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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme tient une réunion-débat sur les moyens de garantir l'exercice du droit à l'éducation par toutes les filles

16 Juin 2015

Conseil des droits de l'homme
APRES MIDI 

16 juin 2015

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, cet après-midi, une réunion-débat sur les moyens de garantir l'exercice du droit à l'éducation par toutes les filles sur un pied d'égalité. 

Ouvrant les débats, M. Joachim Rücker, Président du Conseil des droits de l'homme, a regretté qu'aucun des objectifs liés à l'«Éducation pour tous» inscrits dans les objectifs du Millénaire pour le développement n'aient été atteints à la date prévue, malgré les progrès réalisés depuis dix ans.  Près de 62 millions de filles restent exclues de l'école.  M. Rücker a souligné que la négociation des prochains objectifs du développement durable pouvait permettre aux États d'agir pour que toutes les filles bénéficient de l'éducation qu'elles méritent.

Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, M. Zeid Ra'ad Al Hussein, a pour sa part déclaré que l'autonomisation des femmes était l'une des plus grandes réussites du siècle dernier.  Aujourd'hui, les petites filles ont des modèles féminins sur qui prendre exemple, des figures admirables qui ont su dépasser l'ancienne conception des femmes confinées à la sphère domestique, l'accès à l'éducation étant la clé de ce succès.  Chaque État doit donc adopter des mesures urgentes pour faire en sorte que chaque fille ait accès, librement et en toute sécurité, à une éducation de qualité, a plaidé M. Zeid.

Le débat, animé par Mme Marilena Viviani du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, réunissait à la tribune les experts suivants: Mme Reem Al Hashemi, Ministre d'État des Émirats arabes unis; Mme Barbara Bailey, Vice-Présidente de la Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes; M. Kishore Singh, Rapporteur spécial sur le droit à l'éducation; Mme Hannah Godefa de l'Éthiopie, ambassadrice de bonne volonté pour le Fonds des Nations Unies pour l'enfance; et M. Adama Coulibaly, de Plan International.

La ministre émirienne a attiré l'attention sur la politique éducative de son pays, soulignant qu'aucune société ne pouvait se développer si elle ne permettait pas aux femmes et aux filles de s'instruire et de devenir autonomes.  L'experte du CEDAW a déclaré que les obstacles à l'accès des filles à l'école étaient notamment de nature idéologique, en raison de conceptions stéréotypées des rôles des femmes et des hommes, en premier lieu au sein même de la famille.  Le Rapporteur spécial sur le droit à l'éducation a mis l'accent sur l'importance de concrétiser ce droit, désormais quasiment universellement reconnu, par un enseignement de qualité.  L'ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF a souligné l'importance pour les États de consulter les jeunes et surtout qu'ils entendent leur voix.  Enfin, M. Coulibaly a constaté qu'il était encore courant que les familles préfèrent que ce soit le garçon qui poursuive ses études, la fille demeurant cantonnée dans les activités domestiques; c'est la raison pour laquelle son organisation, Plan International, œuvre à faire en sorte que chaque fillette réalise son droit à l'éducation, y compris dans les situations d'urgence.

Au cours du débat, de nombreuses délégations* ont mis en avant leurs politiques éducatives en faveur des filles.  Il a été abondamment souligné qu'outre le fait d'être une fille pouvait constituer un obstacle en soi dans certains milieux en matière de scolarisation, celles vivant dans des zones rurales, quand ce n'est pas dans des pays en conflit, étaient particulièrement susceptibles d'être privées d'instruction.  De nombreux appels ont été lancés pour que les États lèvent les derniers obstacles à la scolarisation des filles.

 

Le Conseil doit conclure demain matin le débat interactif sur les droits de l'homme et les entreprises et sur la traite des êtres humains.  Il sera ensuite saisi de rapports sur la violence contre les femmes et sur les droits des personnes déplacées.

