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Communiqués de presse

PAR LE CARACTERE TRANSFRONTIERE DE SES ENJEUX, LE DEVELOPPEMENT DURABLE DOIT AVOIR POUR MOTEUR LA COOPERATION REGIONALE

03 Septembre 2002



3 septembre 2002
Après-midi





JOHANNESBURG, le 3 septembre -- A la veille de l’issue de ses travaux, le Sommet de Johannesburg, réuni depuis le 26 août, a poursuivi, cet après-midi, son segment de haut niveau au cours duquel des appels à un renforcement de la coopération régionale ont été lancés compte tenu du caractère transfrontière des enjeux du développement durable, du niveau des capacités humaines et institutionnelles nécessaires et du coût des technologies écologiquement saines. De manière générale, le Ministre des affaires étrangères d’Israël a demandé «Quel est le plus puissant facteur de changement, les accords politiques ou la coopération régionale?» Se référant à la situation au Proche-Orient qu’il qualifie de «trouble», M. Shimon Peres a suggéré la coopération régionale comme instrument du développement durable et de la paix. Le développement régional ne saurait être différé, a-t-il insisté, tout en évoquant plusieurs projets dont l’établissement d’une banque d’eau régionale.

Le rôle de la coopération régionale dans le développement durable a également été reconnu et souligné par le Président de Madagascar puisqu’il a «permis à son pays de sortir d’une crise politique aux répercussions économiques graves». M. Marc Ravalomanana, qui s’est félicité de cette première occasion de participer à une rencontre internationale, a fait part de la détermination des Malgaches à se tourner résolument vers l’avenir et, ce faisant, a adhéré à l’idée, défendue hier par le Président de la France, de créer une agence mondiale de l’environnement. L’une de nos priorités, a indiqué, pour sa part, le Premier Ministre de la Bosnie-Herzégovine, est de finaliser le processus d’intégration régionale en Europe. M. Dragan Mikerevic y a vu un moyen efficace de faire avancer l’agenda du développement durable.

Dans les pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale, l’inefficacité en la matière vient de l’absence de stratégies, d’institutions fiables et de mesures coordonnées, a expliqué la Présidente du Parlement hongrois, Mme Katalin Szili, pour souligner, à son tour, la détermination de son pays d’adhérer à l’Union européenne. Plusieurs exemples de coopération régionale ont été donnés, cet après-midi. Ainsi, le Ministre de l’environnement de Singapour a estimé qu’en tendant une main secourable au reste de la planète, il est possible de la rapprocher d’un pas vers le développement durable. M. Lim Swee Say a fait part, dans ce contexte, de la coopération offerte par son pays aux Etats de la région du Pacifique, en particulier dans le domaine de l’eau et de l’assainissement ainsi que d’un programme sur le renforcement des capacités pour la gestion de la pollution transfrontière, mené dans le cadre de l’ANASE.

Plusieurs références ont été faites à la Nouvelle Initiative pour le développement de l’Afrique (NEPAD) dans le cadre de laquelle les dirigeants africains ont sollicité l’appui de la communauté internationale afin de stimuler plus avant le développement et les progrès sur le continent. Des appels à un soutien technique et financier ont été lancés par les Etats de l’Alliance du Pacifique en faveur de leur Initiative-cadre pour le développement durable.

En écho aux propos relatifs à l’aide, le Premier Ministre de la Norvège, M. Kjell Magne Bondevik, a rappelé que son pays a déjà dépassé le seuil des 0,7% du PNB consacré à l’APD avant d’annoncer sa décision de porter cet effort à 1% d’ici à 2005 et de débloquer 50 millions de dollars supplémentaires pour le suivi du Sommet de Johannesburg.

Outre les intervenants cités plus haut, les Présidents, Vices-Présidents, Premiers Ministres, Ministres et représentants des pays suivants ont pris la parole: Samoa, Kiribati, République-Unie de Tanzanie, Irlande, Côte d’Ivoire, Maurice, Guinée équatoriale, Guinée, Dominique, Ethiopie, République démocratique populaire de Corée, Emirats arabes unis, Kirghizistan, Malte, Tonga, Viet Nam, Belize, Thaïlande, îles Salomon, Chypre, El Salvador, Lituanie, Barbade, Chili, Libye, Myanmar, Sierra Leone, Suriname, Cuba, Trinité-et-Tobago, Bangladesh, Autriche, Arabie saoudite, Syrie, Slovaquie, Yémen, Azerbaïdjan, Egypte, Népal, Tchad et Philippines.

Le Sommet de Johannesburg poursuivra son débat de haut niveau demain, 4 septembre, à 9 heures.


Débat général

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Samoa, a regretté qu’à l’échelle internationale, l’engagement politique et la direction requis pour réaliser le développement durable fassent toujours défaut. Les petits Etats insulaires portent la charge la plus lourde pour que ce qui est du Programme d’action de la Barbade. Ces Etats doivent faire face à la nature et souhaitent qu’un engagement ferme de leurs partenaires sont pris afin d’accorder l’attention requise à leur situation vulnérable. Les tendances des dix dernières années ont montré l’état d’aggravation des océans dont le niveau ne cesse de monter, la déperdition des ressources halieutiques. L’adoption d’un ensemble de politiques régionales est venue définir un cadre de collaboration afin de sauvegarder ces ressources. La question du changement climatique est une question fondamentale pour l’existence des petits Etats insulaires. Or, la réponse de la communauté internationale n’a pas été suffisante. Johannesburg doit prendre les décisions qui s’imposent pour éviter le désastre. Il doit appeler à une entrée en vigueur rapide du Protocole de Kyoto. En la matière, Samoa appuie le FEM qui a financé la gestion de l’environnement dans différents pays. Il appelle le FEM à mettre en œuvre des micro-projets pour répondre aux besoins immédiats des petits Etats insulaires en développement. Johannesburg doit jeter les bases pour des initiatives mondiales de renforcement des capacités répondant aux besoins immédiats et à long terme de tous les peuples. Samoa demande un appui adéquat aux partenariats dans le domaine de l’éducation et qu’une attention particulière soit portée aux processus économiques mondiaux pour élargir l’accès aux marchés des pays du Sud.

M. TEBURORO TITO, Président de Kiribati, a déclaré que nous ne sommes pas ici par choix mais par nécessité car notre terre ne se porte pas bien. Pour sauver la terre, il faut tisser des nouveaux partenariats entre les pauvres et les riches. Il faut également faire le bilan des progrès réalisés pour répondre aux enjeux lancés à Rio il y a dix ans et dresser une carte visant à faire en sorte que le monde ne soit pas moins vert ni moins naturel que lorsque nos ancêtres nous l’ont légué. On a beaucoup parlé de ce développement durable comme une des solutions les plus prometteuses mais l’on doit s’assurer qu’il porte bien ses fruits. A la lumière de cela, Kiribati a développé une politique de développement qui met accent sur la qualité de la vie humaine de tous ses habitants. Les préoccupations et les peurs dont font preuve les dirigeants du monde indiquent que nous continuons d’exploiter de façon non durable notre planète pour alimenter, entre autres, des comptes bancaires. Si nous continuons d’attendre, des pays de faible altitude ne seront bientôt plus habitables. Nous observons des changements dans les climats qui représentent un réel danger en terme de l’élévation du niveau de la mer. La pollution doit également être évitée par la prise de mesures efficaces. Il n’y aura pas développement durable si l’utilisation d’énergies renouvelables n’est pas encouragée. Kiribati désire voir un engagement plus approfondi des pays développés en matière d’aide aux pays en développement.

Nous sommes venus à Johannesburg défendre les idéaux de justice dans le développement durable, a dit M. KJELL MAGNE BONDEVIK, Premier Ministre du Royaume de Norvège. Car la justice sous-tend le processus de développement durable et exige que des mesures soient prises dans les domaines de l’éradication de la pauvreté et du respect des engagements relatifs à l’environnement. Rio avait déjà fait la différence et depuis nous avons fait quelques progrès, mais maintenant il nous faut mettre en œuvre un partenariat entre pays en développement et pays développés. A Johannesburg, nous ne pouvons reculer, nous devons faire davantage et faire mieux en réaffirmant nos engagements aux principes de Rio, et aux décisions prises à Doha et à Monterrey. Chaque année, 3,5 millions d’enfants meurent de maladies liées à l’eau tandis que des centaines de millions d’êtres humains n’ont pas accès à l’énergie. Il ne peut y avoir élimination de la pauvreté sans faire face à la dégradation des forêts, au manque d’eau, aux problèmes posés par la diminution de la biodiversité. Le développement durable consiste à démarginaliser les pauvres et les populations autochtones et doit, dès lors, passer par la promotion de la bonne gouvernance et de la transparence.

