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Communiqués de presse

LES DELEGATIONS APPUIENT LE RENFORCEMENT DES CONSULTATIONS ENTRE L’ECOSOC, LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS, L’OMC, LA SOCIETE CIVILE ET LE SECTEUR PRIVE

11 Juillet 2002



Conseil économique et social
Session de fond de 2002
11 juillet 2002
20 et 21èmes séances plénières – matin et après-midi





Afin d’assurer la mise en œuvre des résultats de la Conférence de Monterrey tenue en mars 2002, ainsi que le suivi effectif du Sommet de Johannesburg qui s’ouvrira à la fin du moins d’août, et de jouer un rôle de catalyseur, le Conseil économique et social (ECOSOC) devra intégrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement durable parmi ses priorités, ont estimé bon nombre de délégations qui participaient cet après-midi au débat consacré à la coordination des politiques des institutions de développement et plus particulièrement aux moyens de renforcer le Conseil pour lui permettre de remplir plus efficacement le rôle que lui a confié la Charte.

A l’instar du représentant de l’Indonésie, plusieurs délégations ont souhaité que l’ECOSOC assume un rôle de pivot pour la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire, et ce notamment, grâce à des consultations régulières avec les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Conseil économique et social, point d’entrée des organisations non gouvernementales dans le système des Nations Unies, devra intensifier ses contacts avec la société civile, mais aussi avec le secteur privé, afin de mieux les sensibiliser aux enjeux des politiques de développement durable.

Au-delà des propositions relatives au suivi de la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg, des délégations ont souhaité une plus grande flexibilité dans la planification et la tenue des réunions de l’ECOSOC, plusieurs ayant suggéré de réduire la durée de la session de fond en juillet et d’organiser dans le courant de l’année des réunions thématiques.

Ces propositions rejoignent certaines observations faites dans la matinée lors d’une table ronde consacrée aux mesures à mettre en oeuvre pour assurer un plus grand impact et une meilleure visibilité aux travaux du Conseil économique et social. En effet, s’inspirant de son expérience passée à la présidence de cet organe, M. Ahmad Kamal (Pakistan) a estimé que du fait que la session de fond dure quatre semaines, les gouvernements n’y envoient pas de ministres pour suivre l’ensemble des travaux. Dans le même ordre d’idées, M. Makarim Wibisono (Indonésie), également ancien Président de l’ECOSOC, a jugé que pour assurer une meilleure coordination, au niveau national, des orientations prises dans le domaine du développement durable par l’ECOSOC, il fallait que les ministres en charge des finances et du commerce assistent aux sessions de fond aux côtés de ceux des affaires étrangères.


Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat de cet après-midi: Azerbaïdjan, Égypte, République de Corée, Cuba, Roumanie, Brésil, Indonésie, El Salvador et Népal. Les représentants de l’Organisation internationale du travail (OIT), de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et de la Conférence des organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC (CONGO) ont également pris la parole.

Le débat général se poursuivra demain, vendredi 12 juillet, à partir de 16 heures.



QUESTIONS DE COORDINATION

Table ronde: Réforme du Conseil économique et social: Vers un plus grand impact des travaux du Conseil

En ouvrant la discussion, la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme MARJATTA RASI (Finlande) a invité les intervenants à proposer des mesures que le Conseil pourrait prendre en vue d’une plus grande visibilité de ses initiatives pour assurer le suivi des Objectifs de développement du Millénaire.

Se fondant sur son expérience passée de Président de l’ECOSOC, M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a estimé que pour donner une nouvelle vigueur aux travaux de l’ECOSOC, il fallait lui assurer un véritable rôle de catalyseur des actions entreprises par le système des Nations Unies dans le domaine du développement. Pour cela, il faut renforcer la cohérence et la coordination entre les fonds et programmes des Nations Unies et les organismes et institutions spécialisées du système dans la mise en oeuvre des Objectifs de développement du Millénaire. Il faut également impliquer tous les acteurs du système des Nations Unies, le secteur privé et la société civile dans les travaux de l’ECOSOC afin d’améliorer leur visibilité. M. Wibisono a pris l’exemple du partenariat novateur lancé en 2000 pour réduire le fossé numérique et qui associe le secteur privé et la société civile. Par ailleurs, dans la perspective du Sommet de Johannesburg, l’ECOSOC devra s’atteler à intégrer les aspects sociaux et environnementaux du développement durable et la mise en oeuvre d’Action 21 dans tous les programmes des Nations Unies.

