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Le Comité pour l'Élimination de la discrimination à l'égard des femmes examine le rapport de Sri Lanka
Rapport de Sri Lanka
22 février 2017
Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes
22 février 2017
Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné aujourd'hui le rapport présenté par Sri Lanka sur les mesures prises par le pays pour donner effet aux dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Présentant ce rapport, Mme Chandrani Senarathne, Secrétaire du Ministère des affaires relatives aux femmes et aux enfants de Sri Lanka, a indiqué que des progrès avaient été réalisés par le pays et que de nombreux efforts avaient été déployés, en collaboration avec la société civile et avec ONU-Femmes, pour mettre en œuvre les recommandations que le Comité avait adressées au pays en 2011. Elle a en outre rappelé que Sri Lanka traversait une période historique, les deux principaux partis politiques ayant décidé de former un Gouvernement d’union nationale. Poursuivant cette présentation, Mme Ayesha Jinasena, Solliciteure générale adjointe au Département du Procureur général de Sri Lanka, a indiqué que la Constitution obligeait la Cour suprême à entendre les plaintes en cas de violations des droits fondamentaux par des autorités administratives. Par ailleurs, plusieurs lois s’inspirant des dispositions de la Convention ont été votées, a-t-elle fait valoir. L’absence de lois spécifiquement consacrées aux droits des femmes n’empêche pas la protection effective de ces droits, a-t-elle assuré. Un pan important du Plan national d’action pour la protection des droits de l’homme est réservé aux femmes, a-t-elle en outre précisé. Par ailleurs, le Gouvernement sri-lankais a l’intention de relever l’âge de la scolarité obligatoire de 14 à 16 ans, afin d’améliorer la scolarisation des filles et d’éviter les mariages précoces, a indiqué Mme Jinasena.
Complétant cette présentation, Mme Manisha Gunasekera, Ambassadrice de Sri Lanka auprès de la République de Corée, a souligné qu’une loi avait été adoptée pour établir un Bureau des disparitions forcées et qu’un service de réconciliation du pays dénommé Bureau de l’unité nationale a été mis en place. Alors que le pays compte plus de 700 000 veuves et plus d’1,2 million de foyers dirigés par des femmes, un Plan d’action national en faveur des femmes cheffes de famille a été mis en place en septembre 2016, a-t-elle ajouté. Elle a en outre attiré l’attention sur le Plan national d’action pour la lutte contre les violences sexuelles (2016-2020), aujourd’hui en vigueur, ainsi que sur la quasi-parité entre les sexes qui existe en termes de scolarisation, que ce soit aux niveaux du primaire, du secondaire ou de l’enseignement supérieur. Concernant l’accès des femmes à l’emploi, il faut reconnaître que la participation des femmes à la vie économique reste trop faible; aussi, le Gouvernement a-t-il édicté une directive pour mettre en place des crèches sur les lieux de travail, a ajouté Mme Gunasekera.
Achevant cette présentation, le Représentant permanent de Sri Lanka auprès des Nations Unies à Genève, M. Ravinatha Aryasinha, a pour sa part souligné que l’émigration à des fins de travail avait apporté à Sri Lanka des revenus importants. Cependant, s’agissant des femmes, cette émigration à des fins de travail est aujourd’hui découragée par le Gouvernement, car il est apparu que nombre d’entre elles étaient soumises à des travaux difficiles et victimes de violences, a-t-il indiqué.
La délégation sri-lankaise, qui était également composée d’autres représentants du Ministère des affaires étrangères, a répondu aux questions qui lui ont été posées par les membres du Comité s’agissant, notamment, du régime dualiste en vigueur dans le pays; des dispositions constitutionnelles; des divers plans nationaux d’action existants, dont le Plan national d’action sur les droits de l'homme adopté le mois dernier; les violences faites aux femmes; les femmes cheffes de famille; la traite de personnes; la législation relative à l’avortement; les lois sur le statut personnel; les stéréotypes de genre; les écarts de salaires entre hommes et femmes; ou encore la représentation des femmes, notamment en politique.