La Norvège est en faveur de l’adoption d’un code international de conduite pour l’exploitation minière et, dans le cadre de ses efforts d’aide publique au développement, notre pays qui a déjà dépassé le seuil des 0,7% du PNB, entend porter cet effort de financement de l’APD à 1% d’ici à 2005. Les efforts de la Norvège se concentrent, d’une part, sur le commerce, les investissements et l’allègement de la dette et d’autre part sur la santé, l’agriculture et l’éducation. 50 millions de dollars supplémentaires seront alloués par la Norvège dans le cadre du suivi de Johannesburg et nous souhaitons que, dans le cadre du processus de suivi qui doit être rigoureux, les Nations Unies jouent un rôle clef. Le Premier Ministre a salué l’annonce de la ratification prochaine du Protocole de Kyoto par la Russie souhaitant que d’autres États en fassent de même afin qu’il entre en vigueur. Il souhaite également que des engagements plus ambitieux soient pris après 2012 concernant les changements climatiques.

M. BENJAMIN MKAPA, Président de la République-Unie de Tanzanie, a estimé que pour certains PMA, la question d’être plus avancés ne se pose même plus. C’est celle de sortir du non-développement qui est revenue à l’ordre du jour avec l’aggravation de la pauvreté et de la famine ainsi que le manque d’accès à l’eau, à l’énergie, à la santé, à l’éducation, aux marchés internationaux qui ont toutes une incidence sur l’environnement. A ces problèmes, il faut ajouter la question de la dette. Il est inacceptable de demander à un pays pauvre de payer ces sommes énormes. Le monde doit devenir un monde meilleur fondé sur un pacte mondial favorable au développement, puis au développement durable. Le Sommet doit éliminer les obstacles aux flux des ressources. La vision de la coopération internationale doit être forgée par les difficultés de la planète. L’heure est venue d’éliminer les inégalités des revenus et la pauvreté. Avec la volonté politique, tous les objectifs sont réalisables, a conclu le Président en sa qualité de Coprésident de la Commission de l’OIT sur la dimension sociale de la mondialisation.

M. BERTIE AHERN, T.D., Premier Ministre de l’Irlande, a rappelé que lors de la tenue du Sommet de Rio, il y a dix ans, une crise alimentaire sévissait en Afrique australe. Dix ans plus tard, la famine menace de nouveau. La crise de la sécurité alimentaire est un échec du développement durable dans la mesure où elle s’accompagne également de maladies, notamment le VIH/sida. Notre détermination à lutter contre ces fléaux doit se traduire par des actions concrètes. Il faut aller de l’avant après Rio et découpler la crise économique d’autres aspects. Les pauvres sont les plus vulnérables et les moins capables de s’adapter aux changements du développement. C’est pourquoi, il faut aller dans le sens du développement de partenariats avec les différents pays et définir des engagements communs en matière de modes de production et de consommation viables. L’aide au développement est dans ce contexte très importante et les pays en développement doivent respecter l’objectif visant à consacrer 0,7% du PNB à l’aide publique au développement. Il faut engager des négociations en matière de commerce pour établir un ordre équitable et annuler les dettes et accroître les dépenses en matière de santé et de sécurité alimentaire. Dans le domaine du développement durable, l’Irlande travaille avec le secteur privé et les Organisations non gouvernementales. Nous essayons d’aller dans le sens d’une société plus ouverte et plus tolérante et sommes fiers que notre économie soit maintenant plus respectueuse de l’environnement et que notre pays refuse toute forme d’énergie nucléaire.

M. DRAGAN MIKEREVIC, Premier Ministre de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé qu’au moment du Sommet de Rio en 1992, un conflit tragique frappait la Bosnie-Herzégovine, qui en trois ans a ravagé les structures socioéconomiques. Après la signature des Accords de paix de Dayton, en 1995, des efforts massifs de reconstruction ont été entrepris pour moderniser notre pays. Cependant, des difficultés demeurent en raison notamment de la notion floue de durabilité du développement pour la population. Au début de 2002, le Gouvernement a mis en place un Comité directeur du développement durable chargé de la mise en œuvre des objectifs de Rio et de Johannesburg à l’échelle de la Bosnie-Herzégovine. Notre pays entend faire de son mieux pour rattraper le reste du monde et pour intégrer l’Union européenne. A cette fin, notre pays a harmonisé son cadre juridique avec les directives européennes et procédé à la ratification de certaines conventions, notamment sur les changements climatiques, et s’apprête à envisager celle du Protocole de Kyoto. Pour autant, afin de permettre aux pays en développement et en transition d’éradiquer la pauvreté, les pays riches doivent respecter l’objectif des 0,7% de leur PNB alloués à l’aide au développement, lever certaines barrières commerciales, supprimer les subventions à l’énergie et l’agriculture.

M. N’GUESSAN AFFI, Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire, a souligné les défis et les paradoxes qui entourent les questions de la pauvreté et des guerres. Ces défis et paradoxes, a-t-il dit, confirment la sagesse africaine selon laquelle «à plaies mal guéries, remèdes infinis». En effet, ni Stockholm ni Rio n’ont suscité l’action nécessaire à la réalisation du développement durable. Le Sommet ultime de Johannesburg doit donc être une prise de conscience des erreurs du passé et susciter un engagement pour une humanité plus juste et plus saine. Consciente des conséquences de la mondialisation, la Côte d’Ivoire poursuit des actions de réhabilitation, de correction et de reconstruction. Aujourd’hui, le couvert forestier, qui était de 13 millions d’hectares en 1960, est tombé à moins de 3 millions d’hectares avec toutes les conséquences que cela suppose. La forte croissance démographique et une immigration estimée à 26% de la population nationale ainsi que l’industrialisation et la pollution ont largement contribué à la dégradation de l’environnement. Malgré ses modestes moyens, la Côte d’Ivoire, un des rares pays contributeurs du FEM, a obtenu des résultats encourageants grâce à l’appui de la communauté internationale. Le pays ose encore compter sur le concours de cette dernière pour relever les nouveaux défis qui se font jour à la veille de sa refondation politique, économique, sociale et culturelle.

M. ANEROOD JUGNAUTH, Premier Ministre de la République de Maurice, a estimé que ce Sommet représente une chance pour les chefs d’Etat du monde entier et tous les acteurs intéressés à se mettre d’accord pour prendre des décisions. Bon nombre d’accords souscrit à Rio n’ont pas été honorés. La mise en oeuvre d’Action 21 a été gênée par des phénomènes tels que la mondialisation, les conflits armés ou le terrorisme. Il faut donc arriver à un accord sur des objectifs précis. Les institutions internationales doivent oeuvrer pour promouvoir un développement durable. Depuis la conférence de Rio, nous avons assisté à la dégradation de la vie sur notre planète et il faut à présent cesser d’en être les meurtriers. Faisons en sorte que l’être humain soit au centre de tout développement et prenons des mesures déterminées pour mettre en œuvre Action 21. Les petits Etats insulaires sont fragiles au plan écologique. C’est pourquoi, la communauté internationale se doit de reconnaître que les éléments du Plan d’action pour les mers doivent êtres appliqués rapidement, y compris en ce qui concerne le développement d’infrastructures appropriées. Il est impératif que l’Organisation mondiale du commerce offre un traitement spécial et différentiel à ces Etats insulaires et à toute l’Afrique pour faire sortir ce continent de sa souffrance. L’Afrique moderne doit maîtriser toutes ses ressources en vue d’un développement durable tout en les conservant au profit des générations futures.

Le Sommet de Johannesburg suscite un grand nombre d’espoirs, a dit M. OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, et nous ne souhaitons pas que l’on aboutisse à un nouvel échec comme au lendemain de Rio où les intérêts égoïstes des pays développés ont primé sur les attentes des pays du Sud. L’humanité est victime de l’égoïsme de ceux qui détiennent le pouvoir politique et économique et cela nous rappelle la sombre histoire de l’esclavage et du colonialisme. Le Président équato-guinéen a dénoncé le cercle vicieux égoïste de la domination du Nord sur le Sud, estimant que la notion de mondialisation ne peut permettre à l’heure actuelle un développement durable car il est totalement inéquitable. Cet apartheid économique est motivé par les ambitions dominatrices des pays développés qui nient le droit des pays en développement à pouvoir jouer un rôle dans le commerce international. Prenant l’exemple des traitements antirétroviraux qui, malgré les engagements et les promesses, n’ont pas été rendus accessibles aux pays frappés par le VIH/sida, il a déploré les ambitions démesurées des pays développés. Il est impossible de faire progresser le débat sur l’annulation de la dette en dépit des décisions prises par la France et le Royaume-Uni, entre autres, a dit le Président, demandant l’annulation de la dette. Mentionnant la baisse des cours des produits de base, qui a porté un coup fatal aux paysans de la Guinée équatoriale, pays au bord de l’éclatement avant la découverte du pétrole, il y a 5 ans, le Président a déploré que son pays ait été immédiatement classé parmi les pays à revenu moyen, ce qui n’est pas satisfaisant en terme d’accès à certaines sources de financement.