 

Réunion-débat sur les moyens de garantir l'exercice du droit à l'éducation par toutes les filles sur un pied d'égalité

Déclarations liminaires

M. JOACHIM RÜCKER, Président du Conseil des droits de l'homme, a regretté qu'aucun des objectifs liés à l'«éducation pour tous» inscrits dans les objectifs du Millénaire pour le développement n'aient été atteint à la date prévue malgré les progrès réalisés depuis dix ans.  Près de 62 millions de filles restent exclues de l'école et un plus grand nombre encore sont confrontées aux pires difficultés pour rester dans leurs classes, quand elles ne sont pas victimes d'enlèvements et d'attaques terroristes.  M. Rücker a souligné que la négociation des prochains objectifs du développement durable donnera aux États l'occasion d'agir pour que toutes les filles bénéficient de l'éducation qu'elles méritent.

M. ZEID RA'AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré que l'autonomisation des femmes était l'une des plus grandes réussites du siècle dernier.  Aujourd'hui, les petites filles ont des modèles féminins sur qui prendre exemple, des figures admirables qui ont su dépasser l'ancienne conception des femmes confinées à la sphère domestique, s'est félicité le Haut-Commissaire.  L'accès à l'éducation a été et reste la clé de ces succès, a poursuivi M. Zeid.  L'éducation est non seulement un droit en soi, mais elle a aussi un effet démultiplicateur: autonomisées par l'éducation, les filles peuvent grandir en exerçant leurs compétences et en faisant les meilleurs choix concernant leur santé, leur travail et leur vie personnelle.  Enfin, l'investissement dans l'éducation des filles n'est pas seulement juste, il est aussi intelligent, a insisté le Haut-Commissaire.

Mais l'éducation des filles ne va pas encore totalement de soi, a poursuivi le Haut-Commissaire.  En effet, un tiers des pays ou presque ne sont toujours pas parvenus à la parité dans l'éducation primaire et les filles sont deux fois moins nombreuses que les garçons dans l'enseignement secondaire.  Dans de nombreux pays, les filles sont confrontées à la violence et au harcèlement sexuels à l'école tandis que des groupes extrémistes ciblent délibérément, et de manière particulièrement lâche et odieuse, les fillettes scolarisées.  Il importe donc de libérer les filles d'une discrimination et de stéréotypes profondément ancrés qui les empêchent de réaliser leur potentiel en tant que femmes accomplies.

L'éducation des filles n'est qu'une étape, mais elle est à même de modifier l'état d'esprit et d'améliorer le sort de millions de personnes.  Tous les pays doivent donc adopter des mesures urgentes pour faire en sorte que chaque fille ait accès, librement et en toute sécurité, à une éducation de qualité, a plaidé M. Zeid.

MME MARILENA VIVIANI, de la Division des partenariats et des programmes au Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), modératrice du débat, a rappelé que le droit à l'éducation avait été reconnu comme un droit multiplicateur des autres droits.  La discussion de cet après-midi montrera les progrès, mais aussi les lacunes et défis persistants en la matière. 

Exposés des panélistes

MME REEM AL HASHEMI, Ministre d'État des Émirats arabes unis, a déclaré qu'aucune société ne pouvait atteindre ses objectifs si elle ne dotait pas les femmes et les filles des moyens d'y contribuer, dont l'éducation et l'autonomie.   Dans les Émirats arabes unis, des progrès en la matière ont été accomplis, a-t-elle ajouté, expliquant que le Gouvernement avait dû recommencer à zéro pour donner aux jeunes filles, mais aussi aux garçons, un système éducatif adéquat.  À la création des Émirats arabes unis en 1971, à peine la moitié des hommes et un tiers des femmes savaient lire et écrire.  Les autres États peuvent arriver au niveau atteint aujourd'hui par les Émirats arabes unis à condition de mettre l'accent sur la parité et l'égalité entre les sexes, a ajouté la ministre.  Une éducation de qualité, le respect de la diversité culturelle et les formations accordées aux enseignants ont permis un tel succès.  Aujourd'hui, les Émirats ont des taux de scolarisation parmi les plus élevés du monde, a fait valoir Mme Al Hashemi, qui a chiffré à 95% le taux de femmes ayant suivi des études supérieures, contre 80% pour les hommes.

