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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme se penche sur la question de la prévention de la violence domestique contre les femmes et les filles

19 Juin 2015

Conseil des droits de l'homme
MATIN

19 juin 2015

Le Conseil tient aujourd'hui deux réunions-débats dans le cadre de sa journée annuelle de débat sur les droits fondamentaux des femmes 

Le Conseil des droits de l'homme des droits de l'homme a entamé ce matin sa journée annuelle de débat sur les droits fondamentaux des femmes en tenant une réunion-débat sur l'élimination et la prévention de la violence domestique contre les femmes et les filles, qui a été ouverte par le Président du Conseil et la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme. 

Les panélistes étaient Mme Marie Rose Morquette Myrtil, Ministre à la condition féminine et aux droits de l'homme de Haïti; Mme Blanca Hernández Oliver, déléguée sur la violence contre les femmes du Gouvernement espagnol; M. Nur Hasyim, du réseau UNITE du Gouvernement de l'Indonésie; Mme Begoña Lasagabaster, Directrice par intérim de la division des politiques d'ONU-Femmes; et Mme Julia Estela Monarrez Fragoso, Professeur et chercheuse au Colegio de la Frontera Norte, Mexique.  Le débat était animé par Mme Nyaradzayi Gumbonzvanda, Secrétaire générale de World YWCA, et ambassadrice de bonne volonté de l'Union africaine pour la Campagne pour éliminer le mariage des enfants. 

Ouvrant le débat, le Président du Conseil, M. Joachim Rücker, s'est félicité des progrès réalisés depuis l'adoption, il y a vingt ans, de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing, notamment s'agissant de la participation des femmes à la vie publique ou de la jouissance du droit à l'éducation.  Il a toutefois rappelé les nombreux défis qui restent à relever, en particulier les discriminations que continuent de subir les femmes, la violence sexiste ou les inégalités salariales.  Il faut à cet égard une action de la communauté internationale et du Conseil, a-t-il dit.

La Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Mme Flavia Pansieri, s'est pour sa part félicitée que cette violence soit désormais reconnue comme une affaire publique et non plus privée.  Elle s'est toutefois alarmée des chiffres sur la question, soulignant que la moitié des femmes tuées dans le monde le sont par un membre de leur famille.  Elle a ajouté que 56 pays ne reconnaissent toujours pas l'égalité entre les sexes.  Pour elle, 2015 offre une chance pour changer les choses.  Il faut faire en sorte que les femmes et les filles n'aient pas à craindre la violence dans leur milieu familial.

La Ministre haïtienne à la condition féminine et aux droits de l'homme a dit qu'Haïti était conscient des défis en matière de violence familiale et a décidé de prendre des mesures, en coopération avec la société civile, dans les domaines de la formation, de la prévention, de la sensibilisation par la communication de masse, mais aussi de la répression et de mesures de protection pour les femmes et les filles.  La déléguée espagnole sur la violence contre les femmes a estimé que la dénonciation de toute violence intrafamiliale ou l'autonomisation des femmes victimes de violence sont des exemples de bonnes pratiques à mettre en œuvre. 

Nombre de femmes n'arrivent pas à s'extraire du cycle de violence engagé par leurs maris ou conjoints, a souligné M. Hasyim, dont le réseau a organisé en Indonésie des séances de conseil consacrées à la communication non violente et à l'amélioration de l'image de soi, notamment.  La représentante d'ONU-Femmes, a déclaré que la coordination et la collaboration étaient insuffisantes entre les autorités et services publics concernés par la lutte contre la violence domestique, ajoutant que la prévention est la seule manière de limiter la violence contre les femmes et les filles et que les institutions sociales doivent absolument donner l'exemple à cet égard.  L'experte mexicaine a pour sa part déclaré que les États et la société doivent comprendre que la violence faite aux femmes n'a pas de raison individuelle, mais est le fruit de perceptions sociales et de structures inégalitaires de pouvoir; la militarisation et l'apparition de nouveaux schémas patriarcaux accroissent également cette violence. 

