Skip to main content

Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

LA MINISTRE DES DROITS DE L'HOMME DU YÉMEN ET LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA NORVÈGE S'ADRESSENT À LA COMMISSION

22 Mars 2002



Commission des droits de l'homme
58ème session
22 mars 2002
Matin



La Commission des droits de l'homme poursuit l'examen
des questions relatives au racisme, à la discrimination raciale,
à la xénophobie et à l'intolérance qui y est associée



La Commission des droits de l'homme a entendu ce matin Mme Waheebah Faree, Ministre d'État chargée des droits de l'homme du Yémen et M. Jan Petersen, Ministre des affaires étrangères de la Norvège. La Commission a en outre poursuivi l'examen des questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l'intolérance qui y est associée. Elle a également entendu
«Le Yémen, qui a souffert de ce fléau, condamne tous les actes de terrorisme et demande un renforcement des efforts internationaux pour lutter ensemble contre cette violation des droits de l'homme», a déclaré la Ministre d'État yéménite chargée des droits de l'homme. Mme Faree a regretté qu'à la suite des événements du 11 septembre, certains pays aient adopté des mesures ayant des répercussions fâcheuses sur les droits de l'homme. Le terrorisme, a-t-elle souligné, affecte le développement de tous les États du monde, il faut s'unir contre ce fléau et refuser toute tentation d'assimiler le terrorisme à une culture particulière, notamment à l'islam, qui condamne clairement cette forme de violence. S'agissant de la situation au Proche-Orient, elle a demandé à la communauté internationale de prendre ses responsabilités en vue d'assurer l'application des résolutions de l'ONU.
M. Jan Petersen, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a vivement condamné les graves atteintes aux droits de l’homme qui ont endeuillé la planète ces derniers temps. Il a notamment mentionné le maintien de la peine de mort dans près de la moitié des États membres de l'ONU et a fustigé la pratique de la torture, l'une des violations des droits de l’homme les plus répugnantes.
Dans le cadre du débat général sur le racisme et la discrimination raciale, le représentant du Nigeria, au nom du Groupe africain, s'est félicité, à l'instar de l'ensemble des délégations, de la création prochaine d'une unité anti-discrimination au sein du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et de la nomination, par le Secrétaire général sur proposition du Président de la Commission des droits de l'homme, de cinq experts indépendants sur cette question.
«Il apparaît impossible de parler de racisme aujourd'hui sans faire l'inventaire du passé», a déclaré le représentant du Sénégal s'agissant des résultats de la Conférence mondiale contre le racisme, réunie à Durban (Afrique du Sud) du 31 août au 7 septembre 2001. Ces décisions ne prennent tout leur sens que si on les replace dans la perspective de l'histoire, a-t-il souligné en rappelant qu'aucun autre continent que l'Afrique n'avait payé un aussi lourd tribut au racisme et à la discrimination raciale. Si certains représentants ont dénoncé les limites du Programme d'action et de la Déclaration de Durban, la plupart des délégations ont reconnu que ces documents marquaient une bonne base un début et qu'il incombait au premier chef aux États de mettre en œuvre les engagements pris.
Les représentants des pays suivants ont pris part aux débats : Nigéria (au nom du Groupe des États africains), Ouganda, Fédération de Russie, Bélarus, Suisse, Canada, Égypte, Slovaquie, Chypre, Qatar, Turquie, Koweït, Jordanie, Australie, États-Unis, République populaire démocratique de Corée, Sénégal et Kenya. Des représentants de l'Organisation internationale du travail, de l'Organisation internationale pour les migrations et de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge ont également fait des déclarations, ainsi que les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Organisation mondiale contre la torture, Congrès juif mondial et Union mondiale pour le judaïsme libéral.
La Commission poursuivra cet après-midi son débat général sur le racisme et la discrimination raciale.