Une experte a félicité la délégation pour les mesures prises par le Gouvernement d’union nationale en faveur de la réconciliation nationale et de la rédaction d’une nouvelle Constitution. Bien que l’actuelle Constitution – en son article 12 – garantisse l’égalité entre les hommes et les femmes, elle n’interdit pas la discrimination contre les femmes comme le requiert la Convention et les femmes continuent d’être victimes de discriminations fondées sur le genre et sur la caste, a-t-elle toutefois fait observer. En outre, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre n’est pas expressément interdite, a regretté l’experte. Selon certaines sources, l’impunité pour les actes de violences envers les femmes reste élevée, a-t-elle en outre fait observer.
Une autre experte s’est inquiétée du climat d’insécurité qui règne à Sri Lanka. Malgré les efforts de paix, la sécurité physique n’est toujours pas assurée dans le nord et à l’est du pays, a-t-elle précisé. Des soldats sri-lankais sont régulièrement accusés de viol et semblent bénéficier d’une certaine impunité, a regretté l’experte.
Une experte s’est alarmée de l’écart de salaires entre les hommes et les femmes. Elle a par ailleurs relevé qu’un décret soumet l’émigration économique des femmes au consentement de leur mari. À cause du conflit armé, un quart des familles sont dirigées par des femmes, a-t-il été relevé. Tout en félicitant Sri Lanka d’avoir mis en place des services sociaux en faveur de ces femmes, une experte s’est inquiétée d’études qui montrent que de nombreuses femmes cheffes de famille sont exclues des programmes qui leur sont pourtant adressés. En outre, les femmes issues des minorités sont marginalisées, a-t-il été déploré.
La participation politique des femmes reste faible, avec moins de 10% de femmes au Parlement, a relevé une experte.
Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport de Sri Lanka et les rendra publiques à l'issue de la session, qui doit clore ses travaux le vendredi 3
mars prochain.
Demain, à 10 heures, le Comité entamera l’examen du rapport du Rwanda.
Présentation du rapport de Sri Lanka
Le Comité est saisi du rapport périodique de Sri Lanka, ainsi que des réponses du pays à la liste de points à traiter que lui a adressée le Comité.
Présentant ce rapport, MME CHANDRANI SENARATHNE, Secrétaire du Ministère des affaires relatives aux femmes et aux enfants de Sri Lanka, a indiqué que des progrès avaient été réalisés depuis le dernier passage de Sri Lanka devant le Comité en 2011. De nombreux efforts ont été déployés, en collaboration avec la société civile et avec ONU-Femmes, pour mettre en œuvre les recommandations que le Comité avait alors adressées au pays en 2011, a-t-elle souligné. Elle a rappelé que Sri Lanka traversait une période historique, les deux principaux partis politiques ayant décidé de former un Gouvernement d’union nationale. Depuis l’élection présidentielle de 2015, le Gouvernement travaille avec les défenseurs des droits de l’homme et cherche à renforcer ses rapports avec l’ONU, a ajouté Mme Senarathne. Sri Lanka a démontré sa volonté d’améliorer la situation des femmes, a-t-elle déclaré, avant de rappeler que ce sont les femmes qui ont le plus souffert du terrorisme.
Poursuivant cette présentation, MME AYESHA JINASENA, Solliciteure générale adjointe au Département du Procureur général de Sri Lanka, a indiqué que la Constitution obligeait la Cour suprême à entendre les plaintes en cas de violations des droits fondamentaux par des autorités administratives. Par ailleurs, plusieurs lois s’inspirant des dispositions de la Convention ont été votées, a-t-elle fait valoir. L’absence de lois spécifiquement consacrées aux droits des femmes n’empêche pas la protection effective de ces droits, a-t-elle assuré, avant de rappeler qu’une nouvelle Constitution allait en outre être soumise à la population. Un pan important du Plan national d’action pour la protection des droits de l’homme est réservé aux femmes et est basé sur la Convention, a-t-elle précisé. En 2009, a poursuivi Mme Jinasena, le Ministre de la Justice a convoqué un panel composé de femmes musulmanes pour réformer l’âge de nubilité dans la loi musulmane, ainsi que les dispositions relatives aux affaires familiales. Un rapport a été présenté sur cette base. Par ailleurs, le Gouvernement sri-lankais a l’intention de relever l’âge de la scolarité obligatoire de 14 à 16 ans, afin d’améliorer la scolarisation des filles et d’éviter les mariages précoces.
