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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil tient une réunion-débat sur le programme de développement durable à l'horizon 2030 et les droits de l'homme

29 Février 2016

Conseil des droits de l'homme
APRES MIDI

29 février 2016

Il entend dans ce cadre le Secrétaire général des Nations Unies, le Président de l'Assemblée générale et le Haut-Commissaire aux droits de l'homme

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, cet après-midi, sa réunion-débat annuelle de haut niveau sur l'intégration des droits de l'homme dans l'ensemble du système des Nations Unies, consacrée cette année au Programme de développement durable à l'horizon 2030, en particulier le droit au développement.

Le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a constaté que le Conseil a, depuis sa création, acquis une autorité grandissante. Il a salué la flexibilité et le courage dont il a fait preuve, notamment en s'attelant à des questions délicates; il s'est en particulier félicité de l'adoption par le Conseil de résolutions historiques portant sur l'identité sexuelle et sur l'orientation sexuelle, avant d'exhorter les États membres à demeurer actifs sur cette question. Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 constitue une avancée majeure pour les droits de l'homme, a fait valoir le Secrétaire général.  Il a rappelé que ce Programme engage les États à reconnaître les contributions positives des migrants.  Maintenant que ce nouveau Programme pour 2030 a placé les droits de l'homme au cœur des efforts de développement, le Conseil a un rôle à jouer, notamment en partageant son expertise, a souligné le Secrétaire général.

Outre le Secrétaire général, le Président de la soixante-dixième session de l'Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, ainsi que le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, M. Zeid Ra'ad Al Hussein, ont fait des déclarations liminaires.  Pour le Président de l'Assemblée générale, les dirigeants du monde ont adopté en septembre dernier un «programme révolutionnaire et ambitieux».  Le temps est venu de la mise en œuvre.  Pour le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, ce Programme, en mettant l'être humain en son centre, peut créer un élan en faveur du droit au développement, alors que ce dernier offre un cadre essentiel pour la réalisation inclusive et juste des Objectifs de développement durable.

Cinq panélistes ont ensuite pris la parole dans le cadre de ce débat animé par Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme : Mme Helen Clark, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); M. Zamir Akram, Président-Rapporteur du Groupe de travail sur le droit au développement; M. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP); M. Yannick Glemarec, Directeur exécutif adjoint de l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU-femmes); et Mme Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).  Le côté prometteur du Programme de développement durable a été relevé par de nombreux participants.

Dans le cadre du débat interactif qui a suivi ces présentations, de nombreuses délégations ont, à l'instar des panélistes, qualifié l'adoption du Programme d'acte majeur ou historique.  Certaines ont indiqué avoir commencé à le mettre en œuvre. A par ailleurs été relevé le caractère central du droit au développement pour la mise en œuvre du Programme; en effet, le développement est le fondement de l'élimination de la pauvreté, laquelle est une des causes profondes de nombreux conflits, a-t-il été souligné.  D'autres ont insisté sur nécessité d'une coopération internationale juste et équitable pour la réalisation du droit au développement.

L'Union européenne ainsi que les pays suivants ont participé à ce débat de haut niveau : Inde (au om également du groupe des BRICS), Afrique du Sud (en son nom propre puis au nom du Groupe africain), Namibie, Algérie, Libye, Brésil, Botswana, Arabie saoudite, Angola, Viet Nam, Pakistan (au nom de l'Organisation de coopération islamique), Bahreïn, Géorgie, Danemark (au nom des pays nordiques), Norvège, États-Unis, Australie, Portugal, République dominicaine (au nom du CELAC), Mexique et Costa Rica.  Plusieurs organisations non gouvernementales sont également intervenues.

 

Le Conseil tiendra demain matin, à 9 heures, une réunion-débat de haut niveau consacrée au cinquantième anniversaire des deux Pactes internationaux relatifs, l'un, aux droits civils et politiques et, l'autre, aux droits économiques, sociaux et culturels.  Il poursuivra ensuite, de midi jusqu'à 21 heures, sans interruption, son débat de haut niveau. 

