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Les salaires devraient refléter la contribution à la société, et pas seulement la capacité à générer des profits : Expert de l'ONU en matière de pauvreté
20 octobre 2023
NEW YORK (20 octobre 2023) - La rémunération des travailleurs devrait refléter leur contribution à la société : c’est ce qu’a déclaré aujourd’hui un expert de l'ONU en matière de pauvreté, en appelant à des augmentations de salaire pour les travailleurs et travailleuses essentiels et à des plafonds de rémunération pour ceux qui travaillent dans des industries destructrices telles que la spéculation financière, les combustibles fossiles ou le tabac.
« Il est absurde que les emplois les plus utiles aux autres, en particulier aux personnes en situation de pauvreté, tels que l’aide à la personne, le travail bénévole ou les soins de santé, soient parmi les moins bien rémunérés, quand d’autres qui sont si bien payés pour les dommages sociaux et environnementaux qu'ils créent », a déclaré Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur l'extrême pauvreté et les droits humains, devant l'Assemblée Générale des Nations Unies à New York.
« Il est temps de s’attaquer à cette injustice », a déclaré le Rapporteur spécial. « Les gouvernements devraient établir des listes de professions les plus utiles socialement et les rémunérer en conséquence, tout en dressant une liste des professions dont la rémunération devrait être plafonnée afin d'atténuer leurs effets secondaires néfastes ».
Dans son nouveau rapport, M. De Schutter cite la spéculation financière, les combustibles fossiles, les pesticides, les plastiques, le tabac et la publicité comme des secteurs où les salaires devraient être plafonnés.
« Dans le marché du travail actuel, prendre soin des autres et de la planète ne paie pas », a déclaré M. De Schutter. « J'exhorte les gouvernements à intervenir et à rectifier cela en construisant un avenir où les économistes pourront aspirer à concevoir des programmes qui aident les gens à sortir de la pauvreté, au lieu s’aspirer à être des traders; ou les architectes pourront choisir de construire des logements sociaux à prix bas, plutôt que des villas pour les ultra-riches ».
Le rapport de M. De Schutter constate que le salaire minimum - gagné par de nombreuses personnes qui occupent des emplois dont dépend la société, dans l’agriculture, le transport, le nettoyage et l'assainissement - n'est souvent pas suffisant pour permettre à ces travailleurs d'échapper à la pauvreté, en particulier face à une inflation galopante.
« Plus d'un travailleur sur cinq dans le monde vit aujourd'hui dans la pauvreté, et ce chiffre doit nous alerter », a déclaré l'expert. « Les salaires bas sont à l'origine du phénomène des ‘travailleurs pauvres’. Les salaires réels ont chuté au début de 2022 pour la première fois depuis le début de ce siècle, alors même que les bénéfices des grandes entreprises explosent ».
Le rapport attribue la persistance des salaires bas au déclin des contrats de travail à temps plein, de nombreux travailleurs étant contraints par les employeurs d'accepter des contrats à temps partiel ‘occasionnels’ et faiblement rémunérés ou d'être classifiés à tort comme ‘indépendants’, en particulier dans l’économie des plateformes. Il souligne également les violations persistantes des droits syndicaux au cours des 30 dernières années, qui ont affaibli le pouvoir de négociation des travailleurs et donc leur capacité à obtenir des salaires plus élevés.
L'expert a appelé les gouvernements à respecter leur obligation, qui découle du droit international des droits humains, de veiller à ce que tous les travailleurs, y compris les travailleurs informels et les travailleurs migrants, reçoivent un ‘salaire vital’, c'est-à-dire un salaire qui assure au minimum un niveau de vie décent aux travailleurs et à leur famille, et qui soit équivalent au moins à 60 % du salaire médian du pays.
« Il est temps de mettre fin au scandale des salaires de misère », a déclaré M. De Schutter. « Ce n'est qu’à cette condition qu'un emploi sera une porte de sortie de la pauvreté ».
M. Olivier De Schutter (Belgique) est le Rapporteur spécial sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme depuis mai 2020. Il a été nommé par le Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies et fait partie des procédures spéciales, le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.
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