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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme tient un débat général sur les questions relatives au racisme et à la discrimination

30 Juin 2015

Conseil des droits de l'homme
APRES MIDI     

23 juin 2015

Il conclut son débat interactif avec le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie

Le Conseil des droits de l'homme a tenu ce matin son débat général sur le racisme, la discrimination, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, après avoir entendu les dernières délégations dans le cadre du débat interactif entamé hier avec le Rapporteur spécial sur le racisme. 

Au cours du débat général*, l'attention s'est portée notamment sur la montée en puissance des discours de haine véhiculée par des formations politiques, ainsi que sur les tendances islamophobes, négrophobes ou néonazies qui se manifestent en particulier aux États-Unis et dans les pays d'Europe.  Nombre de délégations ont appelé ces pays à mettre un terme aux activités de ces formations politiques et ont souligné qu'il faudrait enfin mettre en œuvre la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, ou envisager d'autres instruments.  D'autres délégations, en particulier des organisations non gouvernementales, ont alerté le Conseil sur des situations spécifiques de discrimination.

Les dernières délégations intervenues dans le débat interactif** avec le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée ont porté leur attention sur la question du profilage racial, ethnique ou religieux qui est examinée dans le rapport annuel du Rapporteur spécial.  La lutte contre ce phénomène passe notamment par la formation, l'examen des causes structurelles, un renforcement des dispositifs juridiques, mais aussi la coopération internationale.  Dans ce contexte, des délégations ont présenté au Conseil les mesures prises par leurs gouvernements.  Des organisations non gouvernementales ont attiré l'attention sur des cas spécifiques dans différents pays.

Le Conseil tiendra, à la mi-journée, une réunion-débat sur les effets du terrorisme sur la jouissance par toutes les personnes des droits de l'homme et des libertés fondamentales.  

Fin du débat interactif avec le Rapporteur spécial sur le racisme

Le Burkina Faso a dit sa conviction que «la lutte contre le racisme devait se faire au sein des États mais aussi dans le cadre de la coopération internationale, surtout en matière de libre circulation des personnes.  Dans le contexte de la recrudescence de la migration, il est impératif de s'attaquer aux causes et aux conséquences de ce fléau dont sont victimes de nombreux migrants qui aspirent légitimement à des conditions de vie dignes». 

La Grèce a déclaré qu'au-delà des différences de point de vue, la lutte contre le racisme devait unir le monde, ce phénomène existant dans toutes les sociétés.  La Grèce a mis l'accent sur les mesures qu'elle avait elle-même prises, notamment l'adoption, l'an dernier, d'un plan national d'action pour les droits de l'homme dont le Rapporteur spécial a pris connaissance lors d'une visite.  La Bolivie a souligné le défi très complexe que constitue le profilage racial et ethnique.  Elle a indiqué avoir élaboré un nouveau plan d'action, coordonné avec la société civile, visant à parvenir à l'équité, à l'égalité et à la dignité. 

La France a souligné son fort engagement dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, dont elle a fait une «grande cause nationale» en 2015.  Elle reconnaît l'ampleur du phénomène du profilage racial et ethnique qui n'épargne aucun pays.  La France «condamne fermement cette pratique discriminatoire qui est contraire au droit français».

Plusieurs délégations ont souligné que le profilage constitue une violation des droits de l'homme.  La République islamique d'Iran a appelé les États concernés à adopter et appliquer les mesures juridiques et pratiques nécessaires pour prévenir et mettre un terme au profilage racial et religieux.  Le Chili a estimé que la lutte contre le profilage nécessitait d'élargir et d'approfondir l'éducation et la formation de tous les agents de l'État.  Cuba a fait part de sa préoccupation quant au fait que la police aux États-Unis et dans les pays de l'Union européenne agissent en fonction de critères de race, de couleur, d'origine nationale ou ethnique.  Il est essentiel de s'attaquer aux causes structurelles de tels phénomènes, estime Cuba. 

