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Agir pour la cause des femmes et des filles

06 Décembre 2018

Tikhala Itaye, une défenseuse des droits des femmes et des filles, a cofondé l’ONG Her Liberty après avoir réalisé qu’elle ne pouvait pas obtenir de réponses sur les raisons pour lesquelles les filles étaient traitées différemment des garçons dans son pays, le Malawi.

" Quand j’ai commencé ma première année d’université, plusieurs enseignants m’ont fait des remarques de nature sexuelle et ils ont essayé de me recaler quand ils ont réalisé que je ne céderais pas à leurs avances sexuelles, a-t-elle déclaré. Je me suis sentie tellement impuissante. Je ne savais pas à qui en parler parce que je savais qu’en tant que fille, on allait me dire que c’était ma faute. "

À l’université, Tikhala a rencontré deux autres jeunes femmes avec qui elle a pu partager son expérience et les obstacles auxquels elle faisait face. Ensemble, elles ont réalisé que si elles se taisaient, les choses ne changeraient jamais.

" Nous avons décidé de créer l’ONG Her Liberty, qui signifie “ sa liberté ” : en tant que femmes nous devons être libres de toute oppression, faire entendre notre voix et lutter contre des problèmes qui nous affectent ", dit-elle.

En 2017, elle a prouvé de nouveau son engagement pour la cause en devenant " championne " de la jeunesse et membre de la direction de SheDecides, un mouvement créé par Lilianne Ploumen, l’ancienne ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la coopération au développement.

Alors que, la même année, le président américain Donald Trump signait le décret Global Gag Rule (aussi connu sous le nom de " règle du bâillon mondial ") pour mettre fin au financement fédéral des organisations de la société civile qui fournissent des conseils en matière de planification familiale, Lilianne Ploumen a déclaré que ce n’était pas au président Trump de prendre des décisions concernant les femmes et leur corps.

" She Decides " (c’est elle qui décide), a-t-elle ajouté. Ces deux mots ont déclenché un véritable mouvement d’action et quelques semaines plus tard, plusieurs gouvernements se sont réunis lors d’une conférence et se sont engagés à verser plus de 200 millions de dollars à des organisations touchées par la décision américaine.

" Des gens de différents pays ont adopté ce mouvement de la même façon que les jeunes femmes l’ont compris dans leur propre pays. L’Afrique du Sud, où est née la campagne She conquers, en est l’un des meilleurs exemples, a déclaré Tikhala. C’est devenu un mouvement qui se répand dans le monde entier et grâce auquel les jeunes femmes peuvent maintenant choisir elles-mêmes ce dont elles peuvent décider. "

Cette année, le monde célèbre les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cependant, Tikhala estime que sept décennies n’ont pas suffi pour que les idéaux contenus dans la Déclaration atteignent l’ensemble de la population et les zones rurales.

" Beaucoup de gens ne savent toujours pas quels sont leurs droits fondamentaux. Je crois que cette célébration est l’occasion de partager ce message et d’examiner les lacunes qui existent dans le monde ", a-t-elle dit.

Tikhala Itaye a décrit son expérience de la lutte contre le mariage des enfants dans différents pays et à quel point elle s’est sentie motivée lorsque l’Union africaine a lancé la campagne Ending Child Marriage (campagne pour l’élimination du mariage des enfants).

" Je pensais qu’on avait fait de réels progrès, mais alors que je m’intéressais à ce qu’il se passait au niveau national au Malawi, j’ai rencontré une jeune femme victime d’un mariage forcé durant son enfance. Je suis allée la voir et je lui ai demandé si elle savait qu’elle aurait eu le droit de dire non à ce mariage et si elle avait entendu parler de la campagne. Elle m’a regardé et m’a dit : "Non. C’est quoi les droits de l’homme ? Et elle a ajouté "C’est quoi une loi ?" " raconte-t-elle.

" On ne peut pas célébrer les droits de l’homme lorsque cette jeune fille, au niveau communautaire, ne sait même pas ce qu’est une loi. Je crois que cette célébration est l’occasion d’aider les communautés à comprendre vraiment qu’elles ont le droit de savoir ce que sont les droits de l’homme ", a ajouté Tikhala Itaye.

6 décembre 2018