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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme entend les déclarations de treize hauts dignitaires

Le Conseil entend les déclarations de treize hauts dignitaires

27 Février 2018

APRES MIDI

Il poursuit ainsi son débat de haut niveau, qui doit s’achever demain

GENEVE (27 février 2018) - Le Conseil des droits de l’homme a poursuivi cet après-midi son débat de haut niveau, en entendant les déclarations des hauts dignitaires des onze pays suivants : Arménie, Egypte, Suède, République démocratique du Congo, Nigéria, Iran, Algérie, Allemagne, Panama, Arabie saoudite et Japon.  Se sont également exprimés le Secrétaire général de l’Union interparlementaire et le Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l'homme.

Assurant que son pays rejetait toute tentative de réduire les prérogatives ou le mandat du Conseil des droits de l'homme, le Ministre saoudien des affaires étrangères a toutefois souhaité établir une distinction entre les questions agréées internationalement et certains concepts qui divisent encore, en particulier dans les domaines culturels ou sociaux, et que d’aucuns tentent d’imposer. Le Ministre iranien de la justice a déploré qu’à l’ère moderne cependant, le noble concept des droits de l’homme se trouve sous le monopole de certains Etats qui le réduisent à un instrument visant à servir leurs fins politiques.  Il a en outre dénoncé les politiques expansionnistes de certains Etats et de leurs alliés dans la région, qui ont eu des effets insidieux à travers des groupes terroristes et extrémistes voués à semer la discorde et à créer la division entre les nations de la région moyen-orientale.

La Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo a remercié les Etats Membres de l’ONU d’avoir placé leur confiance dans son pays en l’élisant pour la première fois au Conseil des droits de l’homme. Elle a rappelé que les élections présidentielles, législatives, nationales et provinciales se tiendraient le 23 décembre 2018 dans le pays et a appelé tous ceux qui soutiennent la démocratie à se préparer à y participer afin de permettre au peuple congolais de se choisir seul ses dirigeants sans interférences étrangères.

Après avoir rappelé que cette année marque le soixante-dixième anniversaire non seulement de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme mais aussi de celle de la Convention sur la prévention et la répression du génocide, le Ministre des affaires étrangères de l’Arménie a tenu à rappeler qu’il y a trente ans, presque jour pour jour, des pogroms anti-Arméniens étaient organisés à Samgait, en Azerbaïdjan.

A l’instar de la Commissaire du Gouvernement fédéral d’Allemagne pour la politique des droits de l’homme et l’aide humanitaire, plusieurs hauts dignitaires ont dénoncé les restrictions voire la répression frappant la société civile et les journalistes à travers le monde.

De nombreux intervenants ont une fois de plus salué le travail du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Zeid, la Vice-Ministre des affaires multilatérales et de la coopération du Panama déplorant même que celui-ci ait décidé de ne pas se porter candidat au renouvellement de son mandat.

Le Conseil poursuivra demain matin, à partir de 9 heures, son débat de haut niveau qui doit s’achever dans la journée.

SUITE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU

M. EDWARD NALBANDIAN, Ministre des affaires étrangères de l'Arménie, a souligné que cette année marque le 70e anniversaire de deux documents fondamentaux en matière de droits de l'homme : la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide. Il y a 30 ans, presque jour pour jour, en février 1988, des pogroms anti-Arméniens ont été organisés à Samgait en Azerbaïdjan, tuant un grand nombre d’Arméniens, a-t-il poursuivi. Ces tueries ont été perpétrées par les autorités de l’Azerbaïdjan dans le seul but de punir les aspirations du peuple du Nagorno-Karabakh à l’autodétermination, a affirmé le Ministre arménien, ajoutant que ce crime avait donné l’occasion au prix Nobel de la paix Andrei Sakharov d’écrire que « même si certains en doutaient avant Samgait, personne ne voit d’opportunité morale à insister sur l’unité territoriale entre le Nagorno-Karabakh et l’Azerbaïdjan après que cette tragédie se fut produite».  Le massacre de Samgait a été largement condamné par la communauté internationale, y compris par une résolution du Parlement européen, a insisté M. Nalbandian.  Malheureusement, les têtes pensantes de ce crime et leurs auteurs n’ont pas été punis, a-t-il déploré, avant de rappeler qu’à de nombreuses reprises dans l’Histoire, l’impunité a ouvert la porte à d’autre atrocités, y compris aux massacres et au « nettoyage ethnique » ayant visé des Arméniens à Bakou, Kirovabad, Maragha et bien d’autres endroits en Azerbaïdjan.

