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Communiqués de presse Organes conventionnels

Le Comité des droits de l'enfant examine le rapport de la Jamaïque

20 Janvier 2015

20 janvier 2015

Le Comité des droits de l'enfant a examiné, hier après-midi et ce matin, le rapport de la Jamaïque sur les mesures qu'elle a prises pour appliquer les dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Le rapport a été présenté par la Ministre jamaïcaine de la jeunesse et de la culture, Mme Lisa Hanna, qui a reconnu que son pays reste confronté à des défis tels que la violence domestique, la pression sur les enfants exercée par leurs pairs et à la négligence parentale, qui entravent la réalisation de leur plein potentiel. La Jamaïque ne ménage aucun effort pour y remédier, a assuré le chef de la délégation. Ainsi, depuis la présentation du précédent rapport, la Jamaïque a intensifié ses efforts pour promouvoir les droits des enfants à l'éducation et à la protection contre la violence et pour veiller à ce que ceux qui sont en conflit avec la loi se voient accorder justice et des droits égaux conformément aux dispositions de la Convention. À leur naissance, les enfants jamaïcains ont plus de 97% de chances de survivre au-delà de l'âge de cinq ans et près de 100% de chance d'être scolarisés jusqu'au niveau du secondaire. Les châtiments corporels ont été interdits dans tous les foyers d'enfants et lieux de sûreté pour enfants et dans toutes les institutions de la petite enfance, ainsi que dans les établissements correctionnels, a en outre fait valoir Mme Hanna. La Ministre a par ailleurs indiqué que le Gouvernement jamaïcain avait approuvé une révision législative visant à abroger la mention de «comportement incontrôlable» applicable aux enfants faisant preuve de problèmes comportementaux ou de santé mentale extrêmes.

La délégation jamaïcaine était également composée de M. Wayne McCook, Représentant permanent de la Jamaïque auprès des Nations Unies à Genève, ainsi que de représentants de l'Agence pour le développement de l'enfant; du Ministère de la jeunesse et de la culture; du Ministère de la sécurité nationale; et du Ministère des affaires étrangères. Elle a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les membres du Comité s'agissant, notamment, de l'âge minimum du mariage; des abus sexuels à l'encontre des enfants; du travail des enfants; des enfants en conflit avec la loi; de la criminalité et de la circulation d'armes; des disparitions d'enfants; des questions d'adoption et de placement en famille d'accueil; de la situation des enfants dont les parents émigrent; ou encore des enfants handicapés.

La rapporteuse du Comité pour l'examen du rapport de la Jamaïque, Mme Yasmeen Muhamad Shariff, a constaté que le pays connaît une évolution positive s'agissant des droits de l'enfant. Elle a toutefois relevé que la loi de 2004 relative à la garde et à la protection des enfants ne contient pas de dispositions concernant les enfants ayant des besoins spéciaux tels que ceux souffrant du VIH/sida ou les enfants handicapés. La Jamaïque a adopté de nombreuses lois dans le domaine de l'enfance, mais elles pâtissent globalement d'insuffisances quant à leur mise en œuvre. D'autre part, un enfant jamaïcain sur quatre vit dans la pauvreté. Tout en se réjouissant que la Jamaïque ait porté de 12 à 15 ans l'âge d'admission de l'emploi, elle a relevé que le travail des enfants reste présent dans l'agriculture, la pêche et le travail informel. Mme Shariff s'est par ailleurs alarmée de l'augmentation importante des crimes violents qui ravagent la société jamaïcaine depuis 5 ou 6 ans, en particulier les meurtres, dont la plupart des victimes sont des garçons. La corapporteuse Mme Amal Salman Aldoseri, s'est en outre inquiétée de la forte proportion de crimes graves dont les auteurs sont des mineurs. Elle a aussi demandé quels efforts sont déployés pour faire en sorte que la Jamaïque soit un lieu plus sûr pour les enfants. La violence reste un problème à résoudre: il s'agit d'une priorité absolue qui doit impliquer toutes les parties prenantes, a-t-elle souligné en conclusion.

Le Comité rendra publiques à la fin des travaux, le 30 janvier prochain, des observations finales sur chacun des rapports examinés en cours de session.

Cet après-midi, à 15 heures, le Comité entamera l'examen du rapport périodique de la Colombie (CRC/C/COL/4-5 - rez-de-chaussée du Palais Wilson) et doit conclure l'examen des rapports présentés par l'Uruguay avant d'entamer l'examen des rapports soumis par l'Iraq et la Suisse.