M. MARC RAVALOMANANA, Président de la République de Madagascar, a déclaré que son pays est le premier pays intéressé par la protection de l’environnement. L’île est en effet considérée comme un sanctuaire de la faune; sa faune comme sa flore présentent un endémisme exceptionnel. Madagascar est acquis à l’idée de la création d’une agence mondiale de l’environnement. Déterminé à assurer un redressement rapide de l’économie du pays, le Gouvernement malgache a adopté un code de conduite basé sur les principes suivants: respect de la démocratie et des droits de l’homme, restauration de l’état de droit et bonne gouvernance. Il apporte également son soutien au NEPAD, nouveau cadre que l’Afrique propose au monde pour que l’intégration à la globalisation se fasse au profit des populations.

M. LAMINE SIDIME, Premier Ministre de la République de Guinée, a rappelé que la Conférence de Rio avait adopté plusieurs décisions et recommandations et suscité beaucoup d’espoir pour les pays en développement. Dix ans après, la tenue à Johannesburg du présent Sommet est l’occasion de dresser le bilan et de s’engager à nouveau sur la base des leçons tirées. La Guinée a consenti beaucoup d’efforts pour respecter ses engagements et a notamment formulé une stratégie nationale de préservation de la diversité biologique. Malgré des résultats encourageants, de grandes difficultés persistent, en particulier dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l’énergie. Toutes ces questions font partie depuis 1985 des préoccupations du Gouvernement et nous lançons un appel aujourd’hui pour le renforcement des partenariats, un financement plus important du développement durable et un engagement plus conséquent dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et la propagation des maladies. Ce Sommet doit ouvrir la porte de l’espoir et ramener le sourire perdu sur le visage de millions de personnes.

M. PIERRE CHARLES, Premier Ministre du Commonwealth de la Dominique, a déclaré que les dirigeants du monde sont ici pour s’attaquer à un des maux les plus graves de la planète à savoir la pauvreté. Un modèle de développement qui offre à la minorité la prospérité et à la majorité la misère est un modèle vicié et ne saurait être promoteur d’un monde stable. Dix ans après Rio, les résultats restent maigres en raison du manque de volonté politique, du recul des pays développés par rapport aux engagements pris et au comportement irresponsable de certains pays quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il faut faire mieux et c’est urgent.

La Dominique est consciente de l’ampleur des défis et s’est toujours engagée sur un plan de développement fondé sur la durabilité. Le plan de développement intégré, mis en œuvre l’année dernière avec la participation de tous, prévoit le renforcement des secteurs de l’agriculture, des énergies renouvelables, des forêts tropicales et du tourisme durable. La Dominique est guidée par le principe d’une exploitation rationnelle de ses ressources. En tant que petit Etat insulaire en développement, la Dominique ne connaît que trop bien les problèmes de ces pays. L’île est vulnérable et doit confronter des risques entraînés par les changements climatiques. La vulnérabilité est également économique et empêche la Dominique de s’intégrer dans le commerce mondial. Les vulnérabilités sont nombreuses et sont aggravées par des forces économiques exogènes et des risques écologiques. Par exemple, une part considérable du PIB est consacrée à la reconstruction après les grandes catastrophes naturelles. La communauté internationale doit apporter son aide par un appui effectif au Programme d’action de la Barbade. Le succès de Johannesburg doit se mesurer à un plan d’action comportant des objectifs clairs et quantifiables fondés sur une véritable volonté politique des Etats.

M. GIRMA WOLDE GIORGIS, Président de la République fédérale démocratique d’Ethiopie, a estimé que le Sommet de Johannesburg représente un jalon qui donne l’occasion de dépasser les simples engagements verbaux et d’atteindre le développement durable, question prioritaire de l’ordre du jour de la communauté internationale. L’évaluation générale de la mise en oeuvre d’Action 21 montre que beaucoup reste à faire. L’inégalité et la pauvreté s’accroissent et la dégradation de l’environnement se poursuit. La mondialisation a engendré la marginalisation des pays en développement. La conséquence de ceci a été une augmentation de la pauvreté qui n’est pas amie de l’environnement. La protection de notre environnement ne doit pas être un luxe que seuls les pays riches peuvent se permettre mais un défi commun. Bien que ce défi soit le même pour tous, les responsabilités sont différenciées. Il est évident que l’humanité ne manque ni des ressources ni des moyens pour atteindre les objectifs du développement mais seulement de volonté politique.

En raison d’une croissance démographique effrénée et d’une pauvreté croissante, l’Ethiopie doit faire face à des problèmes écologiques très graves tels que la sécheresse et la perte de la biodiversité écologique. Notre avenir réside dans un changement des conditions de vie en milieu rural et un renforcement de la politique agricole. De même, des efforts doivent être déployés pour lutter contre le VIH/sida qui représente un obstacle au développement durable. La dégradation de l’environnement est la cause et la conséquence de la pauvreté et du sous-développement. Nous avons mis en place en Ethiopie des programmes d’éducation informelle pour mieux faire comprendre les liens entre développement et protection de l’environnement sur la base d’une participation très forte de la société civile.

M. YANG HYONG SOP, Vice-Président du Présidium de l’Assemblée suprême de la République populaire démocratique de Corée, a indiqué que sans développement durable des pays en développement, qui représentent la majorité absolue du monde, il ne faut même pas penser au développement durable de la planète. Nous ne pouvons pas non plus prétendre construire un monde pour tous sans réformer le fonctionnement fondamentalement injuste des relations économiques et commerciales. Ces dernières sont à l’origine de l’accroissement du fossé qui sépare les riches et les pauvres, à l’origine de la pollution de l’environnement et de l’utilisation excessive des ressources. Mais il faut résoudre les problèmes financiers qui sont autant d’entraves au développement durable.

A cet égard, les pays développés devraient reconnaître leur responsabilité majeure et traduire dans les faits leurs engagements relatifs à la coopération internationale en faveur du développement durable. C’est pour eux une obligation historique et morale. En conclusion, l’affirmation des droits de l’homme, de la démocratie et de la bonne gouvernance comme conditions préalables au développement durable n’est pas une demarche juste car cela révèle la volonté de certains pays d’imposer leur modèle de développement sur les pays les plus pauvres.

M. SHEIKH HAMAD BIN MOHAMMAD AL-SHARQUI, Chef de l’Émirat de Fujeira, Membre du Conseil suprême des Émirats arabes unis, a expliqué que les Émirats arabes unis ont pris conscience depuis quelques années déjà de l’importance de l’investissement dans le domaine du développement durable. A ce titre, ils ont pris des mesures dans les domaines social, environnemental et économique et accordé une place importante à la santé, à l’éducation et aux critères de participation sexospécifiques pour associer les femmes au processus. Notre pays consacre 4% de son PNB à l’aide publique au développement (APD) en faveur des pays les plus pauvres. Au plan national, des institutions de protection de l’environnement et de lutte contre la désertification ont été mises en place aux échelles locale et provinciale. Une grande attention à été accordée à la préservation de la biodiversité sur la terre et dans les fonds marins et des programmes de protection des terres arides ont permis d’accroître les surfaces arables. Cependant, certains obstacles s’opposent à la mise en œuvre d’Action 21, comme par exemple, la poursuite de l’occupation étrangère, comme en Palestine, ou la progression rapide de la pauvreté et du VIH/sida. Les pays en développement n’ont pas à être responsables des modes de production et de consommation des plus riches et un calendrier doit être mis au point pour le développement des énergies renouvelables pour ne pas contrevenir aux efforts de développement a dit le représentant.