Complétant cette présentation, MME MANISHA GUNASEKERA, Ambassadrice de Sri Lanka auprès de la République de Corée, a concentré son intervention sur la question des femmes dans le conflit. A cet égard, a-t-elle indiqué, le Gouvernement sri-lankais a identifié deux défis principaux: les déplacements forcés, d’une part; et la recherche de la vérité, de l’autre. Une loi a été adoptée pour établir un Bureau des disparitions forcées et un service de réconciliation du pays dénommé Bureau de l’unité nationale a été mis en place, sous la houlette de l’ancienne présidente Chandrika Kumaratunga, a indiqué Mme Gunasekera. Alors que le pays compte plus de 700 000 veuves et plus d’1,2 million de foyers dirigés par des femmes, un Plan d’action national en faveur des femmes cheffes de famille a été mis en place en septembre 2016; les femmes isolées et les veuves bénéficient en priorité des efforts déployés dans ce cadre, a-t-elle poursuivi. Par ailleurs, un Centre national d’émancipation des veuves et femmes cheffes de famille a été créé. En parallèle, le Ministère de la famille a mis en place un programme de développement des familles monoparentales, a-t-elle insisté.
S’agissant des violences faites aux femmes, un rapport bipartite a été rédigé et sert de base aux politiques publiques de lutte contre ce phénomène, notamment au Plan national d’action pour la lutte contre les violences sexuelles (2016-2020), aujourd’hui en vigueur, a ensuite expliqué Mme Gunasekera. De surcroît, Sri Lanka dispose de structures de santé qui viennent en aide aux femmes victimes de violences, depuis 2001. D’autre part, le Gouvernement met à disposition des programmes de microcrédits pour les femmes vivant en milieu rural, afin de promouvoir leur émancipation.
Pour ce qui est de l’éducation, a fait valoir Mme Gunasekera, Sri Lanka se félicite de la quasi-parité entre les sexes qui existe en termes de scolarisation, que ce soit aux niveaux du primaire, du secondaire ou de l’enseignement supérieur. Concernant l’accès des femmes à l’emploi, il faut reconnaître que la participation des femmes à la vie économique reste trop faible; aussi, le Gouvernement a-t-il édicté une directive pour mettre en place des crèches sur les lieux de travail.
Achevant cette présentation, le Représentant permanent de Sri Lanka auprès des Nations Unies à Genève, M. RAVINATHA ARYASINHA, a pour sa part souligné que l’émigration à des fins de travail avait apporté à Sri Lanka des revenus importants. Cependant, s’agissant des femmes, cette émigration à des fins de travail est aujourd’hui découragée par le Gouvernement, car il est apparu que nombre d’entre elles étaient soumises à des travaux difficiles et victimes de violences. Un Plan pour le retour et l’intégration des migrants économiques a été mis en place par le Gouvernement afin d’encourager les femmes à rentrer à Sri Lanka, a précisé le Représentant permanent. Le Gouvernement travaille également avec les pays d’accueil pour assurer les droits sociaux des migrants économiques, a-t-il ajouté.
S’agissant de la participation des femmes aux postes de décision, M. Aryasinha a indiqué que de plus en plus de femmes étaient nommées à des postes de responsabilité, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur public. Près de la moitié des fonctionnaires sont des femmes, s’est-il félicité. Il a également fait valoir que ces succès des femmes étaient possibles grâce à leur travail et à leurs compétences. De nombreuses directives administratives ont été signées afin d’encourager la promotion des femmes et leur protection au travail, notamment vis-à-vis du harcèlement sexuel. Un quota de 30% de femmes aux élections locales a été imposé par le Gouvernement, a en outre souligné M. Aryasinha.
Examen du rapport
Questions et observations des membres du Comité
Une experte a félicité la délégation pour les mesures prises par le Gouvernement d’union nationale en faveur de la réconciliation nationale et de la rédaction d’une nouvelle Constitution. Bien que l’actuelle Constitution – en son article 12 – garantisse l’égalité entre les hommes et les femmes, elle n’interdit pas la discrimination contre les femmes comme le requiert la Convention et les femmes continuent d’être victimes de discriminations fondées sur le genre et sur la caste. En outre, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre n’est pas expressément interdite, a regretté l’experte. Relevant le grand nombre de plans d’action mis en place par Sri Lanka, elle s’est inquiétée des moyens effectivement mis en place pour leur mise en œuvre – une autre expert exprimant par la suite la même préoccupation à cet égard. Selon certaines sources, l’impunité pour les actes de violences envers les femmes reste élevée, a-t-elle en outre fait observer.