Présentation du rapport de la Jamaïque

Le Comité est saisi du rapport périodique de la Jamaïque (CRC/C/JAM/3-4), ainsi que de ses réponses (CRC/C/JAM/Q/3-4/Add.1) à la liste de points à traiter que lui a adressée le Comité (CRC/C/JAM/Q/3-4).

MME LISA HANNA, Ministre de la jeunesse et de la culture de la Jamaïque, a souligné que, comme l'illustrent les exemples de Usain Bolt, Shelly-Ann Frazer Pryce et Alia Atkinson, les enfants jamaïcains sont issus d'une culture riche qui les propulse vers l'ambition, quelle que soit leur race ou leur classe sociale. Le pays a su leur offrir la possibilité, de l'école primaire à l'école secondaire, de parfaire leurs talents dans les domaines sportif, culturel et académique, a ajouté la Ministre. Pour autant, la Jamaïque reste confrontée à des défis; les enfants restent exposés à des violences domestiques, à la pression par leurs pairs et à la négligence parentale, qui entravent la réalisation de leur plein potentiel. Mais elle ne ménage aucun effort pour y remédier.

Depuis la présentation du précédent rapport, a fait valoir la Ministre de la jeunesse et de la culture, la Jamaïque a intensifié ses efforts pour promouvoir les droits des enfants à l'éducation et à la protection contre la violence et pour veiller à ce que ceux qui sont en conflit avec la loi se voient accorder justice et droits égaux conformément aux dispositions de la Convention.

Au total, a indiqué Mme Hanna, la Jamaïque compte 809 600 enfants représentant 29,8% de la population. À leur naissance, les enfants ont plus de 97% de chances de survivre au-delà de l'âge de cinq ans; près de 100% de chance d'être scolarisés jusqu'au niveau du secondaire; et ils vivront en moyenne jusqu'à plus de 73 ans.

La loi de 2004 relative à la garde et à la protection des enfants définit un enfant comme toute personne de plus de 18 ans, a poursuivi la Ministre, qui a ajouté qu'un processus de révision complète de cette loi avait été engagé.

Les châtiments corporels sont abolis dans tous les foyers d'enfants et lieux de sûreté pour enfants et dans toutes les institutions de la petite enfance, a fait valoir Mme Hanna, ajoutant qu'ils sont également abolis dans les établissements correctionnels.

La Ministre de la jeunesse et de la culture a par ailleurs indiqué que le Gouvernement jamaïcain avait approuvé une révision législative visant à abroger la mention de «comportement incontrôlable» applicable aux enfants faisant preuve de problèmes comportementaux ou de santé mentale extrêmes; ainsi, a précisé Mme Hanna, ces enfants ne pourront-ils plus être condamnés à être envoyés dans des institutions pénales juvéniles et des établissements thérapeutiques – dont le premier pourrait être prêt cette année – seront-ils construits comme alternatives à ces centres correctionnels pour jeunes.

La Jamaïque compte actuellement quelque 4370 enfants relevant du secteur de protection de la jeunesse, dont 203 sont pris en charge dans le cadre d'une détention, parmi lesquels 118 dans des centres correctionnels, a indiqué la Ministre. Tous les efforts sont déployés pour veiller à ce que les enfants en conflit avec la loi soient présentés devant un juge dans les 48 heures à compter de leur placement en garde à vue par la police, a-t-elle assuré. Parallèlement, le Gouvernement est soucieux de respecter les bonnes pratiques applicables aux enfants dans les commissariats et de veiller ainsi à ce qu'ils y soient placés dans des zones où ils ne sont pas en contact avec les détenus adultes. Ainsi, cinq commissariats sont-ils actuellement en cours de réaménagement afin d'être dotés de zones exclusivement réservées aux enfants.

Les autorités ont par ailleurs renforcé les ressources allouées à l'unité chargée des enfants disparus en vue d'assurer que ces enfants puissent être retrouvés rapidement, sains et saufs. Selon les statistiques, quelque 1984 enfants ont été portés disparus en 2014, ce qui représente une baisse de 10% par rapport à l'année précédente; fort heureusement, environ 90% des enfants portés disparus en 2013 sont, depuis, revenus dans leurs foyers, en partie grâce aux nouvelles mesures qui ont été prises.

