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Communiqués de presse Organes conventionnels

LE COMITÉ DES DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS EXAMINE LE RAPPORT DE L'ÉQUATEUR

06 Mai 2004



6 mai 2004


Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a examiné, dans la journée d'hier et ce matin, le deuxième rapport périodique de l'Équateur sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur ce rapport avant de les rendre publiques à la fin de sa session, le vendredi 14 mai prochain.

Présentant le rapport de son pays, M. Hernán Escudero Martínez, Représentant permanent de l'Équateur auprès des Nations Unies à Genève, a indiqué qu' en dépit des efforts déployés par l'État équatorien pour assurer la pleine jouissance des droits économiques, sociaux et culturels, les turbulences sociales, économiques et politiques de ces dernières années, aggravées par l'une des pires crises économiques et financières qu'ait connues le pays, entre 1998 et 2000, ont eu un impact négatif sur la situation économique et sociale de la population. Il a attiré l'attention sur la «dollarisation de l'économie», la crise bancaire et la manière dont des groupes de banquiers peu scrupuleux se sont illicitement appropriés des milliards de dollars. En outre, a ajouté le Représentant permanent, le phénomène de l'émigration de citoyens équatoriens vers des pays tiers ainsi que le phénomène de l'immigration en Équateur d'un nombre sans cesse croissant de ressortissants des pays voisins, ainsi que le service de la dette, ont entravé les efforts en matière de mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels. Il a ajouté que la pauvreté en Équateur a un caractère structurel.

La délégation équatorienne était également composée de représentants du Sous-Secrétariat au développement social, rural et urbain; du Conseil national de la femme; du Conseil des nationalités et peuples de l'Équateur; du Ministère des relations extérieures; ainsi que de la Mission permanente de l'Équateur auprès des Nations Unies à Genève. La délégation a fourni des compléments d'information sur la situation des populations autochtones, l'impact de la dollarisation de l'économie et des flux migratoires, le travail des enfants et la prostitution infantile, la situation s'agissant de la pauvreté et les questions de santé, notamment.

La délégation a notamment indiqué que l'État recherche toujours le consensus avec les collectivités autochtones sur les territoires desquelles sont menées des explorations minières en vue d'une éventuelle exploitation ultérieure, a-t-elle assuré.

Plus d'un million d'enfants travaillent en Équateur dont plus de la moitié ont entre 5 et 9 ans, a par ailleurs indiqué la délégation. Elle a souligné que le pays met en œuvre un programme d'éradication progressive du travail des enfants, qui a été a prorogé jusqu'en 2007.


Le Comité rencontrera cet après-midi, à 15 heures, le Président du Groupe de travail chargé de l'élaboration d'un protocole facultatif se rapportant au Pacte.



Présentation du rapport de l'Équateur

Présentant le rapport de son pays, M. HERNÁN ESCUDERO MARTÍNEZ, Représentant permanent de l'Équateur auprès des Nations Unies à Genève, a rappelé que ce deuxième rapport périodique couvre la période allant de 1992 à 2004. Depuis 1990, a-t-il affirmé, l'État équatorien a réalisé, dans le domaine des droits de l'homme, d'importants progrès qui se reflètent dans des mesures législatives, judiciaires et administratives. La promotion et le respect des droits de l'homme relèvent d'une politique d'État depuis juin 1998, a-t-il indiqué. Il a souligné que la réforme constitutionnelle opérée en 1998 a consacré d'importantes avancées en matière de promotion, de protection et de défense de ces droits. À cet égard, il a mis l'accent sur la reconnaissance du recours en habeas corpus et en habeas data ainsi que du recours en amparo, ce qui renforce de manière significative les mécanismes garantissant aux individus et aux collectivités la pleine protection de leurs droits. Cette réforme confirme en outre la reconnaissance constitutionnelle du Défenseur du peuple, organe créé en 1998, sans doute l'un des plus importants en matière de défense des droits de l'homme. M. Escudero Martínez a par ailleurs fait part de l'adoption par son pays d'un Plan national des droits de l'homme assorti d'une Commission permanente d'évaluation et de suivi. Depuis décembre 2002, l'Équateur dispose en outre d'une Commission de coordination publique pour les droits de l'homme dont le mandat consiste à faire en sorte que soient respectés les engagements que le pays a contractés en vertu des instruments internationaux de droits de l'homme. Cette commission est notamment responsable de l'élaboration des rapports devant être présentés en vertu des traités ainsi que de la mise en œuvre des recommandations émanant des organes conventionnels.

