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Police et droits de l’homme au Myanmar

05 Février 2016

Sur les hauteurs de l’État isolé de Chin au Myanmar, une cinquantaine de fonctionnaires de police prennent place dans la salle glacée pour la dernière session d’un programme de formation innovant destiné à mettre les droits de l’homme au cœur du travail policier.

Ces deux journées de formation, qui ont eu lieu à Hakha, la capitale régionale, en décembre dernier, sont venues conclure une série d’ateliers organisés dans tout le pays au cours d’une période de 18 mois. Près d’un millier de membres de la police du Myanmar, en majorité des responsables de communes et de districts – ont participé à ces ateliers, qui se sont déroulés dans 14 États et régions.

Deux formateurs issus du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) ont instruit les participants – des hommes dans leur quasi-totalité – des pratiques optimales qui sont à la base des activités de police axées sur les droits de l’homme. L’un des principaux objectifs du programme était d’aborder la question de la sous-représentation des femmes et des minorités ethniques dans la police du Myanmar et de montrer l’effet délétère de cette exclusion sur la promotion et la protection des droits de l’homme.

Le Haut-Commissariat avait gardé pour la fin la séance la plus difficile – du moins en ce qui concerne l’accessibilité. Depuis Yangon, la plus grande ville du Myanmar, il a fallu aux formateurs du HCDH deux jours pour atteindre Hakha, en franchissant des cols périlleux, dont certains avaient été pulvérisés par les récents glissements de terrain dus aux pluies diluviennes. À 1 867 mètres, Hakka est l’une des villes les plus hautes du pays.

« La formation a été très bien reçue et a connu un franc succès, dans l’ensemble, » selon Andrew MacGregor, spécialiste des droits de l’homme en poste au Myanmar. « Nous avons cherché à promouvoir l’idée que les policiers doivent s’interdire toute action contraire aux droits de l’homme et prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ces droits. »

Pour la plupart des participants, c’était la première formation aux droits de l’homme.

UN NOUVEAU CHAPITRE

Il y a cinq ans, il aurait été impensable d’organiser une telle formation au Myanmar, alors gouverné par les militaires. Mais un nouveau Myanmar se dessine, comme le souligne la victoire écrasante de la lauréate du prix Nobel Aung San Suu Kyi en novembre dernier.

Tout en saluant ce vote comme « un nouveau chapitre dans l’histoire du pays », la Rapporteuse spéciale des Nations Unies pour le Myanmar, Yanghee Lee, a déclaré qu’il y avait de graves problèmes de droits de l’homme, auxquels il importait de s’attaquer. Mme Lee a souligné que la discrimination à l’égard des minorités ethniques et religieuses ainsi que les propos haineux et les incitations à la haine et à la violence à leur encontre, si répandus actuellement, devaient être traités en priorité.

Le HCDH a défini la formation de la police comme un élément clé de son programme de promotion et de protection des droits de l’homme au Myanmar. En conséquence, le Haut-Commissariat a élaboré un cours de deux jours pour traiter des normes et du cadre international régissant les droits de l’homme. Diverses questions, comme les enquêtes, les arrestations, le maintien de l’ordre, l’usage de la force et des armes à feu, la prévention de la torture et des mauvais traitements, ont été abordées dans le cadre du programme.

Le Haut-Commissariat a informé la direction de la police du Myanmar durant le programme et le contenu du cours a été adapté à mesure que des questions étaient soulevées à propos des droits de l’homme.

LES DROITS DE L’HOMME, À LA BASE D’UN BON SERVICE DE POLICE

Le HCDH, en collaboration avec les autorités du Myanmar, prépare actuellement d’autres programmes de formation destinés à intégrer plus pleinement les droits de l’homme dans les pratiques des forces de l’ordre.

Le Haut-Commissariat coopèrera avec la police du Myanmar pour intégrer les droits de l’homme au cursus de formation et participera à la formation des formateurs. Le HCDH prévoit également d’assurer un programme pilote de sept jours pour les officiers supérieurs.

« C’est un bon début et il faut poursuivre sur notre lancée », affirme M. MacGregor, en ajoutant qu’il reste encore beaucoup à faire pour que les principes des droits de l’homme soient pleinement ancrés dans le travail policier. « Nous savons que ce type de formation permet de développer l’efficacité et le professionnalisme. »

« Cette initiative conjointe avec la police du Myanmar montre que le respect des droits de l’homme est la base d’un bon service de police. »

5 février 2016

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