M. JOOMART OTORBAEV, Vice-Premier Ministre du Kirghizistan, s’est dit préoccupé par le grand nombre de problèmes qui sont examinés à ce Sommet. Il a pleinement appuyé le plan d’action qui devrait sortir de Johannesburg. Il a attiré l’attention sur les problèmes des régions montagneuse dans l’optique de l’Année internationale des montagnes en 2003. Ces régions abritent des dizaines de milliers de personnes parmi les plus pauvres de la planète. Il est donc heureux que la question des montagnes ait été mentionnée dans le plan d’action. Il faut espérer pendant le Sommet sur les montagnes, qui aura lieu à partir du 28 octobre, qu’il sera possible d’élaborer un programme d’action pour le développement des régions montagneuses pour compléter les plans d’action de Rio et de Johannesburg. L’heure est venue d’apporter un appui technique et financier au développement durable des Etats nouvellement indépendants. L’heure est aussi venue de trouver des solutions définitives à la dette des pays en développement. Le remboursement de la dette et de son service devient un obstacle majeur à la solution des problèmes socioéconomiques. Les pays créditeurs doivent cesser leurs pressions sur les pays débiteurs, lesquelles ne correspondent pas à l’esprit de Rio et de Johannesburg. Le Vice-Premier Ministre a plaidé pour une annulation pure et simple de la dette des pays montagneux.

Mme katalin szili, Présidente du Parlement hongrois, a estimé que, dans l’ensemble, notre monde n’est pas devenu plus durable au cours de la dernière décennie. La situation s’est même détériorée. La Hongrie a connu de grands changements qui ont entraîné le passage à société démocratique et à une économie de marché. Ce processus a été controversé, notamment pour ces conséquences sociales et économiques. Nous avons dû reconnaître les disparités sociales et les fossés entre les différents niveaux de vie qu’il a engendrés. Ce processus est allé de pair avec une augmentation de la consommation et donc également d’une pression plus grande sur l’environnement.

L’inefficacité de l’action internationale vient du peu de volonté politique et de l’absence d’infrastructures appropriées. Ce qui est important, c’est la gouvernance avisée à tous les niveaux possibles. Le rôle des différentes institutions devrait être renforcé. Il s’agit aussi de mettre l’accent sur le renforcement de la solidarité sociale et de la diversité humaine et culturelle. La coopération internationale revêt à cet égard une importance toute particulière car la participation de toutes les parties prenantes est impérative pour la mise en oeuvre de tout processus de développement durable.

L’environnement au Proche-Orient est dans une position d’imbroglio face à l’arrogance politique qui s’en est emparée, a dit M. SHIMON PERES, Ministre des affaires étrangères d’Israël. Cette région a maintenant pris tristement du retard en raison des conséquences de conflits qui peuvent être résolus et de la négligence due à la pauvreté qui peut être vaincue. Mais les polémiques qui font rage dans la région sapent le dialogue, et le terrorisme qui l’a dévasté a donné naissance à la méfiance, a poursuivi M. Peres. La région a besoin d’un nouveau dialogue et le vrai dialogue doit se concentrer non seulement sur les objectifs, qui se précisent de plus en plus, mais également sur les façons de les atteindre. Nous avons plus ou moins une carte acceptée de la paix et nous devons supprimer les dangers inutiles de cette carte, sachant qu’il est certain que le terrorisme ne pourra rien accomplir.

Pour agir, nous n’avons pas besoin d’attendre la signature d’accords de paix car le développement régional ne saurait être différé. Investir dans la coopération régionale est un instrument de contribution à la paix, a poursuivi M. Peres, présentant un certain nombre de projets approuvés mondialement et susceptibles de produire des transformations. Il a notamment mentionné la création d’une pharmacie virtuelle régionale qui assurerait l’approvisionnement en médicaments à un prix abordable pour tous, la plantation en une décennie d’un milliard d’arbres pour provoquer un changement climatique dans la région, la construction d’une conduite d’eau entre la mer Rouge et la mer Morte pour sauver cette dernière, l’établissement d’une banque d’eau régionale, et le développement d’un système régional de technologies de l’information pouvant servir pour les études à distance dans les domaines de la médecine et de la recherche. Le Proche-Orient a conservé sa place dans l’histoire mondiale en tant que centre de l’innovation, sur les plans spirituel et culturel notamment, alors laissons notre génération être la première à générer la regénération.

M. LAWRENCE GONZI, Vice-Premier Ministre de la politique sociale de la République de Malte, a indiqué que dans son pays, l’investissement dans le capital humain avait compensé la rareté des ressources naturelles, phénomène propre aux micro-Etats. Mais le sentiment de vulnérabilité demeure et c’est pourquoi Malte a ratifié tous les accords multilatéraux majeurs en matière d’environnement. Depuis Rio, Malte a cherché à concilier les impératifs environnementaux, sociaux et économiques dans la gestion de sa ressource la plus rare et la plus vulnérable: la terre. Ces mesures n’ont pas toujours été très populaires au niveau politique, mais elles ont promu un accès plus juste aux ressources de base, maintenant et pour le futur. Malte est fier d’annoncer le lancement d’un programme d’aide internationale en trois points, visant essentiellement le développement des capacités, mais considère que la décision la plus significative, prise récemment en matière de développement durable, concerne son adhésion à l’Union européenne. L’élargissement de l’Union européenne contribuera à imposer des modèles de développement plus durables dans la région.

M. JAMES CECIL COCKER, Vice-Premier Ministre de Tonga, a déclaré que les dirigeants du monde sont venus évaluer les défis sous le thème «Population, Planète et Prospérité» lequel forme le tissu de l’espoir en un développement collectif durable. Pour Tonga comme pour d’autres pays, la croissance économique durable est nécessaire à la lutte contre la pauvreté et requiert davantage d’investissements et de progrès techniques ainsi que le renforcement du commerce et son corollaire l’accès aux marchés. A cet égard, le Vice-Premier Ministre s’est félicité des résultats de Doha et de Monterrey. Pour Tonga, l’amélioration des transports maritimes et aériens et du secteur du tourisme est essentielle pour la croissance économique. Le pays a besoin d’investissements pour renforcer les secteurs productifs ainsi que les secteurs de l’éducation, des nouvelles technologies et des capacités. Tonga a besoin d’une réelle association entre gouvernements, ONG et secteur privé. Le pays a, en outre, besoin d’aide pour construire des murs contre l’élévation du niveau des mers. Au cours des dernières années, les exportations n’ont cessé de diminué. C’est la raison pour laquelle les Etats de la région ont décidé de créer l’Alliance des îles du Pacifique qui a donné lieu, entre autres, à une Initiative-cadre pour le développement durable. La communauté internationale se doit de fournir un appui à cette initiative.

M. PHAM GIA KHIEM, Vice-Premier Ministre de la République socialiste du Viet Nam, a fait remarquer que les effets de la mondialisation sont perceptibles dans le monde entier. Les progrès scientifiques et technologiques sont importants mais le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de s’élargir. Alors que nous examinons l’état d’avancement d’Action 21, il faut faire le bilan des réussites et des échecs. Le Viet Nam, lors du Sommet de 1992, s’est engagé à mettre complètement en oeuvre le Programme d’Action 21 et a procédé à une évaluation de ses ressources internes afin de mieux les protéger. Les politiques dans le domaine de la protection de l’environnement ont été améliorées et le Viet Nam a pu enregistrer des accomplissements importants. Notre pays a surmonté la crise socioéconomique de la période post-guerre. Le taux de pauvreté est passé de 30% à 10% en dix ans. En tant que pays en développement, les réussites du Viet Nam dans les domaines de l’éducation et des soins de santé sont remarquables puisqu’elles se rapprochent de celles des pays développés. Nous avons démarqué des zones qui devront être protégées. Cependant, nous devons relever le défi du manque de sensibilisation du public. La communauté internationale doit en outre prendre des mesures urgentes visant à atténuer les conséquences graves du déversement de 72 millions de litres de dioxine par les Etats-Unis au cours de la guerre du Viet Nam.

M. JOHN BRICENO, Vice-Premier Ministre de Belize, a estimé que Johannesburg doit prouver au monde que les dirigeants peuvent faire davantage pour éradiquer la pauvreté et sauver la planète de la destruction. Dix ans après Rio, les indicateurs économiques sont toujours à la baisse, ce qui rend les populations impatientes et exige que l’on agisse selon des objectifs et un calendrier précis. Le climat n’est plus prévisible et les inondations se succèdent dans certaines régions tandis que d’autres sont victimes de la désertification accélérée. Pourtant, l’environnement est essentiel à notre survie et les pays développés doivent fournir davantage d’aide dans le cadre de partenariats respectueux des engagements et des promesses de Doha et de Monterrey. Petit État d’Amérique centrale, le Belize se doit de protéger ses écosystèmes marins et terrestres, ses récifs coralliens, ses parcs marins et pour cela, l’éducation est un bon moyen de sensibiliser les enfants à la protection de l’environnement. Quatre cyclones tropicaux ont frappé notre pays en trois ans et les pertes occasionnées se chiffrent à des dizaines de millions de dollars. Aussi, nous souhaitons que le Plan d’action de Johannesburg souligne l’importance de la mer des Caraïbes. Nous plaidons aussi pour un commerce équitable et un accès accru des produits des pays en développement sur les marchés du Nord. Pourquoi devons-nous supprimer nos barrières commerciales conformément aux engagements internationaux alors que les pays riches établissent de nouvelles mesures protectionnistes, a demandé M. Briceno.