Pour sa part, M. AHMAD KAMAL (Pakistan), également ancien Président de l’ECOSOC, a constaté que les efforts de réforme n’aboutissent jamais au sein de l’ECOSOC en raison notamment de leur manque d’ambition. M. Kamal a avancé quelques pistes pour justifier ces blocages, et notamment le fait que l’ECOSOC privilégie une approche très générale dans le suivi des politiques menées par les institutions, fonds et programmes du système de l’ONU sans pour autant avoir un droit de regard sur les ressources financières. Ensuite, l’ECOSOC qui ne se réunit qu’une fois par an pour sa session de fond ne peut cibler ses travaux sur des sujets d’envergure, en raison à la fois du manque de coordination au sein des Nations Unies mais aussi au sein des gouvernements des États membres.

Concernant les consultations avec les institutions de Bretton Woods, M. Kamal a déploré qu’elles n’aient que trop peu de substance en raison de l’absence totale de ciblage défini conjointement et du manque de cohésion. Il a invité l’ECOSOC à déterminer des orientations stratégiques claires et suggéré une présidence organisée en troïka (président de la session en cours, président sortant, et président de la session suivante) afin de garantir un suivi des mesures au moins sur trois ans. M. Kamal a souhaité par ailleurs que les sessions de fonds soient plus courtes pour permettre la participation des ministres qui ne peuvent rester quatre semaines à New York ou Genève. Il a recommandé l’organisation de réunions thématiques plus courtes et plus fréquentes. Il a enfin proposé de conclure un pacte au sein de l’ECOSOC sur l’objectif des 0,7% du PNB à consacrer à l’aide publique au développement (APD).

Le représentant spécial de la Banque mondiale, M. EDOUARDO DORYAN, a estimé que pour qu’une organisation soit efficace, il fallait définir avec précision l’environnement dans lequel elle opère ainsi que ses capacités en matière de fourniture de services. Les stratégies de l’organisation doivent être légitimes et durables et servir un objectif utile. L’organisation doit également pouvoir fonctionner de façon administrativement efficace. Il faut en outre définir ses capacités et ses mécanismes de gestion ainsi que le modèle à suivre. L’ECOSOC doit donc notamment faire ressortir ce qui, dans son fonctionnement, fait double emploi. Il doit aussi définir des indicateurs qui permettent de mesurer les succès accomplis et d’expliquer les échecs essuyés.

Le Conseil économique et social est-il en mesure de générer des idées nouvelles, s’est interrogé M. BRUCE JENKS, Directeur du Bureau pour les ressources et les partenariats stratégiques du PNUD. Il a estimé qu’il fallait définir des objectifs généraux, approfondir la discussion, aller plus loin dans le dialogue et stimuler un débat vif. Le Conseil doit rationaliser son action et examiner de façon réaliste et ferme ses succès et ses échecs. Enfin, il faut envisager le Conseil comme une plate-forme pour poursuivre certains débats, un instrument pour élargir les choix de développement et une tribune à large participation.

Au cours de l’échange de vues qui a suivi, les délégations ont insisté sur le rôle que devrait jouer l’ECOSOC dans l’amélioration des données économiques et sociales. Le représentant de l’Ouganda a jugé que l’ECOSOC n’avait peut-être pas été conçu pour être un organe fort et a suggéré qu’il fallait aller au coeur du problème et réviser la Charte pour redéfinir le mandat du Conseil, laissant entendre que le défi est aujourd’hui de canaliser la volonté politique pour revitaliser l’ECOSOC. Pour les États-Unis, certains progrès dans le fonctionnement de l’ECOSOC sont bien réels, comme par exemple la relation assurée avec les institutions de Bretton Woods et l’OMC. Le représentant américain a indiqué que son pays n’est pas favorable à une révision de la Charte et a suggéré de réagir plutôt au cas par cas pour procéder aux réformes.

Reprenant la parole, M. WIBISONO a proposé, dans le but de renforcer la coordination, que les ministres des finances et du commerce participent aux réunions de l’ECOSOC aux côtés des ministres des affaires étrangères. M. PATRIZIO CIVILI, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, est intervenu pour souligner le fait que l’ECOSOC avait pu souffrir d’un complexe d’infériorité, dans les domaines économique et social, et d’un manque de clarté quant à la définition de ses objectifs et des moyens qui lui sont accordés.

