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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme tient un débat interactif avec la Rapporteuse spéciale sur les questions relatives aux minorités

Questions relatives aux minorités

15 Mars 2017

Conseil des droits de l'homme

MI JOURNÉE

15 mars 2017

Mme Izsák-Ndiaye se dit préoccupée par l'augmentation des discours de haine, de la rhétorique xénophobe et des incitations à la haine contre les minorités

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, en début d'après-midi, son débat interactif avec la Rapporteuse spéciale sur les questions relatives aux minorités, Mme Rita Izsák-Ndiaye, qui a présenté son dernier rapport alors qu'elle achève son mandat.

Mme Rita Izsák-Ndiaye a souligné qu'elle était préoccupée par l'augmentation des discours de haine, de la rhétorique xénophobe et des incitations à la haine contre les minorités, accompagnés d'une hausse de l'extrémisme et des parties d'extrême droite; elle a souligné que cette situation constituait une menace pour les progrès apportés à la protection des droits des minorités ces dix dernières années.  La Rapporteuse spéciale a rappelé que la reconnaissance de l'existence de minorités ne dépendait pas d'une décision d'un Gouvernement mais s'établissait sur la base de critères objectifs.  Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 ne peut être un succès que si les minorités sont prises en compte, a-t-elle déclaré; il faut que personne ne soit laissé de côté.

Cette année correspond au 25e anniversaire de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques et au dixième anniversaire du Forum des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités, a par ailleurs rappelé Mme Izsák-Ndiaye, invitant les offices des Nations Unies, les États Membres et la société civile à marquer ces importants anniversaires. 

La Rapporteuse spéciale a ensuite rendu compte des visites qu'elle a réalisées en Iraq, en République de Moldova et à Sri Lanka.  Les délégations de ces trois pays ont ensuite fait des déclarations en tant que pays concernés.  L'Iraq s'est félicité de l'évaluation positive du rapport sur la visite du pays.  La République de Moldova s'est félicitée de ce que le rapport de la Rapporteuse spéciale mentionne le caractère pacifique des relations interethniques et interreligieuses dans le pays.  Sri Lanka a déclaré que la visite de la Rapporteuse spéciale était intervenue à un moment particulièrement propice, alors que le pays avait engagé une démarche historique pour parvenir à la paix, à la réconciliation et au développement.

Plusieurs intervenants* ont ensuite pris part au débat interactif avec la Rapporteuse spéciale.  De nombreuses délégations se sont dites préoccupées par les persécutions à l'encontre des minorités, qui sont en nette augmentation ces derniers temps.  A également été déplorée la recrudescence des discours haineux et xénophobes.  Il a en outre été souligné à maintes reprises que la diversité était pourtant une richesse pour les sociétés. 

Le Conseil doit poursuivre ses travaux cet après-midi en examinant plusieurs rapports qui lui sont soumis au titre des organismes et mécanismes de protection des droits de l'homme. 

Examen du rapport de la Rapporteuse spéciale sur les questions relatives aux minorités

Le Conseil est saisi du rapport de la Rapporteuse spéciale sur les questions relatives aux minorités (A/HRC/34/53) qui traite également de ses visites en Iraq  (A/HRC/34/53/Add.1), en République de Moldova (A/HRC/34/53/Add.2) et à Sri Lanka (A/HRC/34/53/Add.3) ainsi que des commentaires de la République de Moldova (A/HRC/34/53/Add.4)

Présentation du rapport

MME RITA IZSAK-NDIAYE, Rapporteuse spéciale sur les questions relatives aux minorités, a souligné qu'il s'agissait de son dernier rapport et que, durant l'année écoulée, elle avait réalisé des visites en Iraq, en République de Moldova et à Sri Lanka. 

La Rapporteuse spéciale a expliqué qu'elle était préoccupée par l'augmentation des discours de haine, de la rhétorique xénophobe et des incitations à la haine contre les minorités, accompagnés d'une hausse de l'extrémisme et des parties d'extrême droite; elle a souligné que cette situation constituait une menace pour les progrès apportés à la protection des droits des minorités ces dix dernières années.  Des garanties doivent être apportées pour maintenir ces avancées, a-t-elle insisté.

Mme Izsák-Ndiaye a rappelé que la reconnaissance de l'existence de minorités ne dépendait pas d'une décision d'un Gouvernement mais s'établissait sur la base de critères objectifs.  La Rapporteuse spéciale est en outre préoccupée par les plus de dix millions de personnes qui sont aujourd'hui privées de nationalité et qui sont en grande partie des personnes issues des minorités.  Mme Izsák-Ndiaye a rappelé qu'il fallait établir des statistiques sur la question des minorités afin que les États soient bien conscients de la réalité des minorités sur leur territoire.

