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Communiqués de presse Organes conventionnels

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes examine le rapport de l'Islande

Situation des femmes en Islande

17 février 2016

Comité pour l'élimination de la discrimination 
 à l'égard des femmes

17 février 2016

GENÈVE (17 février 2016 ) - Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné aujourd'hui le rapport de l’Islande sur les mesures prises par ce pays en application des dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
 
Présentant ce rapport, Mme Greta Gunnarsdottir, Ambassadrice des droits de l’homme au Ministère des affaires étrangères de l’Islande, a fait valoir que dans son pays, l’emploi des femmes, qui n’a cessé de croître ces dernières décennies, est le plus élevé du monde occidental.  En 2014, le tiers des femmes travaillaient à temps partiel, contre 13,5% des hommes, a-t-elle précisé.  En Islande, existe une ségrégation des sexes à la fois horizontale et verticale, a ensuite reconnu l’Ambassadrice des droits de l'homme.  Le secteur social et celui de l’éducation sont majoritairement occupés par des femmes, tandis que les hommes sont plus souvent employés dans l’industrie et les emplois techniques ; quant à la ségrégation verticale, elle est illustrée par le fait que les hommes occupent plus souvent des postes à responsabilités que les femmes.  Mme Gunnarsdottir a fait observer qu’à l’heure actuelle, les femmes constituent 44% des 63 députés du Parlement.  Pour la septième année consécutive en 2015, l’Islande a été classée numéro un en matière d’égalité de genre par le Global Gender Gap Index du Forum économique mondial, a-t-elle fait valoir.  Toutefois, cette excellente performance ne saurait refléter toute la réalité et des défis demeurent, a-t-elle reconnu, citant au nombre de ces derniers les différences en termes de salaire et de niveau de responsabilité politique et économique ou encore la violence basée sur le genre.
 
Mme Gunnarsdottir a par ailleurs rappelé qu’en 2008, avait été adoptée la Loi sur l’égalité de genre, qui offre une définition de la discrimination en s’appuyant sur la Convention et qui a été amendée en 2014, puis à nouveau en 2015, afin de la rendre davantage conforme à certaines directives européennes concernant l’égalité.  Le dernier Plan d’action sur l’égalité de genre a couvert la période 2011-2014 et un nouveau projet de plan d’action sera soumis au Parlement au printemps, a en outre indiqué l’Ambassadrice des droits de l'homme. 
 
La délégation islandaise, également composée de représentants du Ministère des affaires sociales et du Ministère des affaires étrangères, a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les membres du Comité s'agissant, entre autres, des implications du système juridique dualiste qui prévaut en Islande; de l’éventuelle création d’une institution nationale des droits de l’homme conforme aux Principes de Paris; du prochain Plan d’action pour l’égalité de genre; du renforcement de la mixité professionnelle; des questions d’emploi, y compris pour ce qui a trait aux écarts salariaux entre hommes et femmes ; de l’accès des femmes à des postes de responsabilités; de la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes; de la prostitution; ou encore de la lutte contre les stéréotypes envers les femmes.
 
Une experte du Comité a estimé que le rapport présenté par l’Islande témoignait des nombreux progrès accomplis par le pays, lequel a fort bien surmonté la crise de 2008.  Cela ne rend que plus paradoxal le fait que la Convention, 31 ans après sa ratification, ne fasse toujours pas partie de l’ordre juridique interne de ce pays, a-t-elle fait observer.  Elle a par ailleurs jugé nécessaire l’introduction d’une législation globale contre la discrimination qui inclue tous les critères possibles, tels que la race, l’origine, la religion, la langue ou l’âge.  Des interrogations ont en outre été soulevées face à la forte prévalence du travail à temps partiel chez les femmes, dont il faudrait s’assurer qu’il est choisi et non pas subi. 
 
Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de l’Islande et les rendra publiques à l’issue de la session, qui doit clore ses travaux le vendredi 4 mars prochain.
 
Demain matin, à 10 heures, le Comité entamera l'examen du rapport de la Suède (CEDAW/C/SWE/8-9) en salle XVI du Palais des Nations.
 