Déclarations de hauts dignitaires
MME WAHEEBA FAREE, Ministre d'État des droits de l'homme du Yémen, a rappelé que son pays a condamné les événements terroristes du 11 septembre 2001 et a rappelé que son pays a connu des actions terroristes sur son propre territoire ces dernières années. Elle a demandé davantage d'efforts au niveau international pour lutter contre ce fléau. Elle a déclaré que certaines mesures prises par certains pays contre le terrorisme ont eu des conséquences négatives sur les droits de l'homme. Elle a estimé qu'il fallait lutter contre la propagation des idées erronées qui assimilent le terrorisme à la résistance. Mme Faree a déclaré que le terrorisme entrave le développement des pays pauvres. La représentante a affirmé qu'on ne peut pas accuser de terrorisme les Arabes et l'islam, une religion qui ne reconnaît pas le terrorisme et le condamne. Elle a rappelé que les pays islamiques ont ratifié les conventions internationales contre le terrorisme déjà avant le 11 septembre.
Mme Faree a dénoncé Israël qui continue à faire fi de toutes les conventions internationales. Elle a demandé à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités, à la Commission d'appliquer les décisions prises dans le domaine des droits de l'homme et de faire en sorte qu'Israël se retire des territoires occupés. Elle a déclaré qu'il fallait condamner l'attitude d'Israël.
La ministre yéménite a déclaré que son pays accorde une grande importance à la promotion et à la protection des droits de l'homme, comme en témoignent, notamment, la création d'un haut comité pour les droits de l'homme et la nomination d'une femme ministre d'État des droits de l'homme. Elle a affirmé que son pays se trouve du côté des pays épris de droit et de justice. Elle a déclaré que son gouvernement avait établi des priorités pour la mise en application des droits de l'homme et a évoqué les progrès effectués dans son pays dans ce domaine. Elle a notamment souligné que la femme a aujourd'hui davantage de possibilités d'emploi et que des lois ont été adoptées pour éliminer les discriminations envers la femme et l'enfant. Elle a finalement appelé à contribuer au renforcement de la coopération entre les États pour faire appliquer les droits de l'homme en temps de guerre comme en temps de paix.
M. JAN PETERSEN, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a d'emblée mis l'accent sur la nécessité de combler l'écart entre les obligations contractées en matière de respect des droits de l’homme et leur application effective. Dans cette optique, il convient de se concentrer sur les résultats concrets, de se centrer l'attention sur les individus et de rendre l'espoir à ceux qui souffrent de répression. Il s'agit là d'un effort de longue haleine, qui doit être entrepris aussi bien par les États que par la société civile. Le ministre a relevé que la Commission des droits de l’homme, par l'intermédiaire de son Haut Commissaire et des Rapporteurs spéciaux, peut contribuer à cet effort de promotion des droits fondamentaux, comme le font de leur côté les infatigables organisations non gouvernementales.
Il faut cependant balayer devant sa porte, a souligné M. Petersen; c'est pourquoi la Norvège a adopté un Plan national en faveur des droits de l’homme. Il s'agit d'un ensemble de plus de trois cent mesures politiques et sociales de portée nationale et internationale. Le ministre a souligné l'importance du dialogue inter-étatique dans la création des réseaux de spécialistes dans la promotion des droits de l’homme, qu'il s'agisse de juristes, de fonctionnaires ou de représentants d'organisations non gouvernementales.
Le Ministre norvégien des affaires étrangères a ensuite souligné les nombreuses atteintes aux droits de l’homme qui endeuillent aujourd'hui la planète. Il a ainsi condamné, entre autres, le maintien de la peine de mort dans près de la moitié des États membres de l'ONU et a fustigé la pratique de la torture, l'une des violations des droits de l’homme les plus répugnantes. Le statut des femmes doit également être protégé, et les mariages forcés et l'excision interdits sans aucune exception.
En ce qui concerne la situation au Proche-Orient, le ministre a insisté sur la nécessité du rétablissement du dialogue entre les parties; il a déploré qu'aucune d'entre elles n'ait de réelle stratégie pour mettre fin à la violence. Leur avenir étant lié; elles doivent rompre le cercle de la violence et respecter la résolution 1397 de l'ONU. Le ministre a également fait état de dysfonctionnements lors des élections au Zimbabwe: violence, polarisation politicienne et intimidations ont malheureusement émaillé la tenue du scrutin.
M. Petersen a enfin insisté sur la portée véritablement universelle des droits de l’homme. Ils englobent bien entendu la préservation de la dignité humaine, mais conditionnent aussi le progrès social et économique des individus et des peuples, et sont une garantie de stabilité et de sécurité : le respect des droits de l’homme est la condition sine qua non de la préservation de sociétés stables et pacifiques.