Au cours de la période couverte par le présent rapport et en dépit des efforts déployés par l'État équatorien pour assurer la pleine jouissance des droits économiques, sociaux et culturels, les turbulences sociales, économiques et politiques de ces dernières années, aggravées par l'une des pires crises économiques et financières qu'ait connues le pays, durant les années 1998-2000, ont eu un impact négatif sur la situation économique et sociale de la population, a poursuivi M. Escudero Martínez. Il a notamment attiré l'attention sur la «dollarisation de l'économie», la crise bancaire et la manière dont des groupes de banquiers peu scrupuleux se sont illicitement appropriés des milliards de dollars ainsi que des propriétés de détenteurs de comptes de dépôt et d'épargnants des classes moyennes. En outre, a ajouté le Représentant permanent, le phénomène de l'émigration de citoyens équatoriens vers des pays tiers ainsi que le phénomène de l'immigration en Équateur d'un nombre sans cesse croissant de ressortissants des pays voisins ont entravé les progrès en matière de mise en œuvre des droits économiques, sociaux et culturels. M. Escudero Martínez a par ailleurs attiré l'attention sur l'instabilité politique et les divers changements de gouvernements intervenus ces dernières années qui, s'ils se sont produits dans le cadre constitutionnel, n'en ont pas moins entraîné des périodes de paralysie de l'action publique, d'incertitude et de récession des activités productives. Il convient à cet égard de mettre l'accent sur l'importante charge que le service de la dette publique extérieure fait peser sur les finances de l'État, grevant d'autant les ressources qui pourraient être consacrées à l'investissement social et à l'infrastructure productive. La structure même du système international en vigueur oblige l'Équateur, comme une grande partie des pays en développement, à consacrer un très fort pourcentage des revenus de la République au paiement de la dette extérieure, a rappelé le Représentant permanent.

La pauvreté en Équateur a un caractère structurel : c'est un phénomène massif qu'il est difficile de réduire eu égard aux paramètres fixés dans le cadre des stratégies de développement en vigueur, a poursuivi M. Escudero Martínez. La réduction de la pauvreté exige des changements profonds, tant dans les politiques sociales que dans les politiques économiques, qui, bien qu'abordés par l'État, s'inscrivent dans le cadre d'un processus lent et graduel, a-t-il déclaré.

Le deuxième rapport périodique de l'Équateur (E/1990/6/Add.36) indique que la population du pays a diminué, essentiellement en raison d'un courant d'émigration, notamment vers les États-Unis, l'Espagne et l'Italie. La Constitution de 1998 proclame certains droits fondamentaux tels que la reconnaissance des minorités ethniques, de leurs langues et de leurs cultures ancestrales, ce qui n'était pas le cas des constitutions antérieures. Les enfants, les adolescents, les femmes enceintes, les personnes handicapées, les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies graves, sont définis par la Constitution comme des groupes vulnérables nécessitant une attention préférentielle de la part des organismes publics et privés. La contribution active de la femme au devenir de la société équatorienne, caractérisée essentiellement par le changement de son rôle et la part qu'elle a réussi à assumer, au prix de beaucoup d'efforts, dans la prise de décision au cours des dernières années, n'a cessé de renforcer sa présence dans la politique et sa volonté d'être entendue en tant que partie intégrante de la nation. Les femmes se marient plus tôt que les hommes, poursuit le rapport. Les mariages contractés dans les groupes d'âges de moins de 19 ans le sont en majorité par des femmes, alors que la majorité des hommes se marient entre 20 et 24 ans. Bien que le taux d'analphabétisme en Équateur ait sensiblement diminué, il subsiste à cet égard une différence entre les sexes '(12,1% pour les femmes et 8,3% pour les hommes en 1998). Le Code du travail prévoit l'égalité de rémunération des femmes et des hommes, mais les femmes participent moins que les hommes au marché du travail et 'elles se cantonnent davantage dans le secteur informel, où les rémunérations sont inférieures à ce qu'elles sont dans le secteur officiel.