 
Présentation du rapport de l’Islande
 
Le Comité est saisi du rapport de l’Islande (CEDAW/C/ISL/7-8), ainsi que des réponses du pays (CEDAW/C/ISL/Q/7-8/Add.1) à une liste de questions que lui a adressée le Comité (CEDAW/C/ISL/Q/7-8).
 
MME GRETA GUNNARSDOTTIR, Ambassadrice des droits de l’homme au Ministère des affaires étrangères de l’Islande, a souligné l’impact de la crise financière mondiale, son pays ayant été l’un des premiers frappés en 2008.  L’Islande connaît toutefois une forte reprise dans la période récente, a-t-elle ajouté.  Ainsi, l’an dernier, le taux d’emploi était le plus fort que l’Islande ait jamais connu de toute son histoire, a-t-elle fait valoir.  Le taux d’emploi des personnes en âge de travailler était de 81,4% en 2014 – avec 84,7% pour les hommes et 78,2% pour les femmes.  L’emploi des femmes, qui n’a cessé de croître ces dernières décennies, est le plus élevé du monde occidental, a insisté Mme Gunnarsdottir.  Le temps de travail quotidien est en diminution, même s’il est plus élevé que dans les pays ayant un niveau de développement comparable, a-t-elle ajouté.  D’une manière générale, les hommes passent plus d’heures au travail que les femmes. En 2014, le tiers des femmes travaillaient à temps partiel, contre 13,5% des hommes, a précisé l’Ambassadrice des droits de l'homme.
 
En Islande, existe une ségrégation des sexes à la fois horizontale et verticale, a poursuivi Mme Gunnarsdottir.  Le secteur social et celui de l’éducation sont majoritairement occupés par des femmes, tandis que les hommes sont plus souvent employés dans l’industrie et les emplois techniques.  Quant à la ségrégation verticale, elle est illustrée par le fait que les hommes occupent plus souvent des postes à responsabilités que les femmes.  En raison de cette division, les hommes ont été plus affectés par la crise que les femmes, le taux d’emploi de ces dernières ayant continué de croître pendant cette période, a souligné l’Ambassadrice des droits de l'homme.
 
L’an dernier, l’Islande a fêté le centenaire du droit de vote des femmes, a par ailleurs rappelé Mme Gunnarsdottir, faisant observer qu’à l’heure actuelle, les femmes constituent 44% des 63 députés du Parlement – lequel compte 35 hommes et 28 femmes députés.  Au jour du centième anniversaire, le 19 juin 2015, le Parlement a créé un Fonds de l’égalité qui sera doté de cent millions de couronnes sur la période 2016-2020 et qui sera destiné à soutenir des projets renforçant l’égalité des sexes, a indiqué Mme Gunnarsdottir.  Pour la septième année consécutive en 2015, l’Islande a été classée numéro un en matière d’égalité de genre par le Global Gender Gap Index du Forum économique mondial, a-t-elle fait valoir.  Toutefois, cette excellente performance ne saurait refléter toute la réalité et des défis demeurent, a-t-elle reconnu, citant au nombre de ces derniers les différences en termes de salaire et de niveau de responsabilité politique et économique , ou encore la violence basée sur le genre.
 
S’agissant de la préoccupation exprimée par le Comité quant au fait que la Convention n’était pas suffisamment prise en compte dans la législation, Mme Gunnarsdottir a expliqué que de nombreux amendements avaient été apportés en 1995 aux dispositions de la Constitution islandaise traitant des droits de l'homme.  En outre, avant toute ratification d’un traité international portant sur les droits de l’homme, l’Islande veille à adapter sa législation aux dispositions de l’instrument visé ; mais une fois ratifié, celui-ci n’est pas formellement adopté en tant que loi.
 