Suite du débat sur les questions relatives au racisme et à la discrimination raciale
M. PIUS I. AYEWOH (Nigéria, au nom du Groupe africain) a exprimé sa satisfaction devant les résultats de la Conférence de Durban. Le Groupe africain a d'ailleurs décidé d'utiliser le Programme d’action de la Conférence comme référence dans toutes ses activités de lutte contre le racisme, et présentera lors de cette session une résolution qui consacrera l'importance du suivi et de l'application des décisions prises à Durban. Le Groupe africain s'est en outre déclaré fier que l'Afrique du Sud ait accueilli cette conférence, et très satisfait que l'esclavage ait été officiellement, et pour la première fois dans l'histoire, dénoncé comme un crime contre l'humanité, crime dont les effets se font malheureusement encore sentir de nos jours.
Le représentant a toutefois exprimé le regret que l'adoption du Programme d’action de Durban ait dû faire l'objet d'un vote en raison des réserves exprimées par quatre membres seulement. Il convient néanmoins de saluer la création du Groupe de travail sur les droits des peuples d'origine africaine, ainsi que celle de l'unité antidiscrimination, qui devrait, selon le Groupe africain, se concentrer exclusivement sur les questions ayant trait au racisme, ceci pour garantir l'efficacité de son action. L'Afrique, enfin, souhaite que les experts soient recrutés sur la base d'une répartition géographique équitable.
M. ARTHUR GAKWANDI (Ouganda) a rappelé que c'est en 1963 que l'Assemblée générale avait adopté la Déclaration des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il a regretté que cet objectif n'a de loin pas été atteint aujourd'hui et que les résultats obtenus à Durban étaient décevants. Il a estimé que la Déclaration et le Programme d'action résultant de la Conférence mondiale de Durban sur le racisme sont pleins d’équivoques et qu'ils sont certainement moins clairs et concrets que ceux adoptés lors des deux Conférences mondiales sur le racisme précédentes. Le représentant a déclaré que le meilleur moyen d'éradiquer le racisme est de le voir tel qu'il est avant de le relier à toutes autres formes d'actions négatives et de discriminations. Il a affirmé que la tendance à introduire un programme motivé par des raisons politiques dans les discussions sur des thèmes humanitaires provoque ce manque d'efficacité de la Conférence mondiale de Durban.
Le représentant ougandais a déclaré que le compromis trouvé en nommant cinq personnalités appartenant aux différents groupes régionaux pour travailler avec le Haut-Commissaire, en vue de recueillir les points de vue différents sur le problème était satisfaisant. Il a demandé à la Haut-Commissaire de donner une importance particulière aux problèmes raciaux du passé qui sont à la racine de la marginalisation de certaines collectivités dans le système international et de la marginalisation de certaines communautés à l'intérieur des États. Il a affirmé qu'il était impossible de résoudre ce problème si on n’affronte pas le passé. Il a exprimé l’espoir que cette session élaborera des résolutions qui se concentrent sur les questions de discrimination plutôt que sur le programme politique de certains groupes d'intérêt. Il a instamment prié les États qui n'ont pas encore ratifié la Convention internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale d'entendre l'appel de la Conférence mondiale de Durban, et ceci avant 2005.
M. VLADISLAV ERMAKOV (Fédération de Russie) a regretté qu'à l'aube de ce nouveau millénaire, le problème du racisme n'ait toujours pas été résolu. Il a estimé que les résultats de la Conférence de Durban dépendront de la volonté des États à les mettre en œuvre. Présentant ensuite la politique de son pays pour éradiquer le racisme, il a mis l'accent sur les mesures à caractère législatif, la création d'une institution chargée de protéger les droits des personnes et de veiller à protéger les droits des minorités. Il a expliqué que la Fédération de Russie était un ensemble composé de multiples communautés et que le budget du pays prévoyait des fonds pour garantir les diverses autonomies accordées à ces communautés ethniques ou religieuses.
