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Communiqués de presse Procédures spéciales

Une experte de l’ONU exhorte les gouvernements à sauver des vies en levant toutes les sanctions économiques face à la pandémie de COVID-19

03 Avril 2020

GENÈVE (3 avril 2020) – Une experte des droits de l'homme de l'ONU a appelé aujourd'hui à la levée de toutes les sanctions unilatérales qui entravent l'aide humanitaire des États sanctionnés, afin de permettre à leurs systèmes de santé de lutter contre la pandémie de COVID-19 et de sauver des vies.

« J'exhorte la communauté internationale à prendre immédiatement des mesures pour lever, ou au moins suspendre, toutes les sanctions jusqu'à ce que cette menace commune soit éliminée », a déclaré Alena Douhan, qui vient d'être nommée Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l'exercice des droits de l'homme. Cette déclaration fait écho à l'appel récent lancé par le Secrétaire général de l'ONU* pour lever les sanctions qui nuisent à la capacité des pays à faire face à la pandémie.

« Nous n'arriverons à vaincre cet ennemi que si tous les États et les organisations internationales unissent leurs forces dans un esprit de multilatéralisme, de coopération et de solidarité. Face à cet enjeu mondial, nul ne peut être privé de soins médicaux essentiels », a-t-elle ajouté.

« Je demande à tous les gouvernements qui se servent des sanctions comme d'un instrument pour leurs relations extérieures de retirer immédiatement les mesures visant à établir des obstacles au commerce, et d'interdire les droits de douane, les quotas et les mesures non tarifaires, y compris celles qui empêchent de financer l'achat de médicaments, d'équipement médical, de nourriture et d'autres biens de première nécessité », a déclaré l'experte.

La Rapporteuse spéciale a souligné que la pandémie actuelle menace l'ensemble du système des droits de l'homme, y compris les droits fondamentaux comme le droit à la vie et le droit à la santé. « Il est nécessaire d'adopter une approche soucieuse des droits de l'homme pour affronter la crise de la COVID-19, et cela passe par la levée des mesures coercitives entre les États », a-t-elle ajouté.

« J'encourage tous les efforts visant à fournir une aide humanitaire aux pays touchés par la maladie. » L'experte a fait remarquer que certains gouvernements et certaines organisations internationales sont souvent incapables de fournir ne serait-ce qu'une aide de base à la population de ces pays, car ces sanctions unilatérales se servent du système financier mondial pour obliger les pays tiers, les sociétés et les institutions financières à éviter toute transaction liée à ces États.

« C'est une question de la plus haute importance et très urgente. La COVID-19 n'est pas sélective. Elle traverse facilement les frontières et affecte les gens indépendamment de leur nationalité, race, affiliation politique, religion ou condition sociale », a-t-elle rappelé, notant que les pays soumis à des sanctions, en particulier l'Iran, le Venezuela, Cuba, la Syrie et le Yémen, détiennent souvent des équipements médicaux obsolètes, et souffrent de pénuries de médicaments et de moyens de protection.

« Les pays sanctionnés sont particulièrement touchés, car ils ne peuvent pas se servir de leurs revenus pour importer les équipements, les médicaments, les traitements antiviraux et les aliments provenant des marchés mondiaux », a expliqué Mme Douhan. « La pandémie est en train de déclencher une importante crise économique ayant de graves conséquences humanitaires, surtout pour les plus vulnérables dans les secteurs les plus pauvres de la population : les femmes, les personnes âgées, les jeunes et les enfants », a-t-elle indiqué. 

« Je réitère la position de longue date de mon prédécesseur, à savoir que l'utilisation de sanctions économiques à des fins politiques constitue une violation des droits de l'homme et des normes internationales. » L'ancien expert avait averti dès mai 2019* que de telles actions pourraient déclencher des catastrophes humanitaires d'une ampleur sans précédent.

« C'est le cas à présent en ce qui concerne le système de santé à l'échelle mondiale et dans les pays sanctionnés en particulier. »

FIN

Alena Douhan (Bélarus) a été nommée Rapporteuse spéciale sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l'exercice des droits de l'homme * par le Conseil des droits de l'homme en mars 2020