Au cours de la présente session, la délégation arménienne présentera à nouveau une résolution sur la prévention du génocide, dans le but de marquer le 70e anniversaire de la Convention sur la prévention et la répression du génocide, a indiqué le Ministre des affaires étrangères. Le 9 décembre prochain, à Erevan, l'Arménie accueillera en outre le 3e forum mondial contre le crime de génocide, a ajouté M. Nalbandian.

M. SAMEH HASSAN SHOKRY SELIM, Ministre des affaires étrangères de l’Egypte, a fait l’éloge des avancées du Conseil en matière de droits de l’homme. L’Egypte, pour sa part, a entamé un processus de renforcement de ses institutions sur base d’une Constitution moderne qui protège les droits fondamentaux, a-t-il affirmé. L’Egypte attache une grande importance à ce Conseil, a-t-il ajouté ; la protection et la promotion des droits de l’homme sont une priorité pour le Gouvernement égyptien, au lendemain des révolutions de 2011 et 2013. Le pays a incorporé les droits de l’homme dans toutes ses politiques, a insisté le Ministre des affaires étrangères.  Il a précisé que l’Égypte allait présenter un rapport à mi-parcours sur la mise en œuvre des recommandations qui lui ont été adressées dans le cadre de l’EPU.

L’éducation aux droits de l’homme est inscrite dans les programmes scolaires égyptiens, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères. L’Egypte peut se targuer de grandes avancées en matière de droit à la liberté de religion et de liberté de culte, a-t-il ajouté. Le pays a également un riche héritage dans le domaine de la liberté de la presse, mais le Gouvernement déplore parfois le manque de professionnalisme et le travail de certains médias qui se fondent sur des sources d’information fabriquées de toute pièce.

L’Egypte accorde une grande importance aux droits des femmes, a également indiqué le Ministre. Des mesures positives ont en outre été prises pour améliorer la protection sociale, notamment par la couverture universelle des soins de santé. Ces avancées ne doivent cependant pas occulter les difficultés sans précédents auxquelles doit faire face l’Egypte, a déclaré le Ministre des affaires étrangères.  Le terrorisme continue de briser des vies ; les terroristes ne respectent pas les lieux sacrés et compromettent l’unité de la nation égyptienne, a-t-il dénoncé. Les forces de l’ordre agissent en héros pour lutter contre le terrorisme, notamment dans la région du Sinaï, a-t-il rappelé.   Les mondes arabe et musulman et le continent africain sont le théâtre de menaces qui privent de nombreux citoyens de la jouissance des droits de l’homme et d’une vie en sécurité, a-t-il insisté. Ces menaces ont abouti à des conflits en Syrie, en Somalie ou au Yémen, entre autres. L’Egypte est par ailleurs préoccupée par la situation des Rohingya au Myanmar. Elle reste aussi préoccupée par la situation de plus en plus complexe dans les territoires palestiniens occupés. Il faut par ailleurs protéger de manière accrue les personnes qui sont contraintes de fuir leur foyer, a ajouté le Ministre égyptien.