Le Conseil a par ailleurs été informé, par M. Sven Pfeiffer, de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, de la réunion du groupe intergouvernemental d'experts à composition non limitée sur le meurtre sexiste de femmes et de filles, qui s'est tenue en mai dernier à Bangkok et qui a donné lieu à une série de recommandations qui devraient aboutir à l'adoption d'une résolution à Assemblée générale sur le sujet.

Dans cadre du débat qui a suivi ces présentations, les délégations* ont condamné les violences faites aux femmes, notamment dans le cadre familial ou intime.  Cette forme de violence est la conséquence de la persistance de stéréotypes ou de croyances culturelles ou religieuses.  Elle est une entrave à la jouissance des droits des femmes, ont dit les délégations.  Il revient donc aux gouvernements de lutter contre ce phénomène, notamment par l'adoption de mesures contre les stéréotypes et en faveur de l'éducation, ainsi que par la répression, l'accueil, la protection des victimes, et leur autonomisation.  Dans ce cadre, nombre de représentants d'États ont présenté les mesures adoptées nationalement par leurs autorités.  La situation des femmes autochtones, des femmes en conflit avec la loi ou celles victimes ou vivant dans les zones de conflits a également été évoquée.

 

Dans le cadre d'une séance supplémentaire de la mi-journée, le Conseil doit conclure son débat interactif avec le Rapporteur spécial sur le droit à l'éducation et l'Experte indépendante sur la solidarité internationale.  Il entamera par la suite l'examen des rapports annuels sur les exécutions extrajudiciaires et sur les discriminations à l'égard des femmes.  Dans l'après-midi, il reprendra sa journée annuelle sur les droits des femmes avec un panel sur la participation des femmes dans les processus de prise de décision.

 

Journée annuelle de débat sur les droits de la femme: élimination et prévention de la violence domestique contre les femmes et les filles

Déclarations liminaires

M. JOACHIM RÜCKER, Président du Conseil des droits de l'homme, a déclaré qu'alors qu'on célère les vingt ans de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing, de nombreux progrès ont été accomplis, notamment en matière de reconnaissance de la violence faite aux femmes.  Parmi ces progrès, la participation accrue des femmes dans la vie publique, notamment les parlements ou les entreprises, l'autonomisation ou l'augmentation des taux et niveaux de scolarisation.

Cependant, a poursuivi M. Rücker, nombre de défis persistent encore, notamment en matière de discrimination, de violence ou de scolarisation.  Nombre de pays ne condamnent toujours pas la violence sexiste, l'inégalité salariale entre homme et femmes persiste et nombre de filles sont toujours privées de leur droit à l'éducation.  Ces situations exigent une action de la communauté internationale et du Conseil et il revient aux hommes de promouvoir les droits des femmes.

MME FLAVIA PANSIERI, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a jugé très important le fait que le Conseil se penche sur la violence intrafamiliale.  Le fait que les femmes doivent obéir à leur mari ou à leur père est constitutif de certaines sociétés qui pensent que cette forme de violence relève de la sphère privée et que l'État n'a pas à intervenir, a-t-elle déploré.  Elle s'est toutefois félicitée des progrès obtenus, notamment au niveau international avec la reconnaissance de l'idée que l'État doit au contraire intervenir dans ce type de violence, mais aussi dans des cadres nationaux, avec la prise de mesures concrètes pour lutter contre ce phénomène. 

Les chiffres n'en restent pas moins alarmants, a poursuivi Mme Pansieri: une femme sur trois a expérimenté la violence intrafamiliale et la moitié des femmes tuées le sont par un membre de leur famille ou un intime, alors que seuls 6% des hommes se trouvent dans le même cas.  On sait déjà ce qu'il faut faire pour lutter contre cette situation, a ajouté la Haut-Commissaire adjointe.  Il faut par exemple abroger les lois discriminatoires, alors que 56 pays ne reconnaissent toujours pas l'égalité entre les sexes.  Dans vingt pays, les femmes ne peuvent décider de leurs lieux de résidence; dans dix, elles doivent obéir à leurs maris et dans vingt autres, elles n'ont pas de droit à la succession.  Il faut par ailleurs développer les mécanismes de contrôle ou renforcer la justice.  L'éducation, y compris l'éducation sexuelle, peut également jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les stéréotypes et déconstruire ce qui est masculin ou féminin. 