Mme Hanna a ensuite rendu compte des nouvelles politiques adoptées par les autorités en vue de mettre un terme à la transmission de la violence au sein des communautés. Elle a notamment attiré l'attention sur le Plan national d'action pour une réponse intégrée à la violence et aux enfants (2012-2017) adopté par le pays afin de traiter des principaux problèmes concernant les enfants en tant que victimes, auteurs et témoins de la violence sous toutes ses formes. La Ministre a également attiré l'attention sur la politique nationale de soutien parental adoptée par les autorités.

Mme Hanna a d'autre part souligné que la Jamaïque avait récemment adopté une loi sur le handicap visant à assurer une égalité de traitement pour les personnes handicapées. Des propositions d'amendement à la loi relative à la garde et à la protection des enfants ont été faites afin d'y intégrer le traitement spécial devant être accordé aux enfants handicapés.

Des initiatives telles que le Programme d'alimentation scolaire ou le programme de réintégration des mères adolescentes ont contribué à maintenir les enfants à l'école, a poursuivi la Ministre de la jeunesse et de la culture. L'un des objectifs du Gouvernement est d'assurer au moins cinq années d'éducation secondaire à tous les enfants, a-t-elle fait valoir, soulignant que le nombre d'établissements secondaires a augmenté et continue d'être accru grâce à la construction de nouvelles écoles et l'expansion d'établissements existants.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

MME YASMEEN MUHAMAD SHARIFF, rapporteuse du Comité pour l'examen du rapport de la Jamaïque, a remercié l'État partie d'avoir suivi certaines des recommandations que lui avait adressées le Comité, notamment en adoptant de nombreuses lois, parmi lesquelles celle de 2004 relative à la garde et à la protection des enfants. La rapporteuse a également salué la signature par la Jamaïque du Protocole facultatif sur la vente d'enfant, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Elle a toutefois estimé que plusieurs faiblesses restent à corriger, observant que diverses recommandations que le Comité avait adressées au pays n'ont toujours pas été mises en œuvre. Elle a néanmoins constaté que le pays connaît une évolution positive.

La loi de 2004 relative à la garde et à la protection des enfants ne contient pas de disposition pour les enfants ayant des besoins spéciaux tels que ceux souffrant du VIH/sida ou les enfants handicapés, a poursuivi Mme Shariff. Elle a toutefois relevé qu'une révision de cette loi était en cours et a donc souhaité savoir si cette révision permettrait de prendre en compte les besoins des enfants ayant des besoins spéciaux. La rapporteuse a par ailleurs déploré l'insuffisance du cadre réglementaire applicable aux soins alternatifs.

La Jamaïque a adopté de nombreuses lois dans le domaine de l'enfance, mais elles pâtissent globalement d'insuffisances quant à leur mise en œuvre, a déclaré Mme Shariff. Elle a aussi insisté sur la nécessité de nommer un organe gouvernemental qui serait chargé de coordonner la mise en œuvre de l'ensemble de l'action en faveur des droits de l'enfant, comme l'a déjà recommandé le Comité. Elle s'est en outre enquise de l'intention de la Jamaïque de mettre sur pied une institution nationale des droits de l'homme qui respecte les Principes de Paris.

Un enfant sur quatre vit dans la pauvreté en Jamaïque, ce qui montre que les conditions de vie dans le pays sont dures pour beaucoup de gens, a par ailleurs fait observer la rapporteuse. Aussi, a-t-elle voulu savoir si la crise économique mondiale poussait un nombre encore plus important d'enfants vers la pauvreté.

Mme Shariff s'est réjouie que la Jamaïque ait porté de 12 à 15 ans l'âge d'admission de l'emploi, mais a relevé que le travail des enfants reste présent dans l'agriculture, la pêche et le travail informel. La rapporteuse a pointé le manque de ressources pour faire appliquer correctement la législation en la matière. Elle a par ailleurs relevé que la loi sur la santé et la sécurité au travail n'avait toujours pas été adoptée.

Mme Shariff a également constaté que l'âge minimum du mariage était de 16 ans - avec le consentement des parents - et a rappelé que le Comité recommandait que cet âge soit porté à 18 ans.

Comment le principe de l'intérêt supérieur de l'enfant est-il pris en compte dans les procédures pénales impliquant des enfants, notamment dans les affaires impliquant la peine capitale pour les parents, a en outre demandé la rapporteuse?

S'agissant de l'enregistrement des naissances, Mme Shariff s'est inquiétée d'informations laissant apparaître que plus de 200 000 enfants jamaïcains n'ont pas reçu de certificat de naissance.