Le Maroc a relevé que nous étions «malheureusement confrontés à la triste réalité que le profilage racial et ethnique était un problème chronique et généralisé dans le domaine du maintien de l'ordre».  La lutte contre ce phénomène n'étant pas une tâche aisée, le Maroc estime que «les dispositifs juridiques devraient être étoffés de manière à codifier expressément le fait que le profilage ethnique et racial constitue une violation des droits de l'homme et qu'il contribue à l'exacerbation de la discrimination».  L'Algérie a dit partager l'avis du Rapporteur spécial selon lequel le profilage racial et ethnique dans le domaine du maintien de l'ordre constituait «une violation des droits de l'homme des individus et des groupes d'individus qui en sont la cible».  Le Bangladesh est convenu avec M. Ruteere que les crimes ayant des motifs raciaux, religieux ou ethniques n'étaient pas seulement des agressions contre des individus mais aussi des mises en cause de la dignité humaine et de la société dans son ensemble. 

La République du Congo a appelé le Conseil des droits de l'homme à élaborer des règles normatives complémentaires à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. 

L'Estonie a souligné l'importance du devoir de mémoire et de la commémoration des événements historiques, jugeant inacceptable la négation de l'extermination des juifs et des crimes contre l'humanité.  Pour l'Estonie, la mémoire historique doit être portée au rang de valeur commune.  Le meilleur exemple en a été donné, il y a 26 ans, par la grande manifestation politique pacifique qu'a été la grande chaîne unissant deux millions de personnes entre les trois pays baltes, à l'occasion du cinquantième anniversaire du pacte Molotov-Ribbentrop entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie. 

Les États-Unis, qui ont souligné l'importance des questions soulevées par M. Ruteere, ont assuré qu'ils s'attachaient à relever les défis persistants dans le domaine de la discrimination par les forces de l'ordre.  Ils ont souligné que la Décennie internationale des peuples d'ascendance africaine était pour eux l'occasion d'encourager les discours positifs sur les droits civiques, de célébrer le cinquantenaire du Civil Rights Act et de coopérer avec leurs partenaires internationaux afin de promouvoir la non-discrimination et l'égalité. 

Le Botswana a constaté, avec le Rapporteur spécial, que l'apparition des nouvelles technologies avait contribué au cyber-racisme et à la propagande de haine.  Les États doivent sensibiliser les populations et lutter contre la dissémination d'idées basées sur une prétendue supériorité raciale.  À l'instar du Maroc, le Botswana a souligné le rôle positif du sport comme activité unificatrice des gens au-delà de leur diversité et sensibilités culturelles.  La Fédération de Russie a indiqué qu'un séminaire avait été organisé le 4 juin à Moscou sur la question de la discrimination dans le sport. 

Enfin, face à la résurgence du néonazisme, phénomène dont se sont inquiétées plusieurs délégations, la Fédération de Russie a estimé que tous les États devaient prendre des mesures concrètes, sur le plan de l'éducation en particulier, afin de faire en sorte que le nazisme et l'holocauste ne soient glorifiés.  La Russie s'inquiète de la résurgence des idées extrémistes néo-nazies en Ukraine. 

Des organisations non gouvernementales se sont elles aussi inquiétées, à l'image de l'Association internationale des juristes démocrates, des manifestations de glorification du nazisme et de révisionnisme en Europe, et plus particulièrement en Ukraine, qui portent atteinte à la mémoire des millions de morts de la Deuxième Guerre mondiale.  Le Rapporteur spécial devrait se rendre dans ces pays pour faire un rapport, a demandé l'Association. 

