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Déclarations et discours Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Journée mondiale de la liberté de la presse : déclaration du Haut-Commissaire

02 Mai 2023

La liberté d’expression n’est pas seulement un droit humain fondamental, c’est aussi le fondement de sociétés saines et dynamiques.

Sans liberté d’expression, nous ne pouvons pas contester les injustices, provoquer des changements ou participer aux débats qui font de nous des êtres humains à part entière.

Nous ne pouvons pas amener celles et ceux qui détiennent le pouvoir à rendre des comptes.

Sans la liberté d’expression, qui sous-tend tous nos autres droits, il n’y a que très peu de liberté. 

« Sans considérations de frontières » : telle était la promesse de la Déclaration universelle des droits de l’homme lorsqu’elle a affirmé notre droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.

Cependant, alors que nous célébrons le 30e anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous assistons dans le monde entier à la fermeture forcée de ces frontières et à une tendance alarmante et agressive à la suppression de la liberté d’expression.

Bien que les journalistes comptent parmi les principaux vecteurs de l’information et des faits, une « nouvelle normalité » semble s’installer, dans laquelle ces personnes sont confrontées à des menaces de plus en plus graves.

Une nouvelle normalité qui consiste à réduire au silence les personnes qui s’efforcent d’informer, de dénoncer et d’obliger les détenteurs du pouvoir à rendre des comptes.

À travers la diffamation, la censure, la fermeture systématique des médias, les arrestations arbitraires ou les attaques physiques et en ligne directes contre elles, leurs amis et leurs familles.

Les femmes journalistes sont particulièrement exposées à la violence et au harcèlement dans l’exercice de leurs fonctions.

En 2022, 87 journalistes ont été tués, la grande majorité en toute impunité. Au total, 323 personnes ont été emprisonnées, ce qui constitue un record.

Ces statistiques ont intolérables.

Le journalisme n’est pas un crime, mais une artillerie de nouvelles lois et de procès font penser le contraire.

Sous le couvert de la lutte contre la cybercriminalité et contre le terrorisme, de la cybersécurité et de lois sur les fausses nouvelles, les gouvernements peuvent plus que jamais museler les journalistes et étouffer les vérités qui dérangent.

Les restrictions à la liberté d’expression doivent être l’exception.

Et elles peuvent l’être.

Grâce à une législation nationale plus forte, qui donne la priorité aux droits humains. Grâce à une plus grande surveillance des menaces contre les journalistes et à un meilleur soutien juridique et psychologique en cas de préjudice.

Et surtout, grâce à des enquêtes systématiques sur les crimes commis contre les journalistes et des poursuites en justice.

La Déclaration universelle des droits de l’homme est notre garde-fou. Alors que nous célébrons cette année son 75e anniversaire, le HCDH consacrera le mois de mai à célébrer les voix critiques et les débats, à assurer la sécurité des journalistes et à protéger l’espace civique.

En janvier dernier, j’ai appelé les gouvernements à libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, que ce soit pour avoir exercé leurs droits ou en violation de leurs droits, y compris les journalistes et les défenseurs et défenseuses des droits humains emprisonnés pour avoir fait leur travail primordial.

Je réitère cet appel aujourd’hui.

Toute menace à l’encontre d’un journaliste est une attaque directe à la liberté d’information, d’opinion et d’expression, qui sont des droits fondamentaux nous appartenant tous.

La sécurité des journalistes n’est pas seulement une question de sécurité personnelle, c’est une question de sécurité et de santé pour des sociétés entières.

Il est impératif, pour notre avenir à tous, que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour la protéger.