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Disparitions forcées ou involontaires

Les familles de migrants disparus ne perdent jamais espoir

30 août 2019

En 2010, Heriberto Antonio Gonzalez quittait son foyer en El Salvador à la recherche d'une vie meilleure au Mexique. Sa famille ne l'a plus jamais revu.

Près de dix ans plus tard, sa mère, Maria Elena Larios, le cherche encore, refusant d'abandonner l'espoir de le revoir vivant. Même lorsqu'elle se souvient de son fils, elle le fait au présent.

« Pour moi, cela a été très difficile d'avoir ce vide à la maison », explique-t-elle. « Je suis toujours en train de le chercher et de l'attendre. Pour moi il est vivant. Je continue de parler de lui au présent ... Et je continuerai à le chercher jusqu'à ce que je trouve une réponse ».

La précarité de la situation des migrants se lançant dans des voyages longs et souvent périlleux pour trouver une vie meilleure a récemment fait l'objet d'une attention particulière de la part des experts des Nations Unies qui s'occupent des disparitions forcées ou involontaires. Dans son dernier rapport, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires indique qu'il existe un lien direct entre les migrations et les disparitions forcées. Ce lien s'explique « parce que des personnes quittent leur pays en raison d'un risque ou d'une menace de disparition forcée ou parce qu'elles disparaissent au cours de leur voyage ou dans le pays de destination ».

Mme Larios ne sait pas à quel moment son fils a disparu durant son périple. La famille a signalé la disparition d'Heriberto auprès des autorités salvadoriennes en 2010, la même année de sa disparition. Mme Larios a relancé plusieurs fois le Ministère des affaires étrangères du pays et s'est mise en contact avec plusieurs organisations dans l'espoir d'en apprendre davantage sur son fils.

« Nous l'avons cherché dans les prisons, les hôpitaux et les décharges ; nous avons distribué des dépliants et placardé des affiches dans les rues ; nous sommes allés au Bureau du Médiateur en El Salvador, avec le Procureur. J'ai attendu encore et encore, mais rien ne s'est passé », explique-t-elle.

Elle a ensuite rejoint la Caravana de Madres de migrantes Desaparecidos (caravane des mères de migrants disparus), un groupe qui parcourt le trajet des migrants à travers le Mexique, à la recherche d'informations sur leurs proches disparus. Depuis 2005, le groupe organise des voyages pour les familles de migrants disparus originaires d'Amérique centrale et s'arrête dans les villes situées le long de la route migratoire au Mexique en quête d'informations.

Chaque année de 2016 à 2018, Mme Larios s'est jointe au groupe, dans l'espoir d'apprendre quelque chose. Ses efforts ont été récompensés.

« (En 2016) un couple a reconnu la photo de mon fils. Ils m'ont expliqué qu'ils l'avaient vu, qu'il était blessé, et qu'ils l'avaient aidé. Je n'arrivais pas à les croire au début, donc je leur ai demandé plusieurs fois, et ils m'ont confirmé qu'ils avaient vu mon fils », explique-t-elle. « D'autres personnes m'ont dit en 2017 et en 2018 que mon fils était vivant ».

Selon le Groupe de travail, être à l'écoute des familles est un facteur déterminant pour faire avancer les mécanismes existants afin de lancer des enquêtes, engager des poursuites et punir les éventuels responsables. Comme l'indique le rapport, l'éloignement et l'absence de contact avec les autorités du pays où la personne a disparu, entre autres, font qu'il est difficile pour la famille de participer à l'enquête, une circonstance qui affecte non seulement leurs droits, mais aussi l'efficacité des recherches.

Les Principes directeurs pour la recherche de personnes disparues, qui ont été adoptés par le Comité sur les disparitions forcées cette année, soulignent l'importance pour les États de conclure des accords de coopération efficaces pour faciliter la recherche des disparus dans le contexte des migrations. Ces accords doivent également autoriser l'échange rapide et sécurisé d'informations et de documents de nature à permettre de localiser les personnes disparues.

Mme Larios estime également qu'il est important pour les familles de disparus d'obtenir la coopération des États.

« Nous sommes aussi soutenus par le Mécanisme mexicain d'appui des migrants », indique-t-elle. « Le Mécanisme nous vient en aide, ils viennent ici de temps en temps pour nous donner des nouvelles sur les recherches de nos proches. »

Les recherches avancent, mais pas aussi vite qu'elle le souhaiterait.

« Nous avons fait certains progrès, petit à petit.  Je leur dis toujours : continuez de le chercher ! »

30 août 2019