L’année 2016 marque le quarantième anniversaire de la première loi sur l’égalité des sexes en Islande, a d’autre part fait observer Mme Gunnarsdottir.  En 2008, a été adoptée la Loi sur l’égalité de genre, qui offre une définition de la discrimination en s’appuyant sur la Convention.  Ce texte a été amendé en 2014, puis à nouveau en 2015, afin de le rendre plus conforme à certaines directives européennes concernant l’égalité.   Cette Loi interdit toute discrimination, qu’elle soit directe ou indirecte, a précisé l’Ambassadrice des droits de l'homme.  Par ailleurs, un rôle consultatif a été dévolu à un Conseil à l’égalité de genre qui organise tous les deux ans un Forum sur l’égalité afin de débattre des plans d’action gouvernementaux; le dernier en date s’est tenu en novembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.  Le dernier Plan d’action sur l’égalité de genre a couvert la période 2011-2014 et un nouveau projet de plan d’action sera soumis au Parlement au printemps, a en outre indiqué l’Ambassadrice des droits de l'homme. 
 
Le congé parental, qui est de 39 semaines au total, permet aux parents de prendre 13 semaines chacun, le troisième tiers de 13 semaines pouvant être pris au choix du couple soit par le père, soit par la mère, a ensuite indiqué Mme Gunnarsdottir.  À la suite de la crise financière, on a constaté une diminution du nombre de pères prenant un congé parental et des recommandations doivent être faites prochainement pour y remédier, a-t-elle précisé.
 
Ces dernières années, si de nombreux projets ont été impulsés par le Gouvernement pour lutter contre la violence de genre, l’amélioration des méthodes de travail et les changements d’attitudes demeurent un chantier en cours, a poursuivi Mme Gunnarsdottir.  Il y a un an, la police a édicté de nouvelles règles de procédure dans le traitement des cas de violence domestique, afin de veiller à ce que l’auteur des faits soit expulsé du domicile du foyer et à ce que la victime soit protégée.  Un plan d’action triennal contre la traite a été adopté en 2013 qui met l’accent sur l’information, a en outre indiqué Mme Gunnarsdottir.  Par ailleurs, l’Islande est signataire de la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, qui sera soumise au Parlement pour ratification au printemps, a-t-elle ajouté.  Elle a d’autre part attiré l’attention sur la réforme du parquet entrée en vigueur au début de l’année, qui permettra de mieux traiter les plaintes pour violence sexuelle.  Deux études ont été réalisées depuis 2010 qui ont montré que 98% des victimes de viol sont des femmes ou des jeunes filles, dont 40% ont moins de 18 ans, l’auteur étant généralement plus âgé.  Dans de trop nombreux cas, aucune plainte n’est déposée et, quand c’est le cas, il arrive que la conduite de l’enquête laisse à désirer, a indiqué l’Ambassadrice des droits de l'homme, précisant que le mois dernier, le Ministère de l’intérieur avait nommé une commission chargée de se pencher sur les recommandations figurant dans les deux études susmentionnées.
 
Plusieurs projets ont été lancés ces dernières années afin de remédier aux inégalités de genre dans l’éducation, la science et la culture, a poursuivi Mme Gunnarsdottir.  Afin d’en finir avec la discrimination de genre en matière de salaires, de formation ou de conditions de travail, le Ministère des affaires sociales a publié en 2014 une réglementation inspirée des normes internationales et destinée aux entreprises et aux services publics.  A été élaboré un plan d’action pour l’égalité salariale, doté d’un organe exécutif: le Groupe d’action pour l’égalité salariale.
 
Enfin, Mme Gunnarsdottir a indiqué que l’Université d’Islande avait créé en 2009 un centre international de recherche et d’éducation sur le genre.  Depuis 2013, ce centre fait partie de l’Université des Nations Unies (UNU-GEST).
 
