Skip to main content

Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Déclaration de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Navi Pillay à l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda 7 avril 2014

Navi Pillay / génocide au Rwanda

06 Avril 2014

Vingt ans après le début du génocide au Rwanda, l’horreur n’a rien perdu sa force. Ayant travaillé pendant plus de huit ans en tant que juge auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), je reste hantée par les témoignages de victimes et de témoins évoquant la violence brutale, les meurtres, les viols et les mutilations.

Les chiffres sont si énormes qu’ils sont difficiles à saisir. Plus de 800 000 morts et bien davantage encore de personnes blessées, traumatisées, marquées à jamais, ayant perdu leurs conjoints ou leurs parents. En ce jour, nous devons nous souvenir de chacune des personnes ayant vécu ces atrocités inimaginables – les mères qui ont vu leurs enfants massacrés par leurs voisins, les enfants forcés de se cacher sous les cadavres pour survivre.

En ce jour de commémoration, il nous faut réfléchir non seulement à l’échelle massive des meurtres et des atrocités commis au cours des 100 jours du génocide, mais aussi aux raisons ayant conduit à l’anéantissement des valeurs sociales, du droit et de l’ordre qui ont permis au génocide d’avoir lieu.

Outre la nécessité de se pencher sur les causes de ces terribles violations, nous devons continuer à réfléchir sur notre incapacité collective à les empêcher. Au TPIR, nous avons insisté pour que nos jugements exposent les causes profondes du génocide, qui étaient basées sur la manipulation et l’exploitation des différences ethniques par des dirigeants politiques et militaires. Il est crucial, en ce jour, de réfléchir sur la manière dont les tensions ethniques ont été lentement mais régulièrement envenimées par ces dirigeants et par les médias, comme la Radio des Milles Collines, jusqu’à ce que le pays explose en une spirale de violence collective.

Les jugements du TPIR ont aussi reconnu que, dans de nombreux cas, des Hutus ont risqué leurs vies pour protéger des Tutsis de la vague génocidaire qui déferlait sur le pays. Mais des questions demeurent: pourquoi certaines personnes parviennent-elles à résister à la folie collective alors que tant d’autres y succombent ou même y prennent une part active ? Il ne s’agit pas d’une simple question de bravoure.

Nous devons poursuivre nos efforts pour traduire les coupables en justice, au Rwanda comme ailleurs. L’impunité ajoute l’insulte aux blessures graves, physiques et émotionnelles, endurées par les victimes. Il est important de souligner que, peu après le génocide, le nouveau gouvernement rwandais lui-même a défini la justice et la nécessité de rendre des comptes comme des priorités, et ce pas uniquement en demandant au Conseil de sécurité d’établir un tribunal international. Ce gouvernement a reconnu que la justice et la nécessité de rendre des comptes sont indispensables pour parvenir à une stabilité durable.

Nous devons soutenir les efforts rwandais pour assurer la promotion et la protection des droits de l’homme pour tous, et en faveur de la réconciliation et de la réhabilitation.

En ce jour, il convient aussi que nous réfléchissions sur la pertinence des efforts que nous déployons, à un stade embryonnaire comme à un stade plus avancé, pour résoudre les crises actuelles des droits de l’homme, afin que nous ne soyons pas condamnés à répéter les échecs chroniques du passé.

FIN

Mots-clés

VOIR CETTE PAGE EN :