Le représentant du Danemark, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a demandé comment définir les ordres du jour des différents organes pour qu’il n’y ait pas chevauchements mais bien complémentarité. Le représentant du Chili a prôné quant à lui une meilleure définition des concepts retenus au sein de l’ECOSOC, constatant que souvent, certaines notions n’avaient pas la même signification d’une délégation à une autre. Le représentant du Nigéria a estimé qu’il fallait essayer de rationaliser les structures existantes et a appuyé la proposition de M. Kamal concernant l’organisation de réunions thématiques plus fréquentes et courtes. M. KAMAL a réaffirmé que l’on ne pouvait pas réaliser les objectifs dans la mesure où l’APD n’a toujours pas atteint les 0,7% du PNB. L’Union européenne a-t-elle des procédures pour inciter ses États membres à respecter cet engagement, a demandé M. Kamal. M. DORYAN a pour sa part insisté sur les concepts de cohérence, de coopération et de coordination comme lignes directrices des mécanismes de suivi des conférences et sommets.

Le représentant de la France est intervenu pour souligner le fait que la réunion prévue en 2001 entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social n’a pas pu se tenir en raison de l’incapacité de l’ECOSOC à s’entendre sur la composition de la délégation devant le représenter. Il a regretté le manque d’efficacité de l’ECOSOC et estimé en outre que les questions de réforme ne sont pas du goût de tous les membres du Conseil ce qui fait que le débat ne progresse pas. Il a en outre fait observer que l’Union européenne s’était engagée à faire passer à 0,39% du PNB les montants d’APD de ses États membres d’ici 2006 comme mesure intermédiaire avant de passer aux 0,7%.


Déclarations

M. FIKRET PASHAYEV (Azerbaïdjan) a souhaité que le Conseil économique et social joue un rôle essentiel dans la mise en oeuvre des objectifs et des piliers principaux du développement durable. La réalisation des objectifs de la Conférence de Monterrey et du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, a-t-il estimé, permettra au Conseil de jouer plus efficacement le rôle qui lui est assigné par la Charte des Nations Unies. A cet égard, il a jugé que les réunions du Conseil avec les institutions de Bretton Woods offrent le forum adéquat pour le développement du partenariat requis par la mise en oeuvre des objectifs précités. Il a aussi plaidé pour une meilleure interaction entre le Conseil et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui consoliderait le rôle du Conseil dans le processus de libéralisation des marchés.

Le représentant a aussi appelé le Conseil à s’impliquer davantage dans le processus préparatoire de la réunion internationale des pays sans littoral et des pays en transition prévue en 2003 au Kazakhstan. Il a conclu sur la nécessité pour le Conseil d’être plus dynamique dans la question de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications en se félicitant, à cet égard, de la création d’une équipe spéciale des Nations Unies et de l’équipe de travail sur les opportunités offertes par les nouvelles technologies. Pour toutes les questions qu’il a évoquées, le représentant a jugé important que le Conseil assure une coordination à l’échelle du système qu’il s’agisse de ses organes subsidiaires, des institutions spécialisées ou des fonds et programmes.

M. IHAB GAMALELDIN (Egypte) a estimé que le renforcement de l’ECOSOC est une priorité pour la communauté internationale car il s’agit d’un organe important des Nations Unies auquel la Charte confère un rôle majeur dans les domaines économique, culturel et social. Il a souhaité une meilleure collaboration de l’ECOSOC avec le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale afin que ces organes s’entraident dans leur travail et évitent les doubles emplois. Le Conseil a une mission de coordination au sein du système des Nations Unies et un rôle de suivi des conférences. Il doit dans ce contexte aider les pays à faire en sorte que les mots deviennent réalité par la mise en place de mécanismes de suivi des conférences internationales et la mise en oeuvre de la Déclaration du Millénaire. A cet égard, le représentant a fait savoir que sa délégation souhaiterait que l’examen du point portant sur le suivi des conférences se fasse dans le cadre de la prochaine reprise de session de l’ECOSOC afin de pouvoir tirer les conclusions du Sommet à venir sur le développement durable. Le représentant s’est également félicité du dialogue entrepris avec les institutions de Bretton Woods et l’OMC et a formulé l’espoir qu’il favorise la cohérence entre ces institutions car ce n’est qu’à travers une coopération étroite que l’environnement économique mondial sera propice au développement. Enfin, il a estimé que la fragmentation ou la réduction de la durée de la session de fond met en péril l’ECOSOC. Il faut donc mieux organiser le calendrier des réunions.