Examen du rapport 

Questions et observations des membres du Comité


Une experte du Comité a estimé que ce rapport témoignait des nombreux progrès accomplis par l’Islande, laquelle a fort bien surmonté la crise de 2008.  On ne peut que se féliciter des progrès accomplis et du rôle exemplaire joué par l’Islande, a-t-elle insisté.  Cela ne rend que plus paradoxal le fait que la Convention, 31 ans après sa ratification, ne fasse toujours pas partie de l’ordre juridique interne de ce pays, a-t-elle souligné.  Est-il question d’y remédier, a-t-elle demandé, souhaitant que les Islandaises puissent invoquer la Convention devant les tribunaux, alors que celle-ci demeure mal connue dans le pays?  Elle a par ailleurs jugé nécessaire l’introduction d’une législation globale contre la discrimination qui inclue tous les critères possibles, tels que la race, l’origine, la religion, la langue ou l’âge.  Il s’agit en effet de veiller à la protection contre la discrimination dans tous les domaines – notamment l’emploi, la protection sociale ou encore l’accès aux services – conformément aux directives européennes que l’Islande applique en tant que membre de l’Espace économique européen.  L’experte s’est enquise de l’état d’avancement d’un tel projet législatif et de l’éventuel calendrier de son adoption.
 
Cette même experte a aussi abordé la question de l’accès à la justice, constatant que depuis le dernier rapport, il y a huit ans, la Cour suprême avait eu à connaître de seulement trois affaires ayant trait à l’égalité de genre.  Qu’est-ce qui explique un nombre aussi bas d’affaires de ce type, a-t-elle demandé?  Elle s’est en outre inquiétée de l’absence d’une institution nationale des droits de l’homme conforme aux Principes de Paris, souhaitant savoir si l’Islande envisageait d’en créer une. L’experte a enfin souhaité savoir quand devraient être adoptés le prochain plan d’action pour l’égalité de genre et le plan contre la violence basée sur le genre, y compris la violence sexuelle au foyer.  Sur quels financements ces plans pourront-ils s’appuyer, a-t-elle demandé?
 
Un autre membre du Comité a constaté que tous les pays nordiques avaient un système juridique dualiste, ce qui n’a toutefois pas empêché certains d’introduire à titre exceptionnel un instrument de droits de l'homme dans leur ordre juridique interne – la Convention européenne des droits de l'homme, par exemple.
 
Une experte s’est étonnée du retard pris dans l’adoption du prochain Plan d’action pour l’égalité de genre, dont il a été annoncé qu’il devrait être soumis au Parlement au printemps prochain, alors que le précédent plan est arrivé à échéance en 2014.  Qu’en est-il des projets restés en souffrance dont la mise en œuvre dépend de l’adoption d’un nouveau plan, a-t-elle demandé?
 
Une autre experte a demandé si des mesures spécifiques étaient envisagées afin de faire en sorte que les femmes aient davantage accès à des postes de responsabilités, dans la police par exemple, sans parler de la Cour suprême qui ne compte que des hommes.
 
Jugeant essentielle la question des stéréotypes, une experte a déploré la faiblesse du rapport sur ce sujet.  Le Comité a besoin d’une évaluation de l’impact de la Convention, particulièrement dans les mesures prises pour en finir avec les stéréotypes de genre. 
 
Une autre experte a souligné qu’il est important de traiter le problème de la violence conjugale, s’étonnant du faible nombre de condamnations en justice pour de tels actes, alors que le cadre juridique semble satisfaisant. 
 
Une experte a relevé que la prostitution serait à la hausse en Islande et a souhaité avoir des éclaircissements sur l’adoption du «modèle suédois», qui consiste à infliger des amendes aux clients.
 
Une autre experte s’est félicitée de la performance remarquable de l’Islande dans le sens de l’égalité des sexes, mais a néanmoins constaté une sous-représentation des femmes dans le domaine sportif.  Elle a par ailleurs estimé qu’une révision des manuels scolaires s’imposait pour mettre davantage en valeur le rôle des femmes dans l’histoire. 
 
Un membre du Comité a pour sa part relevé la forte prévalence du travail à temps partiel chez les femmes et a souhaité savoir s’il s’agissait d’un choix de leur part.  L’attention a par ailleurs été attirée sur le fait que la loi islandaise exige l’égalité salariale au sein de chaque entreprise prise individuellement, sans tenir compte du marché du travail au sens large – une approche restrictive qui pose problème car elle ne permet pas de lutter de manière cohérente contre les discriminations éventuelles.