Mme Shariff s'est par ailleurs alarmée de l'augmentation importante des crimes violents qui ravagent la société jamaïcaine depuis 5 ou 6 ans, en particulier les meurtres, dont la plupart des victimes sont des garçons. Entre novembre 2008 et novembre 2009, 110 enfants, dont 81 garçons, ont ainsi été exécutés. Le problème des enfants disparus est devenu de plus en plus aigu, a poursuivi Mme Shariff, précisant que plus de 1000 enfants avaient disparu au cours du premier semestre de 2009, mais se réjouissant que, depuis cette date, une grande majorité sont revenus à la maison. Comment s'expliquent ces disparitions d'enfants?

MME AMAL SALMAN ALDOSERI, corapporteuse du Comité pour l'examen du rapport de la Jamaïque, a souhaité en savoir davantage au sujet des mesures prises par la Jamaïque pour assurer la diffusion systématique de la Convention.

La corapporteuse s'est en outre inquiétée de la forte proportion de crimes graves dont les auteurs sont des mineurs. Elle s'est enquise des efforts déployés pour faire en sorte que la Jamaïque soit un lieu plus sûr pour les enfants. La législation en vigueur en Jamaïque interdit-elle les châtiments corporels contre les enfants dans tous les contextes, a par ailleurs demandé Mme Aldoseri? Il semblerait en effet que les châtiments corporels soient encore légaux à l'école, s'est-elle inquiétée.

L'exploitation des enfants au travail est-elle érigée en infraction pénale, a d'autre part demandé Mme Aldoseri?

Un autre membre du Comité s'est inquiété que la loi ne protège pas suffisamment les enfants handicapés et les enfants séropositifs, alors que ces deux groupes d'enfants semblent victimes de discrimination en Jamaïque.

Un expert a souhaité savoir si la Jamaïque avait mis en place des mécanismes de médiation permettant d'apaiser les conflits au sein des familles avant qu'ils ne dégénèrent en fugues ou en meurtres et autres crimes. Que font les autorités pour réduire le nombre d'armes en circulation dans le pays, a par ailleurs demandé cet expert?

Une experte s'est inquiétée de la hausse qu'a subie en une année le taux de mortalité maternelle, passant de 82,4 à 111,7 pour 100 000. L'experte s'est également inquiétée d'une information selon laquelle plus de 20% des enfants âgés de 13 à 15 ans auraient fait une tentative de suicide. Elle a également jugé préoccupante la prévalence des maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH/sida, parmi les adolescents, notamment suite à des relations sexuelles avec des personnes plus âgées.

La Jamaïque comptait en 2002 quelque 6500 enfants en situation de rue, a-t-il été relevé. Aussi, la délégation a-t-elle été priée de mettre à jour les informations concernant ce phénomène.

Une experte s'est inquiétée que le pays connaisse un problème de traite de personnes, des zones rurales vers les zones urbaines de l'île, à des fins de travail forcé et d'exploitation sexuelle, notamment de tourisme sexuel. Un seul des sept cas de traite portés à l'attention des autorités a donné lieu à des poursuites, a fait observer cette experte.

Une autre experte s'est enquise du soutien apporté aux familles à faible revenu et aux familles monoparentales afin qu'elles puissent s'acquitter de leurs responsabilités. La procédure concernant les adoptions est très lourde et il conviendrait de la simplifier afin de donner aux enfants concernés la possibilité d'être retirés des institutions et d'être placés dans des familles. Plusieurs milliers d'enfants en Jamaïque sont placés dans des institutions étatiques où ils courent le risque d'être victimes d'abus, psychiques ou physiques; aussi, est-il grand temps pour les autorités jamaïcaines de se pencher sur ce problème, a également estimé l'experte.

Un expert a souhaité obtenir davantage d'informations au sujet des mesures prises en faveur des enfants qui travaillent et contre leurs employeurs.

Réponses de la délégation

La délégation a expliqué que dans le cadre de la révision en cours de la loi de 2004 relative à la garde et à la protection des enfants, les autorités veilleront à ce que tous les problèmes soient pris en compte, y compris ceux des enfants handicapés.

La délégation a assuré que la prévalence du mariage précoce en Jamaïque était faible. Aucune décision n'a encore été prise quant à l'éventualité de porter à 18 ans l'âge minimum du mariage, actuellement fixé à 16 ans, a indiqué la délégation; des consultations à ce sujet sont en cours, a-t-elle précisé.