 

Réunion-débat de haut niveau consacrée au thème : «le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et les droits de l'homme, en particulier le droit au développement»

Déclarations d'introduction

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a déclaré que le Conseil  joue un rôle fondamental dans la promotion et la protection des droits de l'homme. Ses mécanismes offrent aux défenseurs des droits de l'homme un moyen de se faire entendre; le Conseil a en outre, depuis sa création, acquis une autorité grandissante; enfin, il a fait preuve de flexibilité et de courage, notamment en s'attelant à des questions délicates.  Le Secrétaire général a rappelé que la paix n'est pas possible sans droits de l'homme ni sécurité pour tous.  Or, partout dans le monde, les droits de l'homme sont bafoués, a souligné M. Ban, citant notamment les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI).  À cet égard, le Secrétaire général s'est félicité de l'adoption par le Conseil de résolutions historiques portant sur l'identité sexuelle et sur l'orientation sexuelle, avant d'exhorter les États membres à demeurer actifs sur cette question. Le Secrétaire général a également relevé le rôle joué par les commissions d'enquête et missions d'établissement des faits, en tant qu'outils essentiels pour mettre fin à l'impunité.  Il a plaidé pour l'égalité entre les hommes et les femmes et s'est inquiété des violences visant les femmes. À cet égard, il a rappelé que ceux qui se rendent coupables de violence à l'égard des femmes doivent répondre de leurs actes, quel que soit le pays.  L'accord intervenu entre la République de Corée et le Japon sur les «femmes de réconfort» montre l'importance de répondre aux souffrances des victimes, même des années après les faits, a souligné le Secrétaire général.  Au regard de la situation humanitaire dans le monde, la communauté internationale doit tout faire pour répondre à ces défis, a poursuivi M. Ban, avant de souligner que le Sommet humanitaire mondial qui doit se tenir à Istanbul, en Turquie, les 23 et 24 mai prochain, doit faire émerger des solutions et des partenariats.

Le Secrétaire général a également fait observer que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 constitue une avancée majeure pour les droits de l'homme.  Ce Programme doit être réalisé pour tous, a-t-il souligné.  Le respect de l'état de droit, la lutte contre la corruption ou encore contre les effets des changements climatiques doivent être une réalité, a-t-il par ailleurs déclaré, déplorant que nombre de personnes soient laissées sur le carreau, et en particulier, les migrants et demandeurs d'asile.  Si l'on dresse des murs, on ne résout pas le problème et on ne s'attaque pas plus aux sources de ces phénomènes, a souligné le Secrétaire général.  Il a rappelé que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 engage les États à reconnaître les contributions positives des migrants.  Maintenant que ce nouveau Programme pour 2030 a placé les droits de l'homme au cœur des efforts de développement, le Conseil a un rôle à jouer, notamment en partageant son expertise, a conclu le Secrétaire général.

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l'Assemblée générale, a expliqué que, depuis les premiers jours de son mandat en septembre dernier, il avait fait de l'adoption des objectifs de développement durable sa priorité principale. Encore faut-il que les objectifs sortent des couloirs des Nations Unies à New York et deviennent réellement un objectif mondial, a-t-il ajouté, avant de se dire satisfait de voir le niveau de priorité qui leur est accordé par les responsables des questions placées au cœur de ces objectifs, parmi lesquels figurent évidemment les droits de l'homme. 

M. Lykketoft a qualifié le Programme de développement durable à l'horizon 2030 de témoignage de l'influence du droit au développement et des deux Pactes dont on célèbre cette année le cinquantième anniversaire, renforçant ainsi les obligations alors contractées. Il y a vu la reconnaissance du fait que le droit de vivre à l'abri du besoin et le droit à la protection contre la peur doivent être traités ensemble, ce qui exclut l'idée que la croissance doit venir en premier et les droits civils et politiques ensuite. Les objectifs mettent l'accent sur l'autonomisation et la participation; ils mettent aussi l'égalité au centre : une égalité au sein des États, une attention particulière devant être accordée aux plus défavorisés, mais également une égalité entre les États, reconnaissant la responsabilité des pays les plus riches à aider les autres, et notamment les pays les moins avancés. Le Président de l'Assemblée générale a également rappelé que ces objectifs ne sauraient être mis en œuvre «  à la carte ». Il a déclaré vouloir en apprendre davantage sur le rôle que le Conseil des droits de l'homme et les organes de traité peuvent jouer à cet égard. Pour M. Lykketoft, les dirigeants du monde ont adopté en septembre dernier un « programme révolutionnaire et ambitieux » : ils ont agi ainsi parce qu'ils comprennent ce dont des milliards de personnes sur terre ont désespérément besoin. Le temps est venu de la mise en œuvre, a-t-il ajouté, en expliquant que c'est ce qu'il demanderait aux participants aux débats thématiques de haut niveau qu'il organisera à l'Assemblée générale le 21 avril et les 12 et 13 juin prochains, et qui seront consacrés respectivement aux objectifs de développement durable et aux droits de l'homme.

