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Communiqués de presse Conseil des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l'homme tient une réunion-débat sur le droit des personnes handicapées à l'éducation

19 Mars 2014

MI JOURNÉE

19 mars 2014

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, à la mi-journée, une réunion-débat sur le droit des personnes handicapées à l'éducation, qui s'inscrit dans le cadre de son débat annuel sur les droits des personnes handicapées.

Le débat a été ouvert par Mme Flavia Paniseri, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, et a compté avec la participation des panélistes suivants: Mme Ana Peláez Narváez, Membre du Comité des droits des personnes handicapées; M. Philippe Testot-Ferry, du Bureau régional de l'UNICEF pour les États d'Europe occidentale et centrale et le Commonwealth; M. Gordon Porter, Conseiller au ministère de l'éducation de la province canadienne du Nouveau-Brunswick; et Mme María Magdalena Orlando, experte indépendante de l'Argentine.

Le Comité des droits des personnes handicapées demande à ce que l'on redouble d'efforts pour scolariser tous les enfants en situation de handicap, avec des méthodes d'éducation inclusive à tous les niveaux des systèmes scolaires, a déclaré Mme Peláez Narváez. Son Comité met également l'accent sur les populations des zones rurales, ce qui implique l'allocation de financements et de ressources humaines suffisantes. M. Testot-Ferry a quant à lui déclaré que le droit à une éducation inclusive doit être considéré comme une obligation, car c'est un droit de l'homme et in investissement pour le futur. C'est également un poste d'économies financières important, car elle permet de se passer des cadres éducationnels parallèles, qui souvent coûtent cher, a souligné le représentant de l'UNICEF. M. Porter a pour sa part présenté l'expérience, depuis 1982, de la province du Nouveau-Brunswick en matière d'éducation inclusive pour les enfants handicapés; ce système a été fondé sur des principes tels que les «intelligences multiples», l'instruction différenciée ou encore le concept universel de l'apprentissage. Mme Orlando a pour sa part souligné qu'il est primordial d'inclure les autres enfants - et la société civile - dans le processus de mise en place d'une éducation inclusive.

Au cours du débat, les délégations ont présenté les réalisations de leurs pays respectifs, certaines soulignant les progrès rapides en faveur de l'école inclusive, y compris dans l'acceptation par la population générale du principe de l'inclusion des enfants handicapés dans le système scolaire général. Les délégations ont insisté sur l'importance de la reconnaissance du droit à l'éducation pour les personnes handicapées en tant que droit de l'homme à part entière. Cela exige un changement des cultures et des pratiques en matière d'éducation afin de satisfaire les besoins de tous les étudiants. La responsabilité incombe aux États de mettre en place un système d'éducation inclusif et d'éliminer les lois et pratiques discriminatoires. Des méthodes spécifiques de soutien doivent en outre être mises en place pour traiter des besoins particuliers des enfants, des jeunes et des adultes handicapés. L'éducation inclusive est un atout non seulement pour les enfants handicapés, mais aussi pour les autres et pour la société dans son ensemble, a-t-il été souligné.

Les délégations suivantes sont intervenues dans ce débat: Éthiopie (au nom du Groupe africain), Union européenne, Yémen (au nom du Groupe arabe), Paraguay, Chili, Estonie, Autriche, Norvège, Monténégro, Turquie, Fédération de Russie, Égypte, Irlande, Portugal, Italie, République du Moldova, Argentine, Qatar, États-Unis, Nouvelle-Zélande, Burkina Faso, Pakistan, Singapour, Arabie saoudite, Viet Nam, Équateur, Pologne, Costa Rica, Émirats arabes unis, Koweït, Maroc, Cuba, Algérie, Éthiopie. Le Comité de coordination des institutions nationales des droits de l'homme et la Commission nationale des droits de l'homme de Malaisie ont également pris la parole, ainsi que Forum européen pour les personnes handicapées, Action Canada pour la population et le développement, China Disabled Person's Federation et l'Union internationale humaniste et laïque.