Relevant que selon le rapport, les addictions sont en diminution en Islande, une experte a souhaité avoir de plus amples détails à ce sujet, notamment en ce qui concerne le tabagisme.  La même experte a également souhaité en savoir davantage quant aux causes associées à la prévalence du VIH-sida dans le pays.  Elle s’est en outre étonnée qu’une femme qui désire subir un avortement doive obtenir l’aval d’une tierce partie, un médecin par exemple.
 
Une experte a relevé l’importance que revêt le changement climatique pour un pays comme l’Islande et a souhaité connaître le point de vue de la délégation quant au rôle d’avant-garde que les femmes pourraient jouer dans ce domaine en proposant les adaptations nécessaires.
 
Une autre experte a attiré l’attention sur les conditions de vie difficiles dans les zones rurales, particulièrement pour les mères de famille dans des zones où, par exemple, il n’existe pas de service de déneigement. 
 
Des questions ont aussi été posées au sujet des possibilités de travail offertes aux femmes handicapées et aux femmes en prison.
 
Une experte a demandé comment les intérêts de la femme étaient garantis dans le cadre du divorce, alors que bien souvent, les biens du couple sont au nom du mari.  Constatant par ailleurs que l’Islande était à l’avant-garde en matière de garde partagée, cette experte a souhaité savoir si la garde partagée résultait généralement d’un accord entre les parents ou plutôt d’une décision du juge des affaires familiales.
 
Réponses de la délégation  
La délégation a expliqué que le système juridique islandais étant dualiste, la pratique est d’adopter des textes de loi qui s’inspirent de l’instrument dont la ratification est envisagée avant de ratifier ledit instrument. 
 
La Convention elle-même est bien connue en Islande, d’autant que les jeunes générations, aussi bien les jeunes femmes que les jeunes hommes, sont très sensibles aux questions d’égalité de genre et d’autonomisation des femmes, a souligné la délégation.  Le débat est très vivant sur ces questions, a-t-elle insisté.  Une experte ayant affirmé que l’Islande établissait une «hiérarchie entre les droits» en se basant sur le fait que le pays avait choisi d’intégrer la Convention relative aux droits de l’enfant dans sa législation et non la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la délégation a contesté cette affirmation, la qualifiant d’inacceptable.

La création d’une institution nationale des droits de l’homme est envisagée, a par ailleurs indiqué la délégation.  Le Ministère de l’intérieur y travaille activement en examinant si parmi les institutions existantes, l’une d’elles pourrait remplir ce rôle dans le respect des Principes de Paris, a-t-elle précisé.  Soulignant que la crise avait eu pour conséquence de repousser cette question sine die, la délégation a indiqué ne pas être en mesure de fournir un calendrier, une échéance, pour l’entrée en fonction d’une telle institution.
 
La délégation a expliqué que le dernier Plan d’action en date pour l’égalité de genre avait été appliqué jusqu’à la fin 2014, l’année 2015 ayant été mise à profit pour en dresser le bilan.  En l’absence de nouveau plan à ce stade, les financements de projets ne sont pas pour autant interrompus, a assuré la délégation.  Il est certain que l’égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail devra être le pilier du prochain plan, a-t-elle précisé.
 