Les autorités jamaïcaines veillent, depuis plusieurs années maintenant, à ce qu'aucun enfant ne soit placé dans des lieux de détention pour adultes.

Bien que la loi en la matière soit très claire pour ce qui est des peines encourues, il reste très difficile dans les cas d'abus sexuels et d'inceste d'obtenir des condamnations car il est très difficile d'obtenir des preuves dans ce type d'affaires, a souligné la délégation. Une experte s'étant étonné que, d'un côté, il y ait davantage de plaintes qu'auparavant pour ce type de crimes, mais que, de l'autre, les victimes ne parviennent pas à apporter les preuves suffisantes, la délégation a attiré l'attention sur la stigmatisation attachée à ce type d'affaires et a expliqué que les familles ressentent de la honte lorsqu'un de leurs membres est impliqué dans ce genre d'abus. Parfois, les familles ne considèrent même pas l'enfant comme une victime, a-t-elle ajouté. Les enfants connaissent généralement leurs droits face à ce type d'abus, mais il leur faut encore avoir le courage de porter plainte, a insisté la délégation.

Une experte s'étant inquiétée du taux élevé de viols en Jamaïque, la délégation a fait valoir que depuis 2011, l'ensemble des chiffres de la criminalité ont été réduits. Ainsi, la diminution a-t-elle été de 23% pour le crime de viol et de 16% pour les homicides par armes, a notamment indiqué la délégation.

Répondant aux questions sur la lutte contre la circulation d'armes à feu dans le pays, la délégation a assuré que le Ministère de la sécurité nationale ne ménageait aucun effort aux fins de la mise en œuvre de la loi sur les bandes criminelles et le contrôle des armes. Elle a attiré l'attention sur les peines encourues par les jeunes qui appartiendraient à des bandes organisées.

S'agissant des enfants portés disparus, la délégation fait valoir que 90% d'entre eux sont retrouvés ou finissent pas rentrer chez eux par eux-mêmes. Généralement, les enfants rentrent de leur propre initiative et leur fugue ne dure qu'un ou deux jours, a précisé la délégation. Souvent, des problèmes de relations au sein de la famille sont à l'origine de ces «disparitions». Il arrive même que par mesure de précaution, une mère déclare son enfant disparu alors que l'enfant a en fait été placé ailleurs dans la communauté pour être protégé, a aussi expliqué la délégation.

La délégation a fait état de nombreuses mesures prises par les autorités pour travailler auprès des familles à l'atténuation des conflits intrafamiliaux: conseils prodigués aux parents, organisation de séminaires, déploiement de travailleurs sociaux sur le terrain, entre autres.

Le budget de l'éducation représente 17% du budget national, a indiqué la délégation, faisant valoir que ce budget n'avait pas subi de coupes. Au contraire, les parts respectives des budgets de l'éducation et de la santé ont augmenté ces dernières années.

Le travail des enfants n'est pas fréquent en Jamaïque, a fait valoir la délégation, insistant sur le taux très élevé de scolarisation. Au total, il y a eu 699 cas de travail d'enfants entre 2006 et 2013, ce qui ne laisse pas apparaître un phénomène très répandu dans le pays, a-t-elle insisté. Le pays a adopté à cet égard un plan national de prévention et de lutte contre le travail des enfants. L'âge minimum d'admission à l'emploi est de 15 ans, a précisé la délégation.

Le Plan national de développement et de stimulation de l'enfant comporte, pour la période 2014-2018, un nouveau volet qui se concentre sur les zones rurales, a indiqué la délégation. Quelque 70% des enfants visés proviennent des couches socioéconomiques les moins favorisées et bénéficient du programme de protection sociale, a-t-elle précisé.

Une protection sociale très efficace a été mise en place pour les enfants dont les parents sont placés en détention, a assuré la délégation.

La délégation jamaïcaine a contesté le chiffre – cité par un membre du Comité – de 200 000 enfants qui ne seraient pas enregistrés, soulignant que 98% des enfants du pays sont, selon les données officielles, dûment enregistrés à l'état civil.

Le mariage précoce, c'est-à-dire le mariage de toute personne de moins de 18 ans, n'est pas fréquent du tout en Jamaïque, a assuré la délégation. Il serait contradictoire de porter à 18 ans l'âge minimum du mariage tout en maintenant à 16 ans l'âge de consentement aux relations sexuelles, a-t-elle en outre estimé. Plusieurs membres du Comité ayant alors insisté pour que la Jamaïque porte à 18 ans l'âge minimum du mariage, indépendamment de toute considération concernant l'âge du consentement sexuel, la délégation a indiqué qu'elle transmettrait cette requête aux autorités.