M. SHIN BOO-NAM (République de Corée) a déclaré que pour renforcer le rôle de l’ECOSOC dans le suivi des conférences internationales, en particulier dans la réalisation du Consensus de Monterrey, des Objectifs de développement du Millénaire et des conclusions du prochain Sommet de Johannesburg, il faudrait intensifier les échanges entre les représentants de l’ECOSOC et les directeurs exécutifs des institutions de Bretton Woods. Le représentant a également recommandé des contacts étroits avec les responsables de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le cadre de ce suivi coordonné. Il a réaffirmé l’importance pour l’ECOSOC d’intégrer les aspects socioéconomiques et environnementaux du développement durable dans la perspective du Sommet de Johannesburg. L’ECOSOC devrait améliorer la coordination du système des Nations Unies à l’appui des efforts dans le domaine du développement durable. Le représentant a recommandé également, conformément aux propositions du Secrétaire général, que l’ECOCOC contribue davantage aux questions de consolidation de la paix et de reconstruction post-conflits. Il s’est aussi prononcé en faveur d’un renforcement des contacts entre l’ECOSOC et le Conseil de sécurité, grâce à la participation du Président de l’ECOSOC aux délibérations du Conseil de sécurité. Enfin, il a suggéré au Conseil économique et social d’intensifier les échanges avec le secteur privé et la société civile afin d’assurer une plus grande visibilité à ses travaux.

M. MARIA CARIDAD BALAGUER (Cuba) a souhaité que le débat en cours permette de mener à bien une analyse intégrée et coordonnée des recommandations issues des conférences internationales afin d’en assurer le suivi. Elle a en outre souhaité que les sessions de coordination ne se tiennent pas immédiatement après le débat de haut niveau et sur un thème commun. Cela risque en effet de diminuer l’impact politique du débat de haut niveau et de minimiser la fonction des sessions de coordination. En outre, le rapport du Secrétaire général sur le travail réalisé par les commissions techniques de l’ECOSOC permettant d’analyser leur fonctionnement ne doit pas venir se substituer aux rapports émis par ces mêmes commissions.

L’ECOSOC doit également continuer de travailler en collaboration avec les autres organes principaux des Nations Unies tout en respectant leurs mandats respectifs. La représentante a plaidé en faveur d’une contribution accrue des organisations non gouvernementales au travail des Nations Unies. Les ONG doivent notamment pouvoir participer aux travaux de l’ECOSOC de façon universelle et non sélective.

Mme VICTORIA POPESCU SANDRU (Roumanie) a estimé que la question du renforcement du Conseil économique et social faisait intégralement partie de l’amélioration du fonctionnement de l’Organisation. Elle a indiqué qu’une division claire du travail entre le Conseil économique et social, l’Assemblée générale et les commissions techniques, améliorera l’efficacité du mécanisme d’examen à trois niveaux. Elle a également fait sienne l’idée du Secrétaire général de centrer le débat consacré aux questions de coordination de l’ECOSOC sur l’examen systématique des sujets communs aux principaux sommets et conférences des Nations Unies

En outre, Mme Sandru a jugé nécessaire d’améliorer l’impact des politiques du Conseil au niveau des pays, en améliorant notamment la coordination des activités opérationnelles des Nations Unies qui soutiennent les efforts nationaux en faveur du développement durable. Les équipes de pays des Nations Unies, a-t-elle ajouté, devraient mieux aider les gouvernements à éviter les approches fragmentées des problèmes environnementaux, économiques et sociaux. D’autre part, elle a souligné que le Conseil est bien placé pour forger des partenariats stratégiques en faveur du développement durable, en réunissant les parties prenantes nationales et internationales. Enfin, la représentante a rappelé que le développement, la paix et la stabilité sont étroitement liés. Les crises et les conflits consomment des ressources, créent une instabilité sociale, politique et économique et privent de possibilités de développement. Un nouveau défi de l’ECOSOC consiste à examiner les crises économiques et à contribuer à mettre en oeuvre les stratégies de prévention des conflits et de maintien de la paix. Enfin, la représentante a conclu que l’ECOSOC est confronté à un nouveau défi, celui de faire face aux crises économiques et de contribuer à la mise en oeuvre efficace de stratégies de prévention et des conflits et de restauration de la paix, y compris par le biais de consultations conjointes avec le Conseil de sécurité, conformément à l’Article 65 de la Charte des Nations Unies.