Son Altesse Royale, la Princesse CHULABHORN MAHIDOL, Royaume de Thaïlande, s’est prononcée en faveur de dates butoirs dans le Plan d’action, soulignant que de tels objectifs, pour être atteints, auraient besoin du soutien du monde développé. Elle a indiqué que le Plan de développement économique et social de la Thaïlande est guidé par la philosophie de la «suffisance» et consiste dans la recherche d’une voie moyenne dans tous les aspects de la vie sociale. Cette philosophie encourage les populations à mener un style de vie durable en harmonie avec les ressources nationales existantes, les connaissances et la sagesse locale. Elle favorise la redistribution de la richesse entre les communautés, les riches étant appelés à financer les projets dont bénéficient les pauvres. La base de cette redistribution n’est pas la charité mais le désir de donner aux pauvres les moyens de générer leurs propres revenus. Rappelant que le développement industriel avait eu, et a encore, une influence négative sur la santé humaine et l’environnement, elle a rappelé que la Thaïlande a ratifié le Protocole de Kyoto le 20 août dernier.

M. SNYDER RINI, Vice-Premier Ministre des îles Salomon, a estimé que Rio a été un jalon important parce que le bon sens a prévalu. Action 21 et les conventions qui en ont découlé ont montré la voie d’un développement durable. Pourtant, depuis Rio, des milliers de personnes ont perdu leurs vies en raison du manque d’eau potable ou encore d’accès aux services d’assainissement. La pauvreté règne partout, les ressources naturelles s’amenuisent et les gaz à effet de serre continue d’être propagés comme auparavant. Le changement climatique met en danger la planète, en particulier les Etats insulaires. L’heure est venue de se taire et d’agir. Les îles Salomon sont un pays riche en ressources naturelles, en culture et en tradition mais elles demeurent pourtant parmi les plus pauvres des nations. L’engagement du pays face au développement est ferme mais il reste préoccupé par un lourd fardeau de la dette auquel sont consacrés 60% du budget national. Le pays lance un appel à l’OCDE en faveur d’une annulation pure et simple de la dette. Les îles Salomon lancent un appel de générosité à la communauté internationale pour qu’elle les aide à surmonter leur vulnérabilité. Le pays lance aussi un appel aux pays qui ont imposé des restrictions au tourisme pour qu’ils les lèvent. Reconnaissant l’importance de l’APD, les îles Salomon saluent le consensus de Monterrey. Elles appellent, en conséquence, les pays de l’OCDE à atteindre l’objectif de 0,7% tout en les mettant en garde contre la tendance à prendre d’une main ce qu’elle donne de l’autre.

M. COSTAS THEMISTOCLEOUS, Ministre de l’agriculture, des ressources naturelles et de l’environnement de la République de Chypre, a insisté sur les responsabilités partagées qui reviennent à tous les acteurs nationaux et internationaux en matière de respect de l’environnement. Il a indiqué que le développement durable est un instrument nécessaire à la cohabitation des communautés multiethniques. Afin de maîtriser les stratégies de développement, l’utilisation rationnelle de l’eau potable est essentielle, car il faut éviter les modèles de consommation non viables et favoriser une croissance économique durable où les bénéfices sont partagés par tous. Il a demandé l’établissement d’un environnement économique international favorable qui crée des termes de l’échange favorables. Nous savons tous qu’il est nécessaire de changer les règles du jeu et des instruments juridiques internationaux nous offrent de nouvelles possibilités. Le Sommet donne un nouvel élan au processus initié à Rio, nous allons rentrer chez nous en sachant bien ce que c’est que le développement durable, a-t-il conclu.

Mme MARIA EUGENIA BRIZUELA DE AVILA, Ministre des affaires étrangères de la République d’El Salvador, a jugé que ce Sommet représente une opportunité de rappeler les principes de Rio, au premier rang desquels, la responsabilité commune mais différenciée. Une occasion aussi de mettre à profit les avancées réalisées lors des réunions de Doha et de Monterrey pour mettre en œuvre des partenariats en faveur de l’éradication de la pauvreté et de la durabilité du développement. Le Sommet de Rio de 1992 a coïncidé avec la signature des accords de paix au El Salvador et a ouvert l’espoir d’un avenir fondé sur des valeurs humaines. Notre pays a travaillé sans relâche pour assurer un développement orienté sur les ressources naturelles du pays et, même si la chute des prix des matières premières comme le pétrole n’a pas empêché le El Salvador de maintenir un taux de croissance de 4,4%, les pertes ont été considérables. Il importe, dans le contexte du développement durable, de garantir un accès à l’eau potable, à la santé et à l’éducation pour tous et, au nom du principe de responsabilité commune mais différenciée, les pays du Nord doivent aider le monde en développement à tirer parti de la mondialisation.

M. ARUNAS KUNDROTAS, Ministre de l’environnement de la Lituanie, a invoqué le manque d’assistance financière et d’ouverture des marchés pour expliquer la lenteur des progrès dans la réalisation des objectifs de Rio. Il a attiré l’attention sur l’importance pour les pays de prendre, avant d’appeler à la coopération internationale, des mesures concrètes, au niveau national. Faisant part des progrès accomplis en Lituanie, le Ministre a indiqué qu’elle est désormais passée au statut de pays donateur. Nous devons tous progresser dans les domaines d’intervention identifiés par le Secrétaire général de l’ONU. Le Ministre a dit attendre avec impatience le développement des indicateurs de durabilité pour améliorer les systèmes de suivi du développement durable. Il a souligné l’importance des partenariats qu’il a qualifiés d’élément clé de toute mise en œuvre du développement durable.

Mme ELIZABETH THOMPSON, Ministre du développement et de l’environnement de la Barbade, a déclaré que pour les petits Etats insulaires en développement (PEID) comme la Barbade, le résultat du Sommet représente la première expression concrète de l’Agenda 21. Depuis 10 ans, la Barbade et les PEID ont travaillé de manière assidue afin de mettre en oeuvre les engagements pris à Rio. Et en dépit des limitations financières, ils ont intégré les impératifs du développement durable dans leurs programmes politiques. A la Barbade, 80% des foyers ont de l’eau chaude chauffée avec l’énergie solaire et le pays, engagé en faveur de l’objectif d’avoir 10% d’énergies renouvelables d’ici à 2010, est impatient de conclure des partenariats avec l’Union européenne. Les PEID comptent pour moins de 1% des émissions de gaz responsables de l’effet de serre, et pourtant vivent sous la menace constante des conséquences les plus adverses du réchauffement de la planète. C’est pourquoi les pays qui émettent ces gaz et qui refusent de ratifier le protocole de Kyoto devraient agir de façon responsable et prendre les mesures qui s’imposent.

Mme MARIA SOLEDAD ALAVEAR, Ministre des affaires étrangères de la République du Chili, a fait remarquer que dix après le Sommet de la terre de Rio, le moment est venu d’évaluer ce qui a été fait et s’est félicitée de la prise de conscience de l’importance du développement durable. Le Chili a fait des progrès significatifs dans la mise en oeuvre d’Action 21. Nous avons lancé le principe de croissance équitable qui a abouti à la formulation d’un projet national. Nous garantissons l’égalité des chances et luttons contre la pauvreté. Des progrès considérables ont été accomplis dans le domaine économique: le PIB a augmenté de 6,3% et le niveau de la pauvreté a été réduit de moitié. Le Chili a également amélioré sa législation pour prévenir la pollution, a adopté des mesures dans le secteur productif et institué de meilleurs instruments de gestion. S’il est possible de rendre compatible le développement économique et la protection de l’environnement, leur durabilité est au-dessus du pouvoir des simples gouvernements. C’est pourquoi, les entreprises et toute la société civile doivent participer de façon active au règlement des problèmes environnementaux et à la promotion de meilleurs partenariats. Il faut encourager le dialogue entre pays en développement et pays développés sur la base d’Action 21 et réaliser des progrès pour ce qui est de l’application de la notion de responsabilité collective mais différenciée. Le Chili procédera prochainement à la ratification du Protocole de Kyoto et estime qu’il faut garantir l’ouverture des marchés des pays les plus développés aux biens des exportations en développement. Les distorsions du commerce international contribuent à la détérioration de l’environnement dans le Nord et dans le Sud. Le Chili estime que ce Sommet devrait être centré sur la pauvreté, racine de la dégradation de l’environnement. Nous nous réjouissons des efforts fournis par le Fonds pour l’environnement mondial mais déplorons que ses ressources soient insuffisantes. Le développement durable exige que nous fassions des progrès en matière de gouvernance et de renforcement de la démocratie.