MME MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, s’est dite profondément touchée par les histoires relatées par les femmes dans les camps de réfugiés au Bangladesh à l’occasion de sa visite en novembre dernier. Les témoignages faisant état des actes innommables commis au Myanmar sont nombreux et ne peuvent qu’être qualifiés de « crimes contre l’humanité », a-t-elle déclaré, ajoutant que les personnes interviewées ont également dit avoir dû assister aux souffrances et aux meurtres de leurs enfants et de membres de leurs familles. Ce type d’agissements est intolérable et la communauté internationale doit veiller à ce que leurs auteurs répondent de tels crimes et garantir un retour sûr (aux personnes qui avaient dû fuir le Myanmar).

La Ministre suédoise a rendu hommage au Haut-Commissaire aux droits de l'homme pour sa solide allocution hier ; sa voix manquera à l’appel après son départ, a-t-elle affirmé. Le conflit actuel en Syrie est l’une des pires crises humanitaires de notre temps, a poursuivi Mme Wallström, saluant l’adoption, samedi dernier, de la résolution 2401 (2018) du Conseil de sécurité et exigeant son application « pleine et immédiate » ainsi que l’acheminement de l’assistance humanitaire pour aider les plus vulnérables. Toutes les parties, mais d’abord le régime syrien, se doivent de respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, a déclaré la Ministre.

Mme Wallström a par ailleurs déploré une augmentation des crimes contre les défenseurs des droits de l’homme, qui demeurent impunis. D’après l’UNESCO, a-t-elle ajouté, quelque 800 journalistes ont été assassinés au cours de la dernière décennie et neuf fois sur dix, ces meurtres n’ont pas été élucidés ; cette impunité est inacceptable.  Mme Wallström a ensuite invité à resserrer les liens entre Genève et New York, en particulier entre le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité, puisque les violations et abus des droits de l’homme sont souvent les causes profondes des conflits et peuvent servir d’alertes précoces pour prévenir et empêcher des catastrophes. Après avoir mentionné le mouvement « MeToo », la Ministre suédoise des affaires étrangères a rappelé que, partout dans le monde, les femmes étaient négligées en termes de ressources, de représentation et de droits, ce qui explique la politique étrangère féministe de la Suède depuis quatre ans maintenant ; le pays a notamment augmenté, entre 2015 et 2016, son aide au développement aux organisations centrées sur la jouissance des droits fondamentaux des femmes et des filles.

MME MARIE-ANGE MUSHOBEKWA, Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo, a remercié les Etats Membres de l’ONU d’avoir placé leur confiance dans son pays en l’élisant pour la première fois au Conseil des droits de l’homme. « Nous ne pouvons rester indifférents face à cette marque de confiance », a-t-elle déclaré, assurant que son pays se montrerait « digne de cette confiance en donnant le meilleur » de lui-même pour améliorer la situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo. La Ministre a ensuite dénoncé ceux qui se sont opposés à la candidature de son pays au Conseil « pour des raisons qui leur sont propres ». Pourtant, « la volonté de la majorité des Etats Membres de l’Organisation des Nations Unis s’est exprimée à travers les urnes et tout le monde doit s’y plier », a-t-elle rappelé. « C’est aussi cela la démocratie, à l’échelle mondiale », a-t-elle insisté.

Mme Mushobekwa a ensuite indiqué que les élections présidentielles, législatives, nationales et provinciales se tiendraient le 23 décembre 2018 en République démocratique du Congo. « Tous ceux qui soutiennent la démocratie doivent se préparer à y participer afin de permettre au peuple congolais de se choisir seul ses dirigeants sans interférences étrangères », a-t-elle déclaré. Elle a dénoncé les récentes manifestations qui ont eu lieu dans son pays, ajoutant qu’elle s’inclinait devant les mémoires de ceux qui sont décédés. Elle a rappelé la liberté de manifester, la liberté d’opinion et la liberté de culte, droits garantis en République démocratique du Congo et qui doivent s’exercer « dans le strict respect de l’ordre public ». En aucun cas des lieux de culte ne doivent être profanés, ces actes étant condamnables par les lois du pays, a-t-elle souligné, avant d’appeler l’Eglise à rester neutre et à jouer son rôle de rassembleur.