MME BARBARA BAILEY, Vice-Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, a déclaré que les obstacles à l'accès des filles à l'école sont notamment de nature idéologique, fondés sur une conception stéréotypée des rôles respectifs des femmes et des hommes.  Ce facteur extérieur à l'école joue fortement au sein de la famille, où se transmettent les attentes s'agissant des rôles respectifs.  Ce schéma, qui prévaut dans de nombreuses sociétés, explique que les femmes soient orientées vers les services à la personne au sein de la famille, les hommes étant orientés vers les activités rémunératrices hors du foyer.  Quant aux filles qui fréquentent l'école, elles l'abandonnent souvent plus tôt que les garçons: ce phénomène s'explique en particulier par le mariage précoce, qui nuit aux possibilités de développement des filles.

L'éloignement des filles de l'école entraîne leur dépendance à l'égard des hommes aux points de vue financier, professionnel et politique à tous les niveaux, a encore constaté l'experte.  Les normes de dépendance institutionnalisées apparaissent intangibles.  Les États doivent donc faire bouger les lignes par des moyens que le débat d'aujourd'hui mettra en lumière, a conclu Mme Bailey.

M. KISHORE SINGH, Rapporteur spécial sur le droit à l'éducation, s'est félicité de la reconnaissance de ce droit, soulignant qu'il s'agissait désormais d'en faire une réalité.  Celui-ci est inséparable de l'autonomisation, ce qui implique d'avoir accès à une éducation de qualité.  Cela est autant vrai pour les filles que pour les garçons, en termes de connaissances, de compétence et d'objectifs.  Il est important de reconnaître toutes les dimensions de ce droit, a-t-il noté.  La qualité concerne celle du contenu, des manuels scolaires et de l'environnement scolaire.  Il y a beaucoup à faire à cet égard. 

M. Singh a rappelé que les États devaient non seulement signer et ratifier les conventions dans ce domaine mais aussi les transcrire dans leur législation interne.  Il faut également veiller à ce que les filles ne demeurent pas victimes de discriminations.  Le Rapporteur spécial a mis en garde contre la multiplication de prestataires privés, dont la qualité de l'enseignement n'est pas garantie.  Des mesures «affirmatives» doivent être prises en faveur des filles, a-t-il conclu. 

MME HANNAH GODEFA, ambassadrice de bonne volonté du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en Éthiopie, a noté les fortes disparités entre pays, la situation étant aggravée en cas de conflit.  Les États ne doivent pas se contenter d'avoir des politiques volontaristes: ils doivent consulter les jeunes et entendre leur voix.  Il est important par ailleurs d'aider les enseignants à remédier aux lacunes en matière d'éducation.  Des incitations telles que des programmes de formation pour les filles issues de familles pauvres doivent être mises en œuvre.  Cela ne peut se faire bien souvent en allant à l'encontre de traditions profondément ancrées en sensibilisant les familles à l'importance de l'éducation des jeunes filles, a ajouté l'ambassadrice de l'UNICEF.

M. ADAMA COULIBALY, Directeur régional pour l'Afrique de l'Ouest de Plan International, a raconté que sa sœur et lui-même étaient nés au Mali pendant une grande famine qui a fait plus de 100 000 morts.  À cette époque, bénéficier d'un repas par jour était un luxe, a-t-il expliqué.  Contrairement à lui, et simplement parce qu'elle était une fille, sa petite sœur a arrêté l'école dès l'âge de dix ans et a été mariée à 16, avant d'avoir plusieurs enfants.  Aujourd'hui, elle vit dans la pauvreté avec sa famille dans un village ivoirien isolé.  Cette histoire est celle de nombreuses filles de par le monde, a ajouté M. Coulibaly.  Il est encore courant que les familles préfèrent que ce soit le garçon qui poursuive ses études, la fille demeurant cantonnée dans les activités domestiques.  C'est la raison pour laquelle l'organisation Plan International, au travers de sa campagne «Because I am A Girl» («parce que je suis une fille»), œuvre à faire en sorte que chaque fillette réalise son droit à l'éducation, y compris dans les situations d'urgence. 

Débat interactif

Le Qatar a déclaré que plusieurs facteurs empêchaient les filles de jouir de leurs droits à l'éducation et qu'il fallait s'attaquer à chacune de ces causes.  Le Pakistan au nom de l'Organisation de la coopération islamique a rappelé que l'islam et le Coran insistent sur le droit à l'éducation. 