Le rapport souligne que les dégâts occasionnés par le phénomène El Niño dans la région de la côte a affecté la production agricole, à quoi s'ajoutent la destruction de 80 % des routes de cette région et les dommages subis par l'infrastructure hospitalière. La reprise des exportations agricoles des dernières années n'a pas donné lieu à une création suffisante d'emplois. Le niveau du chômage a atteint 14,4% et celui du sous-emploi 56,9%. Les salaires n'ont cessé de baisser en termes réels et la concentration de la richesse s'est accentuée. Dans ce contexte, la pauvreté a augmenté dans le pays au cours des dernières années ; le taux de pauvreté pour la population urbaine était de 69,7% - dont 30,5% d'indigents - en 1997 et de 78,5% - dont 46,2% d'indigents - en 1999. C'est parmi les populations autochtone et noire des zones rurales que la situation est à cet égard la plus critique. Le rapport indique par ailleurs que les personnes handicapées représentaient en 1996 13,2% de la population, soit environ 1,6 million de personnes. Il existe dans le pays une discrimination à l'égard des personnes handicapées, qui touche surtout la femme dans le domaine du travail, l'emploi des femmes handicapées étant considéré comme une source de problèmes. Le Code du travail interdit le recrutement de mineurs de moins de 14 ans, indique par ailleurs le rapport, mais il ajoute que, sous l'effet de la crise économique, le recours à la main-d'œuvre mineure n'a cessé de s'accroître. En vertu de la Constitution, l'éducation publique est obligatoire pendant le cycle de base et gratuite jusqu'au baccalauréat ou au niveau équivalent. Le manque d'attention accordée par l'État à l'éducation des autochtones se manifeste par un taux élevé d'abandons et de redoublements scolaires, reconnaît le rapport.


Examen du rapport

Les membres du Comité ont demandé des compléments d'information à la délégation équatorienne concernant plusieurs questions ayant trait à l'application du Pacte dans le pays.

Un expert a notamment fait observer que, selon de nombreuses sources, il semblerait que les tribunaux soient hautement politisés en Équateur. Selon les informations contenues dans un rapport d'Amnesty International datant de 2003, a relevé un autre expert, les tribunaux de première instance semblent être composés de policiers qui exercent les fonctions de policiers et de juges; or ce sont ces tribunaux qui se prononcent sur la recevabilité des affaires.

En réponse à cette question, la délégation a assuré qu'il n'y a pas de juges policiers en Équateur. Bien entendu, 'la police fournit un appui au système de justice en général, sous la forme d'une coopération en amont du traitement des affaires par les magistrats. Ainsi, la police et la justice travaillent-elles en étroite collaboration, mais en aucune façon il n'existe de juges policiers, a insisté la délégation. Elle a précisé que des cours de formation concernant les principes et procédures de l'action judiciaire sont dispensés aux policiers afin qu'ils puissent coopérer aux enquêtes menées par le Procureur, de manière à ce que, par la suite, des procès ne soient pas annulés en raison d'une erreur de procédure.

La délégation a par ailleurs indiqué qu'un processus de modernisation de l'appareil judiciaire a été opéré en Équateur avec l'appui d'organisations non gouvernementales totalement indépendantes. Dans le cadre de ce processus de modernisation, une politique de lutte contre la corruption est menée dans le secteur de la magistrature et les juges reconnus coupables sont sanctionnés avec toute la rigueur voulue, a précisé la délégation.