M. LUIS TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a souligné que personne ne remettait en cause le rôle crucial joué par les technologies de l’information et de la communication, estimant qu’elles constituent un instrument important pour le développement. Il a émis l’espoir que le Groupe de travail chargé de la question aiderait à combler le fossé numérique. Il a également fait remarquer que le Conseil économique et social (ECOSOC) a ouvert ses portes à la participation de la société civile et a bénéficié de ses échanges de vue avec les organisations non gouvernementales et le secteur privé. En dépit de ces progrès, a estimé le représentant, le travail de l’ECOSOC peut être renforcé. Il a jugé crucial le suivi intégré et coordonné des conférences et sommets des Nations Unies. Il est nécessaire d’éviter les doubles emplois et d’axer les efforts pour développer des synergies potentielles. Cette entreprise peut paraître ambitieuse alors que nous ne sommes qu’à quelques semaines du Sommet mondial pour le développement durable. De l’avis de la délégation brésilienne, le Conseil ne devrait pas être dispensé de travailler sur le suivi de la Conférence de Monterrey, qui a assigné des tâches importantes au Conseil.

La coopération entre le Conseil et les principaux organes des Nations Unies est également importante. Il faut par exemple améliorer la cohérence entre l’ordre du jour du Conseil et celui de l’Assemblée générale, en particulier ceux de la Deuxième et la Troisième Commissions afin d’éviter les doubles emplois et de rationaliser nos travaux, a souligné M. de Moura. Il a proposé d’envisager une coopération entre l’ECOSOC et le Conseil de sécurité dans certains domaines. Pour cela, a-t-il ajouté, l’ECOSOC doit améliorer ses méthodes de travail. Si le débat consacré aux questions de coordination examine le rapport du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, a estimé le représentant, cela pourrait aboutir à une multiplication inutile des efforts. En outre, les débats sur les activités opérationnelles et les affaires humanitaires pourraient avoir une composante de haut niveau, à un autre moment que la session de fond. Cela permettrait, a-t-il expliqué, d’attirer davantage l’attention sur les débats sans surcharger l’ordre du jour de la session de fond. Toutes ces mesures ne réussiront pas, a-t-il fait remarquer en conclusion, sans une ferme volonté politique.

M. AMMAN (Indonésie) a estimé que le Conseil économique et social doit jouer un rôle de catalyseur pour garantir l’application des résultats des conférences et des sommets internationaux organisés ces dernières années sur le sujet du développement et pour faire en sorte que le processus de mondialisation bénéficie à toutes les régions du monde. Il a appuyé l’idée de partenariats stratégiques entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce. Un examen des conclusions des grandes conférences internationales doit être fait en collaboration avec tous les partenaires et le suivi de la mise en oeuvre des conclusions des conférences et sommets internationaux doivent également associer le secteur privé et la société civile, a-t-il estimé. Il a suggéré de développer un partenariat stratégique entre Nations Unies, institutions de Bretton Woods et OMC sur la base d’un ordre du jour plus ambitieux et d’intensifier le dialogue sur les questions ayant trait aux Objectifs de développement du Millénaire, au premier rang desquels la réduction de la pauvreté. Enfin, il a recommandé à l’ECOSOC d’intégrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement durable dans la perspective du Sommet de Johannesburg et ce afin de pouvoir jouer un rôle de pivot dans le suivi des conclusions de ce sommet.

M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ (El Salvador) a réaffirmé la nécessité de poursuivre et d’approfondir le processus de réforme du Conseil économique et social afin que ce dernier puisse véritablement réaliser le mandat que lui a confié par la Charte des Nations Unies. Dans ce contexte, il s’est félicité des propositions formulées dans le rapport du Secrétaire général concernant en particulier la réduction de la durée des sessions de fond. Il a également approuvé l’impératif de réviser le processus de prise de décisions au sein de l’ECOSOC afin que l’on ne se limite pas à répéter des textes convenus par souci de consensus.

