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Communiqués de presse Organes conventionnels

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes examine le rapport de la Malaisie

20 Février 2018

Comité pour l'élimination de la discrimination
 à l'égard des femmes      

20 février 2018

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné aujourd’hui le rapport présenté par la Malaisie sur les mesures que le pays a prises pour donner effet aux dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Présentant ce rapport, Mme Suriani Ahmad, Secrétaire générale du Ministère de la promotion de la femme, de la famille et du développement communautaire, a expliqué que le pays s’était engagé à résoudre les problèmes rencontrés par les femmes et à aboutir à la parité. La Malaisie est confiante quant au fait que l’examen du présent rapport devrait permettre d’améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes dans le pays, a-t-elle ajouté.

Plusieurs plans consécutifs ont pris en compte la lutte contre les discriminations à l’encontre des femmes, a poursuivi la Secrétaire générale du Ministère. La Malaisie a réagi de manière proactive afin d’améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment dans le domaine législatif et dans les domaines de la santé, de l’économie et de l’éducation, ainsi que pour ce qui a trait à la prise de décision, a ajouté Mme Ahmad.  Les mesures prises pour lutter contre les discriminations à l’encontre des femmes sont encore fragmentées, a-t-elle reconnu. L’objectif est donc notamment d’unifier les différentes mesures législatives prises dans ce domaine, a-t-elle souligné, avant de rappeler que 2018 avait été déclarée en Malaisie « Année de l’autonomisation des femmes ».

La délégation malaisienne était également composée, entre autres, de M. Amran Mohamed Zin, Représentant permanent de la Malaisie auprès des Nations Unies à Genève et de représentants du Ministère de la promotion de la femme, de la famille et du développement communautaire ; du Ministère des affaires intérieures ; du Ministère de l’éducation ; du Ministère de la santé ; du Ministère du développement rural et régional ; du Ministère des ressources humaines, ainsi que du Procureur général.

La délégation a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les membres du Comité s’agissant, notamment, de la ratification du Protocole facultatif à la Convention ; des projets de loi relatifs à l’égalité de genre et à la lutte contre le harcèlement sexuel ; du statut de la charia dans le pays ; de la représentation des femmes et de leur participation dans le monde politique et sur le marché du travail ; de la lutte contre la traite de personnes ; des questions relatives à l’acquisition et à la transmission de la nationalité ; de la violence contre les femmes ; ainsi que des questions d’éducation et de santé.

Une experte membre du Comité a relevé que nombre de recommandations concernant les femmes que la Malaisie a acceptées dans le cadre de son Examen périodique universel (EPU) n’ont pas été suivies d’effet. Cette experte s’est également souciée des mesures prises pour lutter contre les discriminations à l’encontre de la communauté LGBTI, se demandant comment les droits de ces personnes pouvaient être respectés alors que l’homosexualité est criminalisée dans ce pays.

Une autre experte s’est dite préoccupée que les fatwa émises par le Comité de la fatwa aient force de loi. Une experte a insisté sur la nécessité de veiller à ce que les sanctions prévues dans le cadre de la justice traditionnelle soient compatibles avec les normes modernes.  Plusieurs expertes ont plaidé pour l’interdiction des mutilations génitales féminines, l’une d’elles soulignant qu’en aucun cas l’islam ne prévoyait de telles mutilations. Une experte a affirmé que selon elle, il y avait eu un recul clair des droits des femmes en Malaisie, notamment au regard de l’application de la charia.

Une experte a salué l’élaboration d’un projet de loi sur l’égalité de genre, avant de regretter le retard pris dans l’adoption de ce texte, qui était prévue pour 2017.

Une experte a souhaité que la correction des inégalités en matière d’accès au marché de l’emploi soit la priorité du Gouvernement malaisien. La traite des jeunes filles continue d’être une grande source de préoccupation en Malaisie, a pour sa part souligné une experte, avant d’ajouter que des rapports font en outre état de cas de traite de bébés à des fins d’adoption. Elle a par ailleurs relevé que les prostituées étaient victimes de violences et que les auteurs de ces violences étaient rarement poursuivis.

S’agissant de l’application de la Convention, il y a eu beaucoup de pas en arrière et très peu de pas en avant, a déclaré une experte.

Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport de la Malaisie, qu’il rendra publiques à l’issue de la session, le 9 mars prochain.