Un membre du Comité a rappelé que, dans son rapport, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones, M. Rodolfo Stavenhagen, indique que son attention a été attirée sur la situation des populations autochtones de la communauté de Sarayaco, qui réclament leur droit à la terre face à un consortium composé des compagnies Chevron et Texaco, des États-Unis, et CGC d'Argentine, lesquelles, depuis cinq ans, exploitent du pétrole en vertu d'une concession accordée par le Gouvernement équatorien. Comment est assuré le droit des peuples autochtones à disposer librement de leurs terres ancestrales, a demandé l'expert?

La délégation a déclaré que le paragraphe du rapport de M. Stavenhagen auquel cet expert vient de faire référence contient des informations inexactes. L'Équateur a d'ailleurs fait une déclaration sur cette question durant la dernière session de la Commission des droits de l'homme. S'agissant de la communauté de Sarayaco, a ensuite déclaré la délégation, il est important de signaler qu'effectivement, l'État équatorien a eu des réunions avec cette communauté et a reconnu qu'il y avait eu un manque de communication avec ladite communauté et que, donc, les dispositions de la Convention n°169 de l'Organisation internationale du travail n'avaient pas été dûment respectées. La délégation a précisé que deux groupes se sont opposés au sein de cette communauté, l'un opposé au programme d'exploitation pétrolière, l'autre estimant que la présence d'entreprises comme la CGC argentine permet de créer des emplois, y compris au bénéficie des autochtones de la zone qui peuvent ainsi améliorer leur sort'. Au cours des trois réunions qui ont été organisées, en présence de différentes institutions de l'État, ont notamment été débattues les questions liées à l'impact sur l'environnement et à l'impact économique, ainsi que la question des besoins de l'État équatorien qui souhaite voir exploiter les richesses pétrolières. Néanmoins, certains représentants autochtones n'ont pas daigné participer à ces réunions. Désormais, les représentants de cinq entités de l'État ainsi que de deux organisations non gouvernementales doivent se rendre dans la communauté de Sarayaco afin de constater sur place si les mesures de précaution demandées par la Commission interaméricaine des droits de l'homme s'agissant de cette communauté ont été mises en œuvre. Cette visite se déroulera à la fin du mois de mai 2004. L'objectif est de trouver une solution définitive aux problèmes soulevés par la communauté de Sarayaco, a précisé la délégation.

Un expert ayant souhaité savoir si les autochtones sont systématiquement consultés à chaque fois qu'existe un projet d'exploitation de ressources naturelles sur leurs terres, la délégation a assuré que 'l'Équateur est toujours très respectueux des opinions de la population et donc aussi des autochtones. L'État recherche toujours le consensus avec les collectivités autochtones sur les territoires desquelles sont menées les explorations en vue d'une éventuelle exploitation ultérieure, a précisé la délégation.

Un autre membre du Comité a insisté sur les discriminations dont sont victimes les populations autochtones, en particulier dans les domaines de l'éducation et de l'emploi.

S'agissant de la participation politique des autochtones, la délégation a souligné que des députés autochtones siègent au Parlement. Il y a quelques mois, l'Équateur a été le premier pays à nommer une ministre autochtone, a fait valoir la délégation. Depuis la démocratisation du pays, de grands efforts ont été déployés en faveur des autochtones, a-t-elle insisté. Depuis 1990, les autochtones sont davantage intégrés dans la société, y compris au niveau politique. Les autochtones en Équateur sont considérés comme des personnes tout à fait capables et ne font pas partie des groupes vulnérables, a déclaré la délégation. Elle a précisé qu'il existe au sein de la population autochtone une grande diversité de situations économiques et différents degrés d'insertion selon les groupes considérés. Les mesures spéciales de protection mises en œuvre par le Gouvernement s'intéressent en priorité aux questions liées à la santé de base, à l'alimentation, à l'éducation de base, à l'emploi et au logement, a indiqué la délégation.