Verein Südwind Entwicklungspolitik a alerté le Conseil sur le profilage dont sont victimes les Afghans dans la République islamique d'Iran.  La Société pour les peuples menacés a dénoncé le profilage dont les Rohingyas sont victimes au Myanmar, «au nom de la pureté de la race birmane».  Le Conseil été prié de demander au Myanmar de revoir ses législations et de changer ses pratiques.  Jubilee Campaign a demandé que le profilage ethnique et religieux dont sont victimes les tributs arabes du Darfour soit déclaré illégal.  Les États doivent adopter des mesures pour combattre les discours de haine raciale ou religieuse, comme le demande la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, a conclu le Mouvement international contre toutes les formes de discrimination.  Le Minority Rights Group a, pour sa part, observé que le profilage ethnique s'accompagnait souvent d'un profilage religieux et qu'il sapait la confiance dans la police. 

Conclusion

M. MUTUMA RUTEERE, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, a constaté que la progression du profilage est liée non seulement au contexte – climat d'insécurité engendré par le terrorisme, crise économique, flux migratoires – mais aussi à la technologie qui facilite le profilage.  Le Rapporteur spécial a également souligné le rôle des médias et d'Internet, qui peuvent être des vecteurs de stéréotypes raciaux ou religieux.  Le Rapporteur spécial a recommandé que les médias reflètent mieux la diversité culturelle. 

La société civile, quant à elle, a été et demeure un acteur de premier plan pour la lutte contre le racisme, a dit le Rapporteur spécial.  Il faut former les fonctionnaires aux enjeux que sont la diversité et la lutte contre les discriminations.  M. Ruteere a enfin indiqué que son prochain rapport à l'Assemblée générale porterait sur la question des données statistiques, qui sont insuffisantes aujourd'hui.  Il existe de «bonnes manières» de collecter des données ventilées et de les exploiter, a conclu le Rapporteur spécial. 

Débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie

Déclarations au nom d'États membres

La Lettonie, au nom de l'Union européenne, a rappelé l'engagement de l'Union européenne en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme sans aucune discrimination et dans la lutte contre le racisme et l'intolérance, en son sein et partout dans le monde.  Le racisme et la discrimination ethnique sont interdits par la Charte européenne des droits de l'homme, entre autres nombreux textes.  En outre, une législation européenne interdit l'incitation au racisme, à la violence xénophobe et à la haine.  Tous les États membres doivent mettre en place des organes nationaux chargés de promouvoir un traitement égal de tous, sans aucune discrimination raciale ou ethnique; ces organes, en outre, apportent une assistance aux victimes de la discrimination.  L'Union européenne estime nécessaire non pas d'adopter des textes complémentaires, mais d'appliquer complètement la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, qui a 50 ans cette année.  L'Union européenne reste en outre pleinement engagée pour les objectifs principaux de la Conférence de Durban de 2001 mais se demande si l'organisation de six semaines de réunion des Groupes de travail, chaque année, avec des résultats prévisibles, est la manière la plus efficace d'utiliser les ressources destinées à la lutte contre le racisme. 

Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique, s'est dit très préoccupé par la montée, dans certains pays, de forces d'extrême droite qui incitent à la violence contre des minorités ou les immigrants.  Il a dénoncé l'islamophobie comme une manifestation de haine et d'intolérance religieuse qui nuit aux efforts visant à promouvoir une culture de tolérance.  L'Organisation de la coopération islamique rappelle sa propre résolution, qui reflète un consensus au sein de ses États membres pour combattre l'intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, la violence ou l'incitation à la violence contre des personnes sur la base de leur religion ou de leurs croyances.  Le Coran met l'accent sur la tolérance religieuse ainsi que la liberté d'opinion et de pensée, a ajouté le Pakistan, citant plusieurs versets.  Il a ensuite déploré la diabolisation de l'Islam et des musulmans par l'usage de termes tels que «terroristes islamiques» ou «djihadistes».  Aucune religion ne peut être assimilée au terrorisme; les victimes du terrorisme sont en majorité, de nos jours, les musulmans eux-mêmes.