Mme Izsák-Ndiaye a indiqué être frappée par l'absence de représentants des minorités au sein des pouvoirs politiques ou judiciaires.  La Rapporteuse spéciale a recommandé aux Nations Unies d'appuyer davantage le plaidoyer concernant les minorités.  Il faut créer des postes au sein des agences qui sont spécifiquement saisies des questions relatives aux minorités, a-t-elle indiqué.

Les minorités restent les groupes les plus pauvres au niveau économique et social, a poursuivi Mme Izsák-Ndiaye.  Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 ne peut être un succès que si les minorités sont prises en compte, a-t-elle déclaré; il faut que personne ne soit laissé de côté.

Cette année correspond au 25e anniversaire de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques et au dixième anniversaire du Forum des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités, a rappelé Mme Izsák-Ndiaye.  Elle a invité les offices des Nations Unies, les États Membres et la société civile à marquer ces importants anniversaires. 

La Rapporteuse spéciale a ensuite fait part de ses observations suite à ses visites dans trois pays.  S'agissant du premier pays qu'elle a visité l'année dernière, à savoir l'Iraq, Mme Izsák-Ndiaye a expliqué que les communautés religieuses et de minorités ethniques y connaissent une crise sans précédent qui menace leur existence.  Toutes les minorités ont été victimes des brutalités de Daech; il y aurait eu des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et un génocide contre la population yézidie.  L'Iraq est à la croisée des chemins, a insisté la Rapporteuse spéciale.  Les minorités rencontrent d'autres défis que celui de Daech, a-t-elle ajouté; c'est pourquoi il faut trouver des solutions globales quant aux nombreuses discriminations auxquelles sont confrontées les minorités.  Un processus de vérité et de réconciliation est nécessaire, a déclaré Mme Izsák-Ndiaye.  Elle a néanmoins relevé que des communautés s'entraident en Iraq, ce qui est très positif; cela doit être le fondement de la société.  Le premier responsable de la sécurité de la population est le Gouvernement iraquien, mais il faut un soutien de la communauté internationale, a souligné la Rapporteuse spéciale. 

S'agissant du deuxième pays qu'elle a visité, à savoir la République de Moldova, Mme Izsák-Ndiaye a affirmé qu'il était doté d'un cadre assez solide de protection des minorités.  Elle a fait observer que durant sa visite dans ce pays, la question linguistique, notamment dans les écoles, a été souvent abordée par les minorités.  Les communautés souhaitent préserver leur langue maternelle, a-t-elle insisté.  Demeurent en outre des incidents de profilages ethniques et des attaques contre les communautés musulmanes et juives dans le pays, a regretté la Rapporteuse spéciale.  Les communautés roms sont confrontées à une marginalisation sociale et économique et sont victimes de nombreuses discriminations, a-t-elle ajouté.  Elle a salué l'engagement des médiateurs roms pour améliorer la situation des communautés roms dans le pays; cependant, ces médiateurs sont confrontés à des défis sérieux dans le cadre de leurs activités, notamment en raison de restrictions judiciaires, a fait observer Mme Izsák-Ndiaye. 

A Sri Lanka, troisième pays visité, le Gouvernement d'union nationale a apporté beaucoup d'espoirs à la population, mais est aujourd'hui source de beaucoup de frustrations, a ensuite indiqué la Rapporteuse spéciale.  La situation nécessite un processus de vérité et réconciliation, a-t-elle souligné.  La population est frustrée par le manque de progrès; la culture de l'impunité n'a pas trouvé de solution, ce qui a miné la confiance entre les communautés sur l'île.  La frustration des musulmans ou des autres communautés quant à leur marginalisation dans la société est criante, a insisté Mme Izsák-Ndiaye.  Aujourd'hui, il faut renforcer la protection des minorités dans le pays, a-t-elle déclaré.  Les questions de la démilitarisation, des personnes disparues et de l'accès à la terre doivent être une priorité des autorités, faute de quoi aucun progrès ne pourra être réalisé à Sri Lanka, a indiqué la Rapporteuse spéciale.  Plaidant pour l'instauration d'un sentiment d'appartenance de tous les Sri-Lankais, elle a exprimé l'espoir que des efforts seraient consentis pour créer une société inclusive et que le Gouvernement prendrait compte des recommandations figurant dans son rapport, s'agissant notamment de la création d'une commission des minorités. 

