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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Message de la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à l'occasion de la Journée internationale pour l'éradication de la pauvreté

17 Octobre 2006

17 octobre 2006

Il y a presque 20 ans, 100 000 défenseurs des droits de l’homme venus du monde entier se rassemblaient en ce jour sur le Parvis des libertés et des droits de l’homme à Paris, là où la Déclaration universelle des droits de l’homme fut signée en 1948, afin d’exprimer leur solidarité avec ceux qui luttent contre l’extrême pauvreté et leur volonté de faire respecter la dignité et la liberté de chacun. Aujourd’hui, la misère constitue l’atteinte la plus grave aux droits de l’homme dans le monde. Les femmes pauvres de l’Afrique subsaharienne risquent cent fois plus de perdre la vie en donnant naissance à leur enfant que les femmes des pays riches. Près d’un enfant africain sur cinq ne survit pas jusqu’à son cinquième anniversaire. Le fossé entre pays riches et pays pauvres, et les injustices qu’il révèle à l’échelle mondiale, posent un sérieux défi à notre engagement en faveur de l’universalité des droits de l’homme.
La misère est souvent une cause, mais elle est aussi une conséquence des violations des droits de l’homme. Un trait commun à presque tous les plus pauvres est qu’ils n’ont pas accès, de manière équitable, aux institutions et aux services de l’État permettant de donner effet aux droits de l’homme. Cette inégalité d’accès, en particulier à la justice, est souvent liée à des discriminations dans d’autres domaines. S’il est vrai que la question est d’ordinaire envisagée sous l’angle des droits économiques et sociaux, une personne dans le besoin est généralement autant victime de la répression de ses droits civils et politiques que du dénuement économique. Les deux sont en effet liés.
Combattre la pauvreté, la misère et l’exclusion n’est pas une question de charité et ne dépend pas de la richesse d’un pays. Les États sont les premiers responsables de la protection des droits de l’homme, cependant tous les acteurs, étatiques et non étatiques, sont tenus d’agir en accord avec les normes et les règles internationales en matière de droits de l’homme dans la lutte contre la pauvreté. Évidemment, ces normes et ces règles ne peuvent en elles-mêmes être un modèle pour des politiques économiques et sociales. Elles permettent toutefois d’établir un cadre minimal et d’assurer que le processus d’élaboration des politiques intègre certaines garanties procédurales de base, y compris la participation, la non-discrimination et la réparation. Refuser la misère dans une perspective respectueuse des droits de l’homme, signifie reconnaître que les personnes dans le besoin sont détentrices de droits et qu’il est nécessaire de leur donner les moyens de les faire valoir auprès des responsables. Des partenariats renforcés entre pays riches et pays pauvres sont nécessaires afin de créer les conditions d’une réduction plus rapide et plus durable de la pauvreté, en conformité avec les exigences en matière de droits de l’homme.
Reconnaître ainsi que la misère porte atteinte aux droits de l’homme nous impose de placer résolument notre lutte contre la pauvreté sous la bannière des droits de l’homme. Une des raisons de la persistance de la pauvreté dans beaucoup de régions du monde vient du fait que les responsables ne sont pas tenus de rendre compte de leur inaction ou de leurs politiques déplorables. Il est possible d’éliminer la misère. En s’attaquant à la pauvreté parce que c’est une obligation découlant du respect des droits de l’homme, le monde aura une meilleure chance d’abolir ce fléau de notre vivant.

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