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Déclarations

LE TRAFIC DES ETRES HUMAINS REPRESENTE L’UNE DES PLUS GRANDES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME, DECLARE M. ANNAN

01 août 2002

1 août 2002


On trouvera ci-après le message du Secrétaire général, M. Kofi Annan, au Sommet international sur le trafic des êtres humains, la maltraitance, le travail et l'esclavage des enfants à Abuja (Nigéria).  Le message sera lu par M. Antonio Maria Costa, Directeur général de l'Office des Nations Unies à Vienne et Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime:

C’est avec grand plaisir que je vous adresse mes salutations à l’occasion de cette importante réunion internationale, qui se penchera sur une des plus graves violations des droits de l’homme de notre époque : le trafic de personnes et la maltraitance des enfants, y compris le travail et l’esclavage des enfants.

Au cours des 10 dernières années, le trafic d’êtres humains a atteint des proportions alarmantes. Selon les estimations, plus de 700 000 femmes et enfants sont victimes chaque année de ce trafic, aux fins d’exploitation sexuelle, de travail forcé, de mariage forcé et d’adoption forcée. D’après Europol, cette « industrie » représente actuellement plusieurs milliards de dollars par an.

Aucune région n’est à l’abri de ce commerce odieux. De l’Asie à l’Europe de l’Est, de l’Amérique latine à l’Afrique, les trafiquants recrutent des victimes qui, comme de simples marchandises, sont transportées clandestinement d’un côté à l’autre des frontières, vendues puis exploitées sous la menace de violence. Nombre d’entre elles sont ensuite contraintes au servage, qui inclut souvent l’exploitation sexuelle. La traite des êtres humains est également un sujet de préoccupation croissante en Afrique centrale et de l’Ouest, où, selon les estimations de l’UNICEF, plus de 200 000 enfants, victimes du trafic transfrontalier, sont réduits en esclavage. Ils sont bien souvent « vendus » par des parents sans méfiance, qui croient que l’on va prendre soin de leurs jeunes enfants, lesquels apprendront un métier ou recevront une éducation. Or, dans l’enfer où ces enfants se retrouvent, leur survie même est menacée et leurs droits les plus fondamentaux leur sont déniés.

Le trafic des êtres humains est alimenté par la pauvreté, le chômage et la disparition des moyens d’existence traditionnels, ainsi que par les écarts économiques entre pays et entre hommes et femmes. C’est la branche du crime organisé qui connaît la croissance la plus rapide, et nombreux sont les narcotrafiquants qui s’y sont reconvertis parce qu’il s’agit d’une activité plus lucrative et relativement sans risque. En effet, les trafiquants peuvent s’assurer d’énormes profits en abusant de candidats à l’émigration à la recherche d’un avenir meilleur, et cela, sans courir de gros risques, du fait de l’impuissance de leurs victimes, des lacunes de la loi et de la faiblesse des moyens de répression.

La lutte contre ce fléau commence par les conventions et protocoles qui ont déjà été adoptés sous les auspices des Nations Unies, en particulier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, et son Protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. Dans plusieurs pays, ce protocole a d’ores et déjà inspiré des réformes législatives. À ce jour, 105 pays l’ont signé et 12 l’ont ratifié. Le Nigéria a été un des premiers à le ratifier.  J’espère que nous atteindrons bientôt les 40 ratifications nécessaires pour son entrée en vigueur.

J’engage également tous les États à ratifier et appliquer le Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, ainsi que la Convention 182 de l’OIT relative à l’interdiction des pires formes de travail des enfants.

Ces conventions à elles seules ne mettront pas un terme au trafic des personnes, mais elles font partie du cadre juridique nécessaire à notre action. Les politiques et pratiques doivent également être renforcées à l’échelon régional et national, comme l’a fait par exemple la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest en adoptant une déclaration politique et un plan d’action en décembre dernier à Dakar. Il faut de toute urgence mettre en place des mécanismes de coopération entre les pays d’origine, les pays de transit et les pays de destination. Il faut prévoir de lourdes peines pour les trafiquants et ceux qui exploitent et asservissent des êtres humains. Dans le même temps, n’oublions pas que leurs victimes ont besoin d’aide et de protection, et que les victimes potentielles doivent connaître la vérité qui se cache derrière de vagues promesses d’un emploi bien rémunéré en Europe ou en Amérique du Nord. Mais, et c’est peut-être le plus important, il nous faut éliminer les situations de pauvreté et de sous-développement qui conduisent tant de personnes à quitter leur village ou leur pays pour l’inconnu, à la recherche d’un avenir meilleur.

Je remercie le Gouvernement nigérian d’avoir convoqué cette réunion et vous adresse mes meilleurs vœux de réussite dans vos travaux.

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