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Communiqués de presse Commission des droits de l'homme

POINT DE PRESSE PAR ABDELFATTAH AMOR, RAPPORTEUR SPECIAL SUR L'INTOLERANCE RELIGIEUSE

16 Avril 1999


16 avril 1999
OHCHR/99/04/19/B


M. Abdelfattah Amor, Rapporteur spécial sur l'intolérance religieuse de la Commission des droits de l'homme, a indiqué cet après-midi, lors d'un point de presse au Palais des Nations, que l'année écoulée fut caractérisée par la poursuite de intolérance religieuse dans le monde. "L'intolérance n'est le monopole d'aucune religion, d'aucune société ni d'aucun Etat", a dit M. Amor. Dans le cadre de son mandat, le Rapporteur spécial a sollicité des réponses auprès des Etats, a comparé les législations nationales et les faits qui se sont produit dans les Etats avec le droit international et fait des recommendations.

La 'gestion' de l'intolérance est également une manière de réagir au quotidien, selon M. Amor. La prévention de l'intolérance est très importante afin qu'à l'avenir, la discrimination fondée sur la religion et la conviction disparaisse. Des actions de prévention telle que l'éducation à la tolérance sont fondamentales, avec notamment le vecteur scolaire. En effet, une forme d'hostilité à l'égard de ce qui est différent et notamment religieusement différent est entretenu, ceci est peut être constaté en feuilleutant les manuels scolaires de très nombreux pays. En cette fin de siècle, ceci n'est pas admissible au regard des droits de l'homme et ** de la liberté de religion et de conviction, selon M. Amor. Un certain nombre d'initiatives conduiront à la préparation d'un texte relatif à une stratégie internationale scolaire de lutte contre l'intolérance et la discrimination fondée sur la religion ou la conviction. Ce texte sera alors soumis aux instances appropriée des Nations Unies.

La condition de la femme au regard de la religion a également attiré l'attention de M. Amor, ainsi que le problème des sectes.

L'extrémisme religieux n'a pas régressé non plus, même si aucune action d'éclat n'a eu lieu cette année, selon M. Amor. "L'extrémisme est une gangraine qui continue de s'attaquer à de nombreuses sociétés et, au delà des sociétés, à un esprit, celui des droits de l'homme". Les instances de l'ONU, chaque Etat ainsi que la communauté internationale devraient rester attentifs à la question de l'extrémisme.

M. Amor a présenté un rapport annuel à la Troisième Commission de l'Assemblée générale et à la Commission des droits de l'homme, mais également des rapports spécifiques établixs à l'occasion de visites in situ. L'année dernière, il a visité les Etats-unis et le Viet Nam. A la suite de ces visites, un certain nombre de recommendations ont été faites. M. Amor espère que ces rapports auront le suivi approprié car souvent, les recommendations ne sont pas intégralement appliquées.

M. Amor a indiqué qu'il souhaitait se rendre en Israël, en Russie et en Turquie, mais qu'il s'est heurté à des attitudes de refus. Des informations diverses et concordantes ont attesté qu'au sein même de la société juive en Israël, des tensions parfois assez fortes dûes à des problèmes d'interprétation de la religion ont été constatées. Il s'agirait de problèmes d'intolérance entre différentes confessions, entre musulmans et juifs, entre chrétiens et juifs, etc. L'Etat d'Israël n'a même pas pris la peine de répondre à sa demande d'invitation. La Russie fut également sollicitée pour une visite, mais, là non plus, il n'y a pas eu de réponse. En revanche, après plus de trois ans de discussions, la Turquie a accepté le principe d'une visite, bien que la date n'ait pas encore été fixée.

Un correspondant a demandé à quand remontait la demande de visite en Israël, M. Amor a répondu que cela faisait plus d'un an. Des rappels ont été fait mais n'ont donné lieu à aucun accusé de réception. M. Amor a rappelé qu'une visite peut se faire à l'initiative du Rapporteur spécial, mais elle ne peut avoir lieu qu'à la suite de l'invitation de l'Etat. En l'espèce, M. Amor a demandé de visiter Israël et la Russie.

Questionné sur la situation en Grèce, M. Amor a dit qu'il avait effectué une visite en Grèce il y a deux ans. De temps en temps, il adresse à la Grèce des communications afin de demander des explications sur un certain nombre de faits ou d'aspects de la législation. Son rapport sur la Grèce a relevé quelques problèmes concernant notamment les témoins de Jéhovah, les rapports de l'Eglise orthodoxe avec certaines communautés, la question de la mention de la religion sur la carte d'identité ainsi que la situation des musulmans en Thrace.

Concernant le Viet Nam, M. Amor a souligné que, dans ce pays, le problème de l'exercice de la liberté religieuse se manifestait à différents niveaux. Par exemple, au sein de chaque religion, il existe des associations patriotiques officielles. Or, certains estiment que ces associations ne les représentent pas et qu'elles sont entre les mains du Parti communiste.

Questionné sur la situation de la liberté religieuse en Chine, M. Amor a dit qu'il y avait eu des progrès indiscutables. Mais certains problèmes demeuraient, notamment concernant les rapports entre la religion et la politique, les maisons de prière privées, la disponibilité de bibles, la nomination d'êveques, etc. Au Tibet, le problème serait politique, selon M. Amor. Un certain nombre de questions se posent, concernant la gestion des lieux de culte, la formation des moines et des nonnes, l'emprisonnement de certains hommes religieux qui sont parfois des symboles politiques, tel que l'ex-abbé Yulo Dawa Tsering. Le Rapporteur special avait demandé aux autorités chinoises de veiller à ce que Dawa Tsering ne subisse aucune conséquence du fait de son entretien avec le Rapporteur spécial lors de la visite de M. Amor au Tibet en 1994. Yulo Dawa Tsering a malgré tout eu quelques difficultés après cette visite. Il y a également la question du Panchen Lama. M. Amor se pose la question de savoir si le temps ne jouerait pas contre cette affaire et si cette question pourra se résoudre comme le Dalaï Lama le souhaite.

Enfin, en relation avec sa visite aux Etats Unis, M. Amor a précisé qu'il y avait une persécution indirecte de la communauté musulmane par les médias. Une représentation négative de l'Islam serait faite et les musulmans tous présentés comme fanatiques. "La liberté de la presse ne doit en aucun cas empiéter sur la liberté de religion. Inversement, la liberté de religion ne doit pas empécher les médias d'exercer leur liberté de critique".

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