M. ZEID RA'AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a estimé que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et la Déclaration sur le droit au développement, qui célèbre ses trente ans, sont étroitement liés. Le Programme, en mettant l'être humain en son centre, peut créer un élan en faveur du droit au développement, alors que ce dernier offre un cadre essentiel pour la réalisation inclusive et juste des objectifs de développement durable. La lutte contre la discrimination est au cœur tant du programme que de la Déclaration, a déclaré M. Zeid. Poursuivant son parallèle, il a rappelé que la Déclaration traite des désavantages structurels à l'encontre des pauvres, alors que le Programme s'engage à ne laisser personne en marge, avec deux objectifs dédiés à l'égalité, dont des engagements pour mettre fin aux discriminations à l'encontre des femmes et des filles. De même, la Déclaration engage tous les États à coopérer pour éliminer les obstacles au développement alors que le Programme 2030 donne corps à ces engagements par le biais de mesures spécifiques pour chacun des objectifs.

En 2013, lors de la réunion de haut niveau du Conseil, le Secrétaire général a affirmé que les droits de l'homme étaient « l'ADN des Nations Unies », a rappelé M. Zeid, pour qui le Programme de développement durable à l'horizon 2030 offre l'occasion historique de faire qu'il en soit ainsi. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme travaille déjà activement avec ses partenaires pour apporter aux États un soutien intégré et cohérent par le biais du Groupe de développement des Nations Unies et d'autres mécanismes interinstitutions. Notre ambition est que chaque équipe de pays des Nations Unies appuie ses partenaires nationaux dans la mise en œuvre du Programme, a précisé le Haut-Commissaire. Il a rappelé que l'Examen périodique universel, les organes de traité et les procédures spéciales apportaient un ensemble de recommandations pour mettre en œuvre le Programme et a jugé urgent de rendre disponible cet ensemble de conseils pour l'évaluation des objectifs de développement durable.  De même, l'architecture de redevabilité du programme est en cours d'achèvement et il est essentiel d'assurer un flux d'informations réciproques entre le Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) et les mécanismes de droits de l'homme. Enfin, M. Zeid a fait observer qu'on ne pouvait résoudre des problèmes non identifiés. Il est donc essentiel de collecter correctement des données désagrégées : le Haut-Commissariat y contribuera, a-t-il assuré.

Panélistes

Modératrice de la réunion-débat, MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a fait observer que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 offre l'opportunité de réfléchir à ce qui a marché ou non avec les objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a rappelé que les droits de l'homme ne sont pas subordonnés à la croissance mais en constituent une partie essentielle. Elle a également souligné que les conséquences des promesses non tenues pouvaient être dramatiques. Selon elle, la communauté internationale sait pour qui elle doit agir dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030. Il faut donc aujourd'hui aller au-delà des discours généraux et parler des mécanismes efficaces et de la manière dont le système des Nations Unies doit agir pour que ce Programme soit mis en œuvre, a-t-elle dit, avant d'inviter les panélistes à proposer des mesures concrètes.

M. ZAMIR AKRAM, Président-Rapporteur du Groupe de travail sur le droit au développement et ancien Représentant permanent du Pakistan auprès des Nations Unies à Genève, a apporté des éléments de réponse quant à savoir dans quelle mesure le Programme de développement durable à l'horizon 2030 favorise la réalisation du droit au développement, et vice-versa, aux fins d'atteindre un développement inclusif, équitable et durable. Il a mis en exergue le fait que ledit Programme a été adopté par consensus et que, tant les deux premiers paragraphes du préambule que les articles 10 et 35 du document, constituent des jalons importants dans la réalisation du droit au développement. A cet égard, il a émis le vœu que cela mette fin aux controverses superflues qui font rage depuis trente ans maintenant autour de ce droit qui, a-t-il rappelé, est un droit de l'homme inaliénable et une partie intégrante des droits de l'homme, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. M. Akram a exhorté à la reconnaissance de la réalité qui veut qu'il ne saurait y avoir de droits de l'homme sans assouvir les besoins humains élémentaires, à commencer par le droit à la vie, à l'alimentation, à la santé, à un abri, à un emploi et à l'éducation. Il a également établi un lien entre les objectifs de développement durable et la Déclaration sur le droit au développement qui se renforcent mutuellement et exigent des actions aux niveaux national, régional et international, de même qu'une coopération internationale.

