Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Colombie : Le Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’homme demande une protection efficace pour les défenseurs des droits de l’homme dans un contexte marqué par des agressions répétées
Visite en Colombie
09 octobre 2017
BOGOTA/NEW YORK (9 octobre 2017) – Andrew Gilmour, le Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’homme s’est félicité, lundi, des progrès réalisés dans la démobilisation et le démantèlement des FARC, mais a fait part de son inquiétude concernant les problèmes relatifs à la mise en œuvre des accords portant sur les agressions répétées dont sont victimes les défenseurs des droits de l’homme et les dirigeants communautaires. A l’issue d’une visite de six jours dans le pays, M. Gilmour a pris note des efforts du gouvernement en vue de l’adoption de mesures destinées à prévenir ces agressions, tout en précisant que ces actions n’ont pas encore produit de résultats substantiels.
" Le conflit armé avec les FARC est peut-être terminé, mais les défenseurs des droits de l’homme, qui sont incroyablement courageux, continuent d’être menacés et assassinés, de façon inquiétante, " a-t-il déclaré. " Ces agressions menacent la stabilité à long terme dont a tant besoin la Colombie. " Depuis le début de l’année, les assassinats de défenseurs des droits de l’homme, de leaders sociaux et communautaires, notamment dans les régions qui étaient tenues par les FARC, sont plus nombreux que les années précédentes.
" Après des décennies d’extrême violence et de victimes se comptant par millions, la Colombie doit faire entendre la voix de ses militants des droits de l’homme pour défendre fermement ses valeurs démocratiques, les personnes qui sont particulièrement vulnérables, notamment les femmes, les Afro-Colombiens, les personnes LGBTI et les dirigeants autochtones, en particulier dans les régions qui étaient occupées par les FARC, " a-t-il ajouté.
M. Gilmour a appelé le gouvernement, le congrès et l’appareil judiciaire à prendre des mesures qui ne laissent planer aucun doute sur le fait que les auteurs de ces crimes feront l’objet d’une enquête approfondie, seront poursuivis et sanctionnés avec fermeté. " Et là, nous ne parlons pas seulement de ceux qui ont appuyé sur la gâchette mais aussi de ceux qui leur ont donné l’ordre ou qui les ont payés. "
Lors de sa visite en Colombie, M. Gilmour a rencontré à plusieurs reprises à Bogota des victimes du conflit armé et des acteurs de la société civile. Il s’est également entretenu avec le Vice-Président, le Médiateur national et le Procureur général ainsi qu’avec des leaders des FARC. M. Gilmour s’est rendu dans les villages de montagne de San Luis in Neiva dans le sud de la Colombie, où il a reçu des informations complémentaires concernant les difficultés liées à la démobilisation et à la réintégration des FARC. Il en a profité pour rencontrer les autorités locales et des dirigeants communautaires et autochtones.
Le Sous-Secrétaire général a salué le succès du désarmement et de la démobilisation des FARC.
Cependant, M. Gilmour a souligné le fait que la paix ne peut être durable que si les combattants démobilisés sont correctement intégrés à la société et ont les moyens de gagner leur vie en tant que civils. " Une paix véritable impose que les habitants des régions précédemment tenues par les FARC doivent être convaincus qu’ils bénéficient des "dividendes de la paix" – et cela n’est possible qu’à la condition que les institutions publiques et les activités économiques s’installent dans ces régions, comme il se doit, " a-t-il précisé.
" Dans le cas contraire, il est évident que les organisations criminelles violentes intensifieront leurs activités pour combler le vide laissé par les FARC, ce qui se traduira par un nouveau revers sérieux pour les droits des personnes qui vivent dans les régions abandonnées par les guérilleros, " a ajouté M. Gilmour.
Plusieurs interlocuteurs ont fait part à M. Gilmour de leur inquiétude concernant la corruption, un haut représentant de l’État indiquant qu’elle constitue de loin la cause sous-jacente la plus importante de violation des droits de l’homme en Colombie – civile, politique et économique. M. Gilmour a été invité à s’informer des mesures concrètes prises par le Parquet général, avec le soutien technique et les conseils du HCDH, afin de régler cette question prioritaire.
M. Gilmour s’est dit inquiet des tentatives visant à affaiblir le système judiciaire visé dans l’accord de paix, ce qui pourrait nuire aux efforts déployés pour éviter que les violations des droits de l’homme ne se répètent. " Nous devons tenir compte de l’obligation de rendre des comptes concernant les violations des droits de l’homme commises par le passé, notamment au moyen des mécanismes de justice transitionnelle tels que la juridiction spéciale pour la paix, pour garantir un équilibre entre la justice, la vérité et l’intégration effective des FARC, y compris au moyen de la participation politique, " a-t-il dit.
M. Gilmour a aussi souligné le rôle fondamental du bureau du Médiateur dans la défense des droits de l’homme. Il a appelé les autorités à accélérer le renforcement du système d’alerte précoce sous la direction du Médiateur, comme le prévoit l’accord de paix.
Le Sous-Secrétaire général a abordé les questions relatives aux droits de l’homme dans la région, en particulier les répercussions transfrontalières de la situation préoccupante au Venezuela. Dans ce contexte, il a apprécié l’offre humanitaire généreuse des autorités colombiennes face l’afflux massif de personnes quittant le Venezuela.
M. Gilmour a mesuré les efforts du gouvernement destinés à mettre en œuvre l’accord de paix, en particulier l’engagement du Président Juan Manuel Santos à accorder toute l’attention nécessaire aux questions relatives aux droits de l’homme. Il a souligné, malgré tout, que le gouvernement doit prendre des mesures urgentes, en collaboration avec la société civile et avec l’aide des Nations Unies, afin de mettre fin à l’impunité chronique dont bénéficient les auteurs de violations des droits de l’homme, notamment les assassinats " faux positifs " commis par les forces armées, et aux agressions contre les militants des droits de l’homme et les dirigeants communautaires perpétrées par les organisations criminelles.
FIN
Pour de plus amples informations et les demandes des médias, veuillez contacter:
En Colombie: Diana Losada, dlosada@hchr.org.co ou +57 321 284 1580.
À New York: Ravina Shamdasani, ravina.shamdasani@un.org ou + 1 917 367 2227.