Une autre experte s’est inquiétée du climat d’insécurité qui règne à Sri Lanka. Malgré les efforts de paix, la sécurité physique n’est toujours pas assurée dans le nord et à l’est du pays, a-t-elle précisé. Des soldats sri-lankais sont régulièrement accusés de viol et semblent bénéficier d’une certaine impunité, a regretté l’experte.
Une experte s’est enquise des efforts de l’État partie pour mettre en œuvre la Résolution 1325 du Conseil de sécurité relative sur les femmes, la paix et la sécurité. Elle s’est également interrogée sur le pouvoir de la Cour suprême de censurer des lois déjà en vigueur si celles-ci vont à l’encontre des droits fondamentaux.
Une experte a rappelé que le Comité avait recommandé au pays, en 2011, d’adopter des mesures temporaires spéciales en faveur des femmes afin d’assurer l’égalité entre les hommes et les femmes.
Des mesures concrètes ont-elles été prises pour sensibiliser la société sur les attitudes préjudiciables à l’égard des femmes, a demandé une experte? Par ailleurs, les femmes cheffes de famille doivent être davantage soutenues, a-t-elle déclaré. Comment est définie la notion de «femme cheffe de famille», a-t-elle insisté?
Qu’en est-t-il de la réparation offerte aux femmes victimes du conflit, a demandé une experte? Elle a par ailleurs affirmé que les plaintes émanant des femmes étaient moins bien traitées que celles émanant des hommes. Les violences faites aux femmes, notamment sexuelles, sont perçues comme normales par la police et la justice, a-t-elle ajouté. La tradition sri-lankaise impose aux femmes de demander le consentement de leur mari pour pouvoir recourir à la justice, a déploré une experte, avant de s’enquérir des mesures prises par la Gouvernement pour assurer l’accès des femmes à la justice.
Une experte s’est enquise des moyens mis à la disposition de la task force constituée pour lutter contre la traite de personnes. L’experte a par ailleurs regretté le faible nombre de condamnations prononcées pour ce délit, difficile à prouver juridiquement au regard de son incrimination. Dans les observations finales que le Comité avait adoptées en 2011 s’agissant de Sri Lanka, la question de la répression des travailleuses du sexe était déjà posée, a-t-il été rappelé; le Gouvernement avait alors promis d’abroger la loi sur le vagabondage, qui permet de poursuivre les travailleuses du sexe. Certains fonctionnaires extorqueraient ces femmes et abuseraient d’elles sexuellement, a-t-il été souligné; de manière générale, la police est régulièrement accusée d’abus sexuels.
Quelles sont les mesures prises par le Gouvernement pour que les femmes puissent récupérer les terres qui ont été confisquées pendant le conflit, a en outre demandé une experte?
La participation politique des femmes reste faible, avec moins de 10% de femmes au Parlement, a relevé une experte. Quelle est la cause de cette faible participation, a-t-elle demandé? Elle a par ailleurs souhaité connaître le nombre de femmes ambassadrices.
Une experte a félicité le pays pour la réussite de son système éducatif. Toutefois, Sri Lanka envisage-t-elle de prendre des mesures temporaires spéciales pour intégrer les filles des groupes défavorisés, a-t-elle demandé? Elle s’est également enquise de l’existence de cours sur les droits de l’homme à l’école. L’experte a par ailleurs voulu connaître le taux de décrochage scolaire chez les filles, particulièrement pour celles qui ont eu un enfant alors qu’elles étaient encore scolarisées. Des cours d’éducation sexuelle sont-ils dispensés à Sri Lanka, a aussi demandé l’experte? Les chefs religieux et traditionnels sont-ils associés à la sensibilisation des jeunes filles à la santé de la reproduction?
S’agissant précisément de la santé reproductive, qu’est-il fait pour protéger la santé génésique des femmes appartenant aux groupes défavorisés, a demandé une experte? Les données récoltées indiquent une faible prévalence du VIH/sida dans le pays, ce qui pourrait indiquer une défaillance en termes de dépistage du virus, a-t-elle en outre fait observer. Une experte s’est enquise du droit à l’avortement à Sri Lanka.
Une autre experte s’est alarmée de l’écart de salaires entre les hommes et les femmes. Elle a par ailleurs relevé qu’un décret soumet l’émigration économique des femmes au consentement de leur mari.
