces nouveaux handicapés vont avoir besoin de soutien, a-t-il averti. Le représentant a espéré que la résolution du Conseil contiendra une référence explicite aux personnes handicapées afin que leurs droits soient dûment pris en compte dans les efforts de reconstruction.

M. ONANDIA-ZARRABE GOTZON (Centre on Housing Rights and Evictions) a souligné que les efforts de secours et de reconstruction en Haïti devaient être guidés par les principes de droits de l'homme. Selon les estimations, a-t-il relevé, le séisme qui a frappé Haïti a laissé plus d'un million de personnes sans abri. À cet égard, les efforts déployés afin de fournir abris et logements à ces personnes doivent veiller à leur apporter un toit où elles puissent vivre en sécurité, dans la paix et la dignité. Aussi, le représentant a-t-il rappelé les critères énoncés dans l'observation générale n°4 du Comité des droits économiques, sociaux et culturels concernant le droit à un logement convenable.

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1Déclaration conjointe: Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale, au nom également de Dominicains pour justice et paix; Franciscain international; International Institute of Mary Our Help of the Salesians of Don Bosco; Volontariat international femmes éducation et développement; et l'Organisation internationale pour le droit a l'éducation et a la liberté d'enseignement (OIDEL).

 

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