La Tunisie, au nom du Groupe arabe, a fait part de sa surprise face aux États qui se font les parangons des droits de l'homme tout en promouvant des pratiques discriminatoires.  Cela amène à s'interroger sur la valeur de leur engagement affiché en faveur du respect des droits fondamentaux.  Par ailleurs, outre le racisme, le mépris de la religion et des lieux saints sont problématiques.  La communauté internationale, les instruments internationaux dont elle s'est dotés, le Conseil des droits de l'homme lui-même ont un rôle essentiel à jouer dans l'éradication du racisme. 

Les États-Unis ont reconnu que l'actualité avait rouvert le débat sur les pratiques des policiers américains.  Des encouragements visant à réformer la police ont été faits, en particulier à Cleveland, après que le recours excessif à la force fût apparu comme patent dans cette ville.  Une commission spéciale sur «la police au XXIe siècle» a été nommée par le Président Obama afin de réfléchir aux problèmes liés à l'attitude des forces de l'ordre.  Les États-Unis reconnaissent les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes d'ascendance africaine, non seulement sur leur territoire mais ailleurs dans le monde.  Ils estiment que la Décennie en leur honneur permettra des progrès dans ce domaine.

Cuba a souligné que tous les États, y compris ceux qui se sont dissociés de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, devaient traduire dans la réalité la lutte en faveur de l'égalité des droits entre tous les êtres humains, afin d'éradiquer le racisme et la discrimination raciale qui affectent toutes les sociétés, de manière plus ou moins grave.  La délégation cubaine a par ailleurs souligné les mesures prises par son gouvernement pour lutter contre le racisme par le lancement d'actions de sensibilisation au travers des médias, de la culture et de l'éducation.

La Fédération de Russie a observé que les minorités ethniques, dont les Roms, sont de plus en plus victimes de discrimination ou même de ségrégation aux États-Unis d'Amérique et dans les pays de l'Union européenne.  La résurgence du néonazisme, par exemple en Ukraine, est également une tendance inquiétante, qu'il serait dangereux d'ignorer.

Le Qatar a dit son inquiétude face à l'islamophobie grandissante, en particulier «dans des pays qui se déclarent berceau des droits de l'homme».  Cette tendance va à l'encontre de l'harmonie que recherchent les peuples.  Le Qatar a regretté être victime d'une campagne pour l'empêcher d'accueillir la coupe du monde de football en 2022.  

La Namibie a déclaré que la lutte contre le racisme doit être universelle, car aucun pays n'y échappe.  Pour y parvenir, une coopération internationale accrue, tant aux niveaux régional qu'international est nécessaire. 

Observateurs

Le Conseil de l'Europe a déclaré avoir élaboré nombre d'instruments pour aider les gouvernements, les organisations et les individus à lutter ensemble contre le racisme et la discrimination.  Le principal acteur est la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance, organe de droits de l'homme du Conseil de l'Europe composé d'experts et chargé de suivre les expressions de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie ou d'antisémitisme et d'intolérance à travers l'Europe. 

Cette commission enregistre effectivement une montée de la discrimination raciale en Europe.  Le Conseil de l'Europe encourage donc la mise en place de politiques plus efficaces et notamment la ratification du Douzième Protocole à la Convention européenne des droits de l'homme, déjà ratifié par 18 États membres.  Par ailleurs, la Cour européenne des droits de l'homme a rendu un certain nombre d'arrêts ayant trait à la discrimination et aux discours haineux, identifiant certaines formes d'expression considérées comme contraires à la Convention.  Enfin, en mars 2014, le Conseil de l'Europe a lancé un «Mouvement contre les discours de haine» qui s'adresse aux jeunes et vise à réduire l'acceptation des discours haineux.  Le mouvement organise chaque année une semaine d'action européenne pour attirer l'attention sur le racisme en Europe.

L'Égypte a jugé alarmante la tendance à l'accélération des mouvements d'intolérance, de racisme ou de xénophobie.  Elle a mis en cause les tendances xénophobes en Allemagne, surtout contre les musulmans et autres minorités, la discrimination contre le Roms en République tchèque, les discriminations contre les musulmans et les Noirs en Suisse, où aucune mesure n'est prise contre le profilage racial et ethnique, ou encore les violences et discriminations contre les Noirs aux États-Unis.  L'Égypte reproche en outre à l'Union européenne son incapacité à rendre responsables ses États membres. 