Les Équatoriens d'origine africaine semblent se situer au bas de l'échelle sociale, a pour sa part fait observer un membre du Comité. Quelles mesures concrètes sont-elles prises pour limiter l'émigration des Équatoriens, a demandé un autre expert?

Interrogée sur la démographie du pays et son évolution, la délégation a notamment indiqué que la population de 'l'Équateur est métissée à 90%. Un million d'Équatoriens ont émigré ces dernières années, mais le pays a également connu un important flux d'immigration en provenance des pays voisins, notamment de la Colombie, a poursuivi la délégation. Fidèle à sa tradition humanitaire, l'Équateur a donc mis en œuvre, en coopération avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), un programme qui, du point de vue des Nations Unies, est considéré comme un modèle. Les personnes en provenance des pays tiers ne souffrent d'aucune discrimination et sont dûment protégées, a poursuivi la délégation. Le nombre d'immigrants en provenance des pays voisins - en particulier de Colombie et du Pérou - est beaucoup moins important que celui des Équatoriens qui ont émigré ces dernières années vers l'Espagne, l'Italie ou encore les États-Unis, a souligné la délégation. Un Sous-Secrétariat aux affaires de migration a récemment été ouvert, a fait valoir la délégation.

Interrogée sur d'éventuelles attitudes xénophobes à l'encontre des immigrants colombiens, la délégation a expliqué qu'ont été constatées des attitudes non pas xénophobes mais suscitées par un malaise croissant face à une situation économique qui s'aggrave depuis 1998. Le nombre important de Colombiens venus s'établir dans des régions déjà déprimées - car isolées des centres de pouvoir - fait qu'il n'y a parfois plus assez d'écoles pour accueillir tous les enfants, ce qui crée un certain malaise, lequel ne saurait pour autant être qualifié de xénophobie, a insisté la délégation. Nos frères de Colombie sont toujours très bien reçus en Équateur, a-t-elle assuré.

La délégation a indiqué que l'Équateur a pour politique de ne pas établir de camps de réfugiés mais de chercher à intégrer les réfugiés dans la communauté équatorienne, sur la base de l'accès absolu à tous les services fondamentaux. L'Équateur ne cherche pas à assimiler la population colombienne mais à lui assurer une intégration participative au sein de la société, a précisé la délégation. Pour faire face au nombre croissant de demandes d'asile émanant de citoyens colombiens, le Gouvernement a créé la Commission pour la détermination du statut des réfugiés en Équateur. Au 1er mai de cette année, la Commission avait reçu 24 787 demandes dont 6 908 ont été acceptées, a indiqué la délégation. Les citoyens colombiens qui n'ont pas obtenu le statut de réfugié restent en situation irrégulière en Équateur, ce qui ne manque pas d'avoir des incidences négatives sur la situation économique et sociale du pays, a-t-elle ajouté. Il y a en Équateur environ un million de Colombiens, a précisé la délégation, soulignant qu'il ne s'agit pas là d'un chiffre officiel.

La délégation a souligné que la dollarisation de l'économie équatorienne a permis d'augmenter le PIB et de stabiliser le système monétaire. Sur le plan macroéconomique, on peut donc parler de stabilisation. Le déficit budgétaire est grave, a-t-elle poursuivi, mais l'Équateur ne pense pas, étant donné la mondialisation de l'économie, qu'il lui faille changer de système monétaire maintenant qu'il a «pris pied dans le monde des grands». Il convient désormais de renforcer les stratégies industrielles visant à 'augmenter la production, a affirmé la délégation.

La délégation a notamment indiqué que le taux de chômage s'établit à 15,6%. Elle a également précisé que le déficit public, en baisse, s'établit à 600 millions de dollars.