L'Union européenne a déploré que de nombreux États ne soient pas parvenus à la parité en matière d'éducation.  Il faut donc que la communauté internationale continue de jouer un rôle important et moteur pour que chaque fille puisse jouir de son droit à l'éducation.  La Slovénie s'est également déclarée préoccupée par les barrières qui entravent le droit des jeunes filles à l'éducation.  Dans ce contexte, elle a souhaité avoir des exemples de bonnes pratiques en matière d'éducation, y compris en matière d'éducation sexuelle.  Fidji a pointé les comportements culturels qui empêchent la totalité des filles d'aller à l'école, comme par exemple la croyance qu'il faut marier les filles tôt.

Au nom du Groupe africain, le Nigéria a rappelé que l'Union africaine disposait d'importants instruments de lutte contre les discriminations et pour l'autonomisation des femmes, mais a ajouté qu'une coopération internationale était nécessaire pour permettre aux pays de la région de relever des défis persistants.  Du même avis, l'Égypte, s'exprimant au nom d'un groupe de pays partageant la même vision, a déclaré que les conditions favorables à la scolarisation des femmes ne pouvaient être atteintes que si la communauté internationale s'inscrivait dans la coopération et l'assistance technique.

L'Équateur a observé que les situations de conflit armé rendent encore plus difficiles les possibilités pour les filles d'avoir accès à l'éducation, et ajouté que la communauté internationale ne pouvait tolérer l'enlèvement de jeunes filles scolarisées.  Comment faire dans ce cas pour protéger le droit à l'éducation des jeunes filles, y compris dans les situations de conflit, s'est interrogé le Canada.

La Tunisie a pour sa part émis le vœu de voir les débats d'aujourd'hui contribuer à promouvoir cette question au sein du programme de développement pour l'après 2015.  Le Nigéria, au nom d'un groupe de pays auteurs de la Déclaration sur les écoles sûres, a demandé aux panélistes leur avis sur le rôle que peut jouer ce texte pour atteindre dans le but commun recherché.

Le Togo a expliqué que sa législation garantissait le droit à l'éducation par des législations spécifiques, avant de présenter une série de mesure prises par les autorités.  En sa capacité nationale, l'Égypte a indiqué que sa Constitution interdisait toute sorte de discrimination quelle qu'en soit la forme.  Le Gouvernement n'a donc cessé de prendre des mesures pour éradiquer ces discriminations, y compris dans les milieux ruraux, avec un accent mis sur les facteurs socio-économiques et à travers des campagnes mettant en valeur les conséquences de privation du droit à l'éducation des filles. 

Le Mexique a dit faire de la qualité de l'éducation l'un des axes de sa politique de réalisation des droits de l'homme.  Le Mexique s'efforce en particulier d'améliorer le taux de scolarisation des filles afin de favoriser l'égalité entre les sexes et de créer une société plus inclusive.  La Chine distribue des aides financières pour favoriser la qualité des enseignements et la fréquentation scolaire.  Les enseignants sont sensibilisés à la nécessité de traiter les filles et les garçons sur un pied d'égalité.  Les enfants des deux sexes sont désormais scolarisés dans des conditions de stricte parité.

Le Rwanda a dit avoir constaté directement la rentabilité de la scolarité des filles.  Ses autorités mettent actuellement l'accent sur l'accès des filles à l'enseignement technique et professionnel, tout en veillant à la qualité des enseignements et des enseignants.  Moyennant les bonnes politiques et les bons investissements, le Rwanda est certain de parvenir à l'égalité dans la scolarité des filles et des garçons.  La Namibie a souligné que l'éducation des filles peut favoriser la réalisation des autres objectifs de développement et rompre ainsi le cycle de l'ignorance et de la pauvreté.  Les autorités namibiennes mènent des campagnes pour sensibiliser les parents à l'importance de l'éducation des filles.  La Namibie a précisé que le 16 juin est la «Journée internationale de l'enfant africain». 

