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Déclarations

ALLOCUTION DU PRÉSIDENT DE L'ECOSOC À L'OUVERTURE DU FORUM AFRICAIN POUR LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS

17 Juillet 2001



ECOSOC
17 juillet 2001


La déclaration suivante a été faite aujourd'hui par le Président du Conseil économique et social, M. Martin Belinga-Eboutou, à l'occasion de l'ouverture du forum pour la promotion des investissements en Afrique :


«Soyez les bienvenus et infiniment merci à vous d'avoir répondu à notre invitation à ce forum pour la promotion des investissements en Afrique.

Votre présence en grand nombre constitue d'emblée à mes yeux un gage de succès pour cette initiative de l'ECOSOC. Et surtout elle démontre, si besoin est, que l'Afrique n'est pas, contrairement aux idées reçues, un continent qui laisse indifférent.

Lorsque l'ère de la mondialisation a succédé, il y a une dizaine d'années, à celle de la guerre froide, pour les millions de femmes et d'hommes à travers le monde, cette mutation allait de pair avec l'espoir de voir placer les valeurs humaines au centre des relations internationales.

Force est de constater, hélas, que le monde global n'a pas totalement gommé ou passé au second plan les rapports de force entre États. Seuls les enjeux idéologiques ont laissé place aux rivalités et concurrence dans le domaine économique.

Cette nouvelle donne a eu pour effet notamment d'aggraver le fossé déjà béant qui sépare pays riches et pays en voie de développement, voire pauvres parmi les pauvres. Ce qui est le cas de pas moins de 35 États africains sur les 49 pays du monde les moins avancés.

Ce forum, votre forum, est un volet majeur des deux journées d'échanges et de débats sur l'Afrique que nous avons mis à l'ordre du jour de cette session annuelle du Conseil économique et Social des Nations Unies. En effet, l'une de nos préoccupations et surtout notre objectif, est de contribuer à l'ancrage d'un développement durable en Afrique, qui, nous en sommes convaincus, ferait, à terme, du continent un nouveau pôle dynamique et attractif de l'économie mondiale.

Une telle ambition implique notamment l'engagement de tous, en particulier de ce très large aréopage d'acteurs de la communauté internationale, dont vous êtes, dans votre diversité, les représentants.

Voilà pourquoi nous avons trouvé naturel de vous mettre côte à côte à l'occasion de cette rencontre, vous Messieurs les Ministres de l'économie, du commerce, vous Mesdames et Messieurs responsables d'organisations multilatérales ou d'organismes de développement, vous Mesdames et Messieurs les dirigeants d'entreprises privées ou publiques, leaders syndicaux ou encore hauts délégués des pays donateurs. Nous voulons vous entendre, vous sans qui le développement de l'Afrique ne saurait se faire de façon durable.

Au cours de vos échanges, j'en suis à l'avance persuadé, vous aurez l'occasion de renforcer les passerelles naturelles qui vous relient. Et, ce faisant, à travers le dialogue et les débats que vous aurez ensemble, vous contribuerez à l'élaboration de projets et de programmes d'action capables de stimuler l'investissement en direction de l'Afrique.

Le défi, il est vrai, paraît à première vue difficile à relever. En effet, l'Afrique, si l'on ne s'en tient qu'à l'année dernière, a connu une baisse spectaculaire de 13% des investissements étrangers directs. À l'échelon mondial, ces investissements demeurent particulièrement faibles puisqu'ils représentent moins de 1% des flux des capitaux à travers le monde.

Inutile de dire qu'il faut plus que jamais redoubler d'efforts pour remonter la pente. Ce renversement de tendances suppose tout d'abord obligatoirement le relèvement de l'aide au développement des pays riches, qui a connu également une baisse constante depuis une dizaine d'années, et qui influe directement sur le mouvement des capitaux et apports financiers extérieurs vers l'Afrique.

Il est un autre facteur décisif dépendant directement de la détermination de la communauté internationale. Il s'agit de l'ouverture des marchés locaux et étrangers aux exportations africaines. À cet égard, les réformes des règles du jeu du commerce mondial actuellement en cours au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent absolument tenir compte de ce paramètre spécifique à l'Afrique.

Au niveau des États africains, nous nous réjouissons de la poursuite des réformes en matière de réglementation et de loi sur les entreprises, qui, selon les experts de la CNUCED, sont devenues largement conformes aux principes de l'économie de marché et de la libre concurrence.

Il convient cependant que les dirigeants africains renforcent le climat de sécurité et de stabilité politique dans certaines régions du continent, sans lequel on ne peut espérer un développement des transferts de capitaux ni de flux financiers nécessaires au décollage économique africain.

Saluons également le nouvel ordre africain de développement appelé de leurs voeux par les Chefs d'État de l'Organisation de l'unité africaine lors du dernier Sommet tenu à Lusaka. Non seulement, ils reconnaissent qu'ils sont les premiers détenteurs des clés du développement économique de leur continent, mais ils admettent qu'il est impératif d'enraciner et de renforcer la démocratie et la bonne gouvernance pour jouir de la confiance des autres régions du monde.

L'Afrique ne doit plus être simplement une zone d'où on ne transfert que des matières premières non transformées et des richesses minières vers les destinations du globe économiquement plus riches. Il est impérieux que le continent soit considéré en partenaire économique à part entière. Ceci passe notamment par la diversification de ses sources de production et plus particulièrement par la création d'infrastructures de communication et de tissus industriels qui permettraient de favoriser la croissance et, ce faisant, l'essor économique et le développement durable de l'Afrique.

L'ECOSOC et le système des Nations Unies dans son ensemble sont déterminés, à déployer tous les efforts qui relèvent de leurs compétences pour accompagner les actions qui sont les vôtres dans vos secteurs d'activités respectifs, pour permettre de réunir les conditions d'une dynamique de l'investissement en Afrique. Cet objectif relève de la justice, de l'unité, de l'audace et du courage, aussi bien de la part des Africains que de l'ensemble de la communauté internationale.»



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