À cause du conflit armé, un quart des familles sont dirigées par des femmes, a-t-il été relevé. Tout en félicitant Sri Lanka d’avoir mis en place des services sociaux en faveur de ces femmes, une experte s’est inquiétée d’études qui montrent que de nombreuses femmes cheffes de famille sont exclues des programmes qui leur sont pourtant adressés. Certaines de ces femmes font même face à un chantage sexuel de la part de certains représentants des autorités pour pouvoir bénéficier de leurs droits, a-t-elle ajouté. Les femmes ont peu accès au crédit, a poursuivi cette même experte, avant de s’enquérir des conditions pour obtenir un crédit. Elle a par ailleurs évoqué la place des femmes dans l’économie en milieu rural, particulièrement dans le secteur de la pêche.
Les femmes issues des minorités sont marginalisées, a-t-il été déploré.
Sri Lanka a-t-il l’intention de prendre des mesures spéciales pour les femmes vivant en milieu rural, particulièrement pour les femmes vivant du secteur de la pêche et des plantations, a demandé une experte?
Une experte s’est inquiétée de l’application des lois sur le statut personnel applicable à différentes communautés, notamment pour ce qui est de la communauté musulmane, le droit religieux étant en effet plus défavorable aux femmes que la loi civile, notamment en ce qui concerne le droit de la famille.
Réponses de la délégation
Sri Lanka a adopté un régime dualiste en vertu duquel les dispositions des traités internationaux doivent être incorporées dans le droit interne, a indiqué la délégation. Les tribunaux ont par ailleurs reconnu l’applicabilité de la Convention; un jugement peut faire référence à la Convention, a-t-elle en outre souligné.
L’article 12 de la Constitution stipule l’égalité de toutes les personnes devant la loi et interdit la discrimination, a poursuivi la délégation. Elle a en outre indiqué que la Constitution, dans son article 126, permet à la Cour suprême de se saisir des infractions aux droits fondamentaux imputables aux autorités publiques.
La délégation a ensuite reconnu l’absence de données ventilées concernant les violences faites aux femmes. Un travail est entamé pour l’enregistrement numérique des plaintes, ce qui permettrait de récolter des données précises sur les violences basées sur le genre, a-t-elle toutefois fait valoir.
La délégation a regretté que des membres du Comité aient accusé Sri Lanka de ne pas en faire assez contre les violences faites aux femmes et d’accorder une impunité, notamment aux militaires, pour de tels actes.
Reconnaissant les violences sexuelles engendrées par le conflit, la délégation a souligné que, dans le cadre de la consolidation de la paix, le Gouvernement a désormais une politique de tolérance zéro sur le sujet. La police est aujourd’hui mieux formée et renforcée pour faire face à cette question.
S’agissant de la violence domestique, des voies de recours sont disponibles pour les femmes, ainsi que des structures de santé qui prennent en charge les soins physiques et psychologiques dispensés aux victimes.
Sri Lanka s’est engagée à prévenir la traite de personnes en signant le protocole de Palerme et en mettant en place une task force composée de plusieurs ministres pour lutter contre ce phénomène et accompagner les victimes, a fait valoir la délégation.
La délégation a assuré que les différents plans nationaux d’action qui ont été mis en place disposaient des moyens nécessaires à l’accomplissement de leur mission. Cette multiplication des plans nationaux permet en réalité leur efficacité, car chaque plan est alors mieux ciblé, a-t-elle assuré. Un plan d’action à vocation générale avait été adoptée il y a plusieurs années et s’était soldé par un échec, a rappelé la délégation. Par ailleurs, la cohérence de ces plans d’action est assurée par un organe de coordination, a-t-elle précisé.
Le Gouvernement a adopté le mois dernier (janvier 2017) un Plan national d’action sur les droits de l'homme qui prévoit des dispositions spécifiques visant à abroger, en consultation avec les communautés ethniques et religieuses concernées, les dispositions discriminatoires contenues dans les lois sur le statut personnel qui violent les droits de l'homme, a ensuite indiqué la délégation. Le Plan prévoit aussi l’abrogation des dispositions discriminatoires du Décret sur le développement foncier et autres lois applicables à l’aliénation foncière. Le Plan propose en outre d’inclure dans la section de la Constitution consacrée aux droits fondamentaux un nouveau chapitre sur les droits des femmes ; de criminaliser le viol en toutes circonstances ; d’adopter une tolérance zéro à l’égard du viol conjugal ; d’élargir la définition de la torture pour inclure les acteurs non étatiques et reconnaître la violence sexuelle comme une forme de torture ; et de légaliser l’interruption volontaire de grossesse en cas de viol, d’inceste ou de malformation du fœtus.
