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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Commentaire du porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Jeremy Laurence, sur la violence des gangs en Haïti et l’augmentation des violations des droits de l'homme

16 Juillet 2022

People carry belongings as they flee their homes due to ongoing gun battles between rival gangs, in Port-Au-Prince, Haiti April 28, 2022. REUTERS/Ralph Tedy Erol

Nous sommes profondément préoccupés par l'aggravation de la violence à Port-au-Prince ainsi que par l'augmentation des violations des droits humains commises par des gangs lourdement armés contre la population locale. Nous demandons instamment aux autorités de veiller à ce que tous les droits humains soient protégés et placés au centre de leur réponse à la crise. La lutte contre l'impunité et les violences sexuelles, ainsi que le renforcement de la surveillance et de l’établissement de rapports en matière de droits de l’homme, doivent rester une priorité.

De janvier à fin juin, nous avons recensé 934 meurtres, 684 blessés et 680 enlèvements dans la capitale. Sur une période de cinq jours, du 8 au 12 juillet, au moins 234 personnes ont été tuées ou blessées dans le cadre des violences liées aux gangs dans le quartier de Cité Soleil. La plupart des victimes n'étaient pas directement impliquées dans des gangs et ont été directement visées par des éléments de gangs. Nous avons également reçu des informations faisant état de nouvelles violences sexuelles.

Nous appelons les responsables, et ceux qui soutiennent cette violence armée, à le cesser immédiatement, ainsi qu’à respecter la vie et les moyens de subsistance de tous les Haïtiens, dont la plupart vivent dans une extrême pauvreté. 

Les gangs lourdement armés sont de plus en plus sophistiqués dans leurs actions, menant des attaques simultanées, coordonnées et organisées dans différentes zones. Le droit à la vie est le droit suprême en vertu du droit international des droits humains et l'État a le devoir de protéger ce droit, y compris contre les menaces émanant de personnes et d'entités privées.

Dans le cadre de leurs tactiques, certains gangs ont empêché la population locale d'accéder à des biens de première nécessité, tels que l'eau potable et la nourriture. Cela a encore aggravé la prévalence de la malnutrition aiguë dans les zones touchées, notamment chez les enfants. La violence a également exacerbé les pénuries de carburant, le principal dépôt de carburant étant situé à Cité Soleil, et les coûts de transport ont fortement augmenté. La situation socio-économique critique a déclenché des manifestations de rue, contribuant à détériorer davantage la situation sécuritaire. Alors que beaucoup des résidents se sont barricadés l’intérieur, de nombreux commerces ont fermé, par peur des représailles.

Selon le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ratifié par Haïti, toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et son bien-être, notamment en ce qui concerne l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux et les services sociaux nécessaires.

Depuis le début du mois de juin, des gangs ont également attaqué des institutions clés à Port-au-Prince, comme le Palais de justice et l'administration portuaire. Des menaces d'attaques ont aussi été signalées contre le Parlement, les services pénitenciers, la Banque nationale, la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif. Les autorités de l'État semblent dépassées par la situation : les institutions sont paralysées par le manque de ressources, la corruption et la violence, ce qui favorise l'impunité. Bien que la Police nationale haïtienne ait réagi rapidement et autant que possible, ses ressources limitées n’ont pas permis d’endiguer la violence.

Nous nous félicitons de la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies de prolonger le mandat du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), qui permettra de renforcer la réponse internationale collective à la crise des droits humains qui se déroule dans le pays, ainsi que de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.

FIN

Pour plus d’informations ou pour toute demande des médias, veuillez contacter:
Jeremy Laurence +41 22 917 9383 / jeremy.laurence@un.org
Ravina Shamdasani - + 41 22 917 9169 / ravina.shamdasani@un.org
Seif Magango - +254 788 343 897 / seif.magango@un.org

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