Le Comité entamera demain matin, à 10 heures, l'examen du rapport du Chili.

Présentation du rapport de la Malaisie

Le Comité était saisi du rapport combinant les troisième, quatrième et cinquième rapports périodiques de la Malaisie, ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter que lui avait adressée le Comité.

Présentant ce rapport, Mme Suriani Ahmad, Secrétaire générale du Ministère de la promotion de la femme, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a expliqué que le pays s’était engagé à résoudre les problèmes rencontrés par les femmes et à aboutir à la parité. La Malaisie est confiante quant au fait que l’examen du présent rapport devrait permettre d’améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes dans le pays, a ajouté la cheffe de la délégation, avant de présenter dans les grandes lignes les caractéristiques du pays.

Plusieurs plans consécutifs ont pris en compte la lutte contre les discriminations à l’encontre des femmes, a poursuivi la Secrétaire générale du Ministère. Les plans nationaux et les programmes concernant les femmes sont au cœur des préoccupations du Gouvernement malaisien, notamment dans le domaine du développement économique et de la présence des femmes aux postes clefs. L’objectif du Gouvernement est de porter à 30% la proportion de femmes présentes dans les postes de décision, tant dans le secteur privé que dans le secteur privé, et de parvenir d’ici 2020 à une participation des femmes à hauteur de 59% dans le marché du travail, notamment en encourageant le secteur privé à donner davantage de chances de participation aux femmes. Seules 7 des 100 plus grandes entreprises du pays ne comptent pas de femmes à des postes de direction, a fait valoir la cheffe de délégation.  Elle a en outre indiqué que la collecte de données ventilées allait être améliorée afin d’évaluer au mieux le suivi des programmes visant à promouvoir l’accès des femmes au marché du travail.

La Malaisie a réagi de manière proactive afin d’améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment dans le domaine législatif et dans les domaines de la santé, de l’économie et de l’éducation, ainsi que pour ce qui a trait à la prise de décision, a poursuivi la Secrétaire générale du Ministère.

Mme Ahmad a ensuite attiré l’attention sur une série d’avancées législatives opérées par la Malaisie afin de renforcer la protection des femmes, citant notamment la loi relative à la violence familiale et l’amendement apporté à la loi afin de protéger les personnes victimes de violence au sein du couple. Les dispositions législatives relatives au divorce ont elles aussi été revues afin de permettre à toutes les femmes d’avoir la possibilité de demander le divorce. La cheffe de la délégation a en outre fait part de projets législatifs concernant l’égalité de genre et la lutte contre le harcèlement sexuel.

Le Gouvernement aspire à un accès universel à l’éducation et à une pleine participation des enfants du niveau préscolaire jusqu’au niveau secondaire, a poursuivi Mme Ahmad. Aujourd’hui, le taux de scolarité est de 97,24% au niveau du primaire et de 90% pour le secondaire. La parité est assurée au sein de l’école, avec une représentation des filles qui est même légèrement supérieure à celle des garçons au niveau secondaire. En 2016, 97,2% des hommes et 96,3% des femmes âgés de plus de 15 ans savaient lire et écrire en Malaisie, a fait valoir Mme Ahmad.

Concernant la santé, la cheffe de la délégation a expliqué que le taux de grossesses chez les adolescentes était passé de 28 à 10 pour 1000 entre 1991 et 2016, le taux de mortalité maternelle ayant lui aussi diminué. Ceci est dû à une meilleure sensibilisation et une meilleure prise de conscience quant à l’importance de la santé génésique et de l’accès aux contraceptifs pour les adolescentes. En cas de viol, d’inceste ou de danger pour la santé de la mère, l’avortement est autorisé, a en outre indiqué Mme Ahmad. D’autre part, les femmes victimes de traite bénéficient de l’assistance médicale nécessaire fournie par le Gouvernement ou les organisations non gouvernementales.

Il y a 24 femmes sur 222 membres au sein de la Chambre des représentants et 12 femmes sur 70 membres au Sénat, a ensuite précisé la cheffe de la délégation malaisienne. L’objectif du Gouvernement est de faire en sorte qu’il y ait au moins 30% de femmes au Sénat, a-t-elle ajouté. Quelque 73 femmes malaisiennes sont par ailleurs attachées au service des affaires étrangères.