M. ABDURRAHMAN MOHAMED SHALGHEM, Ministre, Secrétaire du Comité général pour la liaison étrangère et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne, a déclaré qu’alors que nous sommes réunis ici, au plus haut niveau, c’est le droit des plus pauvres de ce monde d’attendre des avancées vers plus de bien-être et d’équité. Afin d’atteindre ces objectifs, le Sommet doit fonder une alliance internationale pour l’élimination de la pauvreté, avec des objectifs précis, assortis de dates butoirs. A cet effet, le premier objectif devrait être la lutte contre la désertification, la réduction de l’effet des sécheresses, des inondations et des autres catastrophes naturelles. Il importe également de tout mettre en oeuvre au niveau international pour sauver les lacs qui baissent de plus en plus. Une condition essentielle et indispensable au développement durable est l’élimination du VIH/sida, ce qui ne sera jamais effectué si l’on s’en remet à d’étroits intérêts commerciaux dénués de considérations humanitaires. Cela ne peut être atteint que par un engagement de bonne foi de la communauté internationale qui saura placer les besoins de l’Afrique au cœur de son agenda.

M. LIM SWEE SAY, Ministre de l’environnement de Singapour, faisant le bilan de la décennie écoulée, a indiqué que le gâteau a augmenté de 40%, l’espérance de vie moyenne s’est allongée de deux ans et la prise de conscience des problèmes écologiques a progressé significativement. En dépit de cela, le monde continue d’être menacé par la dégradation de l’environnement, la disparition des forêts, l’aggravation de la pollution marine et la pénurie d’eau. Singapour, petite ville-Etat dépourvue de ressources naturelles, a mis en oeuvre un ensemble de mesures en faveur du développement durable; en l’absence de terrain pour enterrer les déchets, la production d’ordures est minimisée et le maximum est recyclé. En matière d’eau, les ressources de Singapour étant à long terme insuffisantes pour satisfaire les besoins, un système de recyclage a également été mis en place. Singapour, dont les programmes de coopération technique sont déployés dans plus de 50 pays, continuera à travailler avec les pays de l’ASEAN et avec d’autres pays en développement dans le cadre de partenariats.

M. LUIS ALBERTO MEYER, Ministre de la planification du Paraguay, a souligné qu’on a aujourd’hui besoin d’un «nouveau contrat de solidarité» entre les nations, contrat qui devra être entièrement axé sur la mise en oeuvre des engagements. Il n’y aura pas de développement durable dans les pays en développement sans changement du modèle productif de ces pays. Nous sommes restés confinés dans le rôle d’exportateurs de matières premières et notre industrialisation a été réduite à la substitution aux importations. Aujourd’hui, nous devons multiplier les micro-entreprises à forte valeur ajoutée et à fort contenu technologique, créer des pépinières et des parcs technologiques, afin de nous imposer sur les marchés internationaux. Nous avons applaudi quand les pays développés nous ont promis qu’ils allaient ouvrir leurs marchés et mettre fin aux subventions, mais nous les applaudirons encore quand ils nous aideront à pénétrer ces marchés. Pour cela nous avons besoin d’investissements qui soient porteurs de capital et de technologies. Enfin, la réforme de l’Etat est urgente; elle ne se réduit pas à un repli, elle se traduit au contraire par une profonde restructuration et une modernisation afin que l’Etat devienne le moteur de la stratégie de croissance, de l’insertion internationale et de l’intégration régionale. Les mythes du marché autorégulateur et de la société de concurrence parfaite sont moribonds aujourd’hui, et nous en sommes satisfaits.

M. WIN AUNG, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a souligné que le Sommet de Johannesburg constitue une occasion de renouveler les engagements de la communauté internationale dix ans après Rio. En dépit des mesures prises après Rio, la situation socioéconomique s’est aggravée pour les pays du Sud, et ce, bien que l’on ait compris que l’environnement et le développement vont de pair. Il faut régler le problème de la pauvreté dans les pays en développement pour lancer le processus de développement durable et prendre des mesures concrètes en matière d’assainissement, de sécurité alimentaire et de santé publique. Pour sa part, le Myanmar a mis en place un cadre national de développement par le biais duquel il a procédé à la construction de barrages et de réservoirs, à l’approvisionnement en eau potable des zones rurales, à la construction de canaux d’irrigation, au développement d’un réseau routier pour assurer de meilleures communications entre zones rurales, et à la mise en place de structures de santé publique.

Il faut que le Sommet de Johannesburg se fonde sur les acquis de Monterrey et de Doha en termes d’aide au développement et d’accès aux marchés des pays développés pour les produits des pays du Sud et il faut que les pays riches assument leurs engagements concernant la levée des subventions agricoles. Il importe également de sauver les forêts et les mangroves et pour cela, le Myanmar qui est couvert de forêts à 51% fait planter chaque année des millions d’arbres pour accroître la fertilité des zones rurales. Pour aller de l’avant, il nous faut une assistance financière et technique importante seule à même de permettre aux pays du Sud de relever le défi du développement.

M. BOBSON SESAY, Ministres des terres, de la planification, des forêts et de l’environnement de la Sierra Leone, a déclaré que comme tout pays qui émerge d’un conflit, la Sierra Leone revendique un traitement spécial. Le Sommet, a-t-il dit, arrive à un moment où les problèmes socioéconomiques et écologiques s’aggravent. Les crises économique et sociale caractérisent désormais, de façon permanente, notre paysage. Il est donc nécessaire que l’humanité réagisse rapidement pour surmonter les obstacles au développement et pour mettre en place la capacité de transformer l’ordre économique et social pour le bien de tous par un partenariat entre pays développés et en développement. Nous devons travailler à la réduction de la pauvreté et aux inégalités sur tous les fronts.

M. CLIFFORD P. MARICA, Ministre du travail, du développement technologique et de l’environnement de la République du Suriname, a annoncé que son pays a élargi ses zones protégées de 5% à 8% du territoire. Le Suriname a mis en place un cadre institutionnel pour gérer cette zone de façon efficace et a pris des initiatives décisives pour la mise en oeuvre d’Action 21. La société civile joue un rôle important dans ce processus car le Suriname reconnaît le rôle fondamental des partenariats publics et privés et de la participation de tous les grands groupes et parties prenantes à la mise en oeuvre des objectifs du développement durable, à savoir les jeunes, les femmes et les syndicats. Il est nécessaire de reconnaître le droit des femmes à tous les niveaux de la société de même que celui des enfants afin qu’ils soient respectés. Le VIH/sida représente une grande menace et le Suriname lance un appel aux pays développés pour qu’ils appuient les pays africains dans la lutte contre cette catastrophe. Bien que la mondialisation ait apporté des améliorations dans la vie des personnes, il est nécessaire de faire en sorte qu’elle bénéficie à tous les pays. La mondialisation doit être équitable et répondre aux besoins des pays en développement.

M. FELIPE ROQUE, Ministre des affaires étrangères de la République de Cuba, a posé trois questions. Quels résultats avons-nous enregistré depuis Rio? Pratiquement aucun. Dix ans plus tard, l’environnement est plus menacé que jamais, une grande partie de la population vit dans des conditions déplorables et la distribution de la richesse est plus inégale que jamais. A qui la faute? A l’ordre économique et politique imposé par les puissants, un ordre légué par le colonialisme et qui a produit l’impérialisme; et au FMI, qui a paradoxalement été l’instrument de l’imposition du néolibéralisme dans le monde. Que faire? Nous avons besoin aujourd’hui de deux choses: volonté politique et ressources financières. Cuba propose d’imposer une taxe de 0,1% sur les transactions financières internationales, ce qui génèrerait environ 400 milliards de dollars par an. Cuba propose également l’annulation immédiate de la dette des pays en développement, ce qui permettrait aux pays pauvres d’économiser les 330 milliards que ces derniers paient chaque année au titre du service de la dette. Cuba propose que 50% des dépenses militaires soit versé à un fonds des Nations Unies pour le développement durable, ce qui permettrait de collecter immédiatement 400 milliards. Enfin, cuba demande que les pays développés respectent leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide au développement, ce qui ferait passer l’APD de 53 milliards de dollars en 2000 à 170 milliards en 2003.