S'agissant des grossesses précoces et des soins de santé génésique, en particulier dans les zones rurales, la délégation a assuré que les services de santé étaient gratuitement disponibles pour les adolescents et ce, sans aucun jugement à leur égard. Lorsqu'un enfant de moins de 16 ans se présente enceinte ou avec une maladie sexuellement transmissible, le personnel de santé est tenu de rapporter le cas à la police et les parents doivent être impliqués.

La délégation a par ailleurs attiré l'attention un centre qui a été chargé de recevoir les plaintes, y compris anonymes, concernant les abus contre les enfants.

La délégation a en outre indiqué que le Protocole facultatif sur la vente d'enfants avait été ratifié par la Jamaïque en 2011 et que la préparation du rapport au titre de ce Protocole commencerait à compter du mois d'avril prochain.

La traite transnationale d'enfants jamaïcains ne semble pas être courante, contrairement à ce qui peut se passer pour d'autres pays, a affirmé la délégation.

En ce qui concerne l'adoption, la délégation a admis que la procédure était assez lourde jusqu'à récemment. C'est pourquoi les autorités ont décidé de simplifier cette procédure, de sorte qu'aujourd'hui, sur les centaines de dossiers qui étaient en suspens il y a quelques années, seule une quarantaine de dossiers sont en suspens. Pour adopter un enfant en Jamaïque, il faut compter actuellement entre six mois et une année.

Quelque 851 enfants jamaïcains sont actuellement en famille d'accueil et des visites beaucoup plus régulières sont aujourd'hui pratiquées que par le passé, a indiqué la délégation. L'évaluation des autorités montre que les enfants ainsi placés se sentent bien dans leurs familles d'accueil, a précisé la délégation, réfutant les allégations selon lesquelles les enfants placés ne font pas l'objet d'un suivi. Les familles d'accueil bénéficient d'une allocation d'aide de l'État qui s'élève à 4000 dollars jamaïcains par mois.

Plus de 4000 enfants handicapés se trouvent encore dans les écoles pour enfants ayant des besoins spéciaux, mais un nouveau projet de loi prévoit que toutes les écoles devront être adaptées aux personnes handicapées pour pouvoir accueillir des élèves ayant des handicaps légers.

Évoquant la situation des enfants de parents qui émigrent hors de Jamaïque, la délégation a notamment souligné que ces enfants connaissent des conditions et traumatismes dus à la séparation qui sont comparables à ceux vécus par les enfants de parents qui divorcent ou qui sont décédés. Il est très courant en Jamaïque que l'un des parents émigre; il existe une énorme diaspora jamaïcaine à l'étranger, a rappelé la délégation, avant d'assurer que les autorités ont mis en place un système qui permet désormais de mieux suivre ces enfants.

S'agissant des enfants en conflit avec la loi, la délégation a notamment souligné que les mineurs ne peuvent pas être condamnés à mort. Elle a en outre attiré l'attention sur les peines de substitution à l'emprisonnement mises au point par les autorités à l'intention des délinquants juvéniles. Jusqu'ici, la Jamaïque n'a connu qu'un cas de suicide dans un centre correctionnel, a par ailleurs indiqué la délégation.

La délégation a par ailleurs reconnu qu'il existait en Jamaïque un problème d'abandon scolaire.

Interpelée sur la situation des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, la délégation a déclaré que, conformément à la Constitution, aucune discrimination n'est admise en Jamaïque.

Conclusion

La corapporteuse pour l'examen du rapport de la Jamaïque, MME ALDOSERI, a remercié la délégation jamaïcaine pour ses réponses, même si certaines questions posées par les experts n'ont pas trouvé de réponses durant ce dialogue. De nombreuses lois ont été adoptées et promulguées en 2013 et 2014 et d'autres, adoptées par le Parlement, restent encore à promulguer, a fait observer la corapporteuse. La violence reste un problème à résoudre: il s'agit d'une priorité absolue qui doit impliquer toutes les parties prenantes, a-t-elle souligné. Mme Aldoseri a par ailleurs rappelé que le Comité attendait toujours de recevoir les rapports initiaux que la Jamaïque doit présenter au titre des deux Protocoles facultatifs. Le Comité souhaiterait en outre que le pays ratifie le troisième Protocole facultatif (sur les communications), a-t-elle ajouté.

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