Selon des spécialistes des droits de l’homme, la discrimination raciale continue de sévir aux États-Unis
03 février 2016
Le Groupe de travail a formulé ses conclusions préliminaires et ses recommandations au terme de la mission qu’il a menée aux États-Unis du 19 au 29 janvier dans le but d’évaluer la situation des Afro-Américains, et des autres personnes d’ascendance africaine, sur le plan du racisme, de la discrimination raciale, de l’afrophobie, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.
Le Groupe a salué diverses mesures prises par les autorités tant fédérales qu’au niveau des États pour lutter contre la discrimination raciale, notamment un décret qui interdit l’isolement en cellule des mineurs incarcérés et l’adoption de l’Affordable Health Care Act (‘loi sur les soins médicaux accessibles’) qu’il considère comme « l’un des développements les plus importants dans le domaine de la santé ».
Toutefois, le taux alarmant des violences policière commises en toute impunité, l’usage excessif d’armes meurtrières par les forces de l’ordre et les préjugés racistes qui caractérisent le système de la justice pénale constituent des sujets de grave préoccupation pour le Groupe.
« Les meurtres récemment commis par la police et les traumatismes qu’ils engendrent rappellent les lynchages racistes du passé », a noté le Groupe de travail. « L’impunité dont bénéficient les violences de l’État est à l’origine de la crise actuelle des droits de l’homme, et il convient d’y remédier de toute urgence. »
Les experts ont également montré du doigt l’écart qui s’est creusé entre les indicateurs de base du développement humain et les conditions de vie des Afro-Américains. Ils ont remarqué que la majorité des quartiers peuplés principalement d’Afro-Américains sont pauvres ou subissent des injustices environnementales, comme la crise de l’eau contaminée qui afflige actuellement la ville de Flint, dans le Michigan.
Le groupe a également constaté que la politique de tolérance zéro et les efforts massifs de renforcement de la sécurité dans les établissement scolaires sont appliqués de manière inéquitable et entraînent un harcèlement et une pénalisation excessive des enfants afro-américains, qui sont arrêtés pour des délits mineurs par les forces de l’ordre présentes dans les établissements ; autre sujet de préoccupation, le profilage racial et le ciblage en toute impunité de la communauté afro-américaine.
« L’écart persistant entre les Afro-Américains et le reste de la population des États-Unis dans presque tous les indicateurs de développement humain, soit l’espérance de vie, le revenu, la richesse, le niveau d’études, le logement, l’emploi, le travail et même la sécurité alimentaire, reflète le niveau de discrimination structurelle qui crée de facto des obstacles au plein exercice des droits de l’homme pour les personnes d’ascendance africaine,” a déclaré Mireille Fanon Mendès-France, la présidente du groupe de travail.
Le Groupe s’est d’abord arrêté à Washington puis il s’est rendu à Baltimore, à Jackson, à Chicago et à New York avant de retourner à Washington pour présenter ses conclusions préliminaires. Il a rencontré des représentant du gouvernement au niveau fédéral, des États et local, ainsi que des centaines de représentants des organisations de la société civile et de militants des droits de l’homme.
Les membres du Groupe ont également rencontré des particuliers et des victimes d’atteintes aux droits de l’homme, dont les familles de personnes tuées par des agents de police, qui réclament toujours justice.
Le travail du Groupe repose en grande partie sur la Déclaration et le Programme d’action de Durban et sur la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, que les États-Unis ont ratifiée au même titre que 176 autres pays. Le Groupe de travail joue aussi un rôle moteur en appelant les États à prendre des mesures nationales durant la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine : reconnaissance, justice et développement (2015 à 2024) ; il s’efforce dans le même temps d’attirer l’attention sur l’apport des personnes d’ascendance africaine à la société et de renforcer la coopération nationale, régionale et internationale pour assurer le respect, la promotion et le plein exercice des droits fondamentaux des personnes d’ascendance africaine.
3 février 2016