A titre de recommandation, M. Akram a préconisé de promouvoir une bonne gouvernance aux niveaux nationaux, en particulier celle en rapport avec le développement. Il a encouragé en outre à améliorer la coopération et l'assistance régionale et internationale, ainsi qu'à supprimer les obstacles à la croissance. D'autre part, il a appelé à ce que les gouvernements et les parlements assument la responsabilité de la mise en œuvre, à travers une obligation redditionnelle internationale volontaire par le biais, par exemple, du mécanisme de l'examen périodique universel. Enfin, M. Akram a encouragé à axer la priorité sur les besoins et les droits urgents : pauvreté, alimentation, eau, abri, égalité des sexes, et éducation, y compris la formation à des activités génératrices d'emploi. Répondant à une question de suivi de la modératrice sur le meilleur moyen de mettre en œuvre le droit au développement, M. Akram a invité à dépasser les dissensions autour de ce droit en progressant dans les domaines qui font l'objet d'un consensus et sont la base permettant de réaliser les autres droits, comme celui à la vie et à l'éducation, entre autres.

MME HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a fait observer que le système des Nations Unies, notamment à travers le Groupe de développement des Nations Unies, aidait déjà les pays à traduire dans leurs législations les objectifs du Programme de développement durable à l'horizon 2030. Les équipes de pays ont d'ores et déjà reçu de nombreuses demandes de pays à cet effet.  En ce qui concerne plus directement le PNUD, de nombreux programmes sont déjà en œuvre en collaboration avec les pays, notamment en vue d'intégrer les objectifs de développement durable. L'Administratrice du PNUD a estimé que la nouveauté du Programme 2030 est de parvenir à une société plus inclusive, notamment grâce aux objectifs 10 et 16 portant, respectivement, sur la réduction des inégalités et l'établissement d'institutions efficaces. Le Programme vise l'inclusion de tous, y compris des personnes marginalisées. Mme Clark a précisé qu'aucun de ces objectifs n'a d'ailleurs fait l'objet de controverses.   

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 est un jalon historique pour l'humanité tant par son contenu ambitieux que par le processus participatif et inclusif ayant conduit à son adoption. Cette ambition réside notamment dans la reconnaissance des femmes, des filles et des jeunes en tant que détenteurs de droits dans le bien-être desquels il convient d'investir; elle réaffirme à cet égard la reconnaissance, dans le Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, que les êtres humains doivent figurer au cœur du développement durable. Partant de la constatation que le monde compte actuellement la plus grande génération de jeunes, le Directeur exécutif du FNUAP a exhorté à investir dans la santé, l'éducation, l'autonomisation et l'emploi des jeunes. Grâce à des investissements adéquats, notamment en faveur des adolescentes, les pays seront en mesure de tirer profit d'un dividende démographique, a précisé M. Osotimehin en réponse à une question de la modératrice. Il s'est prononcé en faveur du soutien aux adolescentes marginalisées et de l'exercice de leurs droits fondamentaux, de la réalisation de leur potentiel et de leur contribution au développement de leur pays. Instruites et protégées des mariages précoces, les jeunes filles constitueront ce que l'on appelle un dividende démographique de transformation dans le monde, a-t-il insisté. Il a également plaidé en faveur du respect des engagements par les États  membres du Programme d'action d'Addis-Abeba sur le financement du développement. 