La délégation a rappelé que les lois sur le statut personnel relatives à chaque communauté étaient reconnues comme valides par la Constitution, sauf en cas de violation des droits fondamentaux.
Tout en reconnaissant que la question de l’application de la loi religieuse et de sa prévalence sur la loi civile est légitime, la délégation a rappelé que Sri Lanka était un état multiconfessionnel et multiethnique. En 2009, a précisé la délégation, le Ministre de la justice a proposé une réforme du droit de la famille pour la communauté musulmane; des consultations ont été menées pour modifier les dispositions pertinentes et les recommandations issues de ces consultations ont été présentées en octobre 2016 au Gouvernement, qui en poursuit actuellement l’examen, a-t-elle indiqué.
Le Gouvernement va mettre en place des programmes de sensibilisation en faveur des familles dirigées par des femmes et donc des femmes cheffes de famille, qui font souvent l’objet de stéréotypes et de rejet, a indiqué la délégation.
La définition de la notion de «femme cheffe de famille» est très large, de manière à n’exclure aucune des femmes concernées du bénéfice des programmes sociaux qui leurs sont dédiés, a ensuite précisé la délégation.
Pour ce qui est de l’importance des stéréotypes de genre à Sri Lanka, la délégation a assuré que le changement des mentalités était un objectif très important pour le Gouvernement. Des instructions du Premier Ministre demandant aux différents ministères de faire respecter l’égalité entre les hommes et les femmes ont été publiées, notamment pour ce qui est du harcèlement sexuel au travail. Sri Lanka a décidé d’enseigner la question de la parité dès l’école primaire et tout au long de la scolarité, a en outre fait valoir la délégation.
Un plan d’action pour la mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité est actuellement à l’étude, a indiqué la délégation. Ce plan prendrait en compte les questions de genre dans les conflits armés et la formation des soldats à la protection des femmes.
La délégation a reconnu la faiblesse de la représentation politique des femmes à Sri Lanka. Des mesures temporaires spéciales ont été prises pour que des sièges soient réservés aux femmes au Parlement et dans les conseils provinciaux, a-t-elle toutefois fait valoir. De plus, des programmes de formation sont prévus pour les femmes souhaitant se présenter aux élections. Un travail de sensibilisation a été effectué pour favoriser la participation des femmes à la politique, a insisté la délégation. Les femmes sont bien représentées dans la diplomatie, avec une quinzaine d’ambassadrices, a-t-elle en outre fait valoir. La place des femmes est encore meilleure dans le secteur judiciaire, avec six femmes siégeant à la Cour constitutionnelle, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, plus de la moitié des avocats du pays sont des femmes, a indiqué la délégation.
S’agissant des écarts de salaires entre hommes et femmes, la délégation a affirmé que si de tels écarts peuvent exister dans l’économie informelle – difficile à réguler par nature –, il n’y en avait en revanche pas dans le secteur public.
Pour ce qui est de l’emploi des femmes dans les provinces du nord, les terres arables sont rendues progressivement à la population locale, a par ailleurs fait valoir la délégation.
La délégation a en outre rappelé que des microcrédits étaient disponibles pour les femmes vivant en milieu rural, afin d’assurer leur émancipation. Deux programmes leurs sont offerts: le premier permet aux femmes de s’unir afin de se porter mutuellement garantes les unes des autres ; et le second s’adresse spécifiquement aux femmes pauvres, a précisé la délégation.
Pour ce qui est de l’accès aux soins s’agissant du VIH/sida, la délégation a souligné qu’à Sri Lanka, les soins étaient gratuits et, en l’occurrence, anonymes.
Remarques de conclusion
MME CHANDRANI SENARATHNE, Secrétaire du Ministère des affaires relatives aux femmes et aux enfants de Sri Lanka, s’est félicitée du dialogue qui s’est noué autour de l’examen de ce rapport et a ajouté que malgré les efforts déployés par le pays, des défis restaient incontestablement à relever. Le processus menant à l’égalité entre les hommes et les femmes prend du temps, mais Sri Lanka est sur la bonne voie, a-t-elle assuré.
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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
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