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Communiqués de presse

Expert onusien sur les personnes déplacées : Haïti toujours en crise Des changements dans l'approche humanitaire et plus d'urgence dans la recherche de solutions durables pour les personnes déplacées s’avèrent nécessaires

« Haïti toujours en crise »

22 Octobre 2010

GENÈVE (22 octobre 2010) - «Neuf mois après le tremblement de terre, Haïti souffre toujours d’une profonde crise humanitaire qui touche les droits humains de la population déplacée par le désastre", a déclaré Walter Kaelin, Représentant du Secrétaire Général sur les Droits de l’Homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, à l’issu de sa visite en Haïti.

"Selon les estimations, 1,3 million de personnes vivent dans des ‘camps’ spontanément formés dans et autour de Port-au-Prince. Certains on perdu leur abri suite au tremblement de terre, et la situation d’autres, qui souffraient déjà d’une extrême pauvreté, a été aggravée par le séisme du 12 Janvier. « Au cours de mes visites dans les bidonvilles de la capitale, j’ai également rencontré beaucoup de personnes vivant en dehors des camps dont la situation est moins visible, mais pas moins grave. »

Kaelin a insisté sur un changement d'orientation des opérations humanitaires: «Les gens dans les camps ont des besoins spécifiques, notamment liés au logement, qui doivent être abordés au niveau du camp. Cependant, d’autres besoins tels que l’accès à la santé, à l’eau potable, à l’assainissement et à l'éducation, ne sont pas ressentis seulement dans les camps, mais aussi parmi les groupes les plus pauvres de la population, et doivent faire l’objet d’une approche locale. De cette façon, toute la population touchée profiterait d’un accès sur un pied d’égalité en fonction des besoins, et les gens ne seraient pas amenés à vivre dans des camps.».

Le Représentant a également insisté sur l’urgence d’initier le lancement du processus de reconstruction: «Il s'agit d'une crise humanitaire qui a besoin d'une solution de développement. Conformément à sa responsabilité principale, le Gouvernement Haïtien doit approuver un projet sur les solutions durables à apporter pour les personnes dans les camps, le communiquer aux personnes déplacées et consulter la population concernée sur sa mise en œuvre.

Entretemps, une reconstruction des quartiers à petite échelle peut commencer et ainsi devenir source d'espoir. « Cela nécessite que les bailleurs de fonds de développement fournissent un financement flexibles, et fondé sur une approche de relèvement immédiat.» Kaelin a également fait appel aux bailleurs de fonds humanitaires de continuer le financement de l’aide humanitaire et des activités de protection, tant qu’aucun progrès substantiel sur des solutions durables n’a été réalisé.

Kaelin a souligné l'importance d'une approche axée sur les droits humains et les Principes Directeurs relatifs au Déplacement Interne: «Le droit des personnes déplacées à retourner et à réclamer leurs droits d'occupation représente un principe clé. Dans certains cas, en particulier lorsque les zones d'origine se sont révélées dangereuses, la relocalisation volontaire ou l'intégration locale sont d’autres options possibles, si les moyens de subsistance et l'accès aux services de base peuvent être assurés. »

Kaelin a exprimé sa préoccupation quant au nombre croissant d'expulsions forcées de personnes logeant sur des terrains privées. Il a également rappelé que le droit de propriété doit être considéré en relation avec les droits économiques et sociaux des victimes du tremblement de terre. « Les expulsions forcées en l’absence de procédures établies et d’alternatives raisonnables de logement, ne doivent pas être admises. Le gouvernement devrait publiquement déclarer son adhérence à ce principe.»

Kaelin a aussi exprimé sa préoccupation concernant les niveaux élevés préexistants de violence contre les femmes et les enfants se reproduisant dans les camps: «Les viols commis tant dans les camps, qu’en dehors de ceux-ci, sont un sujet de grande préoccupation. J’encourage la Police Nationale Haïtienne et la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) d’accroitre leur présence et leurs patrouilles dans les camps. Cependant, ce n’est qu’une solution partielle. Le gouvernement doit indiquer clairement à la police et au système judiciaire que mettre fin à l’impunité demeure une priorité majeure.» Kaelin a également insisté sur une approche plus intégrée d’aide aux victimes et sur une meilleure protection contre les représailles des femmes qui dénoncent le crime.

FIN

Walter Kaelin, Professeur de droit à l'Université de Berne (Suisse), est le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies aux droits humains des personnes déplacées depuis 2004. Au cours de sa visite en Haïti (11-16 Septembre 2010), Kaelin a rencontré des victimes du tremblement de terre vivant dans les camps et les quartiers. Il a également tenu des réunions avec les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Justice, les hauts fonctionnaires des Nations Unies, les donateurs de fonds, ainsi qu’avec les organisations non-gouvernementales locales et internationales.

Pour plus d'informations veuillez contacter M. Jan Hessbruegge au Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme. E-mail: jhessbruegge@ohchr.org,
tél:.+ 41 76 5645456.

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