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Santé sexuelle et procréative

Les jeunes doivent pouvoir exercer leurs droits en matière de santé sexuelle et procréative

06 Mai 2021

« L’accès à la santé et aux droits en matière de sexualité et de procréation est absolument crucial pour les jeunes. Il leur permet d’obtenir des soins de santé et une éducation sexuelle complète, qui leur fournit des informations vitales sur leur sexualité, leur sensualité, ainsi que sur l’identité de genre et l’expression du genre. Il favorise chez eux l’autonomie corporelle et le pouvoir de contrôler leur vie », a déclaré Poppy Stanbury.

Cette militante féministe travaille comme coordinatrice des activités de sensibilisation pour l’association CHOICE for Youth and Sexuality, une ONG basée aux Pays-Bas qui milite pour la santé et les droits en matière de sexualité et de procréation des jeunes et pour leur participation significative aux décisions prises concernant leur vie.

« Avoir accès à la santé sexuelle et procréative permet de diminuer le nombre de mariages d’enfants, de réduire les grossesses chez les adolescentes et de prévenir la transmission d’infections sexuellement transmissibles. C’est un sujet qui affecte tant de domaines différents de la vie, mais on le considère souvent comme moins important, car on suppose qu’il n'affecte pas nécessairement de manière directe la nourriture, le logement ou la santé, alors que c’est vraiment le cas. »

Des normes sociales risquant de porter atteinte aux droits des jeunes

Selon des chiffres récents du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), on compte 1,8 milliard d’adolescents âgés de 10 à 19 ans, ce qui représente plus de 16 % de la population mondiale. De nombreux jeunes voient leur potentiel entravé par des normes sociales, des attitudes culturelles, des obstacles institutionnels et structurels et des violations de leurs droits fondamentaux en raison de leur âge, comme le souligne un rapport de l’ancien Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur les jeunes et les droits de l’homme.

Mme Stanbury a souligné que, même lorsqu’ils ont besoin de services de santé sexuelle et procréative, les jeunes sont souvent victimes de discrimination et de stigmatisation en raison des normes sociales en vigueur dans les pays du monde entier.

« Ce jugement se répercute alors dans les services de santé où les jeunes craignent qu’on ne respecte pas le principe de confidentialité ou ont peur d’être victimes de discrimination. Cela est particulièrement vrai pour les jeunes LGBTI, notamment dans les pays où les relations homosexuelles ou les personnes trans sont criminalisées, où l’accès à la reconnaissance de l’identité de genre n’est pas disponible, et où les droits à l’intégrité physique et mentale des jeunes LGBTI sont violés », a-t-elle ajouté.

Selon elle, certaines lois ou politiques nationales discriminatoires empêchent les jeunes d’accéder aux services sexuels et procréatifs sans le consentement des parents, ou permettent même aux professionnels de la santé de refuser des services sur la base de leurs propres croyances religieuses.

En avril 2021, Poppy Stanbury a participé à un séminaire organisé par le HCDH à la demande du Conseil des droits de l’homme, afin de discuter des problèmes et des occasions offertes aux jeunes dans le domaine des droits de l’homme. Selon elle, les obstacles à la jouissance de leur santé et de leurs droits en matière de sexualité et de procréation persistent, et ce même au niveau intergouvernemental, car de nombreux États membres du Conseil n’ont pas encore reconnu la santé sexuelle et procréative comme une question relevant des droits de l’homme.

Le besoin d’opérer un changement à l’échelle de la société

Cependant, à en juger par les estimations du FNUAP et de l’Organisation mondiale de la Santé publiées en 2016 et 2018, il est urgent d’opérer un changement collectif. Les filles entre 15 et 19 ans représentent 11 % du total des naissances, et environ 14 % du total des décès maternels, quelque 50 000 filles par an mourant de causes liées à la maternité ; 1 adolescente sur 4 dans la même tranche d’âge a des besoins non satisfaits en matière de contraception ; et chaque année, environ 3,9 millions de filles âgées de 15 à 19 ans subissent des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses.

« Plus les jeunes sont informés sur ces questions, plus ils se rendent compte qu’ils sont liés aux droits de l’homme. Il est très important que des mécanismes comme le Conseil des droits de l’homme incluent et encouragent la participation des jeunes de manière significative, car pratiquement toutes les discussions sur les droits de l’homme concernent les jeunes », a-t-elle indiqué.

Une enquête mondiale sur la jeunesse et la COVID-19* a révélé que les effets de la pandémie sur les jeunes, en particulier les femmes, les plus jeunes et ceux vivant dans des pays à revenu faible sont systématiques, profondément ancrés et disproportionnés. La crise a également exacerbé les inégalités existantes.

« Les services d’avortement ont été gravement touchés par la pandémie de COVID-19, ce qui rend la situation dix fois plus difficile dans les pays où l’avortement est déjà illégal. Même dans les endroits où l’avortement est légal, les financements ont été réduits ou les services ont fermé, car ils sont considérés comme non essentiels », a indiqué Poppy Stanbury. « En revanche, certains pays ont instauré la télémédecine, ce qui signifie que l’on peut avoir recours à l’avortement par voie médicamenteuse de chez soi. »

Elle a également souligné que la pandémie a laissé de nombreux jeunes sans ressources financières pour payer des produits ou des services tels que des serviettes hygiéniques, des contraceptifs, des tests de dépistage et des traitements hormonaux de substitution dans les pays où ils ne sont pas gratuits.

« L’éducation sexuelle dans son intégralité n’est souvent pas considérée comme une nécessité, et les écoles qui la jugent nécessaire et qui offrent leurs classes en ligne ne trouvent souvent pas les moyens de proposer ces cours de manière sûre », a-t-elle expliqué. C’est donc toute une génération qui passe à côté d’informations vitales et dont ces jeunes ont besoin pour développer des relations saines. »

À la fin de l’année 2020, le Sénat argentin a voté pour la légalisation de l’avortement, faisant de l’Argentine le troisième pays d’Amérique du Sud à légaliser cette pratique, après plusieurs décennies de campagne de la part de militants et de législateurs en faveur de l’avortement. Deux ans auparavant, le référendum irlandais, qui a conduit à l’abrogation du huitième amendement interdisant l’avortement sauf si la grossesse mettait la vie de la mère en danger, a montré que la société était désormais favorable à un avortement sûr et légal.

« Plus les jeunes, en particulier les jeunes femmes, ont la possibilité et le courage de s’exprimer sur ces questions, plus ces sujets sont acceptés dans les débats de société et plus les gouvernements commencent à écouter », a-t-elle ajouté.

6 mai 2021