Les Émirats arabes unis ont adopté des objectifs en matière de scolarisation primaire universelle des petites filles, accompagnés de mesures très concrètes destinées à faciliter l'accès des filles à l'école.  Les Émirats arabes unis ont noué des partenariats avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, entre autres.  Le Qatar a adopté une politique destinée à assurer l'égalité des chances pour tous les citoyens, basée notamment sur le comblement de l'écart d'éducation entre les garçons et les filles.  Le Qatar collabore au niveau international pour réaliser le même objectif. 

Les autorités d'Arabie saoudite responsables de la lutte contre l'analphabétisme ont d'ores et déjà pris des mesures énergiques pour assurer la scolarisation des filles à tous les niveaux.  L'Arabie saoudite demande aux États concernés de lever leur interdiction du port du hidjab à l'école, une mesure qui risque de compromettre la scolarisation des filles.  Bahreïn a souligné que l'éducation était la condition de la réalisation de tous les autres droits fondamentaux. 

L'Inde a déclaré avoir fait de l'éducation des filles l'une de ses priorités nationales.  Les autorités misent, pour ce faire, sur la collaboration avec les pouvoirs locaux.  Le monde est encore loin d'avoir atteint les objectifs de l'éducation pour tous, a noté l'Inde: la communauté internationale devrait augmenter l'aide technique disponible à cet effet.

La Grèce a souligné l'importance d'éliminer les pratiques traditionnelles néfastes aux fillettes.  La Colombie a souligné que l'éducation pouvait apporter une contribution essentielle pour en finir avec les préjugés, les stéréotypes et les pratiques culturelles qui portent atteinte aux droits et à la dignité des filles, des adolescentes et des femmes.  La Turquie a souligné pour sa part que l'on ne pourrait parvenir à établir l'universalité des droits de l'homme sans promouvoir les droits des femmes et des filles, ce qui repose en grande partie sur l'éducation.  C'est la raison pour laquelle, la Turquie a coparrainé avec le Canada et le Pérou la résolution faisant du 11 octobre la Journée internationale de la fillette, qui est observée depuis 2012.  Le Liechtenstein a demandé aux conférenciers comment on pouvait convaincre les parents que le fait d'envoyer leur fille à l'école était le meilleur investissement qu'ils puissent faire.

Pour sa part, l'Estonie a relevé un paradoxe au sein de sa propre société: mieux les filles sont éduquées, plus elles souffrent d'inégalités par rapport aux garçons dans la vie réelle, en particulier sur le marché du travail.  La meilleure manière de lutter contre ce déséquilibre consiste à éliminer les stéréotypes associés aux sexes.

La République de Corée a souligné la nécessité d'éliminer les restrictions du droit à l'éducation des filles.  Le mariage précoce, le handicap physique constituent des obstacles à l'éducation, a-t-elle rappelé.  Le Gouvernement de Séoul est à l'origine de projets dans les zones de conflit en particulier pour favoriser l'éducation des filles.  La Sierra Leone a souligné elle aussi que l'accès à l'éducation était un obstacle dans les zones rurales ou en conflit.  Par ailleurs, les contraintes socio-économiques et culturelles pèsent parfois très lourds, alors que l'on sait qu'une jeune fille instruite a plus de chances de réussir dans la vie.  Le Brésil a également fait part de ses préoccupations face aux menaces pesant sur l'éducation des filles dans les pays en situation de conflit.  Tant que l'on ne redoublera pas d'efforts, les avancées réalisées pourraient être perdues.  L'éducation des filles implique des mesures à la fois générales et spécifiques.  La Constitution brésilienne garantit l'éducation des filles, désormais plus nombreuses que les garçons dans les établissements scolaires, où elles réussissent mieux.

Le Népal a adopté une politique éducative qui vise à généraliser l'éducation primaire d'ici la fin de l'année, tout en favorisant la gratuité du secondaire.  Des mesures ciblées ont été prises en direction des filles et des adolescents.  Des toilettes séparées sont créées dans les écoles.  Par ailleurs, les pratiques néfastes sont pénalisées. 