Cet après-midi, le Conseil procédera à l'adoption des documents finals s'agissant de l'Examen périodique universel de l'Arabie saoudite, du Sénégal et de la Chine.

Réunion-débat sur le droit des personnes handicapées à l'éducation

Observations liminaires

MME FLAVIA PANISERI, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a fait observer qu'aujourd'hui, 140 États et une organisation internationale sont parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées; 79 États ont en outre signé le Protocole facultatif se rapportant à cette Convention, a-t-elle précisé. Il faut donc que le processus de ratification se poursuive, que les États ayant émis des réserves les lèvent et que les États parties mettent en œuvre ces deux instruments, a-t-elle poursuivi. À cet égard, la nomination d'un Envoyé spécial du Secrétaire général sur le handicap et l'accessibilité constitue une formidable opportunité, a-t-elle affirmé. Mme Pansieri a ensuite brièvement présenté l'étude thématique réalisée par le Haut-commissariat concernant le droit à l'éducation pour les personnes handicapées. Elle a rappelé que l'éducation est un droit de l'homme à part entière et a souligné que lorsqu'elle est inclusive, l'éducation encourage la compréhension de tous.

Exposés de panélistes

MME ANA PELAEZ NARVAEZ, Membre du Comité des droits des personnes handicapées, a souligné l'importance du droit à l'éducation «dans un environnement inclusif», y compris pour ce qui est de l'accès à l'enseignement supérieur et du droit à la formation tout au long de la vie, des exigences qui relèvent de la Convention – en particulier en son article 24. Elle a rappelé que le Comité n'avait de cesse de demander que l'on redouble d'efforts pour scolariser tous les enfants en situation de handicap. Parmi ceux-ci, figurent ceux qui sont victimes de discriminations multiples, notamment parce qu'ils appartiennent aussi à des groupes vulnérables. Le Comité a demandé aux États parties de mener des études sur l'efficacité des politiques d'inclusion qui sont actuellement mises en œuvre, a par ailleurs souligné Mme Peláez Narváez. Des méthodes d'éducation inclusive doivent être mises en œuvre à tous les niveaux des systèmes scolaires, a-t-elle insisté. Le Comité a également mis l'accent sur la nécessité de porter une attention particulière aux populations des zones rurales, ce qui implique l'allocation de ressources financières et humaines suffisantes, a poursuivi l'experte. D'autre part, a-t-elle ajouté, les parents (d'enfants handicapés) ne doivent pas être contraints de payer pour la mise à disposition de services adaptés. Mme Peláez Narváez a par ailleurs insisté sur la nécessité d'assurer des formations en langue des signes à l'intention des enseignants.

M. PHILIPPE TESTOT-FERRY, du Bureau régional du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) pour les États d'Europe occidentale et centrale et le Commonwealth, a plaidé pour une approche rigoureuse des obstacles touchant au droit à l'éducation des enfants handicapés. Une telle approche doit être fondée sur une volonté politique et une gouvernance très forte, a-t-il affirmé. Le droit à l'éducation inclusive doit être considéré comme une obligation, car c'est un droit de l'homme, mais aussi comme un investissement pour l'avenir, a-t-il souligné. L'éducation inclusive permet notamment aux enfants handicapés d'acquérir des compétences, des relations et un réseau, a-t-il insisté. Elle permet également des économies financières, car elle permet de se passer de cadres éducatifs parallèles qui, souvent, coûtent cher. Les débats relatifs au programme de développement pour l'après-2015 doivent se pencher sur ce droit, a souligné M. Testot-Ferry.