Pays concernés

L'Iraq a remercié la Rapporteuse spéciale pour son rapport consécutif à sa visite sur place et s'est félicité de son évaluation positive.  Les appels lancés par la Rapporteuse spéciale ont reçu un large écho en Iraq, a assuré la délégation iraquienne, qui s'est dite d'accord avec les constatations de Mme Izsák-Ndiaye concernant les agissements de Daech.  La majorité des crimes commis contre les différentes composantes de la société iraquienne trouvent leur source dans les activités terroristes, a insisté la délégation. 

La Constitution iraquienne consacre le droit des différentes composantes du peuple iraquien de pratiquer leur religion, a poursuivi la délégation iraquienne.  L'exercice effectif de ce droit est contrôlé par un nouveau département chargé des questions relatives aux groupes religieux, a-t-elle précisé.  L'Iraq est confronté aux violations des droits de l'homme commises par Daech, qui visent directement l'identité religieuse et civile du pays, a en outre rappelé la délégation.  Dans ce contexte, il importe au plus haut point pour l'Iraq de défendre l'intégrité du tissu social: c'est pourquoi l'armée lutte non seulement contre le terrorisme, mais aussi pour permettre aux citoyens de retourner dans leurs foyers en toute sécurité, a fait valoir la délégation iraquienne.  Cet engagement majeur s'accompagne de la volonté claire de restituer les biens des personnes spoliées et d'indemniser les victimes du terrorisme.  Les chrétiens et les yézidis, qui participent pleinement à l'effort national de libération, bénéficient de mesures d'intégration reflétant la volonté des autorités d'inclure toutes les composantes de la société, a conclu la délégation iraquienne. 

La République de Moldova s'est félicitée de ce que le rapport de la Rapporteuse spéciale mentionne le caractère pacifique des relations interethniques et interreligieuses dans le pays.  Cette situation est due aux efforts du Gouvernement pour résoudre les problèmes qui pourraient compromettre la jouissance des droits de l'homme des minorités.  Ces efforts sont transcrits dans la Stratégie de consolidation des relations interethniques 2017-2027.  Ce document définit des objectifs à long terme axés sur la participation à la vie publique des membres des minorités; sur l'élaboration d'une législation relative aux langues nationales et minoritaires; sur l'instauration d'un dialogue interculturel; et sur le renforcement du sentiment d'appartenance à l'État.  Cette politique transversale implique plusieurs ministères ainsi que le Bureau des relations interethniques, organisme chargé de la coordination de l'action publique dans ce domaine, a précisé la délégation.

La République de Moldova a ensuite attiré l'attention sur un problème qui revêt une importance cruciale pour elle, à savoir la situation des droits de l'homme dans la région de Transnistrie.  Faute de contrôle effectif des autorités constitutionnelles sur cette région, l'application des recommandations de la Rapporteuse spéciale y sera difficile, a souligné la délégation moldove; les Moldaves, majoritaires dans la région, y sont exposés à une persécution incessante par des représentants des soi-disant «structures de Tiraspol», a ajouté la délégation, faisant notamment état de gels de comptes bancaires, de double imposition, d'actes de provocation contre des écoliers, leurs parents et leurs enseignants.  Comme en témoignent les nombreux jugements de la Cour européenne des droits de l'homme, les autorités de fait de Tiraspol n'ont pris à cet égard aucune mesure positive, a regretté la délégation moldove.  Elle a par ailleurs mis en garde contre le risque que l'essor du populisme et de l'extrémisme fait planer sur la jouissance par les minorités de leurs droits fondamentaux. 

Sri Lanka a déclaré que la visite de la Rapporteuse spéciale était intervenue à un moment particulièrement propice, alors que le pays avait engagé une démarche historique pour parvenir à la paix, à la réconciliation et au développement.  L'invitation ouverte lancée par Sri Lanka aux titulaires de mandats au titre des procédures spéciales des Nations Unies reflète l'esprit constructif dans lequel le Gouvernement sri-lankais entend collaborer avec tous ses partenaires, y compris la société civile.  Le nouveau Président de Sri Lanka, élu en 2015, applique un programme politique basé sur le respect de la diversité ethnique, culturelle et linguistique, a poursuivi la délégation.  Sri Lanka se félicite donc de la reconnaissance par la Rapporteuse spéciale des progrès réalisés à Sri Lanka depuis 2015.