M. GEOFFREY ONYEAMA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a reconnu que la promotion et la protection des droits de l’homme restent un des moyens les plus importants pour atteindre la paix et la sécurité internationales. Un certain nombre de projets de lois liés aux droits de l’homme ont été promulgués par l’Assemblée nationale nigériane, concernant notamment la torture, l’usage des armes à feux ou encore les personnes âgées, a-t-il indiqué. D’autres projets de loi sont à l’étude afin de renforcer le corpus de normes du pays dans le domaine des droits de l’homme et répondre aux obligations internationales du Nigéria en la matière, a ajouté le Ministre.

Le Nigéria accorde par ailleurs une grande importance au respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, a poursuivi M. Onyeama.  L’une des grandes priorités du Nigéria aujourd’hui est la lutte contre la corruption, a-t-il souligné, avant de rappeler que lors du dernier Sommet de l’Union africaine, le Président du Nigéria avait souligné que la corruption était un des plus grands maux de l’époque contemporaine. Le Sommet l’a alors désigné « champion de la lutte anticorruption sur le continent africain », a fait valoir le Ministre des affaires étrangères. Le Nigéria va continuer à rechercher la coopération internationale pour que l’argent de la corruption soit rapatrié dans le pays, a-t-il indiqué.

La migration et la traite des êtres humains sont très préoccupantes pour le Nigéria, a en outre affirmé M. Onyeama. Il faut accorder aux migrants un traitement digne et humain, a-t-il rappelé ; les pays de transit et d’accueil doivent donner la priorité à la vie des migrants. Le Nigéria est très attaché à ce qu’aucun de ses citoyens ne soit maltraité par des trafiquants d’êtres humains. Il faut qu’il y ait une synergie internationale dans ce domaine, a conclu le Ministre.

M. SEYYED ALIREZA AVAEI, Ministre de la justice de la République islamique d’Iran, a rappelé que le lourd tribut en termes de pertes humaines et d’abus massifs commis durant les deux grandes guerres est à l’origine du développement de l’architecture moderne des droits de l’homme. A l’ère moderne cependant, le noble concept des droits de l’homme est sous le monopole de certains Etats qui le réduisent à un instrument visant à servir leurs fins politiques, a-t-il déclaré. Ces Etats pointent du doigt certaines nations, de manière injustifiée, pour des violations des droits de l’homme tout en ignorant celles perpétrées contre des pans entiers de leurs propres populations - Noirs, migrants, étrangers et peuples autochtones – qui souffrent de politiques discriminatoires à leur encontre. Le Ministre iranien de la justice a souligné que l’appui écrasant et inconditionnel au régime israélien et à la promotion de son rôle destructeur dans la région montre clairement que certains pays utilisent deux poids, deux mesures et recourent à la partialité et à la politisation dans leur plaidoyer en faveur des droits de l’homme. Le dernier exemple est la décision unilatérale et la provocation des Etats-Unis de reconnaître Al-Qods comme capitale du « régime israélien », ce qui révèle une complicité visant à priver les Palestiniens de leur droit à l’autodétermination et à l’établissement d’un Etat indépendant avec Al-Qods comme capitale, a ajouté M. Avaei.

Le Ministre de la justice a ensuite attiré l’attention sur la montée de l’extrémisme violent et de ses effets collatéraux, notamment la violence sectaire, depuis l’invasion de l’Afghanistan et de l’Iraq. Les politiques expansionnistes de certains Etats et de leurs alliés dans la région ont eu des effets insidieux à travers des groupes terroristes et extrémistes dont, notamment, Jabhat Al-Nosra, Ahrar Al Sham et Daech, en Iraq, en Syrie, au Yémen et en Afghanistan – autant de groupes voués à semer la discorde et à créer la division entre les nations de la région moyen-orientale.  M. Avaei a en outre dénoncé les tentatives de division fondées sur les différences sectaires, ethniques ou religieuses. Après avoir évoqué la guerre au Yémen, où la situation humanitaire – avec 17 millions de personnes au bord de la famine – est un cauchemar, ainsi que les souffrances des musulmans rohingya au Myanmar – qui ont secoué la conscience de l’humanité –, le Ministre iranien a estimé qu’il était du devoir de la communauté internationale d’agir de façon plus responsable et efficace en vue de prévenir et de mettre fin à ces situations d’occupation, ces conflits et ces crises.    