M. GORDON PORTER, Conseiller au Ministère de l'éducation de la province canadienne du Nouveau-Brunswick, a expliqué que les progrès de la province vers une «éducation inclusive» pour les enfants handicapés avaient commencé après l'adoption par le Parlement national canadien de la Charte des droits et libertés en 1982. Cette Charte, a-t-il rappelé, interdit toute discrimination fondée sur le handicap. Cette Charte a donné le signal de la réforme du système éducatif du Nouveau-Brunswick qui était, jusque-là, jugé «un peu primitif», a-t-il indiqué. Mais d'une certaine manière, ce retard de la province en la matière a finalement été bénéfique, dans la mesure où il n'y avait pas à démanteler un système d'éducation spéciale à destination des enfants handicapés, puisqu'un tel système n'existait pas véritablement, a-t-il expliqué. Ainsi, la réforme engagée à partir de là a-t-elle pu mettre l'accent sur la diversité dans les classes et imposer à tous les enseignants l'obligation de fournir une instruction à tous les enfants de la classe, y compris ceux affectés de handicaps intellectuels ou physiques importants. Ce nouveau système s'est appuyé sur des notions telles que celles d'intelligences multiples, d'instruction différenciée, de concept universel pour l'apprentissage, d'équipes collaboratives de soutien aux enseignants et d'utilisation d'en environnement commun pour tous les étudiants. Toutes ces pratiques renforcent l'accent mis sur les droits de l'homme et l'équité pour tous.

S'il n'existe pas au Nouveau-Brunswick d'écoles spéciales, les enseignants, en revanche, reçoivent des formations spéciales, a poursuivi M. Porter. L'inclusion des handicapés dans un système éducatif unique permet de promouvoir une société démocratique fondée sur la diversité et d'accroître la cohésion sociale, a-t-il souligné. Le cheminement n'a toutefois pas été facile, a reconnu M. Porter, avant d'attirer l'attention sur les coûts de ce système: il faut garantir que tous les enfants bénéficient d'un soutien, ce qui implique entre autres des enseignants dûment formés et efficaces, mais aussi des équipements adaptés et un investissement dans les technologies de pointe. Ceci étant, lorsque les enfants handicapés sont placés dans des établissements spéciaux, cela coûte aussi de l'argent, a fait observer M. Porter.

MME MARÍA MAGDALENA ORLANDO, experte indépendante de l'Argentine, a expliqué que l'éducation inclusive renvoie à un processus continu et mesurable sur le plan des valeurs, des politiques et des pratiques. Ce processus est confronté à des défis importants qui peuvent néanmoins être surmontés, a-t-elle poursuivi, plaidant pour une approche transversale. Il est primordial que les discours se traduisent en actes, a-t-elle souligné. Mme Orlando a insisté sur la nécessité d'inclure les autres enfants dans ce processus, ainsi, bien sûr, que la société civile. Tout ceci exige des changements qui ne laissent personne sur le bord du chemin, a-t-elle ajouté, avant de partager avec le Conseil les pratiques ayant cours en Argentine, où la société civile joue un rôle majeur dans la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Débat

L'Éthiopie, au nom du Groupe africain, s'est dite préoccupée par le niveau de pauvreté des personnes handicapées, qui sont les personnes ayant le moins de chance d'être éduquées. L'Éthiopie est convaincue qu'il existe peu de handicaps qui impliquent de grands inconvénients; c'est l'environnement qui empêche souvent les personnes handicapées de développer pleinement leur potentiel, notamment parce qu'elles subissent diverses formes de discriminations. Le Groupe africain estime qu'il faut des engagements inclusifs en faveur des personnes handicapées. L'Union européenne s'est dite convaincue qu'une éducation inclusive est essentielle pour réaliser le droit à l'éducation pour tous, y compris les personnes handicapées, car elle fournit une bonne plateforme pour lutter contre les préjugés et toutes les formes de discriminations. L'Union européenne s'engage à éliminer tous les obstacles, y compris économiques, à une éducation inclusive. Elle appelle enfin la communauté internationale à tenir compte du handicap dans le programme de développement pour l'après-2015. Au nom du Groupe arabe, le Yémen a souligné que la Charte arabe des droits de l'homme adoptée en 2004 accordait une un part importante à la promotion des droits des personnes handicapées, et notamment leur droit à l'éducation. Le Pacte arabe pour les personnes handicapées pour la période 2004-2013 insiste sur l'égalité des chances dans l'éducation et le travail. Il faudrait inclure les personnes handicapées dans les écoles classiques, sauf lorsque cela n'est pas possible.