Les mesures prises pour lutter contre les discriminations à l’encontre des femmes sont encore fragmentées, a reconnu Mme Ahmad. L’objectif est donc notamment d’unifier les différentes mesures législatives prises dans ce domaine, a-t-elle souligné. L’autonomisation des femmes est prévue dans les différents plans de développement du Gouvernement et 2018 a d’ailleurs été déclarée en Malaisie « Année de l’autonomisation des femmes », a conclu Mme Ahmad.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

Une experte membre du Comité a relevé que nombre de recommandations concernant les femmes que la Malaisie a acceptées dans le cadre de son Examen périodique universel (EPU) n’ont pas été suivies d’effet. L’experte a en outre demandé si le pays avait prévu de ratifier le Protocole facultatif se rapportant à la Convention. Elle s’est par ailleurs enquise de l’intention du pays de lever les réserves qu’il maintient à l’égard de certaines dispositions de la Convention. L’experte s’est également enquise du calendrier prévu pour l’adoption d’une loi globale et complète contre les discriminations à l’encontre des femmes. La même experte a en outre voulu en savoir davantage au sujet des disparités entre femmes musulmanes et non musulmanes, ces deux catégories de femmes étant soumises à des systèmes judiciaires différents. De par leur impact, les mesures concernant les femmes musulmanes pourraient avoir des retombées sur les femmes non musulmanes, a-t-elle fait observer. Elle s’est enquise des mesures prises pour assurer la coexistence pacifique entre les différentes communautés. L’experte s’est également souciée des mesures prises pour lutter contre les discriminations à l’encontre de la communauté LGBTI, se demandant comment les droits de ces personnes pouvaient être respectés alors que l’homosexualité est criminalisée dans ce pays.

Une autre experte a déploré le retard avec lequel le présent rapport a été soumis au Comité. Elle a ensuite reconnu les efforts déployés par la Malaisie, depuis l’examen de son précédent rapport, dans le domaine des droits des femmes. Elle a notamment salué l’élaboration d’un projet de loi sur l’égalité de genre, tout en regrettant le retard pris dans l’adoption de ce texte, qui était prévue pour 2017. Quel est le budget octroyé à la question de l’égalité de genre en Malaisie, a-t-elle demandé?  Elle s’est en outre enquise des mesures envisagées pour abolir les normes patriarcales persistantes dans le pays.

Une experte a souhaité que la correction des inégalités en matière d’accès au marché de l’emploi soit la priorité du Gouvernement malaisien. Elle a souhaité connaître les mesures concrètes prises par les autorités pour promouvoir l’accès des femmes aux postes à responsabilités dans le secteur privé. La Malaisie a-t-elle prévu d’instaurer des quotas pour renforcer la présence des femmes au Parlement, a demandé l’experte?

Une autre experte s’est enquise de la possibilité pour les hommes d’avoir droit à un congé de paternité. Elle s’est ensuite dite préoccupée que les fatwa émises par le Comité de la fatwa aient force de loi. Elle s’est par ailleurs enquise des mesures prises pour lutter contre les mutilations génitales féminines en Malaisie. Les femmes se sentent-elles obligées de porter le voile dans ce pays, a-t-elle en outre voulu savoir? Est-il prévu d’abroger la disposition du Code pénal qui prévoit que l’auteur d’un viol peut épouser sa victime, a-t-elle également demandé? D’autre part, la flagellation est-elle toujours autorisée dans ce pays? Qu’en est-il de la situation réelle concernant les violences faites aux femmes?

La traite des jeunes filles continue d’être une grande source de préoccupation en Malaisie, a pour sa part souligné une experte, avant d’ajouter que des rapports font en outre état de cas de traite de bébés à des fins d’adoption. Elle a souhaité que la Malaisie accorde davantage d’importance à cette question et a demandé si un bilan avait été tiré des précédents plans du Gouvernement en la matière. Quelles mesures sont-elles prévues pour protéger dans ce contexte les femmes qui se trouvent en situation irrégulière dans le pays.  La même experte s’est ensuite dite préoccupée par l’impunité dont jouissent les trafiquants de drogue en Malaisie. Elle a par ailleurs relevé que les prostituées étaient victimes de violences et que les auteurs de ces violences étaient rarement poursuivis. Des mesures ont-elles été prises pour lutter contre les recours aux services sexuels tarifés?