La Turquie a jugé plus utile et nécessaire que jamais la lutte contre le racisme et l'islamophobie.  Il faut empêcher toute initiative visant à diviser les sociétés selon la race ou la croyance.  «Nous avons le devoir de rester unis pour préserver les droits et la dignité des individus. » La Turquie dénonce aussi le discours de certains personnages politiques qui stigmatisent les immigrants.  La Turquie dispose de tout un arsenal de lutte contre l'intolérance mais les mesures juridiques ne suffisent pas: il faut agir préventivement en promouvant une culture de tolérance et de dialogue entre les cultures et les religions. 

L'Iraq, qui a dit faire face à des difficultés considérables sur le plan sécuritaire, a rappelé que des mosquées étaient prises pour cibles sur son territoire, ainsi que des mausolées.  Il estime qu'il doit recevoir le soutien de la communauté internationale pour surmonter de tels défis.  Le gouvernement iraquien est déterminé à faire tout ce qui est son pouvoir pour lutter contre la discrimination et agir en faveur de la justice pour tous.

Israël reconnaît que la prolifération et la montée en puissance de formations politiques extrémistes partout dans le monde, et en Europe en particulier, constituent une menace contre les valeurs démocratiques et le respect des droits de l'homme et des libertés.  Israël dénonce et déplore les tentatives de nier l'Holocauste qui, se faisant, falsifient l'histoire.

La Belgique a souligné que, dans le cadre de sa présidence du Conseil de l'Europe, elle avait organisé, en mai, une conférence intitulée «La tolérance est plus forte que la haine».  Celle-ci a conclu que «seule une approche multidimensionnelle pourrait apporter une réponse adéquate au racisme, à la haine et à l'extrémisme qui en découlent».  Cette conférence a abouti à une déclaration politique et à un plan d'action contre l'extrémisme violent et la radicalisation conduisant au terrorisme, adoptés au terme de la présence belge. 

La République islamique d'Iran s'est dite inquiète de la place prise par les partis d'extrême droite dans les pays européens, partis qui appellent à la haine raciale et religieuse contre les musulmans.  Les musulmans sont en réalité les premières victimes du terrorisme, a souligné l'Iran, plaidant pour que l'on cesse d'assimiler islam et terrorisme. 

La Hongrie, qui a dit abriter la plus grande communauté juive d'Europe centrale et présider l'«Alliance internationale pour le souvenir de l'holocauste», a assuré le Conseil de son engagement contre l'antisémitisme, pour l'enseignement de l'holocauste et la sensibilisation à la question du génocide des Roms.  La Hongrie a ainsi rendu obligatoire l'enseignement de l'holocauste à l'université catholique de Péter Pázmány à Budapest. 

Bahreïn s'est dit très préoccupé par les pics de racisme aux États-Unis d'Amérique et dans les pays de l'Union européenne.  Dans le premier cas, la «suprématie blanche» continue de prévaloir; dans l'Union européenne, c'est l'islamophobie qui prévaut.  Dans les territoires palestiniens occupés, et en Israël, le racisme et l'apartheid sont la règle. 

Organisations non gouvernementales

MINBYUN - Lawyers for a Democratic Society a signalé l'adoption en République de Corée de plusieurs mesures pour lutter contre les discriminations, notamment contre les travailleurs migrants, ajoutant que le pays devait prendre également des mesures pour lutter contre la xénophobie dans les médias et le cyberespace.  L'ONG a attiré l'attention sur la situation des travailleurs migrants, en particulier dans le secteur agricole.  Le Gouvernement de la République de Corée doit prendre des mesures pour mettre en œuvre les recommandations faites par le Rapporteur spécial sur le racisme, suite à sa récente visite dans le pays.