Abordant la question de l'extrémisme politique, il a expliqué qu'un organe chargé d'examiner cette question avait été créé, qui a procédé à de nombreuses rencontres avec les chefs religieux du pays. Toutefois, il a reconnu que, comme partout en Europe, on assistait à un durcissement des politiques extrémistes dans le pays et à l'intensification de manifestations de violence. Il a ensuite attiré l'attention sur la situation en Lettonie où vivent des milliers russophones qui se voient refusé la nationalité. Le représentant a déclaré qu'il ne pouvait pas approuver les propos tenus à cette tribune par le Ministre de Lettonie qui annonçait que son pays avait ouvert sa politique d'accession à la nationalité. Abordant la situation en Estonie, le représentant russe a demandé à la communauté internationale d'ouvrir les yeux sur un pays où sont encore organisées des manifestations de commémoration des actions des SS. Il n'est pas possible de continuer à faire deux poids deux mesures et ignorer ces faits.
MME MALIKA AIT-MOHAMED PARENT (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a rappelé que le combat contre la discrimination est inscrit dans les principes mêmes de sa Fédération. Devant la montée de l'intolérance, notamment mais pas exclusivement en rapport avec la problématique du VIH/sida, la Fédération a décidé d'intensifier son action en engageant une Initiative globale en vue de la réduction de la discrimination, initiative pluriannuelle et qui engage de fait tous les volontaires de la Fédération. Cinq actions régionales seront ainsi mises en œuvre en Afrique du Nord et Centrale, en Amérique centrale, en Asie centrale et dans les pays du Golfe en vue de mettre en place des réseaux de praticiens pour favoriser la propagation des bonnes pratiques.
M. SERGEI ANOSHCO (Bélarus) a déclaré que son pays rejette fermement toutes les discriminations fondées sur la race ou d'autres différences. Il a déclaré que la situation au Bélarus est stable et ne connaît pas de conflits raciaux. Il a déclaré que le facteur de cette harmonie réside dans la politique clairement établie par le gouvernement qui repose sur une base législative solide dans ce domaine. Il a affirmé que l'État garanti le choix de la langue d'enseignement et que de dix-sept organisations on été créées pour préserver les minorités nationales.
Concernant la conférence de Durban, il a déclaré que le racisme et la discrimination raciale ont pris des formes plus complexes aujourd'hui. À Durban s'est enclenché un processus grâce auquel il sera possible d'obtenir dans un avenir proche un consensus général pour l'adoption de mesures visant à aboutir à la fin du racisme et de la discrimination raciale dans le monde.
M. FRANÇOIS NORDMANN (Suisse) a encouragé tous les États Membres à concrétiser la volonté politique exprimée lors de la Conférence de Durban contre le racisme et a cité l'exemple de son pays qui a déjà entrepris de transformer les Documents finaux de Durban en une stratégie nationale qui comprend, notamment, la traduction dans les langues nationales et une large diffusion de ces documents. Il a recommandé que les pays envisagent d'élaborer un rapport annuel sur le suivi de Durban. Le représentant s'est également déclaré favorable à la création d'une unité anti-discrimination au sein du Haut-Commissariat aux droits de l'homme et à la nomination par le Secrétaire général de cinq experts indépendants sur proposition du Président de la Commission des droits de l'homme. En outre, le représentant a appuyé la création d'institutions nationales indépendantes chargées de lutter contre le racisme.
Le représentant a ensuite abordé la question de la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. Il a fait savoir que son pays entendrait favoriser une prise de conscience des persécutions et discriminations qui visent les préférences sexuelles et a insisté sur le respect des normes internationales existantes dans ce domaine. Il a expliqué qu'une loi sur le partenariat était actuellement en cours d'élaboration. En dernier lieu, le représentant s'est déclaré préoccupé par les débordements racistes et a insisté sur le fait que le racisme devait être combattu par tous les moyens légaux possibles, dans le respect du droit international humanitaire.
MME MARIE GERVAIS-VIDRICAIRE (Canada) a évoqué les efforts déployés par son gouvernement pour encourager l'intégration des minorités dans la société canadienne. Les axes d'action sont l'éducation, l'action juridique, l'appui aux initiatives privées et communautaires, le soutien à l'organisation de groupes de soutien locaux. Un secrétariat d'État chapeaute ces activités et encourage de façon générale les acteurs sociaux à agir de concert.