M. YANNICK GLEMAREC, Directeur exécutif adjoint de l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU-femmes), a déclaré que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 n'avait rien de « déjà vu », mais qu'il constituait le pont le plus solide jamais jeté entre l'entreprise du développement et les normes internationales relatives aux droits de l'homme, y compris, le droit au développement. Ce Programme stipule en particulier que l'égalité des sexes et les droits fondamentaux des femmes et des filles sont « une contribution cruciale au progrès à travers tous les objectifs et buts ». Dans ce cadre, l'exécution du Programme de développement doit être alignée sur les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et, dans le cas de l'égalité des sexes, sur la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. L'Objectif 5 du Programme relatif à l'égalité des sexes et obtenu à l'arraché, est crucial, a signalé M. Glemarec, ajoutant que tous les objectifs sont directement tributaires de l'égalité des sexes, comme dans l'agriculture par exemple, en termes d'accès à la terre, à la technologie, à l'information, au financement et aux marchés pour réduire la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire. Il n'en demeure pas moins, a-t-il poursuivi, que l'inégalité entre les sexes est la forme la plus courante d'inégalité dans le monde, les femmes subissant souvent des discrimination multiples. Or, l'autonomisation des femmes est une condition préalable à la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030, a argué le Directeur exécutif adjoint de l'ONU-femmes, pour qui les organisations féminines ont historiquement joué et continuent de jouer un rôle vital pour le Programme de développement durable. A ce propos, il s'agit aussi de mieux ventiler les données dans le but d'identifier les causes profondes des inégalités et de mettre en place un cadre économique propice. M. Glemarec a également encouragé à l'adoption de budgets sensibles à l'égalité des sexes en vue de la mise en œuvre effective des législations et politiques relatives aux femmes et aux filles, et à l'établissement et au renforcement de mécanismes de reddition de comptes. Enfin, il a rappelé que mercredi dernier, l'ONU-femmes a lancé un Fonds d'accélération d'appui financier aux organisations des femmes de la société civile, notamment pour la participation accrue aux processus de négociation de paix.

MME JAN BEAGLE, Directrice exécutive adjointe du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA),  a estimé qu'il fallait de prendre des mesures très concrètes pour assurer l'intégration des droits de l'homme au cœur des programmes de développement durable. La prise en compte systématique des droits de l'homme a toujours été au centre des efforts de lutte contre l'épidémie de VIH/sida, a-t-elle précisé, ajoutant que l'on peut dire que cette approche centrée sur l'être humain est le modus operandi d'ONUSIDA, du fait que l'épidémie est une question de santé, mais aussi de développement, de genre et de droits. Mme Beagle a indiqué que la stratégie  d'ONUSIDA pour l'élimination du VIH/sida adoptée en octobre dernier a été la première à suivre les objectifs de développement durable et est parfaitement en ligne avec eux. Elle a aussi relevé l'importance de la collecte de données, notamment pour identifier ceux qui sont délaissés. Enfin, elle a mis l'accent sur l'inclusion et la participation de la société civile et des communautés concernées, sans lesquelles on ne pourra vaincre le sida ni réaliser les objectifs de développement durable. A cet égard, Mme Beagle a rappelé que l'ONUSIDA est la seule entité des Nations Unies au sein de laquelle la société civile est représentée. 

Débat interactif

De nombreux intervenants ont mis l'accent sur le rôle central du droit au développement. Au nom du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), l'Inde a réaffirmé le caractère central de ce droit pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 car le développement est le fondement de l'élimination de la pauvreté, laquelle est une des causes profondes de nombreux conflits. Les BRICS réaffirment en outre le droit de chaque pays à choisir sa politique de développement en fonction de son niveau de développement et de ses réalités nationales, ainsi que de son passé. Ils réaffirment en outre leur engagement en faveur d'un partenariat au développement fondé sur la solidarité et appuyé par des politiques et des actions concrètes telles que celles inscrites dans le plan d'action d'Addis-Abeba. La coopération Sud-Sud doit être considérée comme  un bon complément de la coopération  Nord-Sud. 

Au nom du Groupe africain, l'Afrique du Sud a rappelé que l'Union africaine avait adopté un Agenda 2063 qui tient compte des objectifs de développement durable en mettant l'accent sur l'investissement dans les êtres humains, par le biais notamment de l'éducation et de la santé. Le Groupe africain rappelle l'importance de la coopération internationale pour la réalisation de ces objectifs et appelle les donateurs à respecter les engagements pris. Il rappelle aussi l'importance  d'une reconnaissance universelle du droit au développement et demande que soit élaboré un instrument juridique international contraignant dans ce sens. 

