Skip to main content

Les droits des minorités doivent être prioritaires dans une crise humanitaire

05 Janvier 2017

 " Les Yézidis, en tant que minorité religieuse implantée en Irak, ne sont pas acceptés et ne bénéficient d’aucune protection. Ce que vit ma communauté est une crise des droits de l’homme, " a déclaré Erivan Mahdi, une Yézidie de 24 ans travaillant dans un camp dans le Kurdistan irakien où sont accueillis les Yézidis déplacés qui ont fui les attaques de l’État islamique (EI).

​​Les Yézidis sont une communauté religieuse de quelque 400 000 personnes qui vivent dans la région de Sinjar au nord de l’Irak. Les militants de l’EI ont attaqué Sinjar en 2014, tuant des milliers de Yézidis et faisant prisonnières des milliers de femmes. Une enquête de l’ONU, en juin 2016, a dénoncé ces atrocités comme étant un génocide et a affirmé que l’EI ciblait les Yézidis depuis 2014 dans le but " d’anéantir leur identité. "​

Les attaques ont contraint les communautés yézidies à rejoindre des camps réservés aux déplacés internes (DI). Mahdi travaille avec l’Organisation internationale des volontaires dans des camps de DI au profit des femmes yézidies qui ont fui la captivité de l’EI, des familles qui ont été séparées et des enfants qui ont perdu leurs parents.

" Plus de 3 500 femmes sont encore détenues par l’EI et nous ne savons pas où elles se trouvent, " ajoute Mahdi. " L’EI a enlevé des milliers d’enfants yézidis qui sont entraînés à tuer dans le but de former une nouvelle génération de combattants de l’EI. "

Mahdi a participé à un programme de bourses pour les minorités, d’une durée de trois semaines, organisé par le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme à Genève. Ce programme propose aux jeunes appartenant à des minorités nationales, ethniques, religieuses et linguistiques une formation au système de protection des droits de l’homme des Nations Unies pour les aider dans leur action de défense des droits des minorités dans leur pays d’origine.

Les situations d’urgence humanitaire en Irak, en Syrie, au Sud Soudan et dans d’autres conflits se prolongent sans interruption, piégeant les civils dans des zones de conflit et les privant de nourriture, d’eau et de médicaments. Dans de nombreux conflits, les minorités, en particulier, sont victimes d’actes de violence.

" Les conflits actuels sont souvent motivés par la discrimination – par des idéologies sectaires qui aspirent à dominer ou à écraser d’autres identités, " a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, lors d’un forum récent organisé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme afin d’évoquer le sort tragique des minorités dans les situations d’urgence humanitaire.

Zeid a appelé à un plus grand engagement et une meilleure coopération entre les gouvernements, les instances de l’ONU, les organisations régionales et les ONG et ainsi offrir aux minorités une protection plus efficace en cas d’aggravation des crises.

Les participants au forum ont discuté des conséquences démesurées pour les minorités dans les situations d’urgence humanitaire dues à des conflits, des catastrophes naturelles ou des pandémies.

Pour Christine Knudsen, Directrice du projet Sphère – une initiative volontaire visant à promouvoir une approche axée sur les personnes en matière d’aide humanitaire dans les situations d’urgence: " Il est indispensable de prendre en compte la situation des minorités qui sont privées de leurs droits, exposées à des risques élevés et qui disposent de moins de ressources pour se protéger et agir ". " L’assistance humanitaire doit évoluer d’une approche purement axée sur les besoins vers une démarche fondée sur les droits. "

Les discussions ont porté sur la rédaction de recommandations afin de répondre efficacement aux besoins des minorités dans les situations de crise humanitaire, notamment des mesures pour les États, les acteurs humanitaires gouvernementaux et non-gouvernementaux afin de garantir la non-discrimination et la promotion des droits des minorités dans toutes les phases d’une situation d’urgence.

Évoquant les difficultés auxquelles sont confrontées les communautés minoritaires dans les situations de conflit, Mahdi a exhorté les participants au forum à appeler à suivre attentivement la tragédie des Yézidis en Irak. " Je demande à la communauté internationale d’être à nos côtés pour nous défendre, contribuer à libérer les femmes yézidies capturées par l’EI et mettre fin au massacre de mon peuple. "

5 janvier 2017