Le Paraguay a expliqué avoir mis en place la Direction pour les personnes handicapées au sein du Ministère de l'éducation et prépare un projet de loi sur une éducation inclusive. Il est également prévu de mettre en place des espaces voués à l'éducation dans les hôpitaux pour les personnes handicapées qui doivent y séjourner pour de longues durées.

Le Chili a dit avoir adopté un modèle fondé sur le respect des personnes handicapées, lesquels représentent environ 13% de sa population. À cette fin, il a abandonné son approche d'assistanat en faveur d'une approche d'inclusion; malgré les difficultés, cette approche inclusive doit se poursuivre, y compris au plan international dans le cadre du programme de développement pour l'après-2015. L'Estonie a mis l'accent sur le caractère progressif de l'inclusion dans l'éducation. Elle a pour sa part mis en place des mesures de soutien particulières pour les enfants handicapés, avec des structures spécialisées comprenant divers types de travailleurs sociaux. De plus en plus d'étudiants handicapés étudient dans des écoles ordinaires conformément au principe selon lequel les enfants peuvent fréquenter des écoles classiques sauf si leur état le rend impossible. L'Autriche a expliqué avoir adopté un plan national 2012-2020 sur le handicap qui vise à assurer un accès sur un pied d'égalité à l'éducation, ce qui inclut un soutien financier à l'école obligatoire et des formations à la langue des signes pour le personnel éducatif, ainsi que des facilités d'accès physique aux établissements scolaires.

La Norvège a rappelé que l'éducation inclusive est un concept beaucoup plus large que la non-discrimination. Le déni au droit à l'éduction est lié non seulement au manque d'accès mais aussi à des préjugés multiples. La Norvège estime qu'il faut répondre aux besoins des enfants handicapés dans le cadre du programme de développement pour l'après-2015. Il faut en outre recueillir des données ventilées sur les filles handicapées, qui souffrent souvent d'une double discrimination.

Le Monténégro a rappelé qu'il avait récemment présenté son rapport initial aux Comité des personnes handicapées. Une réforme en cours a permis de produit un premier manuel dans un format pour les enfants ayant des handicaps visuels. Il a jugé encourageant les résultats d'une étude nationale qui montre que le pourcentage de personnes qui jugent inacceptable que des enfants handicapés puissent fréquenter les mêmes écoles que les autres enfants est passé de 64% en 2010 à 20% en 2013. La Turquie, qui s'est engagée à appuyer la pleine participation des personnes handicapées à la vie sociale, a également souligné que le nombre des enfants handicapés dans les écoles augmente et que l'inclusion des handicapés dans le système scolaire général a pu se faire grâce à des campagnes de sensibilisation. La Fédération de Russie accorde une grande importance au respect des droits des personnes handicapées et présentera son rapport initial au Comité des droits des personnes handicapées en septembre 2014. Sa loi de 2012 sur l'éducation consacre pour la première fois une section complète à l'éducation inclusive. L'Égypte a estimé que l'éducation inclusive peut être déterminante pour façonner l'avenir des personnes handicapées et doit donc être renforcée. La loi nationale amendée sur les droits de l'enfant garantit l'intégration des enfants handicapés dans les écoles généralistes. L'objectif d'une intégration pleine des enfants handicapés dans 700 écoles ordinaires a pratiquement été atteint à la fin de l'année dernière.

L'Irlande a pour sa part adopté un plan «One World, One Future», qui assure le transfert de ressources suffisantes à l'éducation inclusive. Le Portugal a fait de même en veillant notamment à ce que tous aient accès une bonne éducation. L'Italie a également mis en place un plan d'action visant à garantir l'accès à l'éducation et aux centres d'éducation, y compris au plan international avec le Plan d'action de coopération pour le handicap. La République du Moldova a pour sa part souhaité être informée d'exemples de des bonnes pratiques.