Une experte a insisté sur la nécessité de veiller à ce que les sanctions prévues dans le cadre de la justice traditionnelle soient compatibles avec les normes modernes. Elle a en outre demandé ce que faisait le Gouvernement malaisien pour lutter contre les stéréotypes de genre dans les médias.

Plusieurs expertes ont plaidé pour l’interdiction des mutilations génitales féminines, l’une d’elles soulignant qu’en aucun cas l’islam ne prévoyait de telles mutilations.

Une experte s’est enquise des raisons expliquant le faible taux de représentation des femmes dans les fonctions électives. Quelles barrières les femmes rencontrent-elles lorsqu’il s’agit pour elles de se présenter sur des listes électorales?  Par ailleurs, la législation en vigueur garantit-elle la liberté des organisations non gouvernementales?

Une experte a demandé pourquoi les hommes pouvaient transmettre leur nationalité à leur femme d’origine étrangère alors que les femmes ne peuvent la transmettre à leur mari d’origine étrangère. Les femmes étrangères qui divorcent de leur mari malais peuvent-elles rester sur le territoire du pays, a-t-elle demandé?.  Que fait la Malaisie pour mettre fin à l’apatridie sur son territoire?

Qu’en est-il du statut du droit religieux en Malaisie et de son éventuelle prévalence sur d’autres sources de droit, a-t-il également été demandé?

Une experte a salué les résultats enregistrés en matière de scolarisation des jeunes filles.  Pour ce qui concerne le mariage précoce, elle a souhaité savoir si les jeunes filles mariées retournaient ensuite à l’école. Elle a fait remarquer que faisait défaut dans les programmes scolaires une information basée sur les droits concernant le mariage des enfants.

Une autre experte a souhaité en savoir davantage sur les droits des travailleurs domestiques.

Quelles mesures ont-elles été prises pour pallier le déficit en personnel médical dans les zones rurales et comment se déroule le dépistage du VIH/sida, a demandé une experte?

Une autre experte s’est enquise du niveau de pauvreté en Malaisie et de la proportion de femmes en situation de pauvreté.  Qu’est-ce qui est prévu pour garantir que la voix des femmes en zone rurale puisse être entendue, a-t-elle également demandé?

Une experte a affirmé que selon elle, il y avait eu un recul clair des droits des femmes en Malaisie, notamment au regard de l’application de la charia. Le pays maintient par ailleurs ses réserves à l’égard de certaines dispositions de la Convention, a-t-elle rappelé. Où se trouve la liberté de religion lorsque la conversion d’une personne musulmane à une autre religion n’est pas permise, a-t-elle demandé?

Une experte a souhaité savoir s’il y avait des juges femmes au sein des tribunaux de la charia.

Une experte a regretté que la Malaisie se soit si peu préparée à l’examen de son rapport devant le Comité, notamment pour ce qui concerne la lutte contre les discriminations à l’encontre des femmes, alors que le pays a eu douze ans pour le faire. Il y a eu beaucoup de pas en arrière et très peu de pas en avant, a conclu cette experte.

Réponses de la délégation

La délégation a expliqué que, du fait du système dualiste qui prévaut en Malaisie, le pays devait prendre les mesures législatives nécessaires à sa mise en œuvre avant de procéder à la ratification d’un instrument tel que Protocole facultatif se rapportant à la Convention.  Le pays doit s’assurer que toutes les agences de l’Etat soient fonctionnelles pour mettre en œuvre le Protocole, a-t-elle ajouté.  Par ailleurs, les femmes en Malaisie ont les mêmes capacités juridiques que les hommes, a fait observer la délégation.

La délégation a ensuite rappelé que le Gouvernement malaisien préparait une loi relative à l’égalité de genre. Elle a précisé que ce projet de loi devrait aboutir d’ici un à deux ans et a dit espérer que le processus puisse être accéléré grâce à la proclamation de « l’année de l’autonomisation de la femme » (2018).  Une loi contre le harcèlement sexuel est aussi en cours de préparation, a ajouté la délégation. Le pays s’inspire des meilleures pratiques à l’étranger dans ces différents domaines pour adopter les lois les plus efficientes possibles, a-t-elle déclaré.

Le budget consacré aux questions de genre reste faible, a d’autre part reconnu la délégation.

En Malaisie, la communauté LGBTI bénéficie du même traitement que les autres personnes. Le Gouvernement écoute les propositions de cette communauté, a assuré la délégation.