S’agissant de la prévalence des emplois à temps partiel chez les femmes, la délégation a indiqué que si 48% des travailleurs sont des femmes, un tiers d’entre elles travaillent effectivement à temps partiel, en invoquant la plupart du temps des raisons familiales.  Or, les hommes qui travaillent à temps partiel ne mentionnent pratiquement jamais, eux, des motifs en rapport avec des responsabilités familiales; il apparaît que dans leur cas, il s’agit de temps partiels subis, a constaté la délégation.  Mais cela illustre surtout le fait que les femmes prennent la responsabilité de la famille, y compris le cas échéant de leurs parents âgés, avec pour conséquence que leurs revenus, et par conséquent les retraites auxquelles elles pourront prétendre, seront moindres.  Cela aura dans l’avenir des conséquences lourdes pour le budget de l’État, a souligné la délégation, jugeant donc nécessaire d’aider les femmes à travailler plus.  Quant aux écarts de salaires entre hommes et femmes, évalués à environ 7% en moyenne, ils contribuent eux aussi à ce que les femmes cotisent moins que les hommes pour leur retraite.  En réponse à la remarque d’un membre du Comité qui avait relevé que la loi islandaise exige l’égalité salariale au sein de chaque entreprise prise individuellement, sans tenir compte du marché du travail au sens large, la délégation a expliqué que cette règle ne saurait être modifiée sans accord des partenaires sociaux, ce qui n’est pas envisageable à l’heure actuelle.
 
Afin de renforcer la mixité dans certaines professions, il est envisagé de lancer des actions d’incitation.  Des recommandations contraignantes ont été édictées en faveur d’une meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration des entreprises, ces dernières étant appelées à publier régulièrement la répartition de leurs effectifs par sexe.  La police, pour sa part, a été invitée à élaborer un plan d’action en vue de recruter un plus grand nombre de femmes.  En 2014, une étude a révélé une certaine misogynie au sein de la police, qui se manifeste par du harcèlement et des brimades.  Un code de conduite, des cours et autres actions de formation ont été mis en place, a indiqué la délégation, reconnaissant toutefois que les comportements ne sauraient malheureusement changer du jour au lendemain.  La délégation a par ailleurs reconnu la nécessité d’équilibrer la représentation des hommes et des femmes au sein de la Cour suprême.
 
Pour ce qui est de l’accès des femmes aux postes de responsabilités, la délégation a indiqué que 42% des élus locaux étaient des femmes, soit un chiffre très proche de celui atteint au Parlement national.  Des quotas ont été mis en place dans la fonction publique, où un poste à responsabilité sur trois est occupé par une femme.  Si, historiquement, l’Islande a longtemps été en retard dans ce domaine par rapport aux  autres pays nordiques, ce fossé a été en partie comblé, a assuré la délégation.
 
La délégation a ensuite constaté que les partis politiques, par exemple, ont tendance à mettre en avant des hommes, alors que les femmes ont d’elles-mêmes tendance à rester en retrait pour diverses raisons.  Il en va de même lorsqu’il s’agit d’occuper des fonctions municipales par exemple, surtout dans les petites villes où les élus n’ont pas droit à une indemnité.  Une des solutions actuellement envisagées par l’État consisterait à indemniser les élus municipaux.  La délégation a constaté un changement de mentalité dans la jeunesse, pour laquelle il va désormais de soi qu’une femme peut être Présidente de la République ou ministre, ce qui n’était pas le cas il y a trente ans.
 
Un plan d’action quadriennal de lutte contre toutes les formes de violence contre les femmes est en cours d’élaboration en concertation avec les organisations de la société civile, a poursuivi la délégation.  Des consultations sur cette question des violences faites aux femmes ont été conduites par le Ministère de l’intérieur qui ont abouti à la publication de deux rapports dont il est ressorti qu’en effet, la majorité des victimes ne portent pas plainte.  Est également constaté un manque d’information de la population sur ces questions.  L’une des voies envisagées consiste à renforcer les actions de formation de la police, tout en apportant un meilleur soutien aux victimes afin que celles-ci soient incitées à porter plainte, a indiqué la délégation.
 
S’agissant de la prostitution, la délégation a expliqué qu’en Islande, l’achat de services sexuels est illicite.  Toutefois, la loi impose de préserver l’anonymat des auteurs d’infraction, a souligné la délégation, ajoutant que cette protection du client avait donné lieu à débat au sein de la société.  Avec la croissance du tourisme, a été constatée une augmentation de la traite et de la prostitution, a poursuivi la délégation, admettant ne pas disposer de statistiques absolument fiables à ce sujet.  Une estimation donne le chiffre d’une trentaine de personnes faisant commerce de leur corps, dont la moitié d’origine étrangère, a-t-elle indiqué.  La délégation a rappelé que la «méthode suédoise» de pénalisation des clients visait à réduire la demande.  Une ligne téléphonique d’urgence a été mise en service pour les victimes de la traite, a poursuivi la délégation.  Elle a ajouté qu’une table ronde devait être organisée au printemps prochain pour faire le point sur cette question, avec des représentants du Gouvernement et de la société civile.
 