M. RENNIE DUMAS, Ministre d’État auprès du Bureau du Premier Ministre de la République de Trinité-et-Tobago, a rappelé que, dix ans après Rio où l’humeur était à l’optimisme et à l’espoir, le bilan est en deçà des attentes et ce, malgré la série de conventions adoptées dans le domaine de la protection de l’environnement, notamment sur les changements climatiques et la désertification. Le Sommet de Johannesburg, dans le prolongement de la Déclaration du Millénaire, des Accords de Doha et du Consensus de Monterrey doit réaffirmer l’importance du financement et de la libéralisation des échanges commerciaux avec les pays riches pour permettre le développement durable. Les États ont la responsabilité d’agir pour relancer l’esprit de Rio et pour trouver des solutions équitables et décisives. Le Ministre a demandé la ratification et l’entrée en vigueur rapides du Protocole de Kyoto. Il faut en outre prendre en compte les éléments suivants pour assurer la durabilité du développement: allocation de ressources additionnelles, calendrier précis, observation du principe de responsabilité commune mais différenciée, et élaboration de modes de productions plus viables. Les pays en développement sont de plus en plus affectés par la chute des volumes d’APD et par la détérioration des termes de l’échange, situation aggravée dans le cas de Trinité-et-Tobago par deux phénomènes que la communauté internationale doit traiter avec urgence, à savoir la pandémie du VIH/sida et la fuite des cerveaux.

M. SAIFUR RAHMAN, Ministre des finances et de la planification du Bangladesh, a appelé les gouvernements, le secteur privé et les ONG à forger des partenariats forts. De tels partenariats seraient à même de régler la question du réchauffement de la planète qui menace des pays comme le Bangladesh. Les inondations récentes intervenues en Asie et en Europe ont montré la nécessité d’agir, de façon urgente. Dans ce cadre, l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto devient urgente. Ceux qui détiennent les ressources n’ont aucune raison d’attendre et ceux qui en sont dépourvus ont tous les droits d’attendre une aide des premiers. Il est temps que la communauté internationale créée un environnement favorable au règlement des problèmes du développement durable et en la matière, la pièce maîtresse de la collaboration doit être la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire. Le processus du développement exige que chaque pays occupe la place du conducteur. Ainsi, le Bangladesh qui était un véritable cauchemar du développement, a enregistré des progrès en matière de lutte contre la faim et contre les maladies. Le Bangladesh a investi massivement dans le développement des ressources humaines et grâce à des mesures novatrices comme les microcrédits, à assurer la participation des femmes aux activités socioéconomiques. Il a également pu réduire les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, des problèmes continuent d’échapper au contrôle du pays comme la surexploitation des nappes phréatiques et la contamination consécutive des eaux à l’arsenic. De plus, le détournement des eaux a induit la salinisation des sols au Sud et une désertification au Nord. Ce sont là des problèmes énormes qui exigent une intervention immédiate. Ce n’est pas la charité que des pays comme le Bangladesh recherche mais un meilleur accès aux marchés, des lois commerciales équitables et une croissance économique pour tous.

Mme BENITA FERRERO-WALDNER, Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a déclaré que la réponse à apporter aux défis environnementaux et sociaux requiert la participation des Etats, des communautés locales et du secteur privé. Les liens entre Monterrey, Doha et Johannesburg sont très étroits et les interdépendances entre les efforts à fournir sur ces trois fronts sont apparues au grand jour. L’Autriche a ratifié le protocole de Kyoto et supporte pleinement les objectifs affichés par l’Union européenne pendant le Sommet. Elle jouera un rôle actif dans tous les débats à venir sur les énergies renouvelables et la réduction de l’effet de serre. Regrettant qu’aucun accord n’ait été atteint sur des objectifs quantifiés, la Ministre a cependant jugé que le Sommet représentait une base solide pour des discussions futures. L’Autriche a réitéré son engagement en faveur des 0,7% d’aide au développement et a souhaité que les mécanismes de suivi de la mise en oeuvre du Plan d’action de Johannesburg soient élaborés dans les plus brefs délais.

M. CARLOS CACERES RUIZ, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de la République du Guatemala, a estimé que la Conférence de Rio a eu des incidences considérables sur la façon d’envisager le développement durable, notamment dans son pays où le conflit armé a laissé la place à une nouvelle ère de conciliation dans le cadre d’une société pluriculturelle. Le Guatemala s’efforce de consolider l’Etat de droit sur la base des accords de paix et le gouvernement est déterminé à assurer un développement durable et à fournir à ses citoyens un cadre de vie sain. Le Guatemala est un pays agricole et forestier dont les ressources naturelles sont la principale richesse. Avant Rio, des activités avaient déjà été lancées. Elles se sont intensifiées grâce à la création, entre autres, de la Commission de l’environnement et du développement de l’Amérique centrale qui est un modèle de coopération régionale et de l’Alliance pour le développement durable de l’Amérique centrale en 1994. Des consultations avec les acteurs de la société ont eu lieu en octobre 2001 qui ont montré qu’il faut renforcer dans tous les domaines sociaux les principes d’Action 21. Il faut également mieux gérer les ressources en eau, produire des énergies propres, protéger la biodiversité et réduire la vulnérabilité aux changements climatiques. Le Guatemala oriente ses efforts vers la promotion des activités économiques qui accordent la priorité aux énergies renouvelables.

M. OSAMA JAAFAR FAQUIH, Ministre du commerce du Royaume d’Arabie saoudite, a souhaité que le Sommet de Johannesburg contribue à réaliser les aspirations des populations les plus pauvres de la planète et que les décisions qui seront prises réaffirment le droit à la dignité et à la prospérité des peuples du monde en développement. Condamnant les entraves aux grandes orientations d’Action 21 depuis dix ans, en raison notamment des conditionnalités financières imposées par les pays riches, il a dénoncé les inégalités sociales qui ne cessent de s’accentuer et les déséquilibres économiques qui sont de plus en plus profonds. L’Arabie saoudite entend pour sa part renforcer sa politique d’aide au développement, dont les montants s’élèvent à 3% du PNB, en l’axant sur deux niveaux, multilatéral par le biais des institutions financières, et bilatéral avec pour priorité le développement des pays pauvres de l’Afrique. Il a plaidé pour un système multilatéral d’échanges plus équitable et estimé que les pays en développement ne devaient pas assumer les négligences des pays développés. Il a présenté les programmes nationaux dans le domaine de la protection de l’environnement adoptés par le Gouvernement saoudien qui a ratifié les principales conventions et a mis en œuvre des projets de protection de ses zones côtières.

M. ADNAN KHOZAM, Chef de la délégation de la République arabe syrienne, a indiqué que des mesures significatives avaient déjà été prises dans son pays en matière de santé, d’éducation, d’agriculture, d’irrigation et d’assainissement. On compte un certain nombre de projets ambitieux pour combattre le chômage, notamment en coopération avec des organisations arabes, régionales et internationales. Mais pour que le développement durable aille de l’avant, la République arabe syrienne a demandé la mise en oeuvre complète des résolutions des Nations Unies relatives au retrait d’Israël du Golan et de la partie sud du Liban, ainsi que la pleine reconnaissance des droits des Palestiniens. La République arabe syrienne rejette les menaces d’agression, l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats, ainsi que la différence qui est faite entre terrorisme et légitime défense. Engagée en faveur de la mise en oeuvre des principes énoncés à Rio dans un cadre de coopération et de responsabilité, la République arabe syrienne a en conclusion demandé qu’un système commercial juste soit établi afin que les pays pauvres puissent eux aussi profiter des données économiques et scientifiques et les intégrer dans le développement durable.

M. LASZLO KHZAM, Ministre de l’environnement de la Slovaquie, a convenu que d’importants progrès ont été réalisés depuis Rio comme en témoigne le renforcement, dans tous les Etats, des politiques en matière d’environnement. Il a reconnu que malgré les conventions, les protocoles et autres accords et traités, l’état physique de la Terre ne s’est pas véritablement améliorée et s’est même dégradée. L’explication, à son avis réside dans l’absence d’actions fortes en faveur de la protection de l’environnement. Il a appuyé vigoureusement les pays favorables à l’établissement de mesures pratiques, d’objectifs clairs et de calendriers précis. Il a appuyé tous les Etats et les institutions internationales qui élaborent des instruments juridiquement contraignants pour prévenir les activités dangereuses ayant des incidences transfrontières. Le Ministre a regretté la poursuite, en matière d’environnement, de politiques sectorielles, souvent contradictoires, malgré le penchant d’Action 21 pour une approche intégrée. Il a invité les gouvernements à adopter des instruments intégrés pour la gestion des ressources naturelles. Cette intégration, a-t-il précisé, doit surtout intervenir au niveau international, étant donné que de nombreux pays ont déjà des processus nationaux d’intégration. Il a noté que le processus de mise en œuvre devenait de plus en plus complexe, coûteux et laborieux. Il a, par conséquent, encouragé la simplification des procédures et la réduction de leurs coûts.