Toute personne qui s’estime lésée par une décision rendue en vertu de la justice traditionnelle a droit de recourir aux tribunaux ordinaires, a poursuivi la délégation. Une fois que le Comité de la fatwa prend une décision, elle devient obligatoire pour tous les musulmans dans le pays. Les fatwa n’ont pas d’effet pour les populations non musulmanes qui sont, elles, régies par le système civil, a en outre souligné la délégation. Les fatwa ne s’appliquent que pour des questions liées à la religion, a-t-elle par ailleurs rappelé.  Le Comité de la fatwa ne peut s’immiscer dans les questions constitutionnelles, a insisté la délégation.

La délégation a ensuite expliqué que la circoncision était fondée sur la pratique sunnite. Le Comité de la fatwa a estimé que la « circoncision des femmes » faisait partie de la culture musulmane et que la population musulmane de la Malaisie devait s’y conformer. Mais si cette pratique présente un danger particulier pour la santé d’une personne, la circoncision ne doit pas être pratiquée, a-t-elle ajouté. Le Ministère de la santé a émis des directives concernant les mutilations génitales féminines et la procédure à suivre ; ces interventions ne peuvent être pratiquées que par des professionnelles de la santé, a par ailleurs indiqué la délégation. Des études concluent que la majorité des jeunes filles (93%) en Malaisie ont eu recours à la mutilation génitale féminine sans qu’aucune ne rencontre de complications liées à cette pratique, a fait valoir la délégation. Elle a affirmé que le terme de mutilation génitale féminine n’était pas approprié dans le cas de la Malaisie ; il ne s’agit pas de la même pratique que dans d’autres pays.

D’après la charia, a par la suite rappelé la délégation, l’homme a la responsabilité d’entretenir sa femme, ses enfants et ses parents nécessiteux, raison pour laquelle sa part d’héritage est plus importante. Le statut de protecteur donné aux hommes ne repose pas sur un principe de supériorité mais sur un principe de responsabilité. Les droits accordés à l’homme et à la femme ne sont pas discriminatoires mais reposent sur les rôles et responsabilités de l’un et de l’autre.

La délégation a par ailleurs expliqué que quatre comités spéciaux ont récemment été mis en place qui doivent s’atteler à revoir les lois concernant quatre domaines du droit islamique: le droit islamique de la famille, les règles de la preuve dans le droit islamique, le code de procédure civile islamique et le code de procédure pénale islamique.

La délégation a rappelé que l’objectif de cette « année de l’autonomisation de la femme » est de faire en sorte que toutes les femmes avancent au même rythme et  participent à la vie de la société et qu’aucune d’entre elles ne soit laissée pour compte.

Diverses mesures visent à inciter les entreprises du secteur privé à engager des femmes, notamment pour les femmes qui souhaitent retourner sur le marché du travail après avoir pris une pause pour s’occuper des enfants. Il est notamment prévu que les femmes puissent choisir l’heure qui leur convient pour aller au travail et des centres de prises en charge des enfants sur les lieux de travail sont également prévus, a fait valoir la délégation.

Depuis 2012, les lois relatives au travail ont été amendées afin d’augmenter la participation des femmes dans le monde du travail. De plus, une réforme de la loi sur le congé de maternité est en cours qui devrait allonger la durée de ce congé en la portant à 90 jours pour les femmes qui travaillent dans le secteur privé. Les autorités réfléchiront à la question du congé de paternité une fois que la question du congé de maternité sera tranchée, a indiqué la délégation.

La délégation a expliqué que le Gouvernement allait redoubler d’efforts pour expliquer la politique concernant l’égalité de salaires entre hommes et femmes.

Le Gouvernement est en train de rédiger un projet de loi visant la protection de tous les travailleurs domestiques, quel que soit leur pays d’origine, a en outre indiqué la délégation.

La délégation a rappelé que les députés siégeant au Parlement sont choisis par la population. Le Premier Ministre s’est néanmoins engagé à renforcer la présence des femmes au sein du Parlement, a-t-elle ajouté, avant de se dire favorable à la mise en place d’une politique de quotas (en faveur des femmes) avant la tenue des prochaines élections.

La délégation a en outre annoncé un projet d’amendement législatif visant à améliorer l’accès à l’aide juridictionnelle gratuite pour les populations les plus vulnérables.