Mme Pansieri s'est ensuite félicitée de l'attention accordée à cette question, y compris au sein de ce Conseil.  Cela n'aurait sans doute pas été possible dans sa jeunesse, a-t-elle dit, ajoutant que 2015 offre une chance extraordinaire pour changer les choses dans le monde.  Il faut faire en sorte que les femmes et les filles ne puissent pas craindre la violence, y compris dans leur milieu familial, a-t-elle conclu.

L'animatrice du débat, MME NYARADZAYI GUMBONZVANDA, Secrétaire générale de World YWCA et ambassadrice de bonne volonté de l'Union africaine pour la Campagne pour éliminer le mariage des enfants, a déclaré que chacun sait que la violence intrafamiliale peut être évitée.  Cela est d'autant plus important que le Conseil devrait adopter au cours de cette session deux résolutions importantes sur l'interdiction des mariages précoce et sur la violence intrafamiliale.  Mais d'autres formes de violence doivent également être étudiées, notamment celles faite aux femmes sur les réseaux sociaux.  Il faut surtout examiner les mesures pertinentes à prendre, a-t-elle ajouté.

Exposés des panélistes

MME MARIE ROSE MORQUETTE MYRTIL, Ministre à la condition féminine et aux droits de l'homme de Haïti, a déclaré que son pays, conscient des défis en la matière, avait décidé de prendre des mesures et ce, en coopération avec la société civile.  Ces mesures incluent la formation, la prévention, la sensibilisation par communication de masse, mais aussi la répression et des mesures de protection pour les femmes et les filles.  Pour la ministre, la lutte contre ces violences nécessite en effet une action publique, basée sur des données quantifiables et fiables. 

MME BLANCA HERNÁNDEZ OLIVER, déléguée à la violence contre les femmes du Gouvernement de l'Espagne, a estimé que la première bonne pratique dans la lutte contre les violences sexuelles dans le couple ou dans le foyer domestique consistait à informer systématiquement sur l'existence et l'ampleur du problème.  Une autre bonne pratique consiste à favoriser l'emploi des femmes victimes de violence afin qu'elles acquièrent une meilleure autonomie personnelle, elle-même facteur de protection.  D'autre part, chacun membre de la société ou institution doit savoir qu'il ou elle peut et doit contribuer à la lutte contre cette forme de violence, notamment en refusant les stéréotypes contre les femmes. 

M. NUR HASYIM, du réseau UNITE du Gouvernement de l'Indonésie, a expliqué que son organisation était partie du constat que nombre de femmes n'arrivent pas à s'extraire du cycle de violence engagé par leurs maris ou conjoints.  Le réseau s'est donc intéressé aux responsables des violences, organisant avec eux des séances de conseils consacrées notamment à la communication non violente, à l'image de soi et à l'acceptation du rôle de père.  L'objectif du réseau est l'ouverture d'un centre permanent de prise en charge obligatoire des hommes violents, sur la base de la nouvelle loi contre la violence domestique adoptée par le Parlement. 

MME BEGOÑA LASAGABASTER, directrice par intérim de la division des politiques d'ONU-Femmes, a souligné que la lutte contre la violence envers les femmes était entravée par l'insuffisance de la coordination et de la collaboration entre les autorités et services publics concernés, de même que par la persistance des stéréotypes contre les femmes.  La prévention est la seule manière de limiter la violence contre les femmes et les jeunes filles et les institutions sociales doivent absolument donner l'exemple à cet égard. 

MME JULIA ESTELA MONARREZ FRAGOSO, Professeur et chercheur à El Colegio de la Frontera Norte, Mexique a déclaré que la conceptualisation de la violence à l'encontre des femmes avait permis de mieux comprendre les mécanisme et de fournir des réponses adéquates sous l'angle du genre.  Les États et la société doivent comprendre que la violence faite aux femmes n'a pas de raison individuelle, mais est le fruit de perceptions sociales et de structures inégalitaires de pouvoir.  Les femmes et les filles sont battues ou tuées parce qu'elles pleurent ou qu'elles n'ont pas fait la cuisine, a illustré l'experte.  La militarisation, ou l'apparition de nouveaux schémas patriarcaux accroissent également cette violence, a-t-elle ajouré. 