Le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies a rappelé avoir été l'un des membres actifs de la campagne de la fin des années 1990 pour ne pas retirer la question du racisme de l'ordre du jour des Nations Unies après la fin de l'apartheid et pour organiser ce qui est devenu la Conférence de Durban.  L'ONG regrette toutefois la mise en œuvre insuffisante de la Déclaration et du Programme d'action de Durban et reproche au Conseil des droits de l'homme son manque d'action.

L'Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale a déclaré que les femmes souffraient davantage de la discrimination raciale que les hommes, du seul fait de leur sexe.  La Déclaration de Duban, mais aussi le Rapporteur spécial sur le racisme, ont pris en compte cette situation.  Racisme et sexisme vont parallèlement dans la mesure où l'état d'esprit qui favorise le racisme favorise aussi le sexisme. 

L'Union internationale humaniste et laïque a estimé que l'on faisait face à une crise du racisme institutionnalisé aux États-Unis, l'ONG faisant état des statistiques montrant que les jeunes noirs tombaient presque quotidiennement sous les balles de la police de ce pays.  Elle a appelé les États-Unis à lutter contre son racisme institutionnalisé et à limiter la possibilité d'acquérir des armes.

Le Center for Human Rights and Peace Advocacy a dénoncé les violations de la Déclaration de Durban par l'Inde, dénonçant le système honteux des castes qui signifie concrètement que tous les êtres humains ne sont pas égaux.  Un tel système va à l'encontre de la base même de l'esprit de la démocratie et de la laïcité qui sont revendiqués par l'État mais de manière superficielle seulement. 

Le Congrès juif mondial a attiré l'attention sur la militarisation extrême du Cachemire occupé par l'Inde, ce qui porte atteinte en particulier au droit à l'éducation.  Il a dénoncé la mort de six étudiants dans des conditions mystérieuses alors qu'ils se trouvaient dans leur établissement.  Il a aussi dénoncé le système des castes.

Libération a déclaré que la discrimination sur la base de la caste ou de la religion continue de prévaloir en Inde, alors que ce pays se définit comme une grande démocratie respectant les droits de l'homme.

La World Barua Organization a alerté le Conseil sur l'existence en Inde d'un métier consistant à nettoyer à la main les latrines et à transporter les déjections sur la tête.  Ce sont généralement les dalits qui sont assignés à cette tâche, avec un salaire de moins de 6 dollars par mois.  Le Gouvernement indien a bien promulgué une loi interdisant ce métier, mais la pratique se poursuit.  Le Conseil doit demander à l'Inde de veiller à la mise en œuvre de cette loi. 

Mbororo Social and Cultural Development Association a appelé le Conseil à demander à l'Inde de mettre fin aux discriminations qu'elle exerce contre les populations vivant dans les provinces du nord-est du pays.

Verein Südwind Entwicklungspolitika dénoncé les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par «l'État islamique d'Iraq et du Levant» et a estimé que l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran, les deux pays les plus puissants de la région, pourraient s'entendre pour lutter contre ce groupe terroriste.  Or, Südwind constate des déclarations discriminatoires en République islamique d'Iran à l'égard des Arabes.

Fondation Alsalam a appelé les États à concrétiser leurs engagements pour mettre en œuvre la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et attire l'attention du Conseil sur les discriminations dont sont victimes certaines minorités à Bahreïn.

La Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme a salué le lancement de la Décennie des personnes d'ascendance africaine, estimant qu'elle pourrait effectivement contribuer à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, notamment si elle s'attache à favoriser la réparation.  Les États qui ont bénéficié de la traite transatlantique des esclaves sont incités à reconnaître qu'il s'agissait d'un crime contre l'humanité, à présenter des excuses officielles et à fournir une indemnisation.  L'ONG attend beaucoup de cette décennie.