La déléguée a fait observer que même si le Canada a exprimé des réserves sur les résultats de Conférence de Durban, son pays n'en reste pas moins déterminé à lutter par tous les moyens contre la discrimination sous toutes ses formes, raciale, sexuelle, économique, et autre. Le Canada invite les États à définir des politiques de lutte contre la discrimination, et les individus à agir dans cet effort commun par le biais des médias et des associations.
MME NAÉLA GABR (Égypte) a déclaré que l'adoption de la résolution de l'Assemble générale du document de Durban est essentielle dans la lutte contre le racisme. Ainsi, le Programme d'action de Durban contribuera à la protection des droits des migrants. La représentante a par ailleurs demandé aux pays de s'engager dans ce sens pour éviter les actions racistes et xénophobes à l'égard des Arabes suite aux événements du 11 septembre. Elle a déclaré que, face à la poussée anti-islamique fondée sur des attitudes discriminatoires à l'égard des Arabes, il faut une réelle volonté politique. Elle a demandé à tous les pays d'éviter les actions violentes à l'encontre de groupes de population uniquement parce qu'ils sont arabes. Elle a mentionné la situation du peuple palestinien qui subit une machine de guerre puissante et des pratiques de racisme. Elle a rappelé la responsabilité de la communauté internationale face à ce problème.
La représentante s'est félicitée des efforts faits par la Commission pour que soient suivis d'effets la Déclaration et le Programme d'action de Durban. Elle a salué la nomination prochaine de cinq experts indépendants qui s'occuperont du suivi de cette conférence.
M. PETER PROCHACKA (Slovaquie) a expliqué que son pays, en tant qu'État multiculturel, s'employait à construire une société civile reconnaissant l'égalité de tous les citoyens sans distinction de langue, d'origine ou d'appartenance ethnique. Il a indiqué que le Code pénal slovaque avait été modifié pour inclure les crimes motivés par la haine raciale. Il a également fait état de la préparation d'une loi sur l'égalité de traitement, appelée loi anti-discrimination, qui vise à garantir une interprétation unique du terme discrimination et à renforcer la protection des citoyens contre toute forme de discrimination. En outre, le gouvernement a adopté, en mars 2002, un deuxième plan d'action pour 2002-2003 visant à prévenir toutes les formes de discrimination, de racisme et de xénophobie. Ce plan d'action met l'accent sur le renforcement d'une culture de la tolérance. Il a également fait part des actions menées dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l'éducation dans le domaine des droits de l'homme.
MME CONSTANCE THOMAS (Organisation internationale du travail) a rappelé l'adhésion de l'OIT aux objectifs fixés lors de la conférence de Durban. L'OIT contribuera ainsi à assurer leur suivi et à leur mise en œuvre par la recherche et la collecte de données, par l'éducation des travailleurs et leur sensibilisation aux problèmes du racisme sur le lieu de travail (dont l'élimination est un objectif majeur de l'Organisation), par des programmes de soutien aux gouvernements et par la coopération renforcée avec les organes des Nations Unies. La déléguée a enfin rappelé les efforts de l'OIT en vue de l'établissement d'une base de connaissance sur le racisme sur lieu de travail, l'action en faveur des populations autochtones, et indiqué que le rapport général de 2003 présentera un plan d'action global de coopération technique.
MME HELENA MINA (Chypre) revenant sur les résultats de Durban, s'est déclaré convaincue que cette conférence a permis de prendre la mesure des injustices passées et elle a émis l'espoir que les documents finaux par la Conférence mondiale contre le racisme serviront à guider la communauté internationale dans sa lutte contre la discrimination raciale. Il incombe désormais aux États de démontrer la volonté politique de mettre en œuvre les résultats de la Conférence et d'intensifier leurs efforts pour combattre le racisme dans un esprit de coopération, en explorant de nouvelles approches. Alors que l'intolérance ethnique et religieuse s'intensifie, la lutte contre le racisme revêt aujourd'hui une importance capitale et il ne faut pas sous-estimer la menace que l'intolérance fait peser sur nos sociétés. L'humanité est un ensemble de cultures diverses qui s'enrichissent mutuellement et qui doivent ensemble instaurer une culture de la paix, a-t-il déclaré.