Le représentant a souhaité que l’ECOSOC joue un rôle plus actif dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits. Pour ce faire, il a suggéré de donner au Conseil les moyens d’agir rapidement et efficacement aux situations de crise. Dans ce contexte, El Salvador se félicite des efforts réalisés par le Secrétariat des Nations Unies en faveur de l’élaboration d’un programme à long terme d’aide à Haïti et de la description qui est faite dans le rapport du Secrétaire général des modalités pratiques de son application. Enfin, M. Gonzalez a réitéré la volonté de son Gouvernement de contribuer au processus de réformes de l’ECOSOC sans lequel il ne sera pas possible de réaliser les objectifs de la Déclaration du Millénaire.

M. JOHN LANGMORE, Directeur à l’Organisation internationale du travail (OIT), a regretté que le Conseil économique et social soit quelque peu en décalage par rapport aux questions pressantes dans les domaines économique et social. C’est la raison pour laquelle il a estimé que le rapport du Secrétaire général sur le calendrier des réunions est d’une importance cruciale. Comme d’autres avant lui, il a défendu l’idée de tenir des réunions tout au long de l’année pour renforcer le caractère opportun des mesures ainsi que l’efficacité et l’impact du travail du Conseil. Poursuivant, il a estimé que les réunions du Conseil avec les institutions de Bretton Woods seraient plus intéressantes si elles portaient sur des questions spécifiques et qu’elles gagneraient en pertinence si elles étaient tenues avant les réunions du printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Ce serait là le moyen, a expliqué M. Langmore, de s’assurer que les messages du Conseil sur le contexte politique soient clairement entendus et pris en compte dans les réunions des institutions de Bretton Woods.

Arguant que la question du plein emploi ne reçoit pas l’attention requise de la part du Conseil et des institutions de Bretton Woods, le Directeur a plaidé pour que l’OIT soit autorisée à s’exprimer pendant les réunions entre le Conseil et ces institutions et à l’ouverture de la session de fond du Conseil. Le rapport de l’OIT sur la dimension sociale de la mondialisation devant paraître en 2003, M. Langmore a estimé que la question constituerait un excellent thème pour le segment de haut niveau du Conseil en 2004.

Mme IRENE FREUDENSCHUSS-REICHL, Directrice générale adjointe à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), abordant d’abord la question de la relation entre le Conseil et les institutions spécialisées, a suggéré au Conseil de voir si la capacité d’analyse du système des Nations Unies ne bénéficierait pas de certains aménagements pour s’assurer que les ressources allouées à la documentation et aux rapports sont utilisées de la manière la plus efficace et en fonction des avantages comparatifs de chaque organe. A terme, le Conseil pourrait devenir ainsi le centre d’analyses du système des Nations Unies pour les questions de développement, a estimé la Directrice générale adjointe avant d’évoquer la question du suivi de la Conférence de Monterrey.

Elle a exprimé le voeu que le dialogue du Conseil avec les institutions de Bretton Woods permette désormais la participation des institutions spécialisées en fonction de leur pertinence par rapport au sujet traité. Se prononçant aussi pour des échanges de vue entre le Conseil et les conseils d’administration des institutions spécialisées, des fonds et des programmes des Nations Unies sur le suivi des dernières conférences, la Directrice générale adjointe a estimé qu’une telle initiative pourrait sensibiliser davantage les Etats Membres au travail des institutions spécialisées situées en dehors de New York et contribuer à intégrer les résultats des grandes conférences dans le travail quotidien de ces institutions.

Pour ce qui est du suivi du Sommet mondial pour le développement durable, Mme Freudenschuss-Reichl a jugé que le Conseil devrait assumer la responsabilité de réunir les divers organismes de développement présents à Monterrey, à Johannesburg, dans les institutions de Bretton Woods et à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin d’assurer une certaine cohérence entre les diverses théories du développement. Elle a donc souscrit à l’idée de créer un véritable forum de la coopération pour le développement qui exigerait d’abord, a-t-elle souligné, une hiérarchisation et une intégration préalables de la documentation et des rapports élaborés par le système des Nations Unies.