M. SVEN PFEIFFER, de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a rendu compte de la réunion du groupe d'experts intergouvernemental à composition non limité sur le meurtre sexiste de femmes et de filles qui s'est tenu en mai dernier à Bangkok, Thaïlande avec plus de 30 représentants de gouvernements et d'organisations de la société civile.  Les discussions ont été fructueuses et ont mis en lumière la nécessité de lutter contre ce phénomène, avec des informations issues notamment de données ventilées.  Il a été reconnu que cette violence est le fruit d'un continuum, lié aussi à l'absence de reddition de compte.  Le travail a abouti à un certain nombre de recommandations, qui ont été transmises par la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale à l'ECOSOC.  L'Assemblée générale devrait adopter une résolution sur la base de ces recommandations, a conclu M. Pfeiffer. 

Débat interactif

Pour l'Union européenne, les États ont le devoir de protéger les femmes par des stratégies et politiques adéquates.  L'Union européenne a elle-même adopté un cadre juridique complet de protection des femmes contre la violence.  Le Royaume-Uni a dit avoir investi 25 millions de Livres dans la recherche scientifique sur les causes de la violence contre les femmes; il accorde une importance particulière à la violence dans les conflits.  De même le Maroc, au nom de plusieurs pays francophones, a souligné qu'il faudra, quinze ans après l'adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, continuer les efforts en vue de renforcer le mécanisme visant à empêcher, réprimer et remédier à la violence contre les femmes en temps de guerre et pour leur permettre de se faire entendre en temps de consolidation de la paix.

La Chine, au nom de 24 autres pays, a rappelé que 2015 marquait le vingtième anniversaire de la Déclaration et du programme d'action de Beijing.  Un agenda de transformation est nécessaire pour remédier aux causes profondes des violences contre les femmes et pour promouvoir activement la pleine participation économique et politique des femmes.  L'Algérie, au nom du Groupe africain, a déclaré que la lutte contre les violences envers les femmes devait passer par l'éducation et la sensibilisation, la dénonciation et la sanction des responsables.  Les femmes doivent participer aux décisions à toutes les étapes de ces processus.  L'Organisation de la coopération islamique a réaffirmé la volonté de ses États membres de lutter contre toutes les formes de violence contre les femmes, y compris la violence pernicieuse commise dans la sphère domestique.  L'OCI entend en particulier lutter contre les stéréotypes contre les femmes et contre la traite des êtres humains.

Par la voix des Philippines, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est a fait état des mesures institutionnelles prises pour lutter contre la violence envers les femmes au niveau régional: révision des plans nationaux, organisation de campagnes de sensibilisation, compilation de «pratiques optimales».  L'Équateur, au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes, a rappelé que nombre de pays de la CELAC avaient légiféré pour réprimer plus sévèrement les violences visant explicitement les femmes.  Les États membres de cette organisation se sont engagés à collaborer dans la préparation d'un document type pour les enquêtes sur ces formes de violence.  La Norvège, au nom des pays nordiques, a déclaré que la violence contre les femmes dans la famille ne devait pas être considérée comme un problème privé mais bien comme un crime. 

Le Mexique a souligné que la violence contre les femmes comportait une double dimension machiste et répétitive qui entretient un véritable cycle qu'il faut rompre.  À cet égard, il a demandé aux experts comment rompre ce cycle de la violence et assurer l'autonomisation économique des femmes.  La manière dont on peut rompre le cycle de la violence et de la dépendance économique des femmes est aussi une préoccupation de l'Indonésie, qui a par ailleurs indiqué avoir créé 247 centres de services pour l'autonomisation des femmes et la protection de l'enfance et adopté une politique de tolérance zéro contre la violence envers les femmes. 

