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Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Face au désastre d’Alep il faut agir avec audace, y compris en limitant l’utilisation du véto au Conseil de sécurité - Zeid

Initiatives audacieuses

04 Octobre 2016

 Anglais | Arabe

GENEVE (4 octobre 2016) – La tragédie des droits de l’homme qui se déroule à Alep nécessite des initiatives nouvelles et audacieuses, a déclaré mardi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, « y compris des propositions pour limiter l’utilisation du veto par les membres permanents du Conseil de sécurité. »

« Depuis le lancement de la nouvelle offensive contre les quartiers tenus par l’opposition dans l’est d’Alep par le Gouvernement syrien et ses alliés, des images de souffrance et de mort envahissent nos écrans. Face à une avalanche aussi effroyable de violence et de destruction, des mesures extraordinaires doivent être prises », a-t-il dit, notant que depuis le 21 septembre des centaines de civils ont été tués, parmi lesquels au moins 100 enfants.

« Les attaques survenues ces dix derniers jours ont été les plus intenses qu’aient connues les habitants de l’est d’Alep depuis le début du conflit, et pas un seul quartier n’est désormais considéré comme sûr. L’utilisation d’armes telles que des bombes hautement explosives et des armes incendiaires dans des zones fortement peuplées ont un effet dévastateur sur la population et les infrastructures civiles. »

« Je suis fermement convaincu que le temps est venu pour un leadership fort et des actions audacieuses, et que le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait, sans délai, adopter des critères pour empêcher ses membres d’utiliser leur véto lorsqu’il existe des préoccupations graves quant à de possibles crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou génocide », a déclaré le Haut-Commissaire.

« Cette initiative cruciale permettra au Conseil de sécurité des Nations Unies de renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale, une évolution que j’ai réclamée à maintes reprises. Un tel renvoi serait plus que justifié au regard de l’impunité endémique et profondément choquante qui caractérise le conflit et de l’ampleur des crimes commis, dont certains pourraient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité », a-t-il dit.

« L’attaque du 19 septembre contre un convoi humanitaire, les frappes récentes qui ont touché trois centres du groupe de sauveteurs bénévoles les Casques blancs, et celles qui ont touché au moins trois grands hôpitaux de l’est d’Alep – y compris, dernièrement, un centre essentiel de traumatologie qui a été frappé plusieurs fois au cours du weekend – semblent toutes indiquer que les opérations en cours sont conduites dans un mépris total des normes les plus élémentaires du droit international humanitaire. Ces standards n’ont pas été créés pas pour préserver des droits superflus; ils ont fait l’objet d’un accord de la communauté internationale afin de préserver une parcelle même infime d’humanité dans la conduite des hostilités », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein.

« Les opérations menées actuellement par le Gouvernement syrien et ses alliés semblent être destinées à forcer les combats de l’est d’Alep à se rendre par tous les moyens possibles. Cet objectif apparent est reflété dans le schéma des attaques qui ont endommagé ou détruit des objets bénéficiant d’une protection spéciale en vertu du droit international humanitaire, y compris les unités médicales et les structures vitales pour le bien-être de la population comme les stations de pompage d’eau, et des attaques qui ont tué ou blessé des personnes prenant part à la fourniture d’aide humanitaire », a dit le Haut-Commissaire.

« L’utilisation d’armes ayant des effets indiscriminés – comme les armes incendiaires – dans des zones densément peuplées est particulièrement préoccupante. Je rappelle aux Etats parties au Protocole III à la Convention sur certaines armes classiques*, y compris à la Fédération de Russie, qu’il leur est strictement interdit d’utiliser des armes incendiaires lors de frappes aériennes dans des zones fortement peuplées et que l’utilisation de telles armes par des forces terrestres est sévèrement restreint », a déclaré le Haut-Commissaire.

« L’utilisation par les groupes armés d’opposition de ce qui est connu comme le canon de l’enfer, un mortier de fabrication artisanale qui tire des bonbonnes de gaz contenant des explosifs et des fragments, est aussi totalement inacceptable », a dit le Haut-Commissaire, qui a aussi noté que l’utilisation de telles armes constituait des attaques indiscriminées, étant donné qu’il est quasi impossible de les cibler correctement et qu’elles ont souvent tué et blessé des civils dans les zones sous contrôle gouvernemental.

« Comme aucun avantage militaire ne peut être attendu de leur utilisation en raison de leur imprécision, il faut en conclure que leur but premier est de terroriser les habitants de l’ouest d’Alep », a-t-il ajouté.

« S’il est prouvé qu’elles sont intentionnelles, les attaques lancées en ce moment sur Alep par toutes les parties, y compris celles menées contre les civils, les unités médicales et les travailleurs humanitaires, leurs locaux et leurs équipements, pourraient constituer des crimes de guerre », a dit le Haut-Commissaire. « Et si de telles attaques sont sciemment commises dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique dirigée contre la population civile, elles pourraient aussi constituer des crimes contre l’humanité », a-t-il poursuivi.

« Alors qu’une offensive terrestre contre l’est d’Alep par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés semblent en cours, je rappelle à toutes les parties au conflit qu’elles doivent en tout temps et sans exception respecter strictement le droit international humanitaire, en particulier les principes fondamentaux de distinction, proportionnalité et précaution », a déclaré le Haut-Commissaire.

« Le non-respect par l’ennemi du droit international humanitaire ne supprime en aucun cas l’obligation de la partie adverse de respecter ce droit, de même que la désignation comme « organisation terroriste » d’un groupe particulier ne permet aucune dérogation aux lois de la guerre », a-t-il ajouté.

« N’oublions pas que la destruction de villes telles que Varsovie, Stalingrad et Dresde, et l’horreur infligée aux civils, ont grandement contribué à la création des Nations Unies. Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer à Alep. Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à faire défaut aux milliers d’enfants pris au piège dans cette ville, dans l’attente d’un massacre », a déclaré le Haut-Commissaire.

FIN

* Le Protocole III à la « Convention de 1980 sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discernement » peut être consulté ici :
http://www.unog.ch/80256EDD006B8954/%28httpAssets%29/FDA9502ADAB2C01BC12573DA0042D4C3/$file/Protocol+III+F.pdf

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