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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Déclaration de Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, sur la situation au Burundi

Présentation du rapport sur la situation au Burundi

29 Juin 2016

Genève, le 29 juin 2016

Excellences,
Chers collègues, chers amis,

J’ai l’honneur de présenter le rapport du Haut-Commissariat sur la situation des droits de l’homme au Burundi. Il se fonde sur le travail, en fait sur le travail énorme et profondément honorable effectué par mon personnel basé à Bujumbura, Bujumbura Rural, Gitega, Makamba et Ngozi, ainsi que sur les informations fournies par d’autres acteurs dans le domaine des droits de l’homme et par les autorités.

Ce rapport décrit de manière détaillée la détérioration générale de la situation des droits de l’homme des Burundais au cours de l’année qui a suivi la crise politique d’avril 2015. Les violations infligées au peuple burundais sont notamment des exécutions extrajudiciaires, des meurtres, des disparitions forcées, des arrestations et détentions arbitraires, la torture et d’autres formes de mauvais traitements, dont les violences sexuelles. Les auteurs de ces violations des droits de l’homme et de ces mauvais traitements seraient des membres des forces de sécurité et du renseignement ; des membres d’un groupe armé lié à l’Imbonerakure, qui est lui-même associé au parti au pouvoir ; ainsi que d’autres groupes et individus armés.

Combinées à des attaques et à des restrictions des libertés publiques fondamentales, ces violations et ces violences ont créé un climat de peur. Des membres d’organisations de la société civile, des journalistes, des membres des partis de l’opposition et des manifestants ont été la cible d’attaques, disparus de force ou détenus ou menacés arbitrairement. Des membres du parti au pouvoir, des forces de sécurité ainsi que des membres de l’Imbonerakure ont également été visés par des assassinats et des attaques à la grenade.

Les derniers chiffres, qui datent du 20 juin, indiquent que près de 270 000 personnes ont été forcées de fuir le Burundi. 100 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays.

Les points de contrôle et la peur de la violence restreignent fortement la liberté de mouvement dans l’ensemble du Burundi, en particulier dans les quartiers de Bujumbura qui sont perçus comme soutenant l’opposition et ont été bouclés à plusieurs reprises pour y effectuer des inspections de sécurité. Depuis juin 2015, les personnes qui se rendent dans les pays voisins ou en reviennent courent un risque élevé d’être interpellés et placés en détention, parce qu’elles sont soupçonnées de vouloir rejoindre un groupe rebelle. L’économie est en chute libre, mettant en péril les progrès accomplis en matière de développement pendant huit années de croissance soutenue. La violence entrave gravement l’accès à l’emploi, à l’éducation, aux services de santé et à d’autres droits fondamentaux.

Depuis février, le gouvernement a adopté plusieurs mesures positives destinées à régler un nombre limité de questions. Les mandats d’arrêt internationaux émis à l’encontre de 15 membres de la société civile, de membres de l’opposition et de professionnels des médias ont été suspendus. Deux chaînes de radio ont pu rouvrir, et la suspension des activités d’une ONG a été levée. Suite à la visite du Secrétaire général de l’ONU, plusieurs détenus ont été remis en liberté et 47 personnes interpellées lors de manifestations pour s’opposer au troisième mandat du Président Nkurunziza ont été provisoirement remises en liberté à l’issue de leur procès. Mais des centaines de personnes sont toujours en prison en raison de leur opposition, réelle ou supposée, au Gouvernement.

Excellences,

Ce rapport porte jusqu’à fin avril 2016. Plus récemment, le Haut-Commissariat a observé une baisse du nombre d’exécutions – et s’il est peut-être encore trop tôt pour considérer qu’il s’agit d’une tendance positive, il s’agit clairement d’une observation positive qu’il faut encourager. Il n’empêche, les cas d’arrestation et de détention arbitraires et de torture sont toujours aussi fréquents. Je suis consterné par les cas qui continuent de nous être signalés d’élèves et d’étudiants qui ont été suspendus de cours ou interpellés parce qu’ils auraient gribouillé des photographies du Président dans les manuels scolaires.

En outre, je suis préoccupé par la perspective très concrète d’une escalade de la violence ethnique. Au cours des six semaines qui viennent de s’écouler, plusieurs membres des anciennes Forces armées du Burundi, ou ex-FAB, ont été assassinés, peut-être en raison de leur appartenance à l’ethnie tutsie. Dans le sud du pays, j’ai également été informé de propos tenus par des membres de l’Imbonerakure qui constituent une incitation à la violence contre les opposants politiques, aux forts relents ethniques. Étant donné l’histoire récente de massacres ethniques au Burundi, ces actes d’incitation sont potentiellement explosifs. Je demande aux autorités de traduire les auteurs de ces actes en justice. 

Mon rapport dresse une liste de recommandations essentielles à l’intention du Gouvernement burundais et de la communauté internationale. Je demande avant tout qu’il soit mis fin aux violations des droits de l’homme qui détruisent les vies, les espoirs et l’avenir du peuple burundais, et que cette crise soit résolue en établissant un dialogue national réellement ouvert à tous.

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