La Commission des droits de l'homme de la Mauritanie a indiqué avoir pour priorités le maintien des filles à l'école.  La Commission recommande l'adoption de mesures positives pour les filles, telles que l'octroi de bourses et l'organisation de transports scolaires.  L'Afrique doit être en mesure de retenir ses jeunes tentés par l'émigration clandestine, a aussi relevé la Commission, qui a félicité l'État mauritanien de ses efforts soutenus pour le maintien des filles à l'école.  Le Conseil national des droits de l'homme du royaume du Maroc a décrit la vision stratégique 2015-2030 élaborée par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique du Maroc.  Celui-ci s'appuie sur trois piliers: l'école de l'équité et de l'égalité des chances, l'école de la qualité pour tous et l'école de la promotion individuelle et sociale.

Pour les organisations non gouvernementales, Plan International, au nom également de l'Alliance internationale d'aide à l'enfance, Arigatou International et Défense des enfants – international. a souligné que plus de la moitié des violences sexuelles sont commises à l'école contre des jeunes filles de moins de 16 ans.  Cette violence a des effets psychologiques destructeurs, outre qu'elle empêche les filles de réaliser leur potentiel scolaire.  Les États doivent donc prendre des mesures prioritaires contre cette violence, basées sur le respect des droits fondamentaux des filles et avec leur participation.  L'Association lesbienne et gay internationale – Europe (ILGA International) a déclaré qu'aucune considération culturelle ou religieuse ne devrait empêcher les filles d'être scolarisées.  ILGA condamne les extrémistes religieux qui empêchent les filles d'aller à l'école et estime que les programmes scolaires devraient comporter un enseignement sur la santé sexuelle et la vie familiale – y compris la vie dans les familles non traditionnelles.

Le Forum européen pour les personnes handicapées a souligné l'importance des barrières physiques et mentales empêchant les filles d'accéder à l'éducation, a fortiori lorsqu'elles sont handicapées.  En effet, seul un faible nombre de fillettes handicapées achèvent leur cursus primaire.  Cela est souvent dû aux traditions et aux préjugés culturels.  L'Union internationale humaniste et laïque a indiqué qu'une fille sur neuf était mariée à l'âge de 15 ans, une quinzaine de millions étant mariées avant 18 ans, tous les ans, ce qui signifie qu'elles n'étudieront jamais.  Tous les pays sont concernés, certains faisant même marche arrière.  Elle a cité les cas du Bangladesh qui n'a pas craint d'abaisser à 16 ans l'âge du mariage ou le Pakistan qui privilégie clairement l'éducation des garçons.  Amnesty International a estimé que le débat avait lieu à un moment crucial alors que les États débattent des prochains objectifs de développement.  Elle a rappelé que tous les individus avaient droit à une éducation disponible, accessible, acceptable et adaptable, libre de discrimination.  L'organisation invite instamment le Conseil à presser les États d'introduire des formations sensibilisant à la question du genre, à fournir une éducation sexuelle ou à éduquer sur la violence de genre. 

Observations et conclusions des panélistes

MME AL HASHEMI a souligné que la chose la plus importante pour tout pays désireux de généraliser le Droit à l'éducation consistait à adopter le cadre juridique approprié en s'appuyant sur les normes internationales, à commencer par le droit supérieur de l'enfant promu par la Convention des droits de l'enfant.  Les Émirats arabes unis ont par ailleurs fixé à 18 ans l'âge minimum du mariage.  En outre, il est essentiel que des budgets suffisants soient consacrés à l'éducation et que des mesures de suivi de la qualité de l'enseignement soient prises.  L'égalité et la non-discrimination doivent aussi figurer dans les choix et bonnes pratiques, tout en s'adaptant au contexte culturel des communautés, si l'on entend qu'elles adhèrent aux politiques de l'État.  La promotion des droits des femmes et leur participation à la vie de la société sont tout aussi essentiels, a ajouté la ministre.

Mme Al Hashemi a conclu que la coopération internationale était la pierre angulaire des progrès dans l'éducation des filles.  Les Émirats arabes unis ont ainsi participé au lancement, à Londres, d'une initiative internationale de lutte contre la violence sexuelle à l'école. 