L'Argentine a souligné qu'il fallait renforcer les efforts vers un changement d'autant que l'éducation inclusive permet une intégration totale des personnes handicapées dans la société. Le Qatar a également assuré avoir adopté en 2001 un programme renforçant la présence des personnes handicapées dans les écoles, dont des programmes électroniques fournissant une éducation de base à tous les enfants. Les États-Unis ont en pour leur part déjà intégré 60% des élèves handicapées dans les écoles classiques. La Nouvelle-Zélande a expliqué les mesures pratiques qu'elle a prises pour garantir une éducation pleinement inclusive d'ici à la fin de cette année. Elle s'est dite convaincue que l'éducation inclusive est avantageuse non seulement pour les enfants handicapés, mais aussi pour les autres et pour la société dans son ensemble. Elle a demandé aux panélistes comment mieux présenter les aspects financiers de l'éducation inclusive

Le Burkina Faso a reconnu la place de l'éducation en faveur des personnes handicapées dans une loi spécifique adoptée en 2010. Il estime que toute la population doit être impliquée dans le processus de développement du pays, ce qui se traduit par la promotion de l'éducation inclusive; le pays a mis en place un Service de la promotion de l'éducation intégratrice et mis en œuvre un projet d'éducation inclusive en partenariat avec Handicap International. Le Pakistan a souligné lui aussi le caractère essentiel d'une éducation inclusive pour assurer l'instruction des personnes handicapées. Un pourcentage de places est réservé aux personnes handicapées dans les établissements scolaires, avec pour objectif de parvenir à une éducation gratuite et obligatoire pour tous les enfants. Singapour a affirmé que l'éducation était un moyen important pour autonomiser les personnes handicapées. Aucun enfant singapourien n'est exclu du système éducatif en raison de son handicap. Des classes spécialisées ont été créées à leur intention, avec des effectifs plus réduits et des enseignants formés spécialement. L'Arabie saoudite a dit avoir adopté plusieurs lois pour améliorer la situation des personnes handicapées dans tous les aspects de la société; elles ont droit à divers services, notamment les services éducatifs, qui prévoient à la fois l'inclusion des handicapés dans les écoles et un système spécial.

Le Viet Nam, où les conflits passés ont fait de nombreux handicapés, a déclaré que le droit à l'éducation était essentiel pour les personnes handicapées afin de leur permettre de pleinement participer à la vie de la société. Le Viet Nam a adopté une loi et un plan d'action pour intégrer les normes internationales et les bonnes pratiques dans sa législation nationale. Le Viet Nam est disposé à partager ses expérience avec d'autres États et à apprendre d'eux.

Pour l'Équateur, l'éducation inclusive va au-delà de services particuliers et exige des transformations sociales qui font barrage aux discriminations. C'est dans cette philosophie que s'inscrit le plan équatorien pour les personnes handicapées. La Pologne a souligné que le droit à l'éducation est universel et doit donc s'appliquer à tous, quel que soit le niveau du handicap. L'éducation inclusive est aussi un élément essentiel de cohésion sociale, qui permet d'éradiquer les préjugés et de lutter contre les discriminations. En Pologne, où l'éducation est gratuite et universelle, les autorités publiques sont tenues d'aider les personnes handicapées pour leur permettre d'accéder à tout type d'école. Le Costa Rica a jugé l'éducation inclusive fondamentale pour permettre l'accès universel à l'éducation. C'est aussi le meilleur moyen de mettre fin aux préjugés et aux discriminations fondées souvent sur l'ignorance. Un projet de loi doit permettre l'inclusion des personnes handicapées dans l'éducation nationale et mieux harmoniser la législation nationale avec les traités internationaux