Concrètement, les autorités sri-lankaises ont décrété la toute première semaine nationale d'intégration et de réconciliation en janvier dernier, a souligné la délégation.  Parallèlement, un Ministère de l'intégration et de la réconciliation nationale a été créé, en même temps que la langue tamoule était reconnue comme langue officielle.  Des fonctionnaires et policiers tamouls ont été recrutés et formés pour servir dans le nord et l'est du pays.  Des processus de déploiement rapide sont mis en place pour augmenter le nombre d'agents de police, les autorités s'étant engagées à nommer les fonctionnaires en fonction de leur mérite et non de considérations extérieures.  Le chef de l'opposition parlementaire est membre de la communauté tamoule, a d'autre part souligné la délégation. 

Débat

L'Union européenne a regretté que l'écart entre les principes proclamés et la réalité soit si grand, alors que des millions de personnes souffrent de discriminations de la part de gouvernements ou de groupes extrêmes, du simple fait de leur statut de minorité.  Or, l'inclusion des minorités contribue à la stabilité des États et à la promotion d'une société harmonieuse, a souligné l'Union européenne.

La Tunisie, s'exprimant au nom de Groupe africain a regretté, à l'instar de la Slovénie, du Mexique, du Venezuela et du Bénin, la multiplication des discours de haine visant des minorités.  L'Organisation de la coopération islamique a lancé un appel à l'inclusion politique des minorités et s'est inquiétée de la puissance des politiques d'extrême droite qui ne cachent pas leur islamophobie.  La Slovénie a rappelé que les minorités faisaient partie des plus vulnérables.  La résurgence de mouvements politiques motivés par la haine raciale et religieuse est préoccupante, a-t-elle relevé.  Les minorités sont surreprésentés parmi les réfugiés, a-t-elle ajouté, avant de souligner que le déni des soins de santé est endémique parmi les minorités.  Le Mexique a également fait part de sa préoccupation face à l'apparition de partis extrémistes et xénophobes et s'est enquis des moyens de lutter contre la prolifération de ces groupes extrémistes.  S'inquiétant lui aussi de la recrudescence des messages xénophobes véhiculés par l'extrême droite, le Venezuela a estimé qu'un cadre juridique devait être créé pour lutter contre le racisme institutionnalisé.

La Fédération de Russie a remercié la Rapporteuse spéciale pour son travail sur la situation des chrétiens du Moyen Orient et son combat en faveur de l'emploi des langues natales.  La préservation de l'identité culturelle des minorités linguistiques en Ukraine et dans les pays baltes est essentielle, a ajouté la délégation russe.  L'Éthiopie a rappelé que la langue était un élément central de l'expression identitaire des minorités.  Les groupes minoritaires sont plus vulnérables aux évènements climatiques extrêmes et aux crises provoquées par l'homme, a en outre souligné la délégation éthiopienne.  Le Bénin a lui aussi regretté que les minorités soient les premières frappées par les crises humanitaires.  La délégation béninoise a en outre souligné l'importance de l'éducation dans la promotion des différences et du respect mutuel. 

La Chine a rappelé que chaque État devait protéger ses minorités.  La Chine pratique l'autonomie ethnique pour les groupes minoritaires.  Le développement économique et social de ces groupes est une priorité pour le Gouvernement chinois, a ajouté la délégation chinoise.  En outre, la liberté de religion et de confession est assurée, a-t-elle insisté.  Un Plan de développement des groupes ethniques minoritaires a été adopté récemment, a fait valoir la Chine. 

L'Autriche et la Suisse se sont montrées préoccupées par les persécutions à l'encontre des minorités, qui sont en nette augmentation ces derniers temps.  Dans ce contexte, la promotion de la culture et de la diversité est une priorité, a estimé l'Autriche.  La Suisse a souligné que la diversité était une richesse, tout en regrettant que les organisations de la société civile s'engageant pour les minorités fassent face à de nombreuses difficultés et soient parfois empêchées de travailler. 

L'Autriche, la Géorgie et la Hongrie ont expliqué que la célébration du 25e anniversaire de la Déclaration sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques et du 10e anniversaire de la création Forum sur les questions relatives aux minorités était une occasion unique pour promouvoir encore davantage les droits des minorités.  La Hongrie est convaincue qu'il faut poursuivre et renforcer les travaux du Forum sur les questions relatives aux minorités. 

La Hongrie a par ailleurs apporté son soutien à la candidature de la Rapporteuse spéciale, Mme Izsák-Ndiaye, au Comité pour l'élimination de la discrimination raciale.