M. KHALED BIN JASSEM AL-THENI (Qatar) a expliqué que le Qatar est un État islamique fondé sur l'application de la charia: propager la haine est donc un acte illégitime au Qatar et d'ailleurs punissable pénalement. Le délégué a reconnu que les organisations non gouvernementales jouent un rôle important dans la lutte contre la discrimination raciale. C'est pourquoi le gouvernement organise des rencontres et colloques avec elles. Une conférence récente à Doha, avec la participation des organisations non gouvernementales, a ainsi permis de nouer une coopération en vue du soutien qatari à des micro-projets en faveur des déshérités. Le représentant qatarien a souligné que la lutte contre le racisme suppose l'acceptation des différences culturelles et a informé la Commission que le Qatar va donner plein effet aux recommandations de la conférence de Durban, par leur intégration à sa législation.
M. MURAT SUNGAR (Turquie) s'est félicité de constater l'attachement de tous les pays à la lutte contre le racisme est a souligné l'importance des documents issus de la Conférence mondiale de Durban. Il a évoqué les nombreux migrants turcs dans d'autres pays et a espéré que, grâce au programme d'action de Durban, ces personnes constateront des améliorations dans la façon dont elles sont traitées dans leurs sociétés d'accueil. Il a déclaré que le racisme, la xénophobie, la discrimination raciale sont toujours très présents dans le monde et sont un défi pour les droits de l'homme.
Le représentant turc a déclaré que la lutte contre le terrorisme est aussi une priorité pour son pays. Il a demandé que, suite aux événements du 11 septembre, on évite de faire un amalgame entre le terrorisme et une communauté religieuse. Il a finalement espéré qu'on évite de considérer les travailleurs étrangers comme des criminels potentiels car ceci ne peut que mener à la discrimination et au racisme dans des sociétés multiculturelles.
MME AICHA EL-ADSANI (Koweït) a rappelé que la Déclaration de Durban identifie clairement l'islam comme une cible du racisme. Elle a regretté que les événements du 11 septembre aient conduit certains pays à assimiler l'islam au terrorisme. Ce lien est inacceptable, surtout dans la mesure où l'islam condamne clairement toute forme de violence, a-t-elle souligné. La représentante a insisté sur le fait qu'il fallait appliquer le programme d'action de Durban et s'unir pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et quels qu'en soient ses auteurs, sans discrimination aucune.
M. SHEHAB A. MADI (Jordanie) a indiqué que sa délégation s'associe pleinement à la déclaration de l'Organisation de pays islamiques. Pour le surplus, le représentant a exprimé sa préoccupation , notamment devant l'assimilation abusive entre religion musulmane et le terrorisme et s'est inquiété du développement de l'islamophobie en général. En cette année du dialogue entre les civilisations, il convient de développer la tolérance et agir pour ce faire par le biais de l'éducation. La délégation approuve donc le colloque qui s'est tenu récemment à Genève sur les droits de l'homme dans l'islam. Au sujet de la situation au Proche-Orient, la déléguée a exprimé sa préoccupation devant l'escalade de la violence; elle a encore déploré qu'il n'y ait pas de coopération entre Israël et le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de discrimination.
M. LESLIE LUCK (Australie) a déclaré que l'Australie insiste sur la richesse des cultures et des traditions en Australie. Il a déclaré que le racisme constitue un défi fondamental lancé à la communauté internationale. Il a estimé que seules des mesures concrètes au niveau national, régional et international peuvent combattre le racisme. Il s'est déclaré très déçu par les résultats de la Conférence mondiale de Durban et a jugé certains éléments inacceptables, notamment les discussions politiques qui, en fin de compte, ont nuit aux efforts pour renforcer la lutte contre le racisme. Malgré cela, les conclusions de la Conférence mondiale de Durban sont un acquis précieux et importantes, fondées sur l'action nationale et sur les partenariats. Il a déclaré que son pays souhaite coopérer de façon constructive avec les autres États dans cette lutte.