En Équateur, le Défenseur du peuple est également chargé de la défense du consommateur, a indiqué la délégation. Elle a notamment indiqué que, suite à une coupure de courant de douze heures qui s'est récemment produite, qui a entraîné des dommages pour de nombreux appareils ménagers, le tribunal du consommateur a été saisi et les consommateurs lésés devraient être indemnisés.

Les droits économiques, sociaux et culturels peuvent être invoqués devant les tribunaux équatoriens, a souligné la délégation. Pour autant, il convient de déployer des efforts afin de promouvoir au sein de la population une culture de revendication de ces droits.

S'agissant des questions relatives au droit du travail, un membre du Comité a relevé que le nombre d'inspecteurs du travail est insuffisant pour un territoire tel que celui de l'Équateur. Cet expert a également rappelé qu'un nombre important d'enfants travaillent mais s'est félicité que l'Équateur collabore', dans ce domaine, avec le Bureau international du travail. L'expert s'est par ailleurs inquiété de la persistance d'un déni implicite du droit de grève pour les fédérations et confédérations syndicales, lesquelles, comme l'a rappelé le BIT, doivent pouvoir jouir de ce droit. Un autre expert a relevé que 40% de la population active est sous-employée et que cela semble notamment imputable au sous-emploi dans le secteur public.

En ce qui concerne le travail des enfants, la délégation a rappelé que l'Équateur a adhéré à la Convention relative aux droits de l'enfant, qui impose dans ce domaine un certain nombre d'obligations aux États parties. L'âge minimum d'accès à l'emploi est de 15 ans, a précisé la délégation. En vertu de l'article 85 du Code de l'enfance, le Ministère du travail est chargé de tenir un registre des adolescents qui travaillent, a précisé la délégation. Elle a en outre souligné le rôle important joué par l'Institut de l'enfance et de la famille en matière de promotion et de protection de l'enfant; cet institut dépend directement de la Présidence de la République et est présidé par l'épouse du Président de la République. Malheureusement, d'après les statistiques disponibles, un peu plus d'un million d'enfants travaillent en Équateur dont plus de la moitié ont entre 5 et 9 ans. Une telle situation ne manque pas d'engendrer des difficultés sociales, notamment du point de vue de la santé et du développement des mineurs, a déclaré la délégation. Eu égard à la gravité de ce problème, la question de l'éradication du travail des enfants a été intégrée à la politique gouvernementale dans le domaine des droits de l'homme, a-t-elle souligné. La délégation a rappelé qu'en 1997, l'Équateur a signé avec le BIT un mémorandum d'accord visant l'exécution du programme d'éradication progressive du travail des enfants. En avril 2002, ce programme a été prorogé jusqu'en 2007, a indiqué la délégation.

Un membre du Comité s'est inquiété d'informations indiquant que les enfants qui travaillent dans les plantations de bananes continuent de travailler même pendant que des avions épandent des pesticides. Ce même expert a cité des informations indiquant que 5 000 enfants mineurs se livrent à la prostitution dans le pays. Cet expert a par ailleurs relevé que le Code pénal fournit une définition extrêmement restrictive du viol : la victime ne doit pas avoir plus de douze ans et ne pas être en mesure de résister. De ce fait, les victimes portent très rarement plainte. Il semblerait donc que les cas de viols soient très fréquents en Équateur mais rarement poursuivis, a ajouté l'expert. Il s'est en outre inquiété du nombre important de grossesses non désirées chez les filles, parfois très jeunes.

En réponse aux inquiétudes exprimées par certains s'agissant du travail de mineurs dans les bananeraies du pays, la délégation a indiqué qu'un Forum social bananier a été créé pour 'éliminer toute présence d'enfants de moins de 15 ans dans les plantations. Quatre-vingt huit plantations de bananes ont été inspectées dans lesquelles ont été identifiés et enregistrés 180 mineurs. Les principaux producteurs de bananes se sont engagés à ne pas embaucher de mineurs et à réorienter les travailleurs adolescents vers des travaux moins dangereux.