M. ABDUlmalik a. al-iryani, Ministre du tourisme et de l’environnement de la République du Yémen, a appelé le Sommet de Johannesburg à tirer les leçons de l’expérience du Sommet de Rio et à formuler une vision de l’avenir qui permette de mettre en œuvre les programmes de façon à satisfaire les attentes du monde entier. Il faut parvenir à un développement durable grâce à des processus efficaces, notamment par la promotion de la coopération internationale, et relever tous les défis qui nous sont lancés aujourd’hui, en particulier ceux des pays en développement. Le Yémen a accompli des progrès tangibles et a assuré un certain développement social et économique qui a eu un effet sur le niveau de vie des habitants yéménites. Le Yémen a adhéré à plusieurs conventions internationales et adopté des lois sur le développement durable. Des efforts ont également été menés pour rationaliser la gestion des ressources naturelles de façon à garantir leur renouvellement. Malgré les résultats obtenus, la pauvreté s’étend, les services de base sont insuffisants, la désertification progresse et une faible portion de la population a accès aux technologies de l’information et de la communication. Le Yémen réaffirme son attachement au principe de responsabilité partagée mais différenciée. L’aide aux pays en développement pour leur permettre de combattre la pauvreté est une responsabilité de la communauté internationale qui doit également mettre un terme à l’agression que subit le peuple palestinien.

M. VILAYAT GULIYEV, Ministre des affaires étrangères de la République d’Azerbaïdjan, a estimé que le Plan d’action de Johannesburg doit, dans le prolongement du Consensus de Monterrey et la Déclaration du Millénaire, impulser une dynamique pour parvenir à des résultats tangibles dans la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement. Face à la mondialisation rapide, la conservation de l’environnement est essentielle, en particulier pour l’Azerbaïdjan où une série de réformes a été entreprise avec le soutien de la communauté internationale pour faire des entreprises privées le principal moteur de la croissance et générer des investissements. Le secteur industriel est toutefois peu développé et une grande partie des populations rurales vivent encore en dessous du seuil de pauvreté, a-t-il observé, ajoutant que des stratégies nationales de développement durable orientées vers la réduction de la pauvreté, la protection de l’environnement et de la diversité biologique. L’Azerbaïdjan a procédé à la ratification d’une série de conventions telles que celles sur les changements climatiques ou la désertification et a procédé à des réformes économiques et commerciales en adhérant à l’OMC. Le Ministre a fait part de projets dans le domaine pétrolier conçus à l’échelle régionale et notamment la construction d’un pipeline entre Tbilissi et Bakou qui sera inauguré le 18 septembre. Il a ensuite mentionné l’occupation par l’Arménie d’un cinquième du territoire de l’Azerbaïdjan depuis dix ans au terme d’une invasion aux conséquences incommensurables sur les terres arables qui ont été minées et sur les infrastructures détruites.

Mme FAIZA EL NAGA, Ministre d’Etat aux affaires étrangères de l’Egypte, a indiqué que depuis 1992, l’Egypte met en œuvre avec diligence la Déclaration de Rio et Action 21. Le Sommet, a-t-elle dit, a coïncidé en Egypte avec l’adoption d’un programme global de réformes socioéconomiques. Toutefois, l’Egypte se heurte aux mêmes obstacles que d’autres pays en développement qui sont la pénurie de ressources, l’absence de technologies ou encore les conséquences de la stagnation économique mondiale. Ainsi, l’Egypte a pris de mesures pour optimiser l’aide des bailleurs de fonds et attirer l’investissement étranger direct (IED). L’expansion des marchés mondiaux, les modes de production et de consommation actuels ainsi que la révolution informatique et technologique constituent des défis importants pour les Etats qui reconnaissent néanmoins les nouvelles perspectives qu’ils pourraient ouvrir grâce à de véritables partenariats. Insistant sur le principe des responsabilités communes mais différenciées, la Ministre a appelé à la relance de la coopération internationale pour parvenir au développement durable. Elle a espéré que ce seront là les résultats du Sommet de Johannesburg. Elle a plaidé pour la levée des obstacles tarifaires et non tarifaires et des restrictions non commerciales aux échanges internationaux. Il faut mettre un terme à cette vision étroite des choses qui ne peut qu’entraver l’essor de l’économie mondiale et entraîner la détérioration de l’environnement. La Ministre a abordé la situation dans les territoires palestiniens occupés en soulignant que la destruction des infrastructures et l’exploitation des ressources naturelles sont une violation flagrante des préceptes de Rio. Nous attendons un effort concret et efficace de la communauté internationale, a-t-elle dit.

M. M.P. L. SHRESTHA, Ministre de la population et de l’environnement du Népal, a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle renouvelle ses engagements dix années après Rio. Les promesses du Sommet de la terre ne sont pas tenues et l’environnement se détériore à un rythme dévastateur. Le Népal est un pays enclavé conscient des périls de la pauvreté. Son bien-être dépend de la survie de son environnement mais la pauvreté représente à cet égard une grande menace. Les pays riches peuvent aider les pays en développement, en particulier en ouvrant leurs marchés et en éliminant leurs subventions. L’élimination de la pauvreté est la priorité absolue du Népal. Cependant, ces efforts sont sous-financés et nous ne pouvons pas tirer parti de notre potentiel en raison du manque de ressources. C’est pourquoi les dirigeants du monde doivent s’acquitter des engagements pris en matière d’aide et d’accès aux marchés. Les nations riches doivent adopter des modes de production et de consommation viables en changeant leurs modes de vie et en ratifiant le Protocole de Kyoto. Ce Sommet est l’occasion de montrer notre détermination à s’acquitter des engagements pris afin de rendre un espoir aux peuples.

M. DJIMRANGAR DADNADJI, Ministre de la planification, du développement et de la coopération de la République du Tchad, s’est interrogé sur ce qu’avait fait la communauté internationale en matière de développement durable entre Rio et Johannesburg en l’espace de dix ans. Pour sa part, le Tchad a signé et ratifié les principales conventions relatives à la protection de l’environnement et a intégré la protection de l’environnement comme devoir constitutionnel depuis 1996. Quatre secteurs prioritaires ont été identifiés dans la stratégie nationale de développement du Tchad, à savoir l’éducation, la santé, l’agriculture et les infrastructures. L’exploitation du pétrole sert à financer ces projets de développement durable à hauteur de 80% tandis que 10% sont placés sur des comptes bloqués qui seront utilisés par les générations futures. La mondialisation a marginalisé de nombreuses sociétés du monde, a déploré le Ministre, et au nom du respect du principe de responsabilités communes mais différenciées, les pays riches devraient faire en sorte que les bénéfices du progrès économique soient mieux équilibrés. Il a proposé la création d’un fonds de capital-risque pour les ressources énergétiques qui serait géré par le PNUD et a plaidé pour que l’affairisme et la recherche effrénée du gain laissent la place à la solidarité internationale.

M. HEHERSON ALVAREZ, Secrétaire pour l’environnement et les ressources naturelles de la République des Philippines, a appelé au sens de la justice et du partage des responsabilités face à la manière dont nous gérons la planète et ses ressources. A Rio, un bond en avant été effectué avant le grand recul constaté aujourd’hui. Les Philippines sont fières de leur bilan dans le domaine du développement durable. L’élimination de la pauvreté est la principale priorité et le développement durable est perçu comme la manière de vaincre ce fléau. Les Philippines s’enorgueillissent des partenariats qu’elles ont su sceller. Johannesburg doit écrire une histoire plus grande. L’histoire du monde qui inspirera l’action. Les Philippines auraient souhaité un engagement plus ferme sur les ressources nouvelles et additionnelles, une déclaration plus explicite sur la libéralisation commerciale, un engagement plus fort du secteur privé, et des objectifs plus clairs sur les énergies renouvelables. Le pays, a conclu le représentant, doit organiser une conférence en Asie sur la conservation des eaux douces. Avant de quitter Johannesburg, engageons-nous à assurer l’intégrité de l’humanité.




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