M. NOUREDDINE AYADI, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères de l’Algérie, a déclaré que depuis l’adoption, il y a 70 ans, de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui reste une référence, l’humanité a enregistré des progrès sur la voie de la liberté, de l’émancipation et de la dignité. Pour autant, les perspectives prometteuses ouvertes par la Déclaration n’ont pas résisté aux perceptions réductrices de la problématique des droits de l'homme. « Notre Conseil est donc appelé à favoriser l’écoute, la concertation, pour que puissent être relevés les multiples défis auxquels l’humanité est confrontée », a-t-il affirmé.

M. Ayadi a ensuite rappelé que l’Algérie avait honoré ses engagements en présentant en mai dernier son troisième rapport au titre de l’Examen périodique universel. Cet Examen a été productif, puisqu’il a donné l’occasion à sa délégation de présenter les réalisations du pays depuis son précédent passage devant ce mécanisme. Ainsi, depuis sa révision constitutionnelle de 2016, l’Algérie a-t-elle pu adopter une loi portant organisation et fonctionnement des deux chambres du Parlement et de leurs relations avec le Gouvernement ; une loi portant sur le régime électoral ; et d’autres textes amendant le Code de procédure pénale et le Code pénal. Ces initiatives, parmi d’autres, s’inscrivent dans la droite ligne des engagements figurant au programme du Président, M. Aziz Bouteflika, et visant à assurer la paix, la sécurité, la démocratie et la concorde civile, a indiqué le Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères.

L’Algérie reste préoccupée par certaines situations de droits de l'homme ailleurs, notamment pour ce qui est de la question palestinienne dont les Nations Unies sont saisies depuis le siècle dernier – ce qui justifie qu’un point spécifique y soit consacré dans l’ordre du jour du Conseil des droits de l'homme. De même, « l’occupation par la force du Sahara occidental et la négation des droits fondamentaux » du peuple de ce territoire non autonome méritent l’attention du Conseil, a affirmé M. Ayadi, ajoutant que la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme se doivent de veiller au respect des droits de l'homme dans ce territoire. Cette exigence est d’autant plus opportune que les violations des droits de l'homme par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés sont quotidiennement relevées et documentées par des organisations non gouvernementales comme Amnesty International et Human Rights Watch, a conclu M. Ayadi.

MME BARBEL KOFLER, Commissaire du Gouvernement fédéral d’Allemagne pour la politique des droits de l’homme et l’aide humanitaire, a déclaré qu’au regard de l’état du monde, le message de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et notamment la question de l’universalité, était toujours aussi pertinent que lors de l’adoption de ce texte en 1948.  L’universalité commence chez soi, a rappelé Mme Kofler, avant d’indiquer que des défis persistent dans son pays même si un certain nombre de progrès ont été réalisés au niveau de la protection des droits de l’homme en Allemagne. Ainsi, les attitudes racistes et la discrimination continuent-ils d’exister dans nos sociétés. L’intégration des migrants pose aujourd’hui encore un certain nombre de problèmes, même si des progrès significatifs ont été enregistrés, a-t-elle ajouté.