La lutte contre les stéréotypes envers les femmes constitue une préoccupation constante, a par ailleurs assuré la délégation.  À cet égard, un effort de sensibilisation est fait en direction des jeunes de 16 à 19 ans.  Les médias jouent un rôle prépondérant dans cette sensibilisation, a souligné la délégation.  Les autorités s’efforcent de sensibiliser les hommes, notamment au sujet du nécessaire partage des tâches ménagères, a-t-elle notamment indiqué. 
 
Les statistiques indiquent que les hommes participent davantage aux tâches domestiques depuis l’irruption de la crise, ce qui pourrait s’expliquer par le fait qu’ils ont été plus affectés que les femmes par le chômage durant celle-ci.  On ne peut exclure non plus que cela soit dû à un changement de comportement, a fait observer la délégation, attirant également l’attention sur l’importance du rôle qu’a pu également avoir dans ce contexte le congé parental pris par les hommes.
 
S’agissant des questions de santé, la délégation a notamment indiqué qu’il était question en Islande d’amender la loi sur l’avortement afin d’éventuellement faire en sorte qu’il ne soit plus nécessaire pour une femme d’obtenir  l’avis d’un médecin pour pouvoir interrompre sa grossesse.  La délégation a en outre indiqué qu’elle répondrait par écrit aux questions du Comité portant sur le VIH-sida.
 
Lors de la Conférence sur le climat tenue à Paris en décembre dernier (COP21), l’Islande a plaidé pour l’autonomisation des femmes, a souligné la délégation. C’est une position que le pays défendait déjà au sein du Conseil de l’Arctique, a-t-elle rappelé.  Trop souvent, les discussions sont dominées par les hommes, comme cela est le cas pour tout ce qui touche aux questions énergétiques, a déploré la délégation.  Beaucoup d’argent va être consacré à la lutte contre le changement climatique et il faut veiller à ce que le sort des femmes soit pleinement pris en compte dans ce contexte, a-t-elle souligné.  L’égalité entre hommes et femmes doit aussi être prise en compte lorsque l’on débat des objectifs de développement durable, a-t-elle insisté. 
 
Une campagne a été menée en faveur de l’emploi des personnes handicapées et celle-ci a été un succès dans la mesure où l’on peut estimer que désormais, les femmes en situation de handicap ont un accès égal au marché du travail.
 
S’agissant de l’enclavement de certaines zones rurales, la délégation a souligné qu’il existe en Islande des services de ramassage scolaire (bus scolaires) et que là où il n’y en a pas, les parents s’organisent pour emmener les enfants à l’école.
 
Des emplois et l’accès à l’éducation sont garantis autant que faire se peut en prison, a par ailleurs indiqué la délégation.
 
Lors d’une séparation ou d’un divorce des parents, la garde partagée des enfants peut résulter soit d’un choix des parents, soit d’une décision de justice, ce second cas restant exceptionnel, a d’autre part expliqué la délégation.  Quant à la répartition des biens, elle se fait à parts égales lorsque le couple est marié sur la base de la communauté de biens.
 
La délégation a attiré l’attention sur les aspirations démocratiques qu’avait suscitées l’effondrement financier du pays, lequel a provoqué d’importantes manifestations et conduit, en fin de compte, à un changement de gouvernement, le nouvel exécutif – de gauche – étant pour la première fois dirigé par une femme.  Des coupes ont été effectuées dans les services publics mais, dans le même temps, le tourisme a connu une hausse de plus de 50% ayant entraîné des créations d’emploi de proportion équivalente dans ce secteur.


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