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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Les poursuites pour les meurtres de manifestants sont vitales, affirme Zeid alors que la crise en RDC continue

DRC: instabilité croissante

23 Décembre 2016

Anglais

GENÈVE (23 décembre 2016) – Les rapports faisant état de dizaines de personnes tuées par la police et l’armée en République démocratique du Congo au cours des derniers jours sont profondément troublants et dénotent une instabilité croissante dans le pays, a déclaré vendredi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Zeid Ra’ad Al Hussein.

Au cours de la semaine passée, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BCNUDH) en RDC a documenté au moins 40 meurtres de civils à Kinshasa, Lubumbashi, Boma et Matadi, principalement à l’encontre de personnes manifestant contre le refus du Président Joseph Kabila de démissionner à la fin officielle de son mandat le 19 décembre.

Quelques 107 personnes ont été blessées ou victimes de mauvais traitements, et au moins 460 personnes ont été arrêtées.

« Ce bilan élevé révèle une sérieuse négligence de la part des forces de police, de défense et de sécurité quant à la nécessité d'exercer de la retenue lors de la gestion des manifestations. Non seulement des militaires ont participé aux opérations de maintien de l’ordre, mais toutes les forces impliquées étaient lourdement armées et utilisaient des munitions réelles », a déclaré M. Zeid.

Le Haut-Commissaire a rappelé que les agents de maintien de l’ordre, y compris les militaires agissant à ce titre, ne doivent jamais utiliser d’armes à feu, sauf en cas de danger immédiat pour leur vie ou leur intégrité physique, et seulement lorsque des mesures moins extrêmes seraient insuffisantes. 

« Le non-respect par les autorités et les forces de sécurité de la RDC de leurs obligations internationales de garantir le droit aux libertés d'expression, d'association et de réunion est déplorable », a-t-il souligné.

Les actes de violence de ces derniers jours ne se sont pas limités à Kinshasa, Lubumbashi et à l'est du pays, mais ont également été signalés dans plusieurs régions, ce qui indique que la crise politique entraîne une déstabilisation plus large, a noté M. Zeid.

« La répression violente des voix dissidentes et la réponse autoritaire et irresponsable aux manifestations risquent de provoquer des actes de violence par les manifestants, voire de transformer la crise constitutionnelle liée à l'avenir du Président en conflit généralisé à travers le pays », a averti le Haut-Commissaire.

Le Haut-Commissaire a noté qu'à ce jour personne n'a été tenu responsable de la mort de 54 personnes à Kinshasa en septembre, lorsque les forces de défense et de sécurité ont usé d’une force excessive contre des manifestants qui appelaient au respect des délais constitutionnels et à la démission du Président Kabila à la fin de son deuxième et dernier mandat.

« Une telle impunité pour les actes de violence commis par le passé semble avoir donné aux agents de sécurité le sentiment qu’ils pouvaient ouvrir le feu contre les manifestants sans être tenus responsables de leurs actions », a déclaré Zeid.

Le Haut-Commissaire a réitéré les appels lancés, entre autres, par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), qui tente d’arbitrer un accord entre l'opposition et le parti au pouvoir, à une enquête indépendante et transparente sur les récents actes de violence.

« Il est essentiel que tous les responsables de violations des droits de l’homme soient traduits en justice, quels que soient leurs rangs.  Sans une réponse crédible du gouvernement, les violences et les conflits actuels, y compris les conflits intercommunautaires liés au contrôle des ressources naturelles, risquent de dégénérer encore plus », a déclaré M. Zeid.

Parmi les violations documentées par le BCNUDH:

  • Le 20 décembre, 13 civils ont été tués à Kinshasa par les forces de défense et de sécurité et deux autres personnes ont été tuées le 22 décembre. Parmi ces meurtres, onze sont imputables aux forces armées de la RDC (FARDC, dont six par la police militaire (MP) et un par la Garde républicaine (GR)). Deux policiers ont été tués par des manifestants. De plus, au moins 12 personnes ont été blessées par les forces de défense et de sécurité, et au moins 150 personnes ont été arrêtées.
  • Le 20 décembre à Lubumbashi, au moins huit hommes et deux enfants ont été tués et au moins 60 civils ont été blessés par les forces de sécurité. Lors de manifestations à Lubumbashi le 20 décembre, au moins 130 personnes ont été arrêtées. 145 autres personnes, dont 23 mineurs, ont été arrêtées dans leurs maisons pendant des opérations de recherche les 21 et 22 décembre.
  • À Matadi, le 20 décembre, au moins trois hommes ont été tués par des agents de la Police nationale congolaise (PNC). Cinq personnes ont été blessées par des agents de la PNC et des soldats des FARDC, et la police a arrêté au moins 26 personnes.
  • Le 20 décembre, à Boma, 12 civils, dont trois femmes, ont été tués et 12 autres blessés par des agents de la PNC et des soldats des FARDC.
  • Entre le 17 et le 22 décembre, au moins 102 personnes ont été arrêtées arbitrairement à Goma, dont 24 militants du mouvement Lucha, un journaliste et 10 membres de partis politiques d’opposition.
  • Huit activistes de Lucha ont également été arrêtés à Mbuji-Mayi par des agents de l'Agence nationale des renseignements (ANR) le 21 décembre.
  • À Oicha, au moins 30 personnes, dont 16 femmes, ont été arrêtées par des agents de la PNC le 19 décembre.


FIN

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