La Namibie s'est dite convaincu qu'aucun des 17 objectifs de développement durable ne pourrait être atteint sans une véritable promotion et protection des droits de l'homme. Pour ce pays, le moment est venu de montrer aux populations défavorisées que leurs besoins sont pris en compte, mais la Namibie est préoccupée par le manque de volonté politique de certains États qui refusent de reconnaître le droit au développement. L'Algérie a, elle aussi, réaffirmé son ferme engagement en faveur du droit au développement dont elle a salué le caractère synthétique mais a noté qu'il faudrait, pour qu'il devienne réalité, un engagement politique plus grand de la part de la communauté internationale. L'Algérie insiste aussi sur le renforcement du principe de solidarité et de coopération internationale.  La Libye a demandé un renforcement des transferts de technologies des pays développés vers les pays en développement, sans qu'ils mettent en péril la stabilité des États bénéficiaires, ni leurs traditions économiques ou culturelles.

Le Brésil a salué la nouvelle approche adoptée par le Programme de développement durable à l'horizon 2030 qui, selon la délégation permettra de parvenir aux objectifs internationaux. Le Botswana a également salué cette approche, qualifiant l'adoption de ce Programme d'acte « historique » pour la communauté internationale. Le Botswana l'intègrera dans son programme dénommée « Vision 2036 ». L'Arabie Saoudite a, de son côté, indiqué avoir adopté une politique inclusive pour tous ses citoyens et aidé les autres pays à assurer leurs besoins en matière de développement. Le pays a ainsi consacré 44 milliards de dollars à l'aide publique au développement en 2014, devenant ainsi le quatrième donateur mondiale en la matière. 

L'Angola a pour sa part déclaré que la mise en œuvre du droit au développement ne saurait se faire si les déséquilibres en matière de commerce international, affectant négativement les pays en développement en particulier, persistent. La coopération internationale est primordiale pour la pleine mise en œuvre du droit au développement, a reconnu son homologue du Viet Nam, soulignant lui aussi les fragilités des pays en développement dans le système économique international. Partageant le même avis, la délégation de l'Afrique du Sud, s'exprimant en sa capacité nationale a plaidé pour que cette coopération soit abordée et consacrée au sein du Conseil économique et social (ECOSOC). Le Pakistan, s'exprimant au nom de l'Organisation pour la coopération islamique a également souligné le rôle de la coopération internationale en matière de mise en œuvre du droit au développement. Mais les politiques nationales doivent être pilotées par les gouvernements locaux eux-mêmes, a insisté sa représentante.

Le Bahreïn, qui a rempli la plupart des objectifs du Millénaire pour le développement et mis en place des réformes complètes, entend faire de même pour les objectifs du Programme 2030. Il a à cet effet organisé une conférence sur la mise en œuvre de ce Programme dans les pays arabes, les 6 et 7 décembre dernier, a dit son représentant. Le Programme 2030 est en tout cas devenu un outil pour tous les acteurs en Géorgie. Des efforts colossaux ont ainsi été faits en matière de santé infantile et génésique. Mais les efforts internes sont minés par l'occupation de deux régions géorgiennes, a dit la délégation, assurant qu'aucune réalisation de développement ne se fera sans la paix internationale.

Pour l'Union européenne, le développement durable doit reposer sur sa qualité intrinsèque, qui permette à tous d'accéder aux profits du développement durable. Dans ce contexte, son représentant a souhaité savoir comment renforcer les mécanismes internationaux relatifs aux droits de l'homme pour évaluer l'inclusion. Le Danemark, au nom des pays nordiques a souhaité savoir comment tirer profit des objectifs du développement durables dans l'intérêt des femmes et des enfants. La Norvège a pour sa part plaidé pour que des ressources adéquates soient rendues disponibles pour que les objectifs de la communauté internationale soient remplis, notamment le pilier droits de l'homme de l'ONU.

Les États-Unis ont réaffirmé leur engagement de longue date en faveur du développement internationale et se sont dits disposés à inclure la notion de droits de l'homme dans leur stratégie d'aide au développement. Ils ont également rappelé que le développement durable dépend du respect des droits de l'homme, y compris des droits civils et politiques et ses droits sexuels et reproductifs de tous les groupes et communautés. L'Australie a mis l'accent sur le rôle essentiel de la bonne gouvernance et d'institutions fortes pour réaliser les droits de l'homme dans tous les domaines de la société, notamment dans les domaines de la santé, de l'égalité homme-femme, de l'éducation, de la loi et de l'accès à la justice. Elle juge également important le rôle des institutions nationales de droits de l'homme pour parvenir à ces résultats.  Le Portugal a insisté sur le respect de l'égalité de genre et la prévention des violences domestiques et toutes les formes de violences à l'encontre des femmes et des filles, ainsi que sur le respect de l'état de droit.