Dans ce contexte, a poursuivi la Commissaire, l’Allemagne attache une importance particulière à l’opportunité offerte par l’Examen universel périodique, alors que durant la session de mai prochain du Groupe de travail sur l’EPU, son pays présentera son rapport au titre de ce mécanisme.  Elle a rappelé le rôle essentiel que jouent l’échange et le dialogue avec la société civile et a déploré les restrictions encore trop nombreuses qui frappent la société civile dans certains pays. Mme Kofler a également dénoncé l’arrestation de journalistes, l’intimidation d’avocats et l’adoption de lois qui rendent impossible le travail de la société civile.  Elle a en outre mis l’accent sur l’universalité, c’est-à-dire le contraire de la discrimination. Attirant l’attention sur l’importance du système d’alerte précoce dont l’objectif est de prévenir des crises, elle a souligné que les rapports du Conseil des droits de l’homme, source précieuse sur le respect de l’état de droit et des droits de l’homme, représentent un outil de prévention des conflits extrêmement efficace.

MME MARÍA LUISA NAVARRO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et de la coopération du Panama, a prévenu que le Conseil devra faire face cette année à des questions délicates, notamment financières. La manipulation politique et la polarisation au sein du Conseil sont le produit d’un manque de vision et d’une mésentente sur la mission confiée à cet organe, a-t-elle affirmé. Il faut combattre l’intolérance, a-t-elle souligné. La communauté internationale doit faire un travail d’introspection afin d’unir les efforts pour mettre fin aux cruautés qui minent la paix à travers le monde.  Le Panama, en ce qui le concerne, continue de faire des propositions dans ce sens sans aucune réponse, a regretté la Vice-Ministre. Il faut assumer des responsabilités en faisait fi des sympathies ou des antipathies politiques. L’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits de l’homme doivent être au cœur de la coopération internationale, a insisté Mme Navarro.

Le Panama regrette la décision du Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies de ne pas se porter candidat à un nouveau mandat, a souligné la Vice-Ministre panaméenne, avant de féliciter M. Zeid pour son travail réalisé avec précision et sans aucune discrimination en faveur des droits de l’homme dans le monde.  Les répressions exercées dans le monde ternissent le travail du Conseil, a ajouté la Vice-Ministre. Les responsables des guerres ont bloqué certaines tentatives du Conseil de sécurité d’apporter une aide aux victimes et bafouent ainsi les droits de l’homme de ces dernières, a-t-elle dénoncé. Le Panama considère qu’il faut éviter que les violations des droits de l’homme ne dégénèrent en conflits, a conclu Mme Navarro.

M. ADEL AHMED AL-JUBEIR, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a affirmé que son pays avait fait « un bond » en matière de développement humain et durable et de protection des droits de l’homme en se basant sur la charia islamique et sur les instruments internationaux. Depuis l’adoption, en 1948, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le pays n’a cessé de servir les pélerins qui viennent effectuer un pèlerinage indépendamment de l’origine des personnes, a-t-il fait valoir. Assurant que son pays rejetait toute tentative de réduire les prérogatives ou le mandat du Conseil des droits de l'homme, le Ministre saoudien des affaires étrangères a toutefois souhaité établir une distinction entre les questions agréées internationalement et certains concepts qui divisent encore, en particulier dans les domaines culturels ou sociaux, et que d’aucuns tentent d’imposer.

M. Al-Jubeir a condamné les exactions commises à l’encontre de la minorité musulmane rohingya et a plaidé en faveur du retour de ces personnes au Myanmar dans de bonnes conditions. Il a ensuite condamné tous ceux qui appuient le terrorisme, qu’il s’agisse d’Etats, de groupes ou de particuliers. Il a en outre souligné que son pays défendait la liberté d’expression tant que celle-ci n’enfreint pas les droits et libertés religieux ou culturels.  Le Ministre saoudien a aussi annoncé le lancement d’un plan humanitaire et d’assistance au Gouvernement du Yémen pour un montant initial de 1,5 milliard de dollars, qui atteindra un total de 10 milliards au fil du temps. Il a en outre appuyé la proposition d’appui technique du Haut-Commissariat au Yémen.