La Géorgie a indiqué avoir adopté  une stratégie d'État pour l'égalité et l'intégration civique, à l'élaboration de laquelle les minorités ethniques ont activement participé.  Cette stratégie vise à assurer l'égalité de traitement et à préserver la culture et l'identité de minorités; elle met l'accent sur la préservation de la culture des minorités et des Roms. 

La Lettonie a elle aussi relevé que le rapport de Mme Izsák-Ndiaye rappelait à juste titre que 2017 marquait deux dates importantes: le 25e anniversaire de l'adoption de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques et le dixième anniversaire de la création du Forum sur les questions relatives aux minorités.

L'Iraq a affirmé que les minorités avaient enrichi le pays et a fait part d'un projet de loi visant à protéger les minorités et à empêcher toute discrimination à leur égard.  Des terrains ont été octroyés aux minorités pour qu'elles puissent ériger des lieux de cultes, a poursuivi la délégation iraquienne.  Les langues minoritaires sont apprises à l'école, a-t-elle en outre fait valoir.  L'attention du Gouvernement iraquien se porte sur les personnes déplacées, notamment les personnes déplacées issues des minorités et plus particulièrement issues de la population yézidie. 

Les États-Unis ont rappelé que les États ont la responsabilité première d'assurer la protection de leur population et des minorités.  Le premier objectif des Nations Unies est de prévenir les conflits par une alerte précoce, ont rappelé les États-Unis.  Il faut donc redoubler d'efforts pour recueillir des données ventilées sur les minorités, qui donneraient davantage de moyens pour lutter contre les discriminations à l'encontre de ces populations. 

L'Ukraine a dénoncé l'aggravation de la situation des Tatars vivant en Crimée occupée, lesquels sont confrontés à des mauvais traitements et à la discrimination.  L'Ukraine a dit espérer que la Rapporteuse spéciale se pencherait sur ce problème. 

L'Arménie a rappelé que, dans le pire des cas, les agressions contre les minorités peuvent donner lieu aux pires atrocités voire au génocide.  L'Arménie, qui accorde la plus grande importance à la prévention de ces crimes, a pris note des recommandations de la Rapporteuse spéciale à ce propos. 

La progression de partis xénophobes qui remettent en cause les acquis dans la protection des minorités a été jugée préoccupante par la Bolivie, qui s'est interrogée sur la manière de renforcer les normes internationales de protection des droits des minorités.  L'Azerbaïdjan s'est lui aussi inquiété de la montée de partis d'extrême droite et extrémistes, qui constitue une menace pour la coexistence pacifique.  L'islamophobie et l'antisémitisme sont malheureusement devenus une tendance déplorable dans certains pays, a dénoncé l'Azerbaïdjan.  Le pays a rappelé qu'il accueillerait en mai prochain le prochain Congrès mondial du dialogue interculturel.

La Roumanie a souligné l'importance de prendre des mesures concrètes pour intégrer les personnes appartenant aux minorités aux sociétés dans lesquelles elles vivent.  Les politiques roumaines dans ce domaine ont pour objectif de garantir, dans un modèle interculturel, la bonne entente entre les minorités et le reste de la population.

Plusieurs organisations non gouvernementales ont participé au débat avec la Rapporteuse spéciale.  Minority Rights Group a salué la volonté de la Rapporteuse spéciale de rester à l'écoute des membres des minorités.  L'ONG a condamné la montée de la persécution religieuse et ethnique motivée non seulement par l'extrémisme religieux, mais aussi par la répression étatique et les politiques sectaires couvertes par les pouvoirs publics.

L'Association Solidarité Internationale pour l'Afrique (SIA) a dénoncé la poursuite, en toute impunité, des attaques et des discours de haine contre les Tamouls à Sri Lanka.  L'ONG a prié le Conseil d'intervenir auprès des autorités de Sri Lanka pour qu'elles restituent les terres des Tamouls réquisitionnées par l'armée.  Advocates for Human Rights a dénoncé une augmentation des violences intercommunautaires en Inde, violences dont les musulmans sont les premières victimes.  L'ONG a également dénoncé les assassinats extrajudiciaires à des fins de maintien de l'ordre en Inde.  La Rapporteuse spéciale a été priée d'effectuer une visite de travail en Inde, axée sur la prévention des violations des droits de l'homme à l'encontre des minorités.