Le représentant australien a regretté certaines erreurs graves dans le rapport du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme s'agissant de la visite qu'il a effectuée en Australie. Il a jugé certaines recommandations surprenantes et a estimé que le Rapporteur spécial n'a pas compris tous les aspects de la nature contemporaine et nationale de la société multiculturelle et multiraciale dont les Australiens sont fiers. Il a rappelé que son pays œuvre à rendre sa société harmonieuse et qu'il est fier de son aspect multiculturel, multiracial et multireligieux.
MME CHERYL SIM (États-Unis) a assuré que la lutte contre le racisme restait une priorité de l'administration américaine. Il a retracé les diverses politiques menées par son pays en vue d'assure le respect des droits civiques de toutes les communautés. Elle a souligné que le programme du Président Bush se fondait sur l'égalité des chances. Ainsi, le Président a placé la réforme du système éducatif au rang des priorités afin d'assurer qu'aucun enfant, quelle que soit sa race, ne reste à la traîne. Le représentant a insisté sur le fait que la lutte contre le racisme doit inclure la lutte contre l'antisémitisme, phénomène qui a défiguré la face du monde lors du génocide et subsiste encore aujourd'hui. Toute société doit se garder de toute tentative visant à dénigrer un groupe de population, a-t-il conclut.
M. KIM YONG HO (République populaire démocratique de Corée) s'est félicité du travail accompli pour assurer le succès de la Conférence de Durban. Le délégué s'est déclaré satisfait que la Conférence ait dénoncé le colonialisme comme cause profonde de l'intolérance, et a estimé que les États qui y ont contribué devraient présenter des excuses et des compensations à leurs victimes. Le délégué a ainsi stigmatisé l'attitude inhumaine du Japon. Les politiques adoptées par ce pays pendant plus de quarante ans au début du XXe siècle, ont constitué une colonisation haineuse en vue d'effacer de la carte la nation coréenne. Les crimes contre l'humanité perpétrés par le Japon comprennent, parmi d'autres exactions, le massacre d'un million d'innocents, l'enrôlement forcé de six millions de jeunes coréens et l'esclavage sexuel de vingt millions de femmes coréennes.
Le Japon, a poursuivi le délégué, refuse pourtant de reconnaître ces faits, maquille son histoire et refuse la présence d'experts coréens lors des conférences sur la question. Il s'agit d'une approche méprisante et discriminatoire du Japon à l'égard des autres nations. La délégation a donc enjoint le Japon de clarifier son passé une fois pour toutes.
M. R. PERRUCHOUD (Organisation internationale des migrations) a déclaré que l'OIM n'a pas ménagé ses efforts pour que des mesures efficaces soient intégrées dans des plans d'action. Il a déclaré que la déclaration et le plan d'action de Durban constituent des documents importants qui doivent guider la réflexion et l'action des États, des organisations gouvernementales et non gouvernementales. Il a exprimé sa préoccupation face à la montée de la xénophobie à l'encontre des migrants qui est une des causes principales du racisme contemporain, surtout suite aux événements du 11 septembre. Il a cité des exemples des activités de son organisation : coopération technique avec les États, formation de fonctionnaires nationaux, programmes d'information sur les droits et les devoirs des migrants, mesures contre la traite des personnes et le trafic de migrants, programme facilitant des migrants réguliers. Le représentant a déclaré que l'OIM apportera sa contribution, dans la mesure de ses compétences, à la réalisation des objectifs qu'elle partage avec la Commission. Il a réitéré son appel pour que les États ratifient et mettent en œuvre le Protocole des Nations Unies contre le trafic des migrants par terre, air et mer, le Protocole visant à prévenir la traite des personnes ainsi que la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Il a déclaré que ces mesures ne seront un instrument de progrès que si, individuellement et collectivement, tous ont la volonté de travailler dans ce sens.