Au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), la République dominicaine a rappelé que l'un des objectifs de la CELAC était le développement durable et notamment l'éradication de la pauvreté. Le Mexique a estimé que les mécanismes de droits de l'homme pourraient contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable en proposant des orientations dans le développement d'indicateurs et de politiques visant à assurer le bien-être de la personne dans le plein respect des droits de l'homme; en continuant de favoriser les espaces de dialogue et de participation avec la société civile; et en incluant d'autres acteurs comme le secteur privé. Tous les participants doivent participer de manière active et coordonnée dans le mécanisme de suivi et de révision des objectifs de développement durable. Le Costa Rica s'est félicité de l'approche très novatrice du Programme 2030 et s'est dit assez optimiste. Il a toutefois jugé que le système des Nations Unies devrait faire des efforts, assurer une meilleure complémentarité de ses institutions et avoir une plus grande efficacité.
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Le Comité international de coordination des institutions nationales de droits de l'homme (CIC), dans une intervention par visioconférence, a cité la Déclaration de Mérida, laquelle réaffirme que les instruments et les mécanismes de droits de l'homme représentent le cadre idoine de mise en œuvre des objectifs de développement durable dont l'application adéquate devrait contribuer à la réalisation des droits de l'homme. Cette Déclaration est la feuille de route des institutions nationales des droits de l'homme membres du CIC.

Save The Children, dans une déclaration avec Verein Sudwind Entwicklungspolitik et seize autres organisations non gouvernementales, a appelé à la mise en place de cibles nationales d'équité pour les groupes les plus désavantagés et à la suppression des obstacles économiques et financiers qui empêchent les enfants d'apprendre et de se développer. L'Organisation a rappelé aux États  leur devoir de mettre à la portée des enfants les services dont ils ont besoin. L'Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII (APG 23), au nom également d'autres organisations, a indiqué que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 a reconnu la contribution positive des migrants au développement durable et à la croissance inclusive. La représentante a appelé à la reconnaissance des migrants et leur participation à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, ainsi qu'à un traitement humain des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées.

La Commission arabe des droits de l'homme a regretté le manque d'intérêt pour le droit au développement et préconisé à cet égard que soit adoptée une approche fondée sur ce droit, sous la houlette du Haut-Commissariat aux droits de l'homme.  CIVICUS s'est dite préoccupée de l'absence d'un processus clair d'examen des objectifs du développement durable au niveau mondial. Le développement doit se faire sur la base de liberté, sans crainte des gouvernements, a affirmé la représentante. Enfin, Pacific Disability Forum a insisté sur la mise en place immédiate de programmes de lutte contre la pauvreté. Il a en outre exhorté à davantage d'investissement en faveur des personnes ayant un handicap, ajoutant que ces dernières ne doivent pas uniquement être récipiendaires mais aussi actrices du développement. 

M. AKRAM a estimé, en tant que Président-rapporteur du Groupe de travail sur le droit au développement, qu'il fallait parvenir à mesurer la durabilité du droit au développement. Le Conseil des droits de l'homme doit fournir le forum adéquat aux pays pour parler de leurs efforts de développement.

MME CLARK a estimé que les mécanismes de droits de l'homme, avec leur système de rapports, pourraient contribuer de manière importante à l'évaluation de la réalisation des objectifs de développement durable. En particulier, l'Examen périodique universel pourrait servir de modèle au système d'examen de la mise en œuvre de ces objectifs.

Concluant la réunion-débat, MME GILMORE a souligné que l'égalité des femmes demeure un impératif du développement. D'autre part, des investissements sont nécessaires afin d'engendrer des dividendes démographiques; en outre, la nécessité d'une coopération nationale et internationale solide a été reconnue; enfin, le Programme 2030 doit amener à défragmenter les efforts et les actions pour mieux mettre en œuvre les objectifs de développement durable.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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