Pour les Émirats arabes unis, l'éducation inclusive va au-delà de l'accueil des personnes handicapées dans les écoles classiques: elles doivent aussi s'y sentir bienvenues et intégrées. Pour y parvenir, les États doivent fournir des efforts importants. Il faut par ailleurs garantir la qualité de l'éducation inclusive dans le programme de développement pour l'après-2015. Le Koweït s'est présenté comme un pays pionnier en matière de promotion des personnes handicapées; il a notamment adopté de nombreuses mesures pour les personnes handicapées, en particulier pour qu'elles accèdent à l'enseignement supérieur, y compris pour dans les meilleures universités étrangères. Le Maroc a souligné qu'un nouveau projet de loi vise à consolider les droits des personnes handicapées dans tous les domaines, y compris le droit à l'éducation. Le Maroc se réjouit par ailleurs de l'adoption du traité de Marrakech de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle qui permettra aux aveugles et malvoyants d'accéder à de nombreuses œuvres protégées par les droits d'auteur.

Cuba a souligné que le pays offrait un exemple de bonnes pratiques en ce qui concerne les personnes handicapées et a dit avoir mis en place une stratégie de développement fondée notamment sur la justice sociale et l'inclusion. Dans plus de 400 écoles, un programme général et des programmes spécifiques pour les personnes handicapées sont appliqués. Les conditions sont mises en place pour assurer aux personnes handicapées un plein accès à l'éducation, à la culture, aux loisirs, à la santé.

L'Algérie a souligné que l'inclusion des personnes handicapées implique à la fois une obligation d'éliminer les obstacles à leur éducation et la nécessité de modifier la culture et l'orientation des écoles ordinaires afin de tenir compte des besoins des personnes handicapées. L'Algérie insiste sur la nécessité de dégager les moyens financiers et matériels nécessaires à cette fin et souhaiterait des indications sur la manière d'intégrer la promotion de l'éducation inclusive dans le programme de développement pour l'après-2015. L'Éthiopie a estimé les systèmes éducatifs devaient favoriser la diversité humaine et être exempts de toute forme de discrimination et d'abus. Il faut donc changer de culture et de pratiques en matière d'éducation afin de satisfaire les besoins de tous les étudiants, y compris handicapés. Il incombe aux États de mettre en place un système d'éducation inclusif et d'éliminer les lois et pratiques discriminatoires. Pour sa part, l'Éthiopie adopte des mesures pour rendre plus autonomes les personnes handicapées, y compris par une éducation inclusive.

Le Comité de coordination des institutions nationales des droits de l'homme (ICC) a souligné que seuls des systèmes d'éducation inclusifs pouvaient permettre de parvenir à des sociétés inclusives. En outre un processus de collecte de données ventilées par sexe est indispensable pour en assurer le suivi et la bonne application des mesures prises pour promouvoir un système d'éducation inclusive. La Commission nationale des droits de l'homme de Malaisie a estimé que la reconnaissance du droit à l'éducation inclusive par de nombreux Gouvernements représente un tournant. En Malaisie, de nombreux progrès ont été fait mais on accorde davantage d'attention aux personnes handicapées physiques qu'à celles qui souffrent d'autres handicaps, comme les autistes ou les personnes atteintes de trisomie 21. Un programme d'éducation nationale a fixé comme objectif de scolariser 75% des enfants ayant des besoins particuliers dans les systèmes éducatif ordinaire d'ici à 2025.

Pour les organisations non gouvernementales, European Disability Forum a rappelé l'importance de l'éducation pour intégrer les personnes handicapées dans la société et a dénoncé les nombreux obstacles à l'éducation de ces personnes à travers le monde. Elle a aussi déploré la difficulté pour les personnes handicapées d'accéder à l'éducation supérieure. Elle a demandé l'abolition de toute législation qui définit des groupes de personnes handicapées «ne pouvant être éduquées» et la promotion de l'éducation des filles handicapées. Action Canada pour la population et le développement, a rappelé l'importance des politiques d'éducation non discriminatoires et a dénoncé l'absence d'accès des personnes handicapées à une éducation sexuelle complète.