M. STAVROS LAMBRINIDIS, Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l'homme, a dit que l’Union européenne avait l’intention en 2018 de demeurer un soutien actif des instances internationales de promotion et protection des droits de l'homme et un appui du multilatéralisme. L’Union européenne exprime ainsi son soutien au Haut-Commissaire aux droits de l'homme et à son bureau et reconnaît l’apport positif de M. Zeid ces dernières années. L’Union européenne affirme également son soutien à un fonctionnement efficace du Conseil des droits de l'homme et ne cessera d’appuyer ses réformes qui visent à rendre le Conseil aussi efficace que responsable autant que possible devant les citoyens de tous les pays.

Le Représentant spécial a indiqué qu’au cours de la présente session, avec d’autres délégations, l’Union européenne présenterait des initiatives concernant des situations qui la préoccupent. Avec le Japon, elle se penchera sur la République populaire démocratique de Corée ; avec des partenaires de toutes les régions, elle appuiera une initiative sur la liberté de religion et de croyance ; avec le Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), elle soutiendra les efforts sur les droits de l’enfant dans le contexte des conflits armés. L’Union européenne présentera aussi une résolution sur le Myanmar, a indiqué M. Lambrinidis

Le Représentant spécial a également déclaré que l’Union européenne continuerait de défendre l’idée que le Conseil des droits de l'homme doit se focaliser sur la situation des droits de l'homme en Syrie.  L’Union européenne défendra aussi les droits des défenseurs des droits de l’homme, y compris ceux qui coopèrent avec les Nations Unies et qui sont pour cela victimes de répression et de représailles.

M. MANABU HORII, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a indiqué que son pays avait toujours agi, chez lui comme à l’étranger, afin de respecter les idéaux inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pourtant, la liberté, les droits de l’homme et les autres valeurs fondamentales sont encore trop souvent bafoués dans les conflits, par la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent et dans le flux massif de réfugiés.  Le Vice-Ministre a ainsi fait part des préoccupations de son pays s’agissant de la situation dans l’État de Rakhine, au Myanmar. Le Japon a lancé des initiatives favorables à l’harmonie entre les personnes déplacées de force et les communautés locales et au Bangladesh. Le Japon accorde aussi une assistance au retour des personnes déplacées.

M. Horii a appelé, d’autre part, la République populaire démocratique de Corée à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux nombreuses violations des droits de l’homme dont ce pays est coupable, notamment les enlèvements de citoyens japonais. Enfin, M. Horii a indiqué que son pays avait pris les mesures nécessaires pour résoudre la question des « femmes de réconfort » par la voie diplomatique, en 2015, et de façon définitive et irrévocable.

M. MARTIN CHUNGONG, Secrétaire général de l’Union interparlementaire (UIP), a expliqué que l’UIP accompagne le Conseil depuis sa création. Dès les prémisses, l’Union a souligné que les parlementaires étaient des partenaires privilégiés du Conseil. L’UIP continue son travail de sensibilisation afin de transposer les normes internationales des droits de l’homme dans le droit interne de ses membres. L’Union est heureuse que le Conseil entende renforcer ses liens avec les Parlements. Le Secrétaire général a souligné que l’EPU n’est pas le seul domaine dans lequel il fait sens de travailler avec les parlementaires.

Pour que les Parlements puissent assumer pleinement leurs responsabilités en matière de droits de l’homme, leurs membres doivent pouvoir travailler en toute sécurité. Or, de nombreux parlementaires, surtout s’ils appartiennent à l’opposition politique, risquent des représailles uniquement parce qu’ils osent émettre des avis contraires aux autorités, a regretté M. Chungong.

Il est aussi important de redoubler d’efforts afin que les femmes soient davantage représentées au sein des Parlements. Un Parlement n’est pas légitime si des éléments essentiels de la société, notamment les jeunes, en sont exclus, a observé M. Chungong. Les causes des conflits d’aujourd’hui sont plus complexes et inextricables que jamais, a expliqué M. Chungong. Les crises surviennent car l’intérêt des populations ne constitue plus la base de la politique des gouvernements.  Pour conclure, M. Chungong a demandé au Conseil de soutenir les parlements de par le monde, surtout au sein des jeunes démocraties.

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