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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Navi Pillay réclame plus d’attention sur les violations des droits de l’homme en Corée du Nord et demande une enquête internationale

Corée du Nord

14 Janvier 2013

GENEVE (14 janvier 2013) – La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a appelé lundi la communauté internationale à redoubler d’efforts afin de s’attaquer à la situation « déplorable» des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), et a déclaré que le temps était venu pour une enquête internationale exhaustive sur les crimes graves qui se déroulent dans le pays depuis des décennies.

« Dans un premier temps, il y a eu un peu d’espoir que l’arrivée d’un nouveau dirigeant pourrait apporter un changement positif dans la situation des droits de l’homme en RPDC », a déclaré Navi Pillay. « Mais, une année après que Kim Jon Un soit devenu le nouveau dirigeant suprême du pays, nous ne voyons pratiquement aucun signe d’amélioration. »

« Je suis aussi préoccupée par le fait que, sur le plan international, l’attention se porte presque exclusivement sur le programme nucléaire de la RPDC et sur les tirs de fusées », a-t-elle déclaré. « Bien que ces problèmes soient évidemment d’une très grande importance, ils ne devraient pas éclipser la situation déplorable des droits de l’homme en RPDC, qui d’une manière ou d’une autre, affecte presque l’ensemble de la population et n’a aucun équivalent ailleurs dans le monde. »

En décembre, la Haut-Commissaire a rencontré deux survivants du réseau sophistiqué de camps de prisonniers politiques mis en place par la RPDC, camps où se trouveraient 200 000 personnes, voire plus. « Leurs histoires personnelles étaient extrêmement déchirantes », a-t-elle dit. « Ils ont décrit un système qui est l’antithèse même des normes internationales en matière de droits de l’homme. Nous en savons très peu sur ces camps, et ce que nous en savons provient, en grande partie, d’un nombre relativement faible de réfugiés qui ont réussi à s’échapper du pays. Le système très développé de protection internationale des droits de l’homme, qui a au moins eu un certain effet positif dans presque tous les pays du monde, semble avoir ignoré la RPDC, où un isolement qu’elle s’est elle-même imposée a permis au gouvernement de maltraiter ses citoyens à un point qui devrait être inimaginable au 21ème siècle. »

« Les conditions de vie dans les camps seraient atroces, avec un approvisionnement en nourriture totalement insuffisant, des soins médicaux limités voire inexistants et un manque de vêtements. Une mère m’a décrit comment elle avait dû emmailloter son bébé dans des feuilles à la naissance et, plus tard, lui fabriquer une couverture en cousant des vieilles chaussettes. »

« Le système de camps ne punit pas seulement des individus pour des activités légitimes et pacifiques - comme l’expression d’opinions dissidentes -, mais il implique aussi des violations généralisées, dont des tortures et d’autres formes de traitements cruels et inhumains, des exécutions sommaires, des viols, du travail forcé et des formes de punition collective qui peuvent constituer des crimes contre l’humanité », a indiqué Navi Pillay.

La Haut-Commissaire a cité le cas de l’une des personnes qu’elle a rencontrées et qui est née dans un camp et y a passé ses 23 premières années. Cette personne a non seulement subi des tortures et du travail forcé mais a également été contrainte, à l’âge de 14 ans, d’assister à l’exécution de sa mère et de son frère.

« La peine de mort semble être appliquée pour des délits mineurs et souvent au terme de procédures judiciaires totalement inadéquates, et parfois même sans aucune procédure judiciaire », a dit Navi Pillay. « Les personnes qui tentent de s’échapper et sont soit capturées soit renvoyées, s’exposent à de terribles représailles, y compris des exécutions, des tortures et des détentions, souvent avec tous les membres de leur famille élargie. »

La Haut-Commissaire a aussi précédemment rencontré des familles de citoyens japonais enlevés par des agents de la RPDC sur une période couvrant de nombreuses années – en particulier pendant les années 70 et 80 – et dont le sort reste inconnu.

« Il faut clarifier, de manière urgente, le sort de nombreux Sud-Coréens et Japonais enlevés par la RPDC pendant une période de plusieurs années, ainsi que celui des innombrables civils du Sud regroupés et emmenés au Nord lors de la guerre de Corée, et chercher vérité, justice et réparations pour leurs familles durement éprouvées », a indiqué la Haut-Commissaire.

« Soixante ans après la guerre, le sort de dizaines de milliers de familles séparées entre le Sud et le Nord par le conflit reste aussi largement non résolu », a-t-elle ajouté.
« Nous n’avons eu qu’un aperçu de ce terrible système grâce à ceux qui ont réussi à s’en échapper mais ce que nous savons devrait contraindre la communauté internationale à l’action », a-t-elle dit. « Pour cette raison, je pense qu’il est temps que la communauté internationale aille de l’avant plus fermement afin d’établir la vérité et d’exercer une forte pression pour amener un changement à cette population assiégée et assujettie de 20 millions de personnes. »

Notant que le Conseil des droits de l’homme et l’Assemblée générale ont adopté de fortes résolutions, sans vote, condamnant le gouvernement pour les violations systématiques des droits de l’homme commises, la Haut-Commissaire a déclaré qu’il était temps de prendre des mesures plus fortes et qu’un premier pas significatif pourrait être franchi par la mise en place d’une enquête internationale indépendante.

« Depuis des années, le Gouvernement de RPDC refuse obstinément de coopérer avec les rapporteurs spéciaux successifs sur la situation des droits de l’homme en RPDC nommés par le Conseil des droits de l’homme, ou avec mon Commissariat », a dit la Haut-Commissaire. « C’est pour cette raison, et à cause de la nature grave et durable de la situation, que je crois qu’une enquête approfondie sur l’une des situations des droits de l’homme les pires au monde - mais aussi l’une des moins comprises et signalées - est non seulement pleinement justifiée mais qu’elle aurait dû être menée depuis longtemps. »

FIN

Pour plus d’informations, veuillez contacter Rupert Colville: +41 79 506 1088 / rcolville@ohchr.org ou Cécile Pouilly: +41 22 917 9310 / cpouilly@ohchr.org

Pour en savoir plus le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme: http://www.ohchr.org/FR/Pages/WelcomePage.aspx

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