L'International Humanist and Ethical Union a souligné que l'inclusion n'était pas une voie à sens unique: pour réaliser une véritable inclusion, il convient de l'appliquer à tous, les personnes handicapées comme les autres. L'inclusion implique en effet une intégration dans le système scolaire général. Il faut lever les obstacles inutiles et favoriser l'éducation mutuelle dans la vie de tous les jours. L'ONG China Disabled Person's Education a indiqué que la Chine disposait d'un programme spécifique pour les handicapés, un budget d'un milliard de dollars ayant été débloqué en faveur de leur éducation lors de l'exercice 2008-2012. L'ONG propose au Gouvernement chinois de s'intéresser plus particulièrement aux personnes handicapées des zones rurales, des montagnes et des communautés isolées. Elle suggère aussi de former un plus grand nombre d'enseignants et de promouvoir la qualité de l'instruction des personnes handicapées.

Observations et conclusions des panélistes

MME PELÁEZ NARVÁEZ a fait part de l'intention du Comité des droits des personnes handicapées de développer une interprétation de l'article 24 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Elle a par ailleurs rappelé que les personnes handicapées devaient participer à l'élaboration des politiques les concernant, comme le stipule la Convention. Elle a ensuite rappelé qu'il y avait un milliard de personnes handicapées dans le monde, ce qui, compte tenu de l'importance du nombre, renvoie à des cas très divers. Or, certaines de ces personnes, les sourds-muets par exemple, ne sont généralement pas représentés. Aussi, a-t-elle demandé aux États parties de faire rapport sur ces catégories «invisibles». Mme Peláez Narváez a par ailleurs insisté sur la nécessité de mettre de nouvelles technologies à disposition des personnes handicapées afin qu'à l'avenir, ces personnes ne soient pas confrontées à de nouveaux obstacles. Elle a en outre attiré l'attention sur l'absence d'égalité de chances pour les jeunes filles handicapées, un grand nombre d'entre elles n'ayant tout simplement pas accès à l'éducation.

M. TESTOT-FERRY a relevé que la plupart des systèmes éducatifs ne sont pas conçus pour intégrer ou suivre les enfants handicapés. Pour remédier à cette lacune, il convient de prendre des initiatives qui vont au-delà de l'éducation, a-t-il expliqué. Tous les acteurs gouvernementaux doivent participer à l'identification des difficultés auxquelles sont confrontés les enfants handicapés, a insisté M. Testot-Ferry. Il a rappelé que le rapport publié l'an dernier par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance appelait tous les États membres à supprimer tous les obstacles à l'enseignement; ceux-ci doivent être levés lorsque les enfants sont encore très jeunes, a-t-il souligné. Les États doivent promouvoir et financer une éducation qui soit plus équitable pour tous les enfants, a-t-il conclu.

M. PORTER a fait observer que l'on manque de leaders dans les gouvernements et les écoles pour bien faire comprendre l'intérêt de l'éducation inclusive. Il faut faire preuve d'audace; il faut commencer quelque part et alors on voit que les enfants s'adaptent, a-t-il expliqué, relevant que dans la plupart des cas, ce sont les adultes qui ont des craintes. M. Porter a souligné que promouvoir une éducation inclusive implique d'utiliser les établissements publics existants. Il a insisté sur la nécessité de battre en brèche un certain nombre d'idées fausses – notamment celle voulant que le suivi clinique des enfants handicapés passe avant l'apport éducatif en leur faveur. C'est le contraire qui est vrai, a-t-il ajouté. Par ailleurs, a-t-il poursuivi, la plupart des enseignants peuvent assurer aussi l'enseignement en direction des enfants handicapés. Le voudrait-il que même un pays comme le Canada n'aurait pas les moyens de créer systématiquement des établissements spécialisés à l'intention des enfants handicapés, a en outre souligné M. Porter.

MME ORLANDO a rappelé tout l'enjeu associé au programme de développement pour l'après-2015. Si le système éducatif actuel doit être réformé pour être véritablement inclusif, il convient que cette adaptation se fasse de manière raisonnable, a-t-elle déclaré.
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