MME BAILEY a noté même lorsque les filles ont accès à l'école, une ségrégation de fait en fonction du sexe demeure: éducation, soins infirmiers, psychologie sont majoritairement réservés aux filles.  Or, ce ne sont pas toujours les métiers les plus rémunérateurs, bien au contraire.  Et même lorsque les femmes sont bien formées, elles sont souvent plus frappées par le chômage et sont moins bien payées.  Mme Bailey a également noté que l'absence des structures d'hygiène dans les écoles était souvent criante, ce qui constitue un facteur d'absentéisme et d'abandon scolaire, sans parler des cas de harcèlement sexuel de la part de certains enseignants.  Des recommandations ont été formulées à cet égard dans une observation générale conjointe du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes et du Comité des droits de l'enfant.

Mme Bailey a invité les États à lire les recommandations du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes relatives à l'éducation des filles.  Ils doivent prendre des engagements politiques fermes s'agissant de la réalisation du droit des filles à l'éducation.

M. SINGH a jugé essentiel de veiller à la sécurité des écoles, ce qui implique que les enseignants bénéficient d'une formation aux droits de l'homme.  Il est important de promouvoir la compréhension mutuelle ainsi que la paix, a-t-il ajouté.  M. Singh a aussi attiré l'attention sur l'importance du contenu des enseignements, se félicitant que l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) passe au crible les manuels scolaires.  On trouve couramment des stéréotypes dans les manuels scolaires, a-t-il rappelé, citant le cas de l'Autriche comme un exemple de bonne pratique, ce pays ayant revu ses manuels de fond en comble pour y remédier. 

M. Singh a recommandé que les États prennent des mesures et programmes concrets, assortis de mécanismes de suivi, et qu'ils œuvrent à l'éradication des stéréotypes sexistes.  Le droit à l'éducation relève en tout premier lieu des gouvernements, a rappelé l'expert, et doit pouvoir être défendu devant les tribunaux.

MME GODEFA a rappelé que de nombreuses filles étaient victimes de mariages précoces, ce qui exclut généralement toute poursuite des études.  Elle a mis en avant les clubs de filles existant en Éthiopie, qui ont une action de sensibilisation sur la nocivité de telles unions.  Ces clubs revendiquent des choses concrètes, en premier lieu des toilettes séparées dans les établissements scolaires.  En tant que militante pour l'éducation, elle a estimé extrêmement utile de s'engager avec passion pour faire avancer les choses.

Mme Godefa a insisté pour que la voix des jeunes soit entendue par les autorités chargées des questions d'éducation.

M. COULIBALY a souligné que même dans les situations d'urgence, il était possible d'agir et d'améliorer les choses.  Une organisation comme Plan International aide les réfugiés et déplacés dans des pays comme le Mali et le Soudan du Sud.  Cela permet à des filles d'aller pour la première fois à l'école.  Pour que le changement ait lieu, il faut que toute la société s'engage et participe.  Plan International a actuellement un programme, «Save Schools», concernant les pays en conflit.  Le slogan de cette organisation est que personne ne doit être laissé de côté.

M. Coulibaly a souligné les difficultés particulières que rencontrent les filles vivant dans des situations de catastrophe et d'urgence.  Les écoles doivent être construites de manière à résister aux effets des catastrophes.  L'éducation ne représente qu'un pourcent des fonds déployés pour faire face aux urgences et catastrophes, a constaté l'expert: il faut donc créer un fonds humanitaire mondial consacré à la prise en charge scolaire des enfants pendant les catastrophes.

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*Déclarations faites dans le cadre du débat interactif: Qatar, Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique), Union européenne, Slovénie, Fidji, Nigéria  (au nom du Groupe africain), Égypte  (au nom d'un groupe de pays partageant la même vision), L'Équateur, Canada, Tunisie, Nigéria (au nom d'un groupe de pays auteurs de la Déclaration sur les écoles sûres), Togo, Égypte, Mexique, Chine, Rwanda, Namibie, Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Bahreïn, Inde, Grèce, Colombie, Turquie, Liechtenstein, Estonie, République de Corée, Sierra Leone, Brésil, Népal, Commission des droits de l'homme de la Mauritanie, Conseil national des droits de l'homme du royaume du Maroc, Plan International, (au nom également de l'Alliance internationale d'aide à l'enfance, Arigatou International et Défense des enfants – international), Association lesbienne et gay internationale – Europe, Forum européen pour les personnes handicapées, Amnesty International et l'Union internationale humaniste et laïque.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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