Le Congrès juif mondial s'est dit alarmé par l'essor des discours haineux et xénophobes.  Les partis d'extrême droite font des minorités des boucs émissaires.  Le nombre d'attaques antisémites est en augmentation, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni; des mesures immédiates doivent être prises par les États pour lutter contre l'antisémitisme, a ajouté l'ONG. 

Japanese Workers' Committee for Human rights a regretté les expressions croissantes de racisme à l'encontre des Coréens et a fait observer que le Gouvernement japonais a refusé de lutter contre ce phénomène au nom de la liberté d'expression.  Pourtant, les organes des droits de l'homme ont appelé le Japon à prendre des mesures contre les discours de haine, a insisté l'ONG.

Asian Legal Resource Centre a souligné qu'à elle seule, la ratification des instruments des droits de l'homme des Nations Unies ne saurait suffire; des cadres judiciaires fonctionnels doivent être mis en place afin de lutter contre l'oppression à l'encontre des minorités. 

Tourner la page a mis en lumière les difficultés rencontrées à Sri Lanka par les Tamouls, dont les terres sont occupées par les forces militaires sri-lankaises.  Des lieux de cultes bouddhistes sont construits dans les zones tamoules, alors que ceux-ci n'ont plus accès à leurs propres lieux de culte.  Le Gouvernement sri-lankais cherche à convertir les zones tamoules, comme en atteste l'absence de professeurs qui parlent le tamoul, a ajouté l'ONG.

Le Conseil mondial de l'environnement et des ressources a déclaré que l'Iran était l'un des pays les plus intolérants; les attaques contre les minorités ethniques et religieuses y ont légion.  Au Pakistan, les personnes non musulmanes sont régulièrement accusées de blasphème, a ajouté l'ONG.  En Iraq, a-t-elle poursuivi, les combattants de Daech sont responsables de crimes de guerre et ont tué et torturé les membres des minorités religieuses et ethniques. 

Réponses et conclusions de la Rapporteuse spéciale

MME IZSÁK-NDIAYE a affirmé que la défaite de Daech devenait une réalité en Iraq et s'est réjouie que la protection des civils ait été une priorité lors des opérations militaires.  La reddition de compte est une question très importante, a-t-elle ajouté; il faut donc lancer des procédures contre les ressortissants des pays tiers qui sont responsables d'exactions en Iraq. 

Mme Izsák-Ndiaye a ensuite salué le forum des jeunes qui s'est tenu en République de Moldova et qui a permis de dialoguer sur la question des minorités.

À Sri Lanka, des mesures urgentes doivent être prises, a poursuivi la Rapporteuse spéciale.  Le Gouvernement sri-lankais doit faire en sorte que l'élan en faveur de la réconciliation ne s'essouffle pas, a-t-elle souligné.  Il faut libérer les personnes en détention, rendre les terres confisquées à la population civile et permettre la recherche des personnes disparues, a-t-elle précisé. 

Mme Izsák-Ndiaye a par ailleurs souligné qu'il existait de nombreux documents et dispositions d'instruments internationaux pour contrer les discours de haine.  Il faut établir une distinction entre les discours de haine et les discours qui devraient être légalement permis mais qui heurtent certaines personnes, a-t-elle indiqué. 

Des sociétés monolingues et monoculturelles n'existent pas, a d'autre part souligné la Rapporteuse spéciale. 

Mme Izsák-Ndiaye a indiqué qu'elle avait donné naissance à deux enfants durant son mandat et qu'elle avait rencontré beaucoup de difficultés à élever ses enfants dans le cadre de son mandat.  Elle a demandé que les Nations Unies prennent des mesures de soutien pour les femmes titulaires de mandat et leur famille afin que ces femmes puissent honorer leurs engagements professionnels tout en assurant la prise en charge de leur famille. 

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*Les délégations et organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat sur les questions relatives aux minorités: Union européenne; Tunisie (au nom de Groupe africain); Slovénie; Mexique; Venezuela; Bénin; Organisation de la coopération islamique; Fédération de Russie; Éthiopie; Bénin; Chine; Autriche; Suisse; Géorgie; Hongrie; Lettonie; Iraq; États-Unis; Ukraine; Arménie; Bolivie; Azerbaïdjan; Roumanie.

*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat général sur les questions relatives aux minorités: Association Solidarité Internationale pour l'Afrique (SIA); Advocates for Human Rights; Minority Rights Group; Congrès juif mondial; Japanese Workers' Committee for Human Rights; Asian Legal Resource Centre; Tourner la page; et le Conseil mondial de l'environnement et des ressources.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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