M. DIEGANE SAMBA THIOUNE (Sénégal) a estimé que les documents issus de la Conférence de Durban constituent une réelle avancée et un motif d'espoir. Il convient maintenant de traduire en mesures concrètes la volonté politique exprimée lors de la Conférence mondiale contre le racisme. Il a insisté sur le fait que ces décisions ne prennent tout leur sens que si on les replace dans la perspective de l'histoire. Il faut rappeler qu'aucun autre continent que l'Afrique n'a payé un aussi lourd tribut au racisme et à la discrimination raciale. En effet, il apparaît impossible de parler de racisme aujourd'hui sans faire l'inventaire du passé. Il s'est déclaré confiant, malgré les difficultés et les incompréhensions perçues ici et là, dans la possibilité de s'atteler sans tarder à la mise en œuvre effective des documents finaux de Durban. Dans ce contexte, le représentant s'est félicité de la mise en place, en octobre 2001 à Abuja, du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique afin de créer les synergies nécessaires pour éradiquer la pauvreté et jeter les bases d'un développement économique durable et permettre à l'Afrique, avec l'aide de ses partenaires, de surmonter les handicaps hérités de son histoire.
M. MICHAEL OYUGI (Kenya), a déclaré que la Conférence mondiale de Durban a été un événement historique. Il a souligné que, pour la première fois de l'histoire, la communauté internationale a reconnu l'esclavage comme un crime contre l'humanité, qu'elle s'est engagée à aider les pays en développement et à faciliter le développement de la nouvelle initiative africaine afin de redresser les injustices du passé. Il a souligné l'urgence de mettre en pratique le plan d'action de Durban, surtout suite aux événements de septembre 2001. Il a déclaré que son pays se félicite des décisions adoptées par l'Assemblée générale lors de la conférence mondiale de Durban. Il a estimé qu'il est impérieux d'œuvrer ensemble pour éradiquer le racisme.
Le représentant s'est félicité de la création de l'unité antidiscrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l'homme. Il a salué la nomination des cinq experts indépendants et a espéré que la Commission adoptera une résolution audacieuse et tournée vers l'avenir et qui tiendra compte des résolutions prises lors de la conférence de Durban.
MME ELSA LE PENNEC (Organisation mondiale contre la torture) s'est félicitée de la nomination de cinq experts indépendants pour le suivi de la Conférence de Durban et d'une unité antidiscrimination au sein du Haut-Commissariat. Elle a regretté que les documents de Durban ne fassent pas mention de la discrimination raciale dans le contexte pénitentiaire ni dans les camps de réfugiés. À ce propos, elle a dénoncé les conditions de détention des migrants et des demandeurs de droit d'asile en Australie. Elle a espéré que la visite du Groupe de travail sur la détention arbitraire permettra de faire la lumière sur cette situation. La représentante a ensuite demandé à la Commission que les mécanismes des traités enquêtent sur la torture et les mauvais traitements perpétrés pour des raisons de race.
M. DANIEL LACK (Congrès juif mondial) a déclaré la Conférence de Durban, qui aurait pu être une grande occasion, s'est transformée en débâcle. Il a déploré que des attitudes de haine et de racisme contre le peuple juif ont été se sont exprimées lors de la conférence. La responsabilité de cet échec doit être attribuée aux États membres de l'Organisation de la Conférence islamique. Il a regretté le recours à deux poids, deux mesures et la diabolisation de l'État juif qui accompagne le suivi de la Conférence mondiale de Durban.
M. DAVID LITTMAN (Union mondiale pour le judaïsme libéral) a estimé que la Conférence de Durban avait été prise en otage par un groupe de dictatures et d'organisations non gouvernementales démagogues. Il a dénoncé la Conférence comme une mascarade où les va-t-en guerre ont tenté de se faire passer pour favorables à la paix. Il a estimé que l'antisionisme ne masquait rien d'autre que l'antisémitisme.

Exercice du droit de réponse
Le représentant de la Lettonie s'est étonné des propos tenus par le représentant de la Fédération de Russie qui semble oublier le passé et qui décrit la situation en Lettonie de manière erronée. Il a affirmé que son pays s'était acquitté de toutes ses obligations découlant des traités et avait été félicité par l'Organisation internationale pour les migrations à ce sujet.
Le représentant de la Fédération de Russie a espéré que le dialogue avec les mécanismes internationaux dont a parlé la Lettonie se poursuivra et permettra d'évaluer des faits concrets. Il a expliqué qu'il avait basé son argumentation sur les inquiétudes exprimées, notamment par les institutions européennes, à l'égard de la situation en Lettonie et s'est déclaré disposé à poursuivre son argumentation en se basant sur de nouveaux faits concrets.


* *** *

VOIR CETTE PAGE EN :