S'agissant de la prostitution infantile, la délégation a rappelé que le Code de l'enfance, entré en vigueur le 3 juillet 2003, traite de la problématique des enfants victimes de trafic et d'exploitation sexuelle. À La délégation a précisé qu'un système spécialisé d'administration de la justice a été créé.

'La délégation a admis que la législation reste lacunaire s'agissant de la violence contre les femmes, puisque la violence au sein de la famille n'est pas considérée comme un délit mais comme une contravention. Le délit de viol tel qu'il est défini dans le Code pénal exige des preuves matérielles de résistance physique et il est vrai qu'il y a là aussi un problème, a admis la délégation. D'une manière générale, il y a un problème culturel s'agissant de ces questions, a-t-elle reconnu.

Un autre membre du Comité s'est enquis de l'incidence du Plan Colombie sur l'Équateur. Ce plan prévoyant notamment la fumigation des plantations de coca, il serait intéressant de savoir si l'Équateur est concerné par ces fumigations, a demandé cet expert.

La délégation a affirmé qu'aucune fumigation n'est pratiquée en Équateur et qu'aucun programme de ce type n'est mis en œuvre. L'Équateur s'attache éventuellement à atténuer les éventuels effets découlant de fumigations opérées sur le territoire colombien, a ajouté la délégation. La Colombie et l'Équateur ont signé en avril 2004 un mémorandum d'entente par lequel le Gouvernement colombien s'abstiendra d'opérer des fumigations dans la zone frontière avec l'Équateur. Les cas sporadiques de déplacements de population qui se sont produits dans la zone frontière nord-équatorienne ne résultaient pas de fumigations mais plutôt de la menace que représentent les forces irrégulières colombiennes.

Plusieurs membres du Comité se sont inquiétés de la hausse de la pauvreté en Équateur, phénomène qui touche notamment une écrasante majorité des autochtones. Le pays s'est-il doté d'une stratégie de réduction de la pauvreté, a demandé l'un d'eux? Il a été souligné que le pays compte 88 000 sans-abri et que, selon la Banque mondiale, les conditions de vie sont telles qu'il y a eu multiplication des colonies de squatteurs.

En ce qui concerne la pauvreté, dont il a été souligné qu'elle 'touchait 54% de la population en 1995 et 77% en 2003, la délégation a souligné que les autorités équatoriennes se sont efforcées de venir en aide aux couches les plus vulnérables et les plus marginalisées. L'Équateur souffre d'une pénurie d'environ un million de logements mais il est difficile pour l'État de faire face à cette situation faute de ressources suffisantes, a par ailleurs déclaré la délégation. En Équateur, la cause de la pauvreté ces dernières années a été non pas l'augmentation de la dette mais l'augmentation importante de la part du budget consacrée au paiement de la dette, a déclaré la délégation.

S'agissant des questions de santé, un membre du Comité a rappelé que 87 000 cas de paludisme sont officiellement recensés en Équateur. La Banque mondiale souligne pour sa part que 50% de la population équatorienne vit dans des zones exposées à cette maladie. Aussi, cet expert s'est-il enquis des mesures prises par l'État pour éradiquer ou tout au moins réduire les cas de paludisme.

La délégation a souligné que depuis quelques années, les autorités se penchent avec attention sur la question de la santé des populations autochtones. Elle a notamment souligné que les pratiques de médecine ancestrale sont reconnues et que le Gouvernement a relancé les programmes d'assistance sanitaire 'dans les communautés autochtones.

S'agissant des questions d'éducation et notamment de l'abandon scolaire, la délégation a fait observer que beaucoup plus de filles que de garçons quittent l'école, notamment pour répondre à des besoins familiaux. L'action en faveur de l'alphabétisation a souffert d'un manque de programmation à long terme, a par ailleurs reconnu la délégation. Dans la mesure où on ne s'y attaque pas de manière systématique, le phénomène de l'analphabétisme ne parvient pas à être éradiqué, a reconnu la délégation.

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