Le Conseil, a-t-elle poursuivi, devrait étudier la question de la structure nécessaire à un suivi interinstitutions efficace des résultats du Sommet de Johannesburg. Toujours à propos du suivi, elle a proposé au Conseil de confier au Secrétariat le soin de sélectionner certaines questions jugées critiques en raison de l’insuffisance des progrès ou des inconsistances flagrantes dans les différents résultats des conférences. Cela permettrait au Conseil, a-t-elle dit, de mener une étude plus approfondie sur ce sujet. La Directrice générale adjointe a conclu en assurant que l’ONUDI était disposée à suivre de près les délibérations du Conseil relatives à la création de groupes consultatifs spéciaux sur les pays africains sortant d’un conflit. L’ONUDI se tient disposée à partager son expérience, à coopérer avec ces groupes ou y proposer des candidats rompus à la science du renforcement des capacités dans les situations post-conflit.

M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a déclaré qu’il est indispensable de donner au Conseil économique et social les outils et les pouvoirs nécessaires à la mise en oeuvre de son mandat tel que défini par la Charte des Nations Unies. Il s’est aussi félicité de l’amélioration du fonctionnement du Conseil, notamment en ce qui concerne l’interaction mise en place avec les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cependant, ces améliorations sont encourageantes mais demeurent insuffisantes. C’est pourquoi, la réforme du Conseil doit constituer une priorité et une urgence afin qu’il reste une instance appropriée pour les débats.

La réforme du Conseil doit être fondée sur une analyse des besoins afin de pouvoir notamment déterminer le nombre pertinent de réunions qu’il doit tenir. Ces dernières doivent d’ailleurs être courtes et bien ciblées. Lorsqu’il y a urgence, le Conseil doit être en mesure de se réunir rapidement. Il faut également définir une répartition des tâches entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale qui soit la plus claire possible. Dans le cadre de sa propre structure, le Conseil doit jouer un rôle de chef de file dans le suivi des conférences. Le représentant a aussi souhaité que le Conseil trouve les moyens de faire en sorte que ses conclusions soient traduites par des politiques et des stratégies. Enfin, le représentant a estimé qu’il faut modifier la structure actuelle de la session de fond du Conseil et, en particulier, établir un lien plus étroit entre les différents débats afin d’éviter les doubles emplois.

M. SYED SHAHID HUSAIN, Observateur permanent de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), a salué les efforts de revitalisation des travaux de l’ECOSOC et a estimé que les questions de coordination interpellent particulièrement les organisations intergouvernementales comme l’OCI. Il a appuyé les propositions du Secrétaire général concernant le renforcement du rôle de suivi des grandes orientations du développement par l’ECOSOC. Il a souhaité que les organisations intergouvernementales contribuent plus activement dans des domaines relevant de leurs compétences, l’observateur soulignant que l’OCI est intéressée à participer aux débats sur la réduction de la pauvreté ou la lutte contre le VIH/sida. Il a ajouté que de nombreuses structures telles que la Banque islamique de développement seraient également prêtes à intensifier leurs échanges avec l’ECOSOC.

Mme RENATE BLOEM, Présidente de la Conférence des organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC (CONGO), a indiqué que les ONG se félicitent du fait que le rapport du Secrétaire général reconnaisse que l’ECOSOC doit jouer un rôle de coordination pour le suivi des grandes conférences. Les ONG, a-t-elle poursuivi, recommandent que l’ECOSOC continue de jouer un rôle de plaidoyer très fort pour la réalisation des objectifs sociaux du développement. Elles souhaitent en outre participer au mécanisme de suivi des conférences. A cet égard, une feuille de route a notamment été rédigée pour que les ONG participent davantage à la mise en oeuvre des objectifs de la Déclaration du Millénaire. Mme Bloem a également estimé que l’ECOSOC devrait décliner les objectifs de la Déclaration du Millénaire en indicateurs plus réalisables afin d’aider à surmonter le scepticisme croissant de la société civile.

Afin de renforcer la cohérence des politiques de l’ECOSOC, a ajouté la Présidente de la Conférence des ONG, les institutions de Bretton Woods et l’OMC doivent pouvoir participer au système des Nations Unies et présenter des rapports au Conseil pour échapper aux critiques selon lesquelles ces institutions ne sont responsables devant personne. L’ECOSOC se doit aussi de mettre en place des programmes sur les effets négatifs de la mondialisation. La relation entre les ONG et l’ECOSOC doit en outre devenir plus authentique, notamment par l’intermédiaire d’une participation des ONG dans les débats de haut niveau. Une plus grande participation des ONG renforce l’ECOSOC qui dispose alors d’une base plus représentative, a estimé Mme Bloem.



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