Il n’est pas obligatoire de porter le voile en Malaisie, a précisé la délégation ; cela relève d’un libre choix des femmes et des jeunes filles.

La flagellation (condamnation à une peine de coups de fouet) est prévue dans la charia, a expliqué la délégation. Avant l’exécution de la sentence, le coupable doit être analysé par un médecin légiste qui vérifie qu’il est en bonne santé pour supporter la sentence. Si la personne est malade, l’exécution de la peine peut être remise à plus tard, ce qui vaut également lorsque la coupable est enceinte.

Le nombre de cas de violence à l’encontre des femmes n’a pas augmenté en Malaisie; c’est le nombre de femmes qui décident de porter plainte qui a augmenté, ce qui témoigne d’une prise de conscience des femmes s’agissant de cette question, a affirmé la délégation.

La lutte contre la traite s’est améliorée en Malaisie, notamment dans le domaine législatif, a par ailleurs assuré la délégation. Le pays a notamment pris des dispositions afin que des ONG puissent protéger les victimes et leur apporter un logement. Les autorités souhaitent inclure dans la loi une disposition prévoyant des circonstances aggravantes pour ce crime. Un plan national d’action contre la traite a été mis en œuvre de 2010 à 2015 et un nouveau plan est entré en vigueur en 2016. Il reste beaucoup à faire concernant la formation des forces de l’ordre dans ce domaine, a reconnu la délégation. Les victimes de la traite jouissent de l’immunité (contre toute poursuite) en cas d’entrée illégale dans le pays et elles ont le droit d’être placées dans des centres destinés à assurer leur protection. Les victimes ne sont pas pénalisées lorsqu’elles sont identifiées comme victimes de la traite, a insisté la délégation.

La délégation a ensuite expliqué qu’aucune disposition spécifique ne prévoyait d’accorder la résidence permanente dans le pays aux victimes de la traite. Ces dernières peuvent néanmoins obtenir un permis qui leur permet de résider en Malaisie et d’y obtenir du travail durant une période d’au moins trois ans renouvelable.

La délégation a d’autre part expliqué que des protections étaient accordées sans distinction pour les requérantes d’asile ; elles bénéficient des protections nécessaires et la Malaisie respecte le principe de non-refoulement, a-t-elle assuré.

La délégation a par ailleurs souligné que les modalités d’acquisition de la nationalité étaient fixées par la Constitution. Un enfant né d’une mère malaisienne et d’un père étranger peut obtenir la nationalité malaisienne si les parents en font la demande auprès des services d’état civil ; la Malaisie ne reconnaît pas la double nationalité, raison pour laquelle une demande de naturalisation doit être réalisée dans ce cas précis.

Le droit malaisien prévoit que les étrangers peuvent acquérir la citoyenneté malaisienne sous certaines conditions : il faut notamment résider dans le pays depuis un certain temps et avoir l’intention d’y résider de manière permanente. Le requérant doit aussi, entre autres, connaître la langue nationale du pays.

Il existe des mesures de protection des prostituées contre les abus des forces de l’ordre, a d’autre part fait valoir la délégation. Quel que soit leur statut, elles bénéficient d’une protection générale en vertu du droit en vigueur et si des représentants des forces de l’ordre abusent de leur situation, le Code pénal prévoit des poursuites contre ces agents.

La délégation a d’autre part expliqué que même s’il épouse la victime, un violeur peut être poursuivi en justice et condamné.

La délégation a en outre expliqué qu’il n’existait pas de restriction au travail des organisations non gouvernementales, pour autant qu’elles agissent dans le cadre de la loi.

La santé sexuelle et reproductive est enseignée dans le cadre des programmes scolaires et les enfants sont initiés à l’anatomie, a en outre indiqué la délégation.

La plupart des centres de soins de santé primaires se trouvent en zone rurale. Le personnel médical qui accepte de travailler dans les zones rurales bénéficie d’avantages, comme la possibilité de faire évoluer plus rapidement sa carrière, a poursuivi la délégation.

Remarques de conclusion

Mme Suriani Ahmad a assuré le Comité que la Malaisie ne souhaitait en aucun revenir en arrière pour ce qui est de la mise en œuvre de la Convention et de la protection et la promotion des droits des femmes.  Elle a indiqué avoir pris bonne note de tous les commentaires des membres du Comité afin de les rapporter aux différentes autorités concernées du pays.
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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
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