Le Brésil a appelé les États à éliminer la violence par des lois répressives et par l'octroi des protections juridiques adéquates.  Le Brésil sanctionne désormais explicitement le féminicide et recommande l'inclusion d'une cible à ce sujet dans les objectifs du développement durable.  La «loi Maria da Penha sur la violence domestique et familiale» a été adoptée en 2006.  En son nom propre, l'Équateur a déclaré être un pionnier dans la lutte contre le féminicide et la violence sexiste.  Les autorités ont notamment lancé la deuxième enquête de victimisation au plan régional, adapté le cadre législatif et renforcé les attributions des forces de l'ordre et de la justice.  L'Argentine a souligné l'importance d'un engagement responsable de l'État contre la violence envers les femmes.  La loi argentine fait du féminicide une circonstance aggravante, entraînant une peine pouvant atteindre la réclusion à perpétuité.  Le Chili, où un tiers des femmes déclarent avoir subi des violences intrafamiliales, a misé sur l'éducation et la prise en charge des victimes.  Il considère que la seule manière de lutter contre ce phénomène consiste à changer les schémas traditionnels, ce qui semble naturel ou habituel.  Le Nicaragua applique quant à lui une politique axée sur l'autonomisation complète des femmes, comme en témoigne le taux exceptionnellement élevé de femmes dans les postes à responsabilités et leur place dans la vie économique rurale. 

L'Albanie a indiqué qu'elle sanctionnait la violence intrafamiliale, y compris le viol marital et a déploré que cette forme de violence soit souvent entourée de silence, d'impunité et de culpabilisation de la victime.  L'action publique est essentielle pour lutter contre ce phénomène.  C'est pourquoi le ministère de la femme qui a été créé au Paraguay a permis d'orienter la politique gouvernementale en la matière.  En Égypte, le conseil national des femmes a présenté un nouveau projet de loi sur la violence faite aux femmes, qui devrait être adopté par le prochain parlement.  Ce texte vient en complément d'autres mesures déjà prises et l'Égypte a tenu à réaffirmer sa volonté de traiter des causes sous-jacentes de cette violence.  

Les États-Unis ont déclaré ne ménager aucun effort contre la violence envers les femmes et les jeunes filles dans la sphère intime, même si l'action dans ce domaine est toujours insuffisante.  La violence domestique, comme la violence exercée par un partenaire intime, traverse toutes les barrières de classe, de religion et de race.  La prévention de ces violences est une condition de la paix et de la stabilité dans de nombreux pays.

 La Slovénie a lancé une campagne de sensibilisation à la violence sexiste, qui sera par ailleurs présentée mardi prochain au Palais des Nations.  L'Allemagne est inquiète des tendances à nier les droits des femmes dans certains pays, sur la base de croyances culturelles et religieuse, alors qu'aucune croyance ne peut justifier de telles pratiques.  Monaco a indiqué avoir ratifié la Convention d'Istanbul du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique et adopté une loi relative à la répression des «violences particulières», visant les conjoints.

La République de Corée applique quant à elle des mesures de réinsertion des victimes et visant à éliminer les stéréotypes contre les femmes.  L'Iraq a déclaré que la situation des droits de la femme dans le pays était meilleure avant la guerre de 1991, mais ajouté qu'en dépit de cette détérioration, les autorités avaient pris des mesures fortes pour leur autonomisation de la femme.  Le Népal a fait observer que son Parlement du compte 30% de femmes, ce qui en fait une exception dans la région, et a cité d'autres succès du pays, comme la parité dans le système scolaire. 

La Namibie est pour part préoccupée par les conséquences disproportionnées des conflits armés sur les femmes, en particulier en termes de violences sexuelles.  Elle est également d'avis que la participation des femmes aux processus de décision peut changer les choses.  Le Mali a souligné que les droits des femmes devaient s'inscrire dans la logique du développement économique.  Sa représentante a assuré que la condition de la femme malienne avait connu des améliorations à travers la mise en place de politiques spécifiques, notamment avec la création d'un Comité national d'action pour l'éradication des pratiques néfastes.  Un projet de plan d'action de la politique nationale du genre est actuellement en discussion à l'Assemblée nationale. 