United Nations Watch, qui s'exprimait par la voix d'une militante vénézuélienne des droits de l'homme, a précisé qu'elle arborait sur sa veste les noms de victimes des forces de sécurité de son pays, dont celui de son mari.  Elle a dénoncé la multiplication des arrestations arbitraires, dont a été victime son époux parmi de nombreux autres militants s'exprimant pacifiquement.  Le gouvernement vénézuélien doit respecter les droits de ses citoyens, a-t-elle déclaré en affirmant rêver à un changement politique au Venezuela. 

L' Organization for Defending Victims of Violence a souligné que si certains pays affirment que la vie des musulmans compte, il semble que ce soit en théorie plutôt que dans la pratique.  Elle a cité le cas de la France où les musulmans ont été plus que jamais été la cible de discriminations, voire d'agressions en 2014.  Elle a précisé que l'Observatoire national contre l'islamophobie avait enregistré 128 incidents l'an dernier.

L'Agence internationale pour le développement a souligné que le racisme et la xénophobie étaient largement répandus en Inde et cela depuis de nombreux siècles.  Ainsi, on ne peut partager un repas avec quelqu'un n'appartenant pas à sa caste par exemple.  En outre, dans ce pays, les membres des minorités ethniques sont couramment maltraités par la police.  Victimes de siècles d'un apartheid dissimulé, les dalits, ou intouchables, sont traités comme des êtres inférieurs.  Des mesures concrètes doivent être favorisées par le Conseil pour mettre un terme à ce crime contre l'humanité. 

La Maarij Foundation for Peace and Development s'est déclaré choquée par «le comportement inconcevable, inattendu et inapproprié» du Gouvernement norvégien contre l'ONG Global Network for Rights and Development, l'une des pionnières en matière de lutte contre le terrorisme, et qui assiste au quotidien des malades, des mal nourris, des migrants et réfugiés.  Cette action est d'autant plus incompréhensible que le Gouvernement norvégien a activement participé à la défense de la protection des défenseurs des droits de l'homme à pouvoir faire appel à des donations extérieures.  L'organisation a dénoncé une manœuvre politique digne des régimes totalitaires et non démocratiques.   Elle a demandé au Conseil de condamner de tels agissements et de nommer une commission d'enquête pour lever toutes les ambiguïtés sur cette affaire.  

Le Congrès juif mondial a déclaré qu'il ne suffit pas seulement de lutter contre le néonazisme pour lutter contre l'antisémitisme, mais aussi contre l'idéologie islamiste.

L'International Muslim Women's Union a déclaré que la communauté musulmane en Inde ne reçoit pas les fruits de la croissance économique du pays et subit en outre la violence, souvent véhiculée par des représentants de l'État ou des partis politiques. 

Americans for Democracy and Human Rights in Bahrain a attiré l'attention sur la destruction de sites religieux en Arabie saoudite, alors que ces sites sont sacrés pour des millions de musulmans dans le monde.  L'ONG a également rappelé le vaste projet de rénovation de la Grande mosquée de la Mecque par le Gouvernement saoudien, qui a abouti à la destruction de certains sites religieux.  L'ONG demande au Gouvernement de l'Arabie saoudite d'autoriser une visite de pays du Rapporteur spécial sur la liberté religieuse.

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO) a rappelé que la lutte contre le racisme était un fondement des droits de l'homme.  La RADDHO s'inquiète de la montée de la haine, des replis identitaires, des crimes racistes et des attaques ciblées à l'encontre des minorités, des migrants et des réfugiés, ainsi que des pratiques discriminatoires dont ils sont victimes de la part des services de police ou d'immigration.  Il est de la responsabilité des État d'assurer le respect des droits de l'homme et d'interdire le profilage racial et ethnique.  La RADDHO encourage vivement la promotion des exemples de bonnes pratiques et invite les États à appliquer des mesures supplémentaires à celles déjà prévues par la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la Déclaration et le Programme d'action de Durban. 

Servas International a préconisé de s'attaquer aux causes profondes de l'intolérance, en particulier en favorisant les contacts directs entre personnes de races, cultures et origines différentes.  Cette forme d'éducation informelle contribuera à la formation de valeurs fondamentales et à lutter contre la haine entre individus.  L'ONG regrette que cela soit loin de devenir la norme et que l'on assiste au contraire à une montée du racisme, de la discrimination et de la xénophobie, notamment après les attaques terroristes.  La communauté internationale doit combattre ces montées de haine consécutives aux actes terroristes.  Servas international encourage tous les États, les organisations non gouvernementales et le Conseil à promouvoir davantage les valeurs de tolérance et de respect de l'autre.

La Fraternité Notre Dame a déclaré que l'État français entretenait les conflits religieux, notamment par le biais des médias.  Or, «la liberté d'expression n'est pas la liberté d'injurier les religions».  Elle juge lamentable de dresser des barrières entre religions sous prétexte de la laïcité, l'État favorisant un climat de haine gratuite générant des comportements sectaires.  L'organisation a dénoncé le fait que dans le temps de Noël, des crèches aient été interdites en France dans des lieux publics.  Elle a par ailleurs averti que les sanglantes persécutions religieuses endurées par les chrétiens d'Orient risquaient d'envahir l'Europe si les États y entretiennent ce climat de haine religieuse.

Le Global Network for Rights and Development a déclaré que le racisme et la xénophobie étaient les formes de discrimination les plus dangereuses.  Après le 11 septembre 2001, on a assisté à la diffusion de discours s'en prenant aux personnes de certaines origines, notamment de la part des médias. 

La Société pour les peuples menacés a fait part de sa profonde préoccupation face au sort de la minorité rohingya au Myanmar.  Les médias sont largement utilisés à leur encontre, le Gouvernement ne prenant aucune mesure pour y mettre un terme; l'oppression contre les Rohingyas est pratiquement officialisée.  L'ONG a appelé à une ferme condamnation de ces persécutions et discriminations envers les musulmans du Myanmar, dont les Rohingyas.

La Commission arabe des droits de l'homme a indiqué avoir préparé un rapport sur les droits de l'homme qui figure sur son site Internet.  Elle s'inquiète de l'islamophobie aujourd'hui et souligne que l'occupation militaire alimente ce phénomène.  Elle appelle le Conseil à se pencher sur le lien entre occupation et racisme, rappelant le sort du peuple palestinien.
                                                                                                                      
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*Déclarations faites dans le cadre du débat général sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie:


États membres: Lettonie (au nom de l'Union européenne), Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique), Tunisie (au nom du Groupe arabe), États-Unis, Cuba, Fédération de Russie, Qatar, Namibie.
Observateurs: Conseil de l'Europe, Égypte, Turquie, Iraq, Israël, Belgique, République islamique d'Iran, Hongrie, Bahreïn.
Organisations non gouvernementales: MINBYUN - Lawyers for a Democratic Society,Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies,Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale,Union internationale humaniste et laïque, Centre for Human Rights and Peace Advocacy, Congrès juif mondial, Libération, World Barua Organization, Mbororo Social and Cultural Development Association, Verein Südwind Entwicklungspolitik,Fondation Alsalam,Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l'homme, United Nations Watch, Organization for Defending Victims of Violence,Agence internationale pour le développement, Maarij Foundation for Peace and Development,Congrès juif mondial, International Muslim Women's Union, Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain,Rencontre Africaine pour la défense des droits de l'homme,Servas International,Fraternité Notre Dame, Global Network for Rights and Development,Société pour les peuples menacés,et laCommission arabe des droits de l'homme.

**Déclarations faites dans le cadre du débat interactif sur le racisme: Burkina Faso, Grèce, Cuba, Maroc, Bangladesh, Congo, Estonie, États-Unis, Chili, Botswana, Fédération de Russie, Bolivia, Algérie (au nom du Groupe africain), République islamique d'Iran, France, Association internationale des juristes démocrates, Minority Rights Group, Mouvement international contre toutes les formes de discrimination, Verein Südwind Entwicklungspolitik, Société pour les peuples menacés, et Jubilee Campaign.
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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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