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Déclarations Multiple Mechanisms FR

Manifestation parallèle de haut-niveau à l’occasion du 25ème anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques

25ème anniversaire de la Déclaration sur les minorités

28 Février 2017

34ème session du Conseil des droits de l’homme

Déclaration de Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme

Le 28 février 2017

Il y a un quart de siècle, les tensions ethniques et les pratiques nationalistes agressives gagnaient du terrain en de nombreux points du globe, y compris en Bosnie-Herzégovine, où un conflit long et meurtrier a éclaté en 1992.  Les conséquences dévastatrices pour les minorités ont suscité une volonté renouvelée de renforcer d’urgence les normes internationales des droits de l’homme ayant trait aux minorités. En décembre de cette année, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté par consensus la Déclaration sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, reconnaissant que la protection des minorités et de leurs droits de l’homme constitue à la fois une mesure de prévention des conflits et un impératif en matière de droits de la personne.

Aucune personne n’est minoritaire. Aucun être humain ne peut être inférieur à un autre par naissance.  Et pourtant, 25 ans plus tard, nous assistons à un regain de tensions interethniques aux quatre coins du globe: les individus dont l’identité n’est pas celle de la majorité sont l’objet de propos haineux et d’attaques, privés de leur droit de vote, de leur citoyenneté et de toute voie de recours légale.

On attise la xénophobie et on diabolise les groupes minoritaires, en ligne comme hors ligne, la marée toxique de la haine déferle sur des cibles allant des Roms aux personnes d’ascendance africaine; des Yézidis aux Rohingyas en passant par les apatrides.           

Il convient de prôner un leadership plus fort, moins équivoque, en faveur des droits des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, et d’affirmer clairement la volonté d’intensifier les actions visant à protéger ces droits dans la loi comme dans la pratique.  Pourtant, les discours politiques de nombreux dirigeants préconisent le contraire. Hier, le Haut-Commissaire les a qualifiés de téméraires profiteurs politiques: ceux qui prétendent que la question des tensions interethniques devrait être abordée non pas en renforçant la protection des droits mais en restreignant les droits des minorités. 

La logique tordue, les suppositions erronées, le fanatisme et les préjugés n’ont pas leur place dans la vie publique ou dans la politique publique.  La Déclaration universelle et les autres normes internationales des droits de l’homme sont très claires à ce sujet et les preuves confirment leur bon sens:

  • Les droits des minorités ne sont pas des droits supplémentaires ou spéciaux. Ils définissent un contexte pour les droits de l’homme au sens large et érigent le droit à la participation et la non-discrimination au rang de leviers décisifs pour l’exercice de tous les droits de l’homme dont jouissent les minorités.  Si les droits des minorités ne sont pas appliqués, les politiques publiques et les lois risquent d’alimenter la discrimination et de porter atteinte aux droits d’avoir leur propre culture, de prêcher et pratiquer leur propre religion et d’employer leur propre langue;
  • La protection des droits des minorités contribue à édifier des sociétés solidaires – elle n’alimente pas le séparatisme mais constitue un vecteur essentiel en vue de prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent. Les sociétés profondément inclusives sont plus stables et plus dynamiques – dès lors, la reconnaissance des langues et cultures ne doit pas être le privilège des groupes ethniques, religieux ou linguistiques dominants. Les droits des minorités et l’intégration sociale ne sont pas en concurrence. Un processus intelligent d’intégration des collectivités permet de renforcer les droits des minorités et inversement. Il ne s’agit pas d’un jeu où il n’y a ni gagnant, ni perdant. 
  • Le droit des minorités de jouir de leur culture doit être maintenu en préservant également les autres droits de l’homme et en excluant ainsi les pratiques portant atteinte à d’autres droits de l’homme. Les droits humains des femmes, par exemple, ne sauraient être bafoués en raison d’une tradition culturelle ou religieuse; ils doivent faire partie intégrante de notre travail sur les minorités. 

Quoi que plutôt brève, la Déclaration des droits des minorités lance un puissant appel en faveur de l’égalité.  Sa pleine mise en œuvre va dans l’intérêt des majorités comme des minorités.  Nous devons tous adopter et promouvoir ses principes – qui devraient trouver leur place dans notre travail de prévention des conflits et de consolidation de la paix, de même que dans nos efforts de prévention de l’extrémisme violent. En veillant à n’exclure personne, ils sont indispensables pour faire en sorte de «ne laisser personne à la traîne» d’ici 2030, dans la droite ligne des ODD.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme promeut ces idées auprès de nos partenaires allant des INDH aux équipes de pays des Nations Unies (UNCT), y compris en tant que coordinateur du Réseau des Nations Unies sur la discrimination raciale et les minorités. L’Autriche a fait preuve d’un leadership remarquable en faisant progresser les droits des minorités ici au Conseil des droits de l’homme, notamment en soutenant vigoureusement le Forum des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités et la Rapporteuse spéciale sur les questions relatives aux minorités.
Nous avons besoin de plus de soutien encore, des États membres et des autres parties prenantes, afin d’ériger les droits des minorités au rang de priorité et de contribuer à mettre en relation nos travaux sur la mise en œuvre de la déclaration avec les mouvements de base qui défendent les droits de l’homme pour tous, y compris pour les minorités. 

Si la discrimination à l’égard des minorités est inacceptable, la déclaration en fait un acte inexcusable.  Nous devons avancer, défendre les minorités, parler en leur nom et avec elles. Et pour cela nous devons agir de manière inclusive, ne pas nous contenter de défendre uniquement les minorités auxquelles nous appartenons, mais les droits des autres minorités également.

Célébrons cet anniversaire en réaffirmant notre engagement à agir ensemble pour défendre leurs droits – défendre l’inclusion de toutes les minorités, en particulier celles dont nous ne faisons pas partie, et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger leurs droits, chaque fois que ceux-ci sont menacés.

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