Mentionnant les pesanteurs culturelles, la Sierra Leone a souligné l'importance de la sensibilisation, de nombreuses femmes acceptant la violence de leur conjoint, certaines étant même convaincues qu'il s'agit d'une manifestation d'amour de leur part.  Les femmes doivent aussi être protégées des réactions de leur famille lorsqu'elles s'insurgent contre les mauvais traitements.  La Thaïlande est allée dans le même sens en soulignant qu'il convenait de commencer par s'atteler à la violence familiale, un très grand nombre de victimes de violences étant en fait maltraitées par un de leurs proches.  Le Saint-Siège a fait part de sa conviction de l'égalité totale des hommes et des femmes.  Toute idéologie ou culture maintenant les femmes dans la sujétion est inacceptable.  Il ne s'agit pas de contester la complémentarité des deux sexes mais de la soutenir.  Il a toutefois fustigé la «théorie du genre» qui vise à effacer les différences sexuelles parce qu'on ne sait plus comment les affronter.

Parmi les Institutions nationales des droits de l'homme, le Conseil national des droits de l'homme du Maroc a indiqué avoir élaboré un mémorandum qu'il a adressé aux autorités compétentes en marge du débat national sur le projet de loi sur les violences à l'encontre des femmes.  Ce texte – qui a été proposé il y a plusieurs années mais n'a toujours pas vu le jour - définit le cadre normatif et conceptuel qu'il convient d'adopter dans l'élaboration de la loi en conformité avec les standards internationaux.  Le Conseil national recommande au gouvernement du Maroc d'adopter d'urgence le projet de loi sur les violences à l'égard des femmes et d'adhérer à la Convention d'Istanbul du Conseil de l'Europe relative à la prévention et la lutte contre la violence faite aux femmes et la violence domestique, laquelle est ouverte des États non membres de l'organisation régionale.

Parmi les organisations non gouvernementales, Verein Südwind Entwicklungspolitik, qui a dénoncé la situation en matière de violence faite aux femmes en République islamique d'Iran, a noté que ce pays allait devenir membre du conseil exécutif d'ONU-Femmes en janvier prochain.  L'ONG déplore que l'Iran ne dispose pas de statistiques sur le nombre de crimes d'honneur ou autres féminicides.  L'Allied Rainbow Communities International a souligné qu'entre 2013 et 2014, avaient été enregistrés une trentaine de meurtres de femmes transsexuelles en Colombie.  Il ne s'agit là d'un exemple parmi d'autres, dans la plupart des pays les femmes qui aiment les femmes étant l'objet de la vindicte.  Les femmes doivent pouvoir disposer de leur corps.  Lorsque des États tentent de soumettre des résolutions prétendant protéger la famille, ils oublient que le cadre familial peut être le théâtre de violences.

Le Comité consultatif mondial de la Société des amis - Quakers a déploré que la plupart des systèmes pénaux ou carcéraux ne prennent pas assez en compte la situation des femmes, en particulière celle-ci ont subi des violences familiales.  L'ONG souhaiterait savoir comment améliorer l'application des règles de Bangkok concernant le traitement des détenues et l'imposition de mesures non privatives de liberté aux femmes délinquantes.  Action Canada pour la population et le développement a observé que le viol marital était en expansion et a demandé aux États de prendre des mesures contre ce phénomène Les femmes et filles autochtones sont soumises à des violences spécifiques, auxquelles il faut répondre, a dit Indian Law Resource, qui a appelé le Conseil à organiser un débat sur ce sujet.  Africa Culture Internationale a souligné la nécessité de promouvoir d'une culture du respect des femmes.  Les États doivent reconnaître le rôle essentiel des femmes dans toutes les situations de post-conflit. 

Conclusions

MME MORQUETTE MYRTIL a souligné l'importance d'organiser des campagnes de sensibilisation afin de faire comprendre aux hommes qu'il n'est pas légitime de réagir par la violence dans leur relation avec les femmes.  L'agresseur doit être sévèrement puni.  La Ministre haïtienne a insisté sur la nécessité d'introduire un curriculum éducatif sur les droits et la non-violence.  Il convient aussi de créer des fonds contre la violence domestique.

