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Communiqués de presse Procédures spéciales

UNE EXPERTE DE L'ONU PRÉOCCUPÉE PAR 'LA PRATIQUE COURANTE DE GRAVES VIOLATIONS CONTRE LES DÉFENSEURS DE DROITS DE L'HOMME' EN COLOMBIE

05 Novembre 2001



5 novembre 2001



La Représentante spéciale du Secrétaire général sur les défenseurs des droits de l'homme, Mme Hina Jilani, a conclu, le 31 octobre 2001 une visite officielle de 10 jours en Colombie à l'invitation du Gouvernement. Le but de la visite était d'évaluer la situation des défenseurs de droits de l'homme et d'examiner en particulier la structure juridique ainsi que les incidents présumés en rapport avec la défense de droits de l'homme dans le pays.

La Représentante spéciale s'est rendu à Bogotá, Medellín et Barrancabermeja et a notamment rencontré le Président de la République de Colombie, le Vice-président et le Ministre de la défense, le Ministre des affaires étrangères, le Ministre de la justice, le Ministre d'intérieur, le Ministre du travail, le Président du Haut Conseil de l'organisation judiciaire (Alto Consejo de la Judicatura), le Président de la Cour constitutionnelle, le Procureur général (Fiscal), le Procureur général (Procurador), le Chef de l'Unité de droits de l'homme du Département de la Police, ainsi que le Médiateur.

Pendant sa visite, Mme Jilani a également rencontré un grand nombre d'organisations non gouvernementales de droits de l'homme et de défenseurs de droits de l'homme tels des représentants du monde paysan, des autochtones, des Afro-Colombiens, des femmes, des personnes déplacées, ainsi que des enseignants d'université, des étudiants, des journalistes, des syndicalistes, des représentants des communautés homosexuelles, des partis politiques et de l'église. La Représentante spéciale a également rencontré des délégations des régions et départements suivants : Tolima, Atlántico, Bolívar, Santander, Valle, Cauca, Naríño, Arauca, Casanare, Putumayo, Córdoba, César, Choco et Uraba.

La mission de Mme Jilani s'est conclue par une conférence de presse qu'elle a donnée à Bogotá le 31 octobre et au cours de laquelle elle a fait part de ses premières impressions fondées sur les faits et les informations recueillis au cours de sa visite. Ses observations et recommandations finales figureront dans un rapport sur sa mission en Colombie qui sera soumise à la prochaine session de la Commission sur des droits de l'homme à Genève (mars-avril 2002).

La Représentante spéciale a d'ores et déjà exprimé des inquiétudes, sur la base des informations qu'elle a reçues, concernant les questions suivantes :


une pratique courante de graves violations commises contre des défenseurs des droits de l'homme en Colombie, qui comprennent des menaces, des disparitions, des meurtres et des déplacements obligatoires. Les auteurs de ces attaques sont généralement des paramilitaires et des guérilleros;
le manque de respect des défenseurs de droits de l'homme qui sont soumis à des attaques publiques de la part des médias et des fonctionnaires. À cet égard, Mme Jilani a appelé à la mise en œuvre effective de la Directive présidentielle 07, qui interdit aux fonctionnaires publics d'avoir des propos négatifs ou irrespectueux contre des ONG œuvrant dans le domaine des droits de l'homme;
les lacunes du système judiciaire colombien qui favorisent pour une large part l'impunité. À cet égard, Mme Jilani souligne l'importance de garantir la protection des procureurs, avocats, juges, témoins et victimes;
les signes préoccupants de collusion entre l'armée et les groupes paramilitaires.


Mme Jilani a exprimé sa préoccupation s'agissant de la loi sur la sécurité nationale et les efforts visant à faire adopter une stratégie antiterroriste. Elle a également exprimé sa préoccupation au sujet des dossiers des renseignements militaires comportant des informations sur des défenseurs des droits de l'homme.

La Représentante spéciale a reconnu que des mesures ont été prises par les autorités colombiennes afin de protéger les défenseurs des droits de l'homme et améliorer leur situation. Elle a mentionné en particulier le programme de protection du Ministère d'intérieur, la Directive présidentielle 07 et les différents comités départementaux et interdépartementaux qui ont été établis pour traiter ces questions et qui favorisent le dialogue avec les organisations non gouvernementales. Toutefois, la Représentante spéciale estime ces mesures insuffisantes et inefficaces compte tenu d'une pratique courante de violations dirigées contre les défenseurs des droits de l'homme.

Enfin, la Représentante spéciale a vivement recommandé au Gouvernement colombien de revoir sérieusement les politiques et stratégies de guerre qui sont responsables d'une aggravation de la situation de droits de l'homme et portent atteinte à la structure démocratique de l'État. En outre, Mme Jilani a vivement recommandé au gouvernement d'adopter une approche plus intégrée pour mettre fin au cycle d'impunité en garantissant la compétence, l'efficacité, la sécurité et l'indépendance de toutes les institutions responsables des enquêtes, des poursuites et de l'examen des plaintes sur des violations des droits de l'homme. Mme Jilani a fait appel à toutes les parties au conflit afin qu'elles respectent les droits de l'homme de la population civile en général et en particulier les droits des défenseurs de droits de l'homme qui œuvrent à la promotion et à la protection de droits de l'homme.




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