MME HERNÁNDEZ OLIVER a estimé que les médias devaient accorder plus de place au problème de la violence faite aux femmes.  Les recommandations de l'ONU quant aux sept critères permettant de qualifier les actes de violence doivent être mieux connues et utilisées.  La déléguée espagnole sur la violence contre les femmes a souligné la nécessité de donner une plus grande visibilité au phénomène de la violence sexiste – par les pouvoirs publics, les médias et les élus.  Il faut s'adresser aux auteurs pour leur faire comprendre le caractère inacceptable de leurs actes, s'adresser aux femmes victimes pour qu'elles sortent du silence qu'elles s'imposent bien souvent par peur ou par ignorance, et enfin mobiliser tous les acteurs concernés susceptible d'avoir une influence et une action.

MME MONARREZ FRAGOSO a souligné que, pour en finir avec le patriarcat, les États devaient appliquer les instruments auxquels ils sont partie, tandis que les médias doivent intégrer ces questions dans leur code de déontologie.  Elle a souligné par ailleurs l'importance de disposer de statistiques et de banques de données à jour.  Il faut que les États puissent savoir où et pourquoi des femmes sont assassinées.  Dans certaines régions, les femmes sont confrontées à un risque accru d'être assassinées.  L'experte mexicaine a estimé essentiel que les États consacrent un budget annuel national à la lutte contre la violence faite aux femmes.  Elle a souligné qu'il fallait offrir aux femmes battues des alternatives pour qu'elles ne supportent pas passivement les mauvais traitements, parfois au risque de leur vie. 

M. HASYIM a déclaré que le recours à des services de secours et de conseil devrait être intégré dans les politiques de la famille, du fait que, très souvent, les victimes continuent de vivre avec la personne qui les maltraite.  Il est important par ailleurs de mobiliser les hommes et les jeunes garçons sur ces questions.  L'expert indonésien a dit sa conviction que les hommes n'étaient pas naturellement violents envers les femmes.  Il a estimé nécessaire d'inculquer des schémas positifs de masculinité dans les programmes scolaires à l'intention des garçons et des jeunes hommes. 

MME LASAGABASTER, d'ONU-Femmes, a évoqué le contexte des situations de conflit où la responsabilité des États et des acteurs non étatiques doit être engagée.  La question des services essentiels en faveur des femmes victimes de violence doit être mieux définie.  Elle a aussi rappelé la responsabilité première des États en matière de prévention et de lutte contre la violence faite aux femmes. 

L'animatrice du débat, MME GUMBONZVANDA, s'est félicitée de l'existence d'un certain nombre d'initiatives régionales, ce qui améliore la jurisprudence.  Il existe notamment une initiative régionale relative au Protocole d'Istanbul.  La sphère privée devient publique lorsque l'on parle du problème de la violence faite aux femmes, a-t-elle affirmé, soulignant que le grand défi était de passer de la sensibilisation au changement de comportement.  L'animatrice a souligné l'importance de l'accès à la justice dans le cadre de la lutte contre l'impunité.  La communauté mondiale, ainsi qu'elle s'y est engagée, peut mettre fin en une génération à la forme spécifique de violence familiale que sont les mariages forcés. 
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*Déclarations faites dans le cadre du débat sur les droits fondamentaux des femmes: Union européenne, Royaume-Uni, Maroc (au nom de plusieurs pays francophones), Chine (au nom de 24 autres pays), Algérie (au nom du Groupe africain), Philippines (au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-est), Équateur (au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes, puis en son nom propre), Norvège (au nom des pays nordiques), Organisation de la coopération islamique, Mexique, Indonésie, Argentine, Chili, Nicaragua, Albanie, Paraguay, Égypte, États-Unis, Slovénie, Allemagne, Monaco, République de Corée, Iraq, Népal, Namibie, Conseil national des droits de l'homme du royaume du Maroc, Mali, Sierra Leone, Thaïlande, Saint-Siège, Verein Südwind Entwicklungspolitik, Allied Rainbow Communities International, Comité consultatif mondial de la Société des amis - Quakers ,Action Canada pour la population et le développement